Le 18 avril


Moi médecin, qui a la tête dans le cul !

Et pour cause, cause que je n'avouerais jamais, je me suis étonné à regarder le premier Pitch Perfect... Le pire dans tout ça, c'est que j'ai aimé. Je veux dire, ça ne casse pas trois pattes à un canard et il faut laisser son cerveau dans l'entrée, mais franchement ça passe.

Si on y réfléchit deux minutes, juste deux, il y a quelques valeurs intéressantes.

En attendant, j'ai la tête si profondément enfoncée dans mon fondement que je reste comme un idiot assis sur mon lit pendant qu'un idiot s'acharne sur ma porte d'entrée.

— J'arrive... deux secondes... je grogne en me levant difficilement. Pourtant j'ai bien dormi.

J'hibernerais bien... Signe que j'ai vraiment besoin de vacance...

— J'arrive ! Je grogne un peu plus fort avec mon chaton dans une main, oui mademoiselle est capricieuse dès le matin et ça évite qu'elle se fasse la malle dans le couloir.

Trop tôt pour lui cavaler après. Trop tôt pour tout.

— J'ai apporté le petit dej', me dit directement Andrew en guise da salutation. Quand je regarde ses mains, je remarque qu'il a les mains prises par des pâtisseries et deux gobelets maxi encore fumants de chez le strabuks.

J'hausse un sourcil et m'efface pour le laisser entrer. Chose qu'il fait sans bruit, alors soit j'ai une tronche affreuse. Genre la gueule des mauvais jours, soit il y a anguille sous roche.

— Il est quelle heure ?
— À peine 6 h 20.
— Et tu es la parce que ? J'enchaîne en rageant intérieurement parce que je ne me lève jamais avant 7 h 30.

Mon collègue, amateur de belles fesses lisses sinon rien, me regarde et pince les lèvres.

Tout d'un coup, je percute. Je ferme les yeux et soupire bruyamment. Loti se carapate dans ma chambre, je la regarde et me laisse subjuguer par sa démarche chaloupée typiquement féline.

Dans la rue quand une nana marche comme ça, on se retourne pour la regarder.

Je me laisse tomber sur mon canapé et soupire encore plus fort.

— Faut y passer. Se résigne Andrew en mettant nos douceurs sur ma table basse, forcement Loti se ramène en trottant.
— J'peux pas, je fais une entrée ce matin.
— À 7 h du mat ' ? Il m'interroge sans cacher son scepticisme.

Il sait que j'ai horreur de cette réunion à la con et qu'elle ne se produise que deux fois par an ne change rien. Pour moi, c'est deux fois de trop.

— Je sais, mais on n'a pas le choix.
— J'ai autre chose faire, je m'entête en avalant un muffin.

— Tu vas trouver quoi comme excuse cette fois ?

Il est habitué. Il ne cherche plus à comprendre. Je suis un médecin pas un genre de pseudo politicard a la con, je ne participe pas aux réunions de budget ou je ne sais quoi ! De toute façon c'est toujours la même chose ! Coupure budgétaire encore et toujours ! Bientôt on va devoir se partager nos scalpels... vive le scandale sanitaire...

— Tu veux que je passe un message au grand chef ? T'as du beurre ?
— Frigo... On manque de tout, j'aime toujours pas ce con d'anesthésiste tu sais celui qui a la tronche de travers.
— Caleb.
— Ouais, lui. Fais bien comprendre que si on me le recolle je quitte le bloc.

Andrew opine du chef sans rien ajouter, il sait que je ne peux pas le voir et ce n'est pas que personnel. Il travaille comme un porc, il n'a aucun respect pour les gens et ait bien trop arrogant pour le bien de tous.

Cet idiot a frôlé plus d'une fois l'erreur fatale... je ne comprends pas pourquoi il est toujours en poste... sûrement encore une connerie de coupe budgétaire.

— Pourquoi tu ne t'investis jamais dans la vie de l'hôpital ?
— Pourquoi tu beurres tes beagles ?


On se regarde un instant avec la même expression, puis on se fend d'un petit sourire.

— Tu sais que je ne comprends pas le principe de s'asseoir autour d'une table pour raconter tout un tas de conneries.
— Y'a pas que des conneries...
— t'es sérieux ? je lui demande en haussant un sourcil. Par ce que faire de fausses promesses pour ensuite nous couper l'herbe sous le pied avec le sourire qui plus est, n'est pas une connerie ?!
— Il paraît qu'on a de nouveaux investisseurs.
— Tu leur passeras le bonjour de ma part.

Il fait mine de ne pas relever mon sarcasme.

