Le 12 mai
Moi malade, qui tris son linge avec une tablette de chocolat.
— Un carré et une fringue, encore un et...
— C'est sûr que tu vas vite avancer comme ça.
— Tu peux pas comprendre, je commence avec la bouche pleine. Ca m'a trop manqué 'pa !
— Merci pour nous !
Il se moque clairement de moi quand il dit ça. C'est peut-être étrange, mais j'ai toujours trouvé beau mon père. Pas beau dans le genre beauté qui se fane, plus dans le genre beauté intemporel.
Complexe d'Œdipe dans toute sa splendeur !
— Dis-moi ma fille, ta mère m'a raconté qu'hier..
— Papaaa, je le coupe avec le soupire d'exaspération qui va avec. Faux soupire on est bien d'accord. Mais bon, histoire de bien compléter le tableau je lève les yeux au ciel.
Il ne dit plus rien, il préfère rester dans l'embrasure de ma porte de chambre. Tout en croisant ses bras sur son torse, il me fixe avec un petit sourire un peu trop triste sur les bords.
Il y a ce je ne sais quoi aussi dans son regard, un genre de voile. Un voile qui est né le jour de mon pronostique. Depuis il ne l'a jamais quitté, douloureux rappel.
Je soupire une nouvelle fois et cette fois-ci je soupire vraiment. Quelque chose est brisé en nous, quelque chose qui ne se reconstruira jamais.
Hier, c'est ma mère qui est venue me chercher à l'aéroport. Je sais qu'elle déteste conduire dans ce coin-là, trop de monde d'après elle. Traduction : trop de cons.
Et au vu de sa tronche de quinze kilomètres de long, il devait y en avoir un paquet ! De toute façon elle n'aime pas conduire tout court.
— C'est carrément du cannibalisme ! Que j'avais dit à l'aventurier qui attendait avec moi près de la porte nord. En face de nous un couple se bavait dessus. Pardon, s'embrassait avec beaucoup de fougue. C'était un peu trop glauque, même pour moi. Souffrance j'ai rajouté quand le mâel du couple, j'ai fini par le reconnaître grâce a son geste, a empoigné le sein de sa compagne.
Il ne l'a pas juste empoigné, il l'a carrément dévissé !
À côté de moi Nikolas a soufflé un rire bref tout en faisant une drôle de grimace.
— Y'en a qui en ont de la chance quand même... il a fini par souffler en enfonçant ses deux mains dans ses poches. Il était si loin dans ses pensées qu'il n'a pas fait attention à sa valise qui venait de tomber par terre.
Deux roulettes avaient rendu l'âme pendant le transport.
— Mouais... que je lui ai répondu en faisant mine de ne pas voir son regard triste. Trop triste pour un type comme lui. Je n'ai pas aimé.
Je ne sais plus de quoi on a fini par parler, je ne sais même plus si on a vraiment parlé en faîte.
Juste avant de partir, je me suis demandé pourquoi il était du voyage. Tous étaient ou avaient un proche malade. Lui avait l'air de ne pas être dans notre cas.
Je l'ai regardé a la dérobé puis plus franchement quand il est allé s'acheter un café. Il n'est définitivement pas malade ou alors en rémission, non même pas. Il est trop frais.
Puis juste avant que ma mère n'entre dans le grand hall, je me suis mise devant lui et l'ai embrassé.
Un vrai bisou de cinéma ! Il me l'a rendu. J'étais encore entre ses bras quand l'idée de la fille facile est venue me titiller les neurones, je l'ai viré à grand renfort de coup de pied dans le cul. Métaphoriquement parlant.
Sans un mot on a échangé un dernier bisou et j'ai fait demi-tour. Je me suis dirigé vers ma mère, que je venais à peine de remarquer, sans un mot pour lui. Nikolas non plus n'a pas essayé de me retenir ou de me parler.
Voilà ce qu'a vu ma mère et donc ce qu'elle a raconté a mon père. Pourquoi ce geste ? Pour la beauté du sport dirons-nous. Contrairement au bel Irlandais, je sais qu'avec lui j'aurais pu vivre quelque chose de sympa.
Sûrement. Mais on est trop déglingué pour s'en rendre vraiment compte et en profiter. Il n'était pas du voyage pour rien j'en suis sûr.
Mon père me ramène à la réalité en entrant dans la pièce.
— Un amour de vacance.
— Juste un amour de vacance ?
Pour toute réponse je l'ai regardé et me suis enfilé deux carrés de chocolat noir d'un coup.
— Elle est ou Béné ?
Mon père a juste haussé les épaules et a enchaîné sur un sujet bateau au possible : le temps. Ouais il fait moche ici, non là-bas il y avait beaucoup de soleil, mais il faisait très humide. Non je ne me suis pas faite gober par bagueras...
Oui, je sais. L'humour de mon vieux père est tordant.
J'ai fini de tout ranger une pognée d'heure avant mon contrôle technique et toujours pas 'ombre d'un orteil de ma petite sœur. Rien. Nada. Ca me bouffe, juste avant de partir tout allait bien et là...
Passons.
Je ne comprends pas.
Je n'aime pas ce retour, en revenant d'Irlande tout e monde avait l'air d'être heureux de me voir là.... Ma mère est repartie au travail, mon ère fait ses corvées ménagères et Béné est je ne sais où. Moi dans le lot ? Comme une conne dans la chambre à m'occuper comme je peux.
Ça ira sûrement mieux ce soir, que je me dis une énième fois en replaçant quelques livres, que j'ai déjà replacés une bonne quinzaine de fois avant.
— Alice ? Il entre après un grognement d'accueil, tu veux manger pizza ce soir ?
— Seulement s'il y a un supplément fromagé.
— Vendu !
Et me revoilà seule...
NDA de fin : comment allez vous en ce 1er mai ??? je me demandais, vos proches vous ont déjà découragé de continuer votre passion ou activité favorite ? perso oui. a l'écouter ce que je fais est de la merde en tube et que ça ne sert a rien ect... bref ! ça vous est déjà arrivé ???
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