Le 12 mai.


Le 12 mai.

Moi malade, un peu plus malade.


Le silence qui règne dans la voiture est assourdissant. Je soupire, pose l'arrière de ma tête contre l'appuie-tête et soupire une seconde fois. Je perçois au loin les bruits de la ville qui résonne dans le parking souterrain de l'hôpital dans lequel je suis.

Je ne pleure pas. Je ne sais même pas si je ressens physiquement quelque chose. Je crois que j'ai mal, mais je sais que cette douleur est entièrement psychique. Je ferme les yeux et expire. Je me sens épuisé. Je laisse glisser mon corps contre la portière de ma fidèle citadine grise.

- C'est franchement con, je trouve le moyen de souffler cette phrase avec un petit rire sans joie et plein de sarcasme.

La voiture qui est garée en face de mois se fait ouvrir à distance, une femme qui a le nez sur son portable, grimpe dedans et démarre. Le silence reprend ses droits. Je ferme les yeux de nouveau. Je ne suis même pas en colère. Je suis épuisée. Vraiment épuisée.

Au lieu de penser à moi, à l'alien qui me dévore un peu plus, je pense à ma famille. Le regard de mon père qui s'était posé sur moi le jour du prognostique est encore imprimé dans mon esprit. J'entends encore les pleurs de ma mère, je revois aussi les épaules de ma jeune sœur se crisper. Je ne me souviens plus de mes sentiments ce jour-là.

Je ne peux pas leur infliger ça une nouvelle fois. Je n'ai pas le droit. Je n'ai peut-être pas le droit de vivre pour moi-même, mais j'ai encore moins le droit de les bousiller aussi. C'est mon merdier pas le leur.

J'attends encore un peu sans bouger. J'attends de craquer. Rien ne vient. Je suis déjà morte de l'intérieur. Je suis si fine que je peux remonter mes genoux contre ma poitrine sur mon siège. Déjà un cadavre.

Toujours pas de larme. Je ne ressens rien. Pas même mon cœur qui bat, bat-il encore vraiment ?

J'enserre mes genoux avec mes bras sans bouger ma tête de la fenêtre. Je tremble un peu sans avoir froid. Je crois que mes nerfs lâchent légèrement.

Sans vraiment m'en rendre compte, ma tête cogne contre la vitre, je le fais plus pour le bruit qu'autre chose. Ça me donne juste l'impression d'être moins seule.

Je ne sais pas si me suis endormie ou si mon esprit est parti dans un autre univers, mais quand je reviens à moi une flopée de gens bien habillés défilent devant moi. Je soupire, me déplie et mets enfin le contact.

Juste avant de sortir de là, je croise un groupe de gens, bien trop riche pour moi, un gros avec une cravate jaune rit. Un rire qui résonne dans mes oreilles tout le long de mon trajet. 

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