Le 13 avril.



Moi, malade en pleine contemplation.

J'ai tout un autre monde qui danse devant les yeux. Tout est si différent, pourtant il y à peine deux jours tout était si commun, presque fade. Mais là... C'est superbe.

J'étais en pleine discussion avec le doc' que je n'enterrerais pas, quand leur mouvement a attiré mon regard. Ils sont des millions à voler au-dessus de moi sans me voir, formant des figures incroyables. J'ai parfois l'impression que c'est une écharpe qui s'envole au gré du vent, une immense écharpe noire sans être sombre et effrayante pour autant. Elle bouge, danse dans le ciel, nous offre une chorégraphie atypique et magique.

De la beauté à l'était pur.

Tous ces oiseaux qui volent au-dessus de la montagne que je peux voir de ma fenêtre me donnent une impression de légèreté. Ils sont si beaux. Peu à peu, l'écharpe se resserre puis prend une tout autre direction avant de disparaître.

Ils passent au-dessus de moi en faisant un vacarme incroyable ! J'ai l'impression de me retrouver sur ses plages de Bretagne ou la mer percute les rochers sans repos. Sans jamais cesser de croire qu'elle pourra briser la montagne, elle a raison d'y croire, car de temps en temps elle emporte avec elle un bout de roche.

La nature est incroyable.

Aujourd'hui, Terry, notre accompagnatrice, nous a emmenés loger chez l'habitant jusqu'à la fin de notre séjour. La personne qui m'accueille est une vieille femme, sérieusement elle doit atteindre les cent balais ! Pourtant elle gambade et donne des ordres à tout va !

De ce que j'ai compris, ici les femmes sont des chefs de famille. En tout cas, elle en a dans le pantalon ! Cette vieille femme, au nom imprononçable, nous accueille dans un anglais approximatif.

Son accent est terriblement mignon.

Sa maison est à ras du sol, comme toute dans le coin. Elle a aussi une odeur particulière. Vraiment unique. Un mélange d'épice et de bambous avec un soupçon de quelque chose de presque magique.

On va être quatre à vivre chez elle et on a tous notre chambre. Aussi petite qu'un placard, mais ce sera bien suffisant pour mon aliène et moi.

— Demain matin, je viens vous chercher, on va remercier la terre qui nous accueille au temple bouddhiste qui est pied de l'Himalaya. Nous dit Terry avant de partir.

Terry c'est le genre de nana que l'on clouerait bien au sol tant elle bouge dans tous les sens. Je souris en me disant que ma mère aurait mal au crâne rien qu'en la regardant déambuler.

Merde ! mes parents !

Je dégaine mon portable et leur envoie un petit mail maison rassurant, j'en envoie aussi un à ma sœur.

Elle ne m'a même pas dit au revoir quand je suis partie...

Je ne sais pas ce qu'elle a depuis quelques jours, mais elle est bien chiante !

— Tu vouloir manger ? Me demande la vieille dame en entrant dans ma chambre sans frapper à la porte. Elle se tient debout grâce à une cane en bois. Je lui dis que j'arrive et elle fait demi-tour.

J'en profite pour gober mon quota de pilule avec un fond de coca chaud, c'est franchement dégelasse !

Des sauterelles grillées... et du riz.

Mais ils sont ou mes cookies XXXXXXl ?? Les autres voyageurs et moi, on se regarde avec la même crainte dans le regard. Je peine à déglutir, je crois que je dois m'y prendre plus d'une fois pour y arriver vraiment.

La vieille dame tape une fois sur sa table, le son mat du choc me fait revenir sur terre. On se regarde comme on peut avant de s'asseoir sur une chaise qui grince dangereusement.

— Vous goûter, être bon pour énergie !

Elle finit à peine sa phrase, qu'un autre membre de sa famille entre dans la pièce. Les deux femmes échangent quelques mots dans leur langue et la plus jeune nous salue rapidement avant de sortir le dos courbé.

Un gars, avec qui j'ai pris l'avion sur Paris, soupire un coup et prend un insecte grillé entre ses doigts. Je suis en face de lui, il me lance un regard de pur défi et enfourne d'un coup la bestiole.

Il le fait sans respirer, sans réfléchir, il croque et avale et vide d'un trait son verre d'eau.

— C'est pas si mauvais, il finit par dire tout en étudiant une autre bestiole.
— Alors ?!
— C'est bon.

Quand la vieille dame parle, j'ai l'impression qu'elle nous hurle dessus.

Je souffle à mon tour et attrape une sauterelle, après tout il ne peut rien m'arriver de pire ! et puis mon aliène a lui aussi besoin de variété.

Franchement, c'est pas mauvais ! Ça a un goût de graine de tournesol salé, autant dire que j'ai gobé tout mon plat sous le regard amusé du gars et satisfait de la vieille dame.

C'est sympa, mais les cookies c'est mieux.

On n'a pas fait grand-chose pour le reste de la journée, j'ai fini par apprendre que deux sont en couple. Ils ne parlent qu'entre eux d'ailleurs, cela ne me gène pas ! elle a une tronche qui ne me revient pas de toute façon. Le gars, l'aventurier, qui a goûté en premier au goûter s'appelle Justin.

De ce que j'ai compris il est agent immobilier dans le centre de la France et il parle beaucoup !

Sérieusement il peut tenir une conversation d'une bonne heure à lui tout seul ! Il se dit bon vendeur, personnellement je pense que ses clients achètent juste pour qu'il se la ferme. En tout cas il est très drôle.

Juste avant de me coucher, je termine mon rituel journalier de cancéreuse tout en écoutant une compil chopée sur YouTube à la va-vite.

— Ça t'dis de voir un truc sympa ?
— Tu sais ce qu'impliquent les règles de savoir-vivre ? Je rétorque en rangeant tout mon bordel, au passage je finis d'avaler ma bouillie médicamenteuse.
— Bon ! tu viens ?

Parler dans le vide est un art que je maîtrise à la perfection depuis peu.

Je me lève et souffle, au passage je donne un coup de pied dans mon sac. Histoire de bien le ranger.

Je le suis dans les couloirs jusque dehors. Au passage, ce gars n'est qu'un bruit ambulant.

— Regarde.

Il me tient la porte et regarde droit devant lui.

Le soleil se couche derrière l'Himalaya. Il se fait engloutir par ses sommets laissant derrière lui une myriade de couleurs chaude et hypnotisante.

Je me sens si... petite. 

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