2 - Paillettes

Sarah sourit en voyant sa sœur s'avancer dans sa longue robe argent, scintillante comme mille toiles d'araignées dans la rosée sur matin. Elle l'aida à ajuster son chapeau pointu à large bord, noir comme le voulait la tradition.

Hellen, elle aussi, admirait l'élégance de sa jumelle. Vêtue d'une robe bleu sombre, ample et légère comme tombe la nuit, piquetée de paillettes d'or et d'argent (sans oublier le chapeau, évidemment), Sarah allait faire tourner bien des têtes ce soir.

Allègres, les deux sorcières quittèrent leur logis et marchèrent jusqu'au vieux château, sautillant d'excitation à l'idée de la soirée à venir. Le soir d'Halloween était toujours un évènement particulièrement faste et festif au sein des communautés magiques. C'était peut-être un des seuls évènements où fantômes, gobelins, elfes, nains et sorciers (et j'en passe) se mélangeaient sans animosité, débarrassés de la crainte d'être découverts des humains. Les rivalités et fiertés de clan ne s'effaçaient pas pour autant : il fallait faire bonne figure, se montrer à son avantage pour faire honneur aux siens.

La lune, brillante et ronde, surgit de derrière un nuage. Hellen leva les yeux, un frisson glacé la parcourut. Halloween un soir de pleine lune était aux sorciers ce que le vendredi 13 était aux humains : selon la superstition, c'était à cette occasion que se produisaient les immenses bonheurs ainsi que les terribles malheurs. Mais ce n'était qu'une vieille croyance, que tous s'accordaient à moquer dans le clair du jour. Pourtant, la peste des gobelins était apparue un soir comme celui-ci, un alchimiste avait fabriqué la pierre philosophale un soir comme celui-ci, le massacre des sorciers et sorcières par les humains avait démarré un soir comme celui-ci...

Sarah tira sa sœur de sa rêverie :

— Tient, ils ont posté des gardes autour du château cette année... C'est curieux, tu ne trouves pas ?

— Oh, oui... répondit vaguement Hellen, ne souhaitant pas communiquer sa peur idiote à Sarah.

Pour autant, elle ne parvenait pas à expliquer le sentiment terrible qui la parcourait à chaque fois qu'elle était touchée par un rayon de pleine lune. Elle n'était pourtant pas superstitieuse, d'habitude... Elle tenta de se rassurer en mettant ces frissons sur le compte de l'excitation de la soirée. Oui, elle devait être un peu nerveuse, voilà tout. La soirée allait être belle, joyeuse. D'ailleurs, si la tradition prédisait aussi de grands bonheurs pourquoi n'était-ce pas sur cela qu'elle concentrait ses pensées ? Après tout, il n'y avait aucune raison qu'un malheur arrive, c'était un soir de fête. Et s'il arrivait un imprévu, il y avait tellement de hauts mages qu'aucun drame ne pourrait advenir, ils sauraient réagir et protéger la foule. Tout allait bien se passer. N'est-ce pas ?

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