Le 12 mai.



Moi, médecin qui a les os dans le mauvais sens.

Ce matin, encore, je grogne comme un grand malade en essayant de me lever de mon lit. J'ai le dos en miette depuis que je me suis vautré dans mon bureau ! j'ai l'impression que ça fait des siècles que je suis cassé en deux.

Faut dire que je me suis mangé le sol bien comme il faut l'autre jour et histoire d'en rajouter un peu, je me suis fait choper par le doyen en sortant dans le couloir. À la base, je me dirigeais tout droit vers la maternité où était Andrew, oui c'est obligatoirement lui qui fait ce genre de connerie. On en a deux trois a notre actif, ça entretient la flamme comme il dit.

Bref. J'ai mal partout.

Le doyen a souhaité me voir, sous-entendu immédiatement et sans broncher, dans son bureau. Accessoirement à l'autre bout de l'hosto. Il m'a fait le grand résumé de la réunion de l'autre jour. En long en large et en travers... pour finir, j'écope d'une formation sur les limites à ne pas franchir avec ses patients...

Je suis ravi... Puis j'en ai rien a secoué, je suis là pour faire mon boulot pas plus !

Je ne sais même plus quand elle a lieu soit dit au passage.

Bref, depuis cette fameuse matinée, je vois le kiné de l'hosto tous les matins et certains soirs suivant la douleur. J'ai un de c'est mal de chien !

D'ailleurs, le kiné prend un malin plaisir à me torturer... d'après lui, je suis encore plus chochotte que les grands-mères bouffées par l'arthrose... charmant.

Autant dire que mon ego en a pris un sacré coup.

— Minute Loti, je souffle en roulant sur le ventre pour réussir à me lever. J'ai l'impression d'être un cachalot... Miaou toi aussi ! Je siffle entre mes dents quand mademoiselle donne de la voix.

Remarque c'est de ma faute aussi, depuis le début je l'ai habituée a son bol de lait le matin. Après tout, je mange bien moi, alors pourquoi pas elle ? Je me traîne comme un petit vieux dans mon appart, jusque dans la cuisine. Autant dire que j'ai pas du tout envie de vieillir.

Seconde mission de la matinée : aller pisser.

Ça va pas être simple... je regarde mes toilettes du coin de l'œil, bon quand faut y aller...

Ce fut un grand moment. Superbe. Merveilleux. Splendide. Vraiment.

— Hoo putain que la terre est basse ! Pfff j'ai mal partout. Andrew, je vais te tuer. Je promets dans l'habitacle de ma voiture, je me dandine avec toutes les peines du monde pour m'installer correctement. Te flinguer, te faire bouffer des plats de poils... non ça, ça risque de te plaire...

Autant dire que le trajet va être bien plus long que d'habitude, pour le coup je fais l'impasse sur le saut à la boulangerie. Ça me fait chier. Elle est bien mignonne la nana.

En parlant de ça, Sandrine, celle qui a voulu reprendre contact, a proposé que l'on mange ensemble à mon retour de vacance. Pourquoi pas après tout, j'ai pas grand-chose d'autre a faire de toute façon.

À chaque pas que je fais dans le couloir du boulot, je sens tout mon dos se contracter et mes os grincer les un sur les autres. Rien que le fait de lever mes bras pour ouvrir une porte est un calvaire. Dire que demain ce sont les vacances...

Merde, ce soir c'est aussi le gala... et avant cette merde j'ai le rendez-vous avec Mademoiselle Loti !

Je m'arrête au plein milieu du couloir de l'hosto pour souffler et lever les yeux au ciel, tant que j'y suis, je dégaine mon portable en faisant le moins de mouvements possible. Heureusement que je peux sourire comme un demeuré sans souffrir.

« J'ai oublié de prendre mon costume pour ce soir »
« Rêve pas, je n'irais pas seul. Laisse tes clefs a ta secrétaire et je passe vite fais chez toi pour le prendre »

« Si tu laisses sortir Loti je te tue »

Ce collègue est une purge. Moi qui nourrissais l'espoir de zapper ces festivités...

Automatiquement, je regarde si j'ai une notification sur ma boîte mail et oui j'en ai sept. Six conneries, tient une fraude EDF, ça faisait longtemps et le dernier et d'Alice Loti.


De : Alice Loti

À : Dorian Apps.

Objet :

Une cargaison vraiment ? Attention, il ne faut jamais faire ce genre de promesse dans le vent ! Et encore moins à une femme accro !!

Je vous avoue que si cette nouvelle recette voit le jour je prends tout de suite u bonnement à tous les fast foods du coin ! On ne blague pas avec les poulets sous OGM.

Je vous dis au 12 à 17 h 15 !


Je reprends mon chemin en enfournant mon portable dans ma poche.

— C'est moi ! que je dis en entrant dans la salle du kiné. Sans attendre que mon collègue me réponde, je pose mes affaires sur une des chaises et enlève ma chemise.

— Faudrait peut-être penser à passer une radio. Y'a pas plus mal soigné qu'un médecin. Soupire André en remarquant que je lui ai carrément tourné le dos.

Pas le temps pour une radio, pas le temps pour ces conneries.

Je m'installe avec peine sur sa table pendant qu'il réchauffe une crème entre ses mains.

— Allé !

— La vache !

Pour ne pas changer, il me manipule comme une vraie brute ! Je craque de partout, j'ai l'impression que tout s'étire là-dedans avant de se remettre plus ou moins en place.

Autant dire que c'est pas joyeux.

Une fois de plus, il me laisse un décontractant musculaire sur le coi de la table avant de partir.

André n'est pas un bavard, il ne l'a jamais été. Par contre, il connaît bien son boulot et dans le fond c'est tout ce qu'on lui demande !

Comme prévu, je laisse mes clefs à Rebbeka, qui a repris son planning de jour. Ses indomptables boucles brunes sont devant ses yeux.

— Haaaaa tu as succombé !!!! je scande comme un bien heureux en remarquant qu'elle a une pile, correcte, de magazines pleins de conneries sur les stars de tous horizons !
— Ça va... qu'elle grommelle en essayant de cacher ses précieux avec des dossiers en vrac. Dont un est fuchsia.

Je lui laisse mes clefs avec un sourire de bon vainqueur. Elle se fou de moi a son tour quand je grogne après avoir fait un mouvement un peu trop brusque.

— Plus si jeune que ça... elle ricane en me regardant me tenir le dos avec une main. J'imagine qu'il faut que je me déplace pour vous donner votre planning de la journée ?

Je ne lui réponds pas, je grogne. Elle se moque de moi.

Elle se plaint aussi sur le fait de ne pas avoir eu de viennoiseries depuis plusieurs jours.

C'est plus ce que c'était les employés. 

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