KALEA:

"Si je meurs, je t'entraîne en enfer et je te tourmente pour l'éternité"
"Si tu meurs, je meurs, Red. L'enfer à tes côtés c'est le paradis pour moi"
Twisted hate, Ana Huang

J'ai accepté de l'accompagner à son prochain grand prix, et en plus il a décidé de m'y emmener en voiture. Presque comme des vacances. Ça fait un moment maintenant qu'on se voit presque tous les jours, quand il n'est pas au quatre coins du monde. On est mardi, je viens de finir de manger et Andréa m'attend déjà devant la porte.

"Salut, toi" il me dit avec un sourire.

Andréa m'ouvre la porte côté passager et prend ma valise pour la ranger.

"Quel gentleman !" Je dis en riant.

"Il faut bien quand j'ai en ma compagnie une princesse"

Il est peut-être beau, mais niveau drague on a vu mieux.
La voiture démarre, on a pas mal de route à faire alors on aura l'occasion de parler.

"J'ai tenu ma promesse." Andréa annonce, fier de lui.

Je détourne mon visage de la vitre.

"Pardon ?" Je demande.

"Je t'ai dit que je t'emmènerai à Monaco un jour"

Ah oui, j'ai oublié de préciser ça, nous sommes en route pour Monaco.
On peut dire qu'il a tenu sa promesse en tout cas, et ce n'a pas été facile. Je me demande s'il a pensé à moi parfois durant ces quelques années, moi j'ai pensé à lui, un peu, beaucoup, passionnément, enfin bref, je me demande si je prenais autant de place dans sa tête qu'il en prenait dans la mienne.

"Tu crois aux âmes sœurs ?" Je demande soudainement.

Je ne sais pas ce qui m'a pris, même moi je n'y ai jamais cru. Enfin, je n'y croyais pas, mais maintenant je me retrouve dans la voiture d'Andréa. Et si je n'avais pas logé dans cet hôtel en Italie ? Et si je ne m'étais jamais perdu ? Et si je n'avais jamais accompagné Lizz ? Si on est au même endroit en ce moment même, c'est soit l'œuvre du destin, soit un hasard incroyable.
Il reste silencieux un moment, j'en viens à me demander si j'aurais du poser la question, et si je venais de gâcher tout le voyage ?

"Je ne sais pas si je dirais que j'y crois" il commence.   "Mais je sais que la personne que j'aime est avec moi en train de me faire écouter ses affreuses musiques" il rigole.  "Alors si on est pas des âmes sœurs, je suis juste extrêmement chanceux."

Il me jette en coup d'œil en souriant, je n'ose même pas imaginer ce qu'il pense parce qu'en ce moment même je suis aussi rouge que mon tee-shirt.
Il vient vraiment de dire, qu'il m'aime. Et il dit ça tellement... tellement simplement, comme si m'aimer était la chose la plus facile qui ait jamais fait.
Je monte le son de la chanson.

"Je t'interdis de critiquer les meilleurs chansons jamais faites" je blague

Il rit en me regardant avant de se reconcentrer sur la route.
Je joue avec une boucle dans mes cheveux puis me décide enfin, je prends un inspiration:

"Moi aussi." J'annonce

Il me regarde en attendant que j'ajoute quelque chose.

"Je t'aime"

Son expression s'adoucit, et je crois qu'il... rougit ?

"-bien" je rajoute, un peu nerveuse.

"Je t'aime bien." Je reprend.

Je rit nerveusement, il faut vraiment que je me concentre plus, j'ai l'impression de ne plus savoir parler.

                           //

On s'est finalement arrêté pour manger, le route m'avait donné faim.
Mon téléphone sonne, je m'attend à que ce soit les filles mais c'est... Isabelle ? Je lui ai parlé d'un futur déménagement, elle veut peut-être en parler ?
Je lève la tête vers Andréa.

"C'est Isabelle, tu sais celle qui nous a fait un prix sur l'appartement ? Je reviens dans cinq minutes" je dis avant de répondre.

Quand je reviens, Andréa à l'air dans ses pensées. C'est à peine s'il relève la tête quand j'arrive.

"Isabelle c'est bien celle que tu as rencontré par hasard en Italie ?" Il demande, toujours sans me regarder.

"Oui c'est elle, ça va ? T'as l'air pensif ?"

Il se lève.

"On va reprendre la route, je t'ai pris un café avec du lait et du sucre."

Et il part vers la voiture. Rien de plus. Rien. De. Plus. Qu'est ce qu'il s'est passé ? Pourquoi est ce qu'il s'est... énervé ?
Je me dépêche de le rattraper jusqu'à la voiture.
Peut-être qu'il ne veut pas que je déménage ? Ce serait stupide. Il doit connaître Isabelle, il n'aurait pas réagi comme ça inversement, mais il la connaît d'où ?
Avant de démarrer il annonce:

"C'est ma mère."

Le reste du trajet se fit dans le silence complet, pas un autre mot de sa part.
J'étais heureuse d'être là où je suis, car pour une fois dans ma vie, je ne me sentais pas seule. Mais je suis terrifiée de la réaction d'Andréa, pendant des années je me suis moi même jugée comme une personne qui ne méritais pas l'amour, la dernière chose que je veux c'est qu'il finisse par penser la même chose, lui qui a ~failli~ me convaincre que je valais tout l'amour du monde.
Il va m'en vouloir.
~Mais je ne savais pas.~
~Je ne l'ai pas fait exprès,~
Je ne savais pas.
J'ai ne l'ai pas contrôlé,
Je ne savais pas.

Je me revois presque plus jeune. Je ne me souviens presque plus de mon enfance, seulement quelques fragments que je préférerais oublier. Petite Kaléa, à genoux regardant plus haut. Regarder est un grand mot, comme si je voyais quelque chose à travers mes larmes. "Je ne fais pas exprès !!" Je suppliais.  "Je ne le contrôle pas, pardon" je sanglotais encore et encore.  "Je veux pas que tu sois énervé, JE FAIS PAS EXPRÈS".
Et j'ai continué, encore et encore je n'avais même pas remarqué que j'étais passé du carrelage froid du salon à l'herbe encore humide dehors.
Ils m'avaient mis dehors.
Parce que je pleurais trop, trop fort.
"Pardon" je murmurais en essayant de retenir mes larmes. "Pardon, pardon, pardon". Peut-être que si je m'excusais assez ils allaient enfin ~m'aimer~ m'ouvrir la porte ? 
"Pardon, je vais arrêter, j'ai froid" je répétait, mes larmes coulaient pourtant encore sur mes joues, je ne les contrôlais pas.

J'ai froid.

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La fin approche 😭