Le 1er mai.

           


Moi malade, qui profite de la couverture réseau.

- Je capte !! ho oui, je capte ! Je continue de faire ma petite danse de la joie avec mon bras en l'air sous le regard blasé de notre conducteur. De toute façon, on est d'accord lui et moi qu'il est bien trop coincé et moi trop déluré.

Oui, on a vraiment eu cette conversation. Ce fut un grand moment. D'ailleurs, c'est bien la première fois que je vois un homme me fuir. Depuis, il me regarde comme si j'étais une bête curieuse voir contagieuse. Qui sait ! Peut-être que ça va le décoincer un peu !

— Tu captes quelque chose ?
— Ouais ! mais ne vient pas à côté de moi !

— Et pourquoi ça ? Tu caches quelque chose de coquin ? Histoire d'en rajouter un peu l'aventurier remue ses sourcils d'une façon franchement ignoble !

Je me moque de lui et le repousse, je ne blaguais pas. Je ne veux pas qu'il me pique le peu de couvertures qu'il y a !

— Bon les énergumènes ! S'impatiente Terry quelque peu épuisée par nos conneries, on se bouge !

On n'a toujours pas réussi à voir les éléphanteaux, d'après le guide ça ne saurait tarder. En attendant, il est sur leur piste ou je ne sais quoi, d'ailleurs ils sont gros normalement non ? Alors pourquoi on ne le trouve pas facilement ?

La question est a creusé je trouve.

— On se dirige vers un campement sauvage, et on repart demain matin. Nous traduit la rouquine en mettant quelques sacs dans la jeep.

— Y'a de l'électricité ?
— De l'eau chaude ? Je demande en même temps que Nikolas.

— Oui et oui, soupire Terry en finissant de caller ses sacs avec des sangles qui ont fait leur temps à mon avis.

Eau ? Électricité ? Faut pas m'en dire plus pour que je saute dans la voiture sous le regard amusé de plus d'un. Remarque, j'en connais d'autres qui m'ont suivi avec le même entrain !

On est trop habitué a notre confort pour pouvoir s'en désintoxiquer !

La nuit passée, vraiment en pleine nuit, je me suis réveillée. Je pense que je devais être la seule à voir ouvert un œil. J'ai trouvé le silence étrange, pas dérangeant juste étrange. Il y avait bien quelques bruits d'animaux ou de la forêt en général, mais rien de plus. J'ai fini par me rendormir et ce matin tout avait changé.

Le silence avait changé, c'est comme si la nature ouvrait les yeux en même temps que nous. Puis on a tous fini par émerger et on a foutu notre bordel.

On arrive en tout début d'après midi à la cahute comme a dit Terry. C'est une simple cabane tout en bois avec un toit en palmier, a l'intérieur les seules pièces séparées de la pièce principale sont celles de la douche et des toilettes. Des toilettes sèches bien sur ! Bonheur !

— Je prends le lit du haut !
— Y'a pas de lit du haut ! Rétorque aussi tôt Terry, qui sérieusement besoin d'un bon coup de brosse à cheveux ! Et de quelques heures de sommeil aussi.

— Tu as une petite mine, tente l'autre jeune femme malade en me jetant un coup d'œil.

Sans vraiment le vouloir, on est plus sensible avec genre de détail. Faire en sorte que le monde qui nous entoure, ce qu'il en reste du moins, se porte bien est important pour nous. Quelque part, ça nous aide énormément, comme une échelle a laquelle on cherche toujours à se raccrocher pour sortir la tête de l'eau. Alors si notre monde fait la tronche, on se casse la gueule.

Il n'y a rien d'héroïque dans notre recherche, on est égoïste ou on apprend à l'être. On cherche juste à survivre.

— Dis carrément que j'ai une mauvaise tronche !
— Si tu insistes, je lui réponds avec mon plus beau sourire.

Son visage se fend aussi d'un sourire avant de nous tourner le dos pour installer je ne sais quoi dans la cahute.

D'un accord commun, on laisse les hommes rentrer nos bagages. Les voir rouler des mécaniques en portant trois sacs, que moi-même je pourrais soulever, est franchement risible. Mais je profite tout de même du spectacle.

Il y a quelques petits culs sympas dans le lot. Non, pas celui de l'aventurier.

— On se sent ridicule... Soupire l'autre jeune femme en me rejoignant à l'extérieur.

J'ai trouvé une place de choix sur un tronc d'arbre, juste devant l'étendue sauvage qui s'offre à nous. Je prends aussi quelques photos, ce n'est pas en région parisienne que je vais pouvoir revoir ce genre de spectacle. Autant profiter tant que je le peux.

— Oui...

C'est à peine si je l'entends s'asseoir à côté de moi, elle est si fine qu'un coup de vent pourrait l'emporter loin de son bonheur. De son mari, oui, j'ai fini par comprendre qu'ils sont vraiment mariés.

On a pris l'habitude de se retrouver juste nous deux le soir pour prendre notre traitement. C'est un peu macabre comme rituel, mais ça nous fait du bien sans vraiment savoir pourquoi. On ne parle jamais de ce que l'on a, de toute façon ça ne changera pas la donne. Ça nous fait juste un peu de bien et il est tout simplement hors de question de se priver de quoi que ce soit.