— Mais toi, pourquoi tu y vas à chaque fois ?
— Tant que j'ai mon mot à dire, j'irais.

Je pourrais rajouter un « simplement ? », mais ce serait insultant. Je sais que pour lui, s'exprimer est vital. Même si ça finit dans le vide, j'imagine qu'il se dit que sa voix a du poids et sincèrement je souhaite vraiment qu'il ait raison.

Que son avis ait de l'importance, qu'il aide à faire de grand changement.

De toute façon si un borné peut avoir le dernier mot c'est bien lui.

Ce n'est pas que je n'y crois pas, enfin si un peu, je pense juste que j'ai plus de poids dans un bloc qu'autre part. Je crois vraiment que les gars comme moi ne sont pas bons dans les discours et tout le bazar qui va avec, je sais que je suis bon dans mon domaine. Sans vantardise, je sais que je suis un bon médecin. Pour la simple raison que c'est à moi que l'on envoie le plus de cas. Il n'y a pas que ça, il y a aussi tous ces gens... Donc, les gars comme moi on est meilleur en exerçant notre art que dans un bureau sans fenêtres.

— T'as une grosse opération ?
— Cette aprèm, oui. Un gosse qui a un mauvais cancer des cordes vocales.

— Fumeur ?
— Même pas...

— Vie de merde...

On trinque avec nos pâtisseries respectives avant de finir de les dévorer.

— Tu ne vas pas être en retard ? Je lui demande en sortant de ma salle de bains.
— J'ai encore une bonne heure devant moi qu'il me répond en regardant rapidement son portable.
— Pourquoi t'es venu à cette heure alors ?

Il ne me répond pas, mais ne se gêne pas pour se foutre ouvertement de moi tout en papouillant mon chaton.

À peine une demie heure plus tard on est tous les deux dans ma voiture direction le boulot. On a pas beaucoup parlé, il n'y a pas grand-chose à rajouter de plus de toute façon.

Dès qu'il est l'heure, je vais à la rencontre de la famille Cellier. Madame Cellier est tellement angoissée qu'elle a dû perdre encore un ou deux kilos. Si elle continue ainsi elle va finir par perdre un os, son fils a les nez rivés sur son portable c'est a peine s'il m'adresse un vague signe de tête. Je ne lui en veux pas le moins du monde.

Comme souvent, toujours, j'explique étape par étape l'opération. Ils sont tous les deux très attentifs, le môme me pose quelques questions. Sans me donner l'impression qu'il va me sauter dessus, un exploit en soit. Sa première préoccupation est de savoir quand il va pouvoir rejouer au Basket, oui il va pouvoir pas dans l'immédiat, mais oui il va pouvoir.

Je lui demande une nouvelle fois s'il ne veut pas d'une opération pour « remplacer » ces cordes vocales. Il me répond encore une fois à la négative en rajoutant qu'il ne veut pas d'un truc en plastique dans sa gorge.

Je finis par abdiquer, du moins en apparence, car j'envoie un message a mon équipe pour qu'ils préparent ce qu'il faut au cas où.

Un peu avant midi je m'enferme dans mon bureau, ma nouvelle secrétaire me demande si j'ai besoin de quelque chose et me dit que j'ai environ une tonne de messages en attente. Rien que ça.

Tout en enfournant un casse-croûte, jambon beur emmental avec une canette de soda et deux Twix, je regarde un peu tout ce qui m'attend. Quelques demandes de renseignements, une petite dizaine de retours de labo et un trop grand nombre de demandes de rendez-vous par des représentants quelconques tout va bien.

Je jette un œil à mon portable avant d'aller voir une dernière fois Madame Cellier et son fils.

Pas de mail.

Je soupire et étire mes jambes sous mon bureau.

De : Alice Loti
À : Dorian Apps
Objet : Bouddha.

Croyez-vous en lui ou en un autre gars du genre ?

J'ai mangé des insectes, grillés, donc morts. Logique. Il paraît que c'est notre nourriture de demain, autant s'y habituer non ? j'ai lu je ne sais où que c'est plein de protéines et tout plein d'autres bonnes choses. C'est bon pour moi non ?

En tout cas ! il faut goûter ! ça roque sous la dent et ça a le goût de graines de tournesol, pas celle pour les piafs hein ! je parle des salés.

Bon ! je vous laisse j'ai un bon repas qui m'attend !

En pièce jointe il y a deux photos, la première la montre en train de croquer a pleine dent dans un criquet il me semble et la seconde n'est autre qu'un plat qui a l'aire franchement sympa.

Mon ventre gargouille alors que je viens de boulotter comme un ogre. 

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