le 1 mars


Moi, Médecin diplômé.


Que les choses soient claires, je n'ai pas peur de l'échec.

Je n'ai pas à en avoir peur puisqu'il fait parti intégrante de mon métier. Que ce soit moi ou un de mes confrères nous échouons sept fois sur dix. Sept fois sur dix, le cancer gagne. C'est ainsi.

Le cancer est coûte que coûte le grand gagnant de l'histoire, qu'il soit vaincu ou non c'est bien lui qui remporte le premier prix. Soit, il vous vole, impunément, de trop nombreuses années de vie tout en vous faisant souffrir de mille façons ou alors il vous tue vous évitant de souffrir, mais anéantit tout votre entourage.

Alors oui le cancer gagne, quel que soit le grand résultat final. D'ailleurs on le met pas à la porte, on le tient en respect.

Alors comme tout bon oncologue – médecin spécialiste en chimiothérapie ou dans les traitements contre le cancer — mon syndrome du héros est vraiment mis à mal plusieurs fois par an, voire par mois. Oui, ça arrive parfois.

Certains jours, j'ai plus être l'impression d'être la main droite de la Faucheuse qu'un médecin qui a juré de tout faire pour sauver ses patients. Mais ce n'est pas une collègue vraiment sympa dans le genre, plus une qui vous colle à la peau la mettant mal au passage.

Je me souviens de la façon dont j'ai choisi ma spécialité comme-ci c'était hier.

J'ai étalé toutes les brochures que la fac nous avait refourguées sur ma table basse, quand d'après eux il était temps de choisir, bref. Tous ces papiers étaient devant moi dans un ordre très personnel, j'ai fermé les yeux, farfouillé encore un peu et ai pris une documentation.

« L'oncologie » y était écrit en grosse lettre noire sur un fond blanc.

Voilà comment je suis devenu le médecin qui soigne les cancers. Un peu simpliste comme définition, hein ? 


D'ailleurs, c'est quoi réellement un cancer ? D'abord, il y en a autant de sorte que le corps humain le permet, mais ils ont tous un dénominateur commun.

La mort ? Non, voyons, ça, c'est juste une finalité...

La fatigue, les traitements lourds et longs, la sécheresse sociale, les fous et la peur ? Des conséquences, idiot.

Non le cancer ou tumeur maligne est une maladie caractérisée par une prolifération cellulaire — tumeur — anormalement important au sein d'un tissu normal de l'organisme.

Ça, c'est la définition pompeuse de la chose.

Ma définition à moi est moins... Romanesque voir glamour.

Le cancer est une belle saloperie qui ne pourrit pas qu'à toi la vie. Cette boule bien dégueulasse a le don d'absolument tout détruite autour de toi. Ta femme – ton mari — ne te regardera plus jamais pareil, tes parents – s'ils sont encore en vie — se demanderont ce qu'ils ont fait de mal pour que tu subisses ça et ils prendront un gros coup de vieux, tes enfants... Ils en garderont une trace indélébile au fond de leur chair puis vient tes amis, un sérieux tri se fera de lui-même.

Mais là aussi, il y a un dénominateur commun : le regard. Tous, qu'importe l'amour qu'il te porte, le respect, leurs forces, tous te regarderont d'une façon si triste que cela te tuera avant le cancer.

Je sais c'est moche.


Et nous – les médecins — ont donne le meilleur de la science, de nous, pour te sauver. Mais voilà on n'y arrive pas toujours et donc on est aux premières loges de votre extinction. On voit absolument tout, on se rend compte de tout et surtout de ce que tu ne dis pas.

Mais on ne pleure pas et avec le temps on ne ressent presque plus rien. Sommes-nous des monstres ? Sûrement, pardonne-nous de nous préserver et même d'être blasés à la longue. C'est ignoble, mais l'être humain est ainsi fait.

Il y a aussi ces gens que l'on sauve.

Que nos conseils et actions sauvent.

Ceux-là, dans notre plus grand égoïsme, on souhaite les garder auprès de nous et même les afficher aux vues de tout le monde. Comme un trophée, oui on est horrible. Pas plus que l'autre amas de chairs qui dégueule de tissus mortels !

Alors, oui, dans l'équation nous sommes les gentils, sûrement un peu trop mégalo et très égoïste pour notre propre bien, mais nous sommes les gentils quand même.

Maintenant, il faut que je dise à cet homme que le seul traitement que j'ai à lui proposer est un traitement palliatif, autrement dit il est condamné et tout ce que je peux lui proposer c'est une solution pour l'accompagner en douceur vers sa mort.

Je maintiens que nous sommes encore les gentils, même dans ce cas, nous serions les méchants je le laisserais souffrir en lui faisant croire qu'il va bientôt guérir, même sur son lit de mort.

La douleur et la déchéance font partie du processus de guérison et de mort.

Mais allez faire comprendre ça à sa future veuve. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top