Chapitre 23
ANDREA:
"Je veux que tu saches, à quel point ton amitié m'est précieuse.
Mais j'aimerais que tu reconsidères le titre que tu m'as attribué"
Aaron Warner Anderson - Ignite me, Tahereh Mafi
Je prends ses affaires pour les monter dans la chambre, toujours sans dire un mot. Je devrais parler, je le sais, juste dire un mot pour la rassurer, mais je pense déjà à trop de choses alors ça me paraît secondaire.
Trop beau pour être vrai je me dis.
Ce n'est rien de grave en soit, mais ça m'a pris par surprise, j'ai l'impression qu'elle connaît ma mère plus que je ne la connais. Ce qui est déconcertant parce qu'elle me connaît moi aussi plus que ma mère me connaît.
"Laisse moi t'aider" Kaléa demande en tendant la main pour attraper un de ses sacs.
Je secoue la tête.
"Je gère" je lui assure.
Et je sais que je devrais ajouter quelque chose, je ne pourrais pas supporter de la blesser. Mais c'est aussi normal d'avoir des sentiments, j'ai bien le droit de ne pas avoir envie de parler à l'instant. C'est pas comme si je venais d'apprendre que la personne que j'aime le plus au monde connaissait ma mère qui m'a abandonné enfant. Je ne suis même pas en colère contre aucune d'elles, je suis en colère contre moi-même de ne pas avoir assez fait attention, comment j'ai pu ne pas remarquer.
"S'il te plaît"
Je me tourne à nouveau vers Kalea, elle baisse les yeux et prends son sac sans rien ajouter. Je ne comprends pas vraiment, pourquoi elle a tant insisté, ça doit lui tenir à cœur.
C'est à peine si elle défait sa valise une fois arrivée dans la chambre. Je pose ma valise sur mon lit et Kaléa part directement se doucher.
Je soupire en posant ma tête sur un coussin, je fixe le mur, pensant à ce que je dirais à Kalea quand elle sortira. Lui dire que je ne lui en veux pas, peut-être la rassurer un peu. Ce petit imprévu avec Isabelle sera vite classé, et puis, peut-être qu'on officialisera. Elle, moi, une maison rien qu'à nous, c'est ce que je veux le plus au monde. Plus qu'une voiture compétente, plus qu'un titre de champion du monde, plus que tout.
D'ailleurs, ça fait un moment qu'elle est sous la douche ?
KALEA:
J'ai l'impression d'être sortie de moi-même. Comme si mon cœur s'était écroulé par terre, alors que je suis bien debout. Je sens le mur de la salle de bain dans mon dos à travers le tissu de mon tee-shirt de pyjama.
~Ne pleure pas~, je ne cesse de me répéter.
Ne pleure pas.
J'ai ~besoin~ d'aller courir, je vais exploser.
Andréa m'en veut, mes parents m'en veulent, je me sens ~tellement~, tellement seule.
Je suis debout, appuyée contre le mur, les yeux noyés dans le vague.
J'ai besoin d'extérioriser, j'ai besoin de me dépenser, ~de faire quelque chose~.
Tout à coup, le froid m'envahit. Je crois que mes mains se mettent à trembler. À moins ce ne soient mes os. Peut-être que tout mon squelette tremble. Je glisse le long du mur froid, l'esprit toujours embrumé. J'entends vaguement quelque chose, un bruit, peut-être quelqu'un qui toque à la porte, ou bien une voix, mais je suis trop occupée à essayer de me recroqueviller tant j'ai froid. Peut-être même que si je me fais assez petite, si je plisse assez les yeux, tout ça va disparaître, ~je vais disparaître~. On crève de froid ici. Alors je sers encore plus mes bras autour de mes genoux, à force de me faire petite ça va s'arrêter. Ça va s'arrêter, ça va s'arrêter. Ça. Va. S'arrêter. Je me balance d'avant en arrière encore et encore, parce que le geste me calme. M'apaise d'une certaine manière. Avant, arrière. Ce geste répétitif me plaît. Avant, arrière, avant. Je ne sais pas quoi faire d'autre.
Arrière, avant.
Des mains se posent sur mon épaule.
"Hey, Kaléa, Kaléa"
Arrière, avant, arrière.
Je me sens secouer la tête.
Non, non, non.
Ma langue est pulvérisée. Mes dents s'émiettent.
Avant, arrière, avant, arrière.
Je ne peux plus m'arrêter de secouer la tête.
Non, pas cette fois, non !
"Ça va, tout va bien, t'es pas toute seule."
J'arrête une seconde. ~Ou bien une heure.~
Je reconnais la voix, je sais qui c'est.
Il me touche le bras, mais c'est pas pareil, il ne va pas me manipuler, il va me comprendre, je le connais lui, ~je lui fais confiance~.
Il ne va pas me forcer à être d'accord avec lui parce que je suis faible. Il ne va pas me faire culpabiliser parce que je pleure et que je suis manipulative.
Pas lui. ~n'est-ce pas ?~
Je lève doucement la tête, me décontracte un peu, regarde autour, la salle de bain, c'est vrai, nous sommes dans la salle de bain de l'hôtel.
