le 2 mars.

Moi, médecin complètement désabusé.


Je suis dans une spirale de questions toutes les plus agaçantes les unes que les autres. Je me demande pourquoi je l'ai laissé partir, et surtout pourquoi j'aurais refusé ? Il est vrai qu'elle peut vivre comme tout le monde si elle suit son traitement alors je ne vois pas pourquoi j'aurais dû poser mon veto. Ce que je comprends le moins c'est pourquoi cela me travaille autant, je sais ce que je fais après tout et je ne suis pas un mauvais médecin, parfois impuissant, mais pas mauvais !

Elle a pris l'avion hier soir et je n'ai toujours pas de mail, en même temps je me demande bien pourquoi j'en aurais un. Puis, c'est plutôt bon signe c'est que tout va bien. Je suis quand même angoissé, je m'imagine tout un tas de scénario tout le plus invraisemblable les unes que les autres.

Pourquoi est-ce que je me prends la tête ?


Et si la pression due au décollage et de l'atterrissage lui avait fait faire un malaise ? Et si cette foutue pharmacie n'avait pas voulu lui délivrer la totalité des médicaments ? Et en quoi cela me regarde bon sang ! Ce n'est que ma patiente, QUE MA PATIENTE ! Et moi je suis un Oncologue avec le syndrome du héros mis à mal depuis bien trop longtemps à mon goût. Et peut-être, je dis bien peut être, un peu parano sur les bords.

Et pourquoi est-ce que je me prends la tête ??! voilà que me laisse allé maintenant ! je soupire et me lève pour aller prendre une énième tasse de café

La première fois et unique fois où je me suis senti aussi à la masse et plein de doute c'était quand je suis arrivé sur Paris. Mes premiers pas dans le capital ont été... chaotiques pour prendre le meilleur côté de la chose.

Je crois que du haut de mes vingt-six ans à l'époque, la seule chose que j'ai eu envie de faire à ce moment-là c'était d'appeler mes parents pour qu'ils viennent me chercher. Avec des gros sanglots dans la voix et la morve au nez. Tant qu'à faire autant faire la totale puis je n'aurais eu à beaucoup me forcer pour le coup.

Réaction à la fois virile et extrêmement adulte...

Cette après-midi je n'ai pas de rendez-vous ni d'opérations. Car oui, je suis chirurgien oncologue. Je rejoins donc un ami dans les beaux quartiers de Paris. J'en ai de la chance hein !? Par contre je me contenterais d'un café vu le prix et le nombre de sorties que je fais par semaine c'est un très bon compromis. Avec un « s'il vous plaît » il paraît que c'est encore moins cher.

Andrew mon collègue/ami, gynécologue, m'attends déjà.


— Je t'ai pris un kawa. Il me dit en guise de bonjour, en même temps on s'est vu ce matin.
En effet sur la petite table ronde en inox il y a deux cafés.

— J'ai vu que tu as un gros week-end sur le tableau.

Le tableau n'est autre qu'un calendrier aux grosses cases dans notre salle de repos ou tout le monde note ses vacances, absences...

— Oui, pas d'accouchement ni rien de bien extraordinaire alors je m'en vais un peu. Puis j'en ai marre de voir toujours le même profil de mes clientes.

Je pouffe comme un idiot le nez dans mon café. M'étonne qu'il en est marre, lui il est plus du genre belles fesses lisses et belles verges...

— J'ai au moins la chance de voir leur intérieur de temps en temps. Je lui réponds, lui il ne se gêne pas pour rire à gorge déployée tout en finissant sa tasse. 



Humour douteux de médecin bonjour.


Pendant qu'il me raconte une de ses péripéties professionnelles dont il a le secret je sors mon portable et actualise ma boîte mail... Rien... je fourre mon portable dans ma poche en retenant une flopée de jurons franchir mes dents.

— Jeudi soir on se retrouve tous au petit café du Marais pour un petit pot. Tu viens ?

— Comme toujours ! Je lui réponds en remuant ma tasse.


Traîner avec des vivants ne me fera pas de mal, il ne faut pas croire, mais certains malades sont des morts vivants... Et pour le moral ce n'est pas génial. Encore moins pour l'équilibre.


— Et avec ta petite infirmière/secrétaire ? Il me questionne en faisant signe au serveur. Un autre s'il vous plaît, donc ?

— Ce n'est pas le genre de fille que l'on présente à ses parents. Deux s'il vous plaît, je rajoute avant que le serveur ne parte. 

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