Elle me touche la main, c'est aussi léger qu'une caresse, sa main est froide. Glacial. Il doit bien faire pas loin des trente degrés.

Devant nous, il y a un petit animal qui s'approche timidement. Je pense que c'est un rongeur, il est à peine plus gros qu'un cochon d'Inde et est brun de la tête aux pattes.

Il émet un tout petit bruit, un petit couinement aigu quand il lève son petit nez rose vers nous et fait demi-tour à toute vitesse ! On se met à rire. Cette petite chose était vraiment adorable !

— Alors les filles ! le spectacle vous a plus ?

On se regarde et on part dans un fou rire monstrueux, vite interrompu par sa quinte de toux qui me fait aux poumons pour elle, mais le message est bien passé !

L'aventurier fait mine de se vexer et part en nous tournant le dos. Il aurait pu être crédible si je n'avais pas vu son sourire lui manger le visage.

— Il est vraiment grave, je commence en étendant es jambes devant moi. J'en profite aussi pour lever mon visage vers le ciel, histoire de faire mon plein de vitamine D.
— Totalement ! Vous êtes ensemble ?
— Quoi ? Lui et moi ?? Que je lui réponds en regardant dans sa direction tout en faisant une grimace épique a mon avis. Jamais ! je finis par rajouter en insistant sur chaque syllabe.

Pendant qu'elle se tape un autre fou rire, toujours entre coupés de toux, je rajoute, au cas où, que jamais. JAMAIS, ce genre de chose ne pourra se produire.

Elle a le bon goût de ne pas me demander pourquoi.

— Ceux qui ont faim à table ! La voix de l'accompagnateur n'est couverte par aucun autre son, du coup j'ai eu l'impression de n'entendre que lui.

On se fait notre petit apéro chimique entre filles et on finit par rejoindre le reste du groupe.

Terry écoute ce que le conducteur lui dit, elle lui répond quelque chose dans sa langue avant de nous le traduire.

— En ce moment il y a une famille de chat sauvage, des katiris, ils peuvent nous approcher, mais pas plus. En tout cas, il ne faut pas les toucher. Ils ont de grosses dents et griffes et attaquent en groupe.
— Dit-elle en salant son plat amoureusement préparé par le réchaud. Conclus joyeusement Nikolas en gobant la première bouchée de son repas.

Du poulet avec du riz.

Pendant que tout le monde y va de son petit commentaire plus ou moins intelligent ou utile, j'avale absolument tout ce qui est à ma portée.

— Tu veux mon plat ? me glisse mon colocataire en se moquant clairement de moi.
— Si tu tiens a tes doigts, vires les tout de suite de ma cuisse, je lui grogne en guise de réponse.

Il émet un genre de petit rire pincé, retire sa main et reprend part à la conversation mine de rien.

Une fois que nous sommes tous plus ou moins installés, en gros une fois qu'on sait ou se trouve nos couchages. On se fait guider à travers la nature. Les derniers rayons du soleil percent à travers l'épaisse masse de feuillage verte qui nous surplombe.

On ne marche pas longtemps, devant moi il y a Terry et l'aventurier me talonne. Ça me rassure qu'il soit dans mon dos. Je sais qu'il n'a plus rien mater, mais je sais aussi qu'il ralentit le reste du groupe. Je peux donc prendre mon temps.

Le chemin n'est pas vraiment sinueux, il suffit de bien lever les pieds et d'avoir un pantalon long. Le Mari de la nana le comprend amèrement. Avec quelques gros mots aussi. Plus le soleil se couche, plus la nature reprend ses droits. Elle fait de nouveau entendre son étrange silence et je me sens épié.

Gaïa nous observe, elle s'emploie à nous remettre à notre place.

— Regarde. Ce n'est pas vraiment le son de sa voix qui m'a fait relever le nez, mais plus sa main qui vient de se poser sur mon épaule.

Je m'avance encore de quelques pas pour mieux voir, une brindille craque sous mon pied et j'éloigne à mon tour la branche qui arrive au niveau de mon visage. Ses grandes feuilles caressent le haut de mon front, à moins que ce ne soit mes cheveux ?

Juste devant nous, à une poignée de mètre plus en hauteur une colline se fend en deux. Elle est recouverte de végétation, toute une nuance de vert et de marron s'offre à nous sans aucune pudeur.

C'est incroyablement beau.

On peut voir le soleil qui se couche entre elles, sa lumière se fait doucement plus scintillante puis plus sombre. Laissant derrière lui une traînée de lumière orangée dans le ciel.

On le regarde se coucher jusqu'à qu'il aille réveiller tout un peuple de l'autre côté de la terre en silence. Les mots sont superflus et vraiment malvenus devant ce genre de spectacle. Je pourrais aussi m'éloigner d'un pas de l'aventurier qui est vraiment proche de moi, mais je ne fais rien.

Quand on rebrousse chemin, on ne parle toujours pas. Comme pour ne pas abîmer ce moment, le faire durer encore un peu. Sur le retour, la lune et les lucioles nous accompagnent.

Elles dansent tout autour de nous, nous approchant de temps en temps. J'ai l'impression d'être dans un dessin animé.

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