Brad

J'ai un sourire idiot plaqué sur le visage avant le réveil. La meilleure baise de ma vie. À rappeler dès que je lui aurai demandé son numéro. Son parfum me chatouille agréablement les narines. Je tends le bras pour la toucher dans l'idée de commencer cette délicieuse journée de la plus efficace des façons.

Place vide !

Merde !

Je me redresse d'un coup et rien ne témoigne de la folle nuit que j'ai passée sauf les emballages de préservatifs éparpillés autour du lit. Je suis bien incapable de dire combien de fois j'ai joui. Cinq si je m'en réfère au nombre d'emballages déchirés. Il y en a eu plus. Bien plus.

Je ne sais même pas son prénom.

— Tu es là ? je hasarde sans trop y croire.

Je saute sur mes pieds et m'habille prestement. Sous ma veste, sa culotte. Je n'ai donc pas rêvé. J'attrape la dentelle délicate et la porte à mon nez. Sa fragrance d'excitation fait tressauter mon sexe.

Bon sang. C'est divin.

Je la fourre dans ma poche, comme un trésor.

Pas une seconde à perdre. Si elle vient juste de partir, je peux tenter de la rattraper. Je suis conscient de me faire des idées mais l'espoir fait vivre. Il faut que je la trouve coûte que coûte. La descente de l'ascenseur est interminable et enflamme mes nerfs. La petite brune derrière le comptoir a l'air de s'ennuyer. Très bien !

— Vous n'avez pas vu ma... euh, une blonde passer ?

— Il me faudrait plus de précisions, monsieur. Ce n'est pas ce qui manque des blondes par ici, se moque la réceptionniste.

Je lui lance un regard qui a le mérite de lui effacer ce sourire suffisant.

Pétasse !

Pardon Nancy !

— Belle, grande, yeux bleus, robe noire.

Et excitante, sensuelle, magnifique, bandante, suceuse, parfaite pour moi... Les qualificatifs ne manquent pas... J'oublie le principal : une culotte bien au chaud dans ma poche.

— Non désolée, je ne l'ai pas aperçue.

Employée inutile !

Après avoir payé la chambre, je tourne les talons sans rien ajouter et file jusqu'à mon appartement. Après une bonne douche, je change de vêtements et mets la culotte au lavage.

J'ai encore tellement d'images de ma nuit débridée dans la tête que je ne fais attention à aucun geste effectué.

Je ne sais même pas ce que je fous dans ce qui me sert de bureau à La Côte.

Toute la journée, j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n'ai pas un début de piste pour la retrouver. Je fais semblant de travailler dès que quelqu'un se fait entendre dans le couloir. Mon esprit reste ancré dans ma folