319

Au fond du couloir long et sombre, on ne distingue rien. Seul peut parvenir, aux oreilles les plus fines, un souffle saccadé. La respiration avance, parsemée de soupirs lourds et de grognements. On entend alors le chœur des marches de métal qui se met à chanter, sous les pas de l'homme essoufflé.

Une lampe grésille, sa faible lumière permet d'assister à ce curieux spectacle. Cet homme immense donne l'impression d'être sorti d'un vieux tableau oublié. Ses yeux éteints semblent n'avoir jamais vu le bonheur, et ses lèvres crispées semblent avoir été forgées dans cette position. Sa démarche pesante bat une pulsation lugubre dans ce bâtiment résonnant.

"315, 316, 317, énumère notre homme, 318, 319,... 319."

Il gratte son crâne dégarni, et pousse la grille qui s'ouvre dans un râle douloureux.

L'homme, s'il est au moins humain, balaye rapidement la petite pièce du regard. L'araignée qui commence sa conquête de la cage en béton semble l'embêter davantage que l'occupant de la cellule à ses pieds. Ses grands yeux sans émotion s'inquiètent de l'état des draps, sur le petit lit au fond de la pièce, mais n'accordent aucun intérêt à ce corps sans vie respirant la poussière.

Il lève alors la tête, et son regard s'accroche à une feuille de papier sortant du haut de la porte du placard.

Il enjambe le mort, et entreprend d'ouvrir le meuble.

Bien qu'il ne semble pas réagir, son visage impassible suit le paquet de feuilles déchirées lui tomber sur les pieds.

Il pousse un nouveau soupir, excédé. Il s'abaisse tout de même, sûrement intrigué par ses mystérieux mots, ramasse les bouts de papier, et les étale sur le lit. Il s'assoit alors, et en repérant l'ordre dans lequel les mots avaient été écrits, commence la lecture :


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