Et il est là.
Il est là et je n'ai qu'une envie, c'est de m'écrouler, mais je ne le fais pas.
Pas question.
Je me débrouille, je ne sais comment, pour articuler :
"Merci... merci d'être venu..."
Il m'enveloppe dans ses bras et me rapproche de lui. J'ai le visage enfouit dans sa nuque et la chaleur de son corps m'est si familière à cet instant. Bizarrement réconfortante, il passe sa main le long de mon bras, penche la tête vers la mienne.
"Qu'est ce qui ne va pas ?" Murmure-t-il. "Tu vas bien, dis moi s'il te plaît..."
Je garde le silence, confuse.
"Je te ramène dans la chambre ? Je prend quelque chose à manger on en parlera plus tard mmh ? Ça te vas ?"
Je me surprends à hocher la tête, oui c'est ce qu'il me faut, des draps chauds et sa présence à mes côtés.
ANDREA:
Je l'ai porté jusqu'à son lit, elle est épuisée, d'ailleurs je crois qu'elle s'est endormie quand je suis allé chercher de quoi manger.
Je pose le plateau à côté d'elle, est ce que je devrait la réveiller pour savoir ce qui la met dans cet état ? Ou bien la laisser se reposer ? Je n'ai pas à faire de choix car apparemment, l'odeur de la nourriture l'a réveillé. Je souris un peu et un poids dont je ne connaissais même pas l'existence disparaître de ma poitrine.
"Ça va ? Tu as faim ? Je t'ai pris un peu de tout et-"
Elle me sourit doucement, elle n'a pas idée de tout ce que je pourrais faire si elle me le demandais.
//
Aujourd'hui c'est Race-day. Kaléa est à mes côtés et je pense être l'homme le plus heureux du monde.
Je me suis senti mal au début, quand Kaléa m'a expliqué pourquoi elle a angoissée. Pourquoi c'était si... intense. Elle dit que c'est la première fois qu'elle faisait ça, une crise de panique. Je ne voulais pas qu'elle ait peur de moi. Jamais je ne la manipulerais quand elle est au plus faible, jamais je ne voudrai qu'elle se sente mal ou seule. Puis, je me suis dis que c'était ma chance de changer sa vision des choses, qu'elle n'ait plus peur de pleurer devant quelqu'un, de demander de l'aide, ou de se retrouver toute seule. Parce qu'elle ne le sera pas, elle m'aura toujours moi. Peu importe ce qu'il se passera, peu importe toutes les émotions qu'elle pense être 'trop'.
Quand je l'ai rencontré pour la première fois, je me suis demandé comment elle pouvait croire et aimer autant chaque personne qu'elle croisait. Je crois que maintenant que je ne suis plus qu'un simple adolescent qui tombe amoureux je peux la comprendre parce que je crois en elle, et je l'aime, plus que tout au monde. Tellement que tout le reste importe peu. Tellement qu'elle est tout ce dont j'ai besoin. Je l'aime tellement, que même moi, je m'aime plus quand je suis avec elle.
//
"P1, great race, congratulations ! Woohoo" s'exclame mon ingénieur à la radio
*première place, super course, félicitations ! Woohoo*
J'ai gagné. J'ai gagné !!
Mon sourire ne quitte pas mon visage quand j'enlève mon casque.
Mon équipe m'attend, le podium m'attend, le trophée m'attend.
Mais ce qui tient vraiment, le vrai trophée.
C'est celle qui est entrain de courir vers moi.
Je prends Kaléa dans mes bras, je retire ce que j'ai dis plus tôt, le voici le meilleur moment de ma vie.
Quand je la repose elle me regarde une seconde puis...
Elle m'embrasse.
Je pourrais rester ici toute la journée à essayer de me rappeler mon prénom, mais j'ai malheureusement des obligations qui m'attendent.
"J'imagine qu'on est officiels alors ?" Je demande.
Elle sourit, ce même sourire qui m'a faut tomber amoureux d'elle, et encore, comme à chaque fois, je retombe amoureux de son sourire à nouveau.
"Va voir ton podium, imbécile" Elle dit en riant.
Elle hésite avant de rajouter.
"Je t'aime"
Pas de 'je t'aime bien' cette fois, juste ces deux mots, et je suis, cette fois ci c'est sûr, l'homme le plus heureux au monde.
"Je t'aime aussi, plus que tout" je lui murmure.
Volero essere un duro, ma mi sto innamorando
FIN
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Merci de m'avoir suivi dans cette aventure, je ne pourrais pas dire à quelle point je vous suis reconnaissant pour tout ça.
Merci à Fleur et à Maddi Athénaïs Juliette et Lauryne pour le soutiens et les conseils <3. Kaléa et Andréa ont pris vit dans cette histoire et j'espère que vous les avez aimez autant que moi.
Comme je ne saurais sûrement pas tournez la page il y aura sûrement quelques chapitres bonus de temps en temps, mais la fin est là.
Merci encore je vous aime tellement.
KISS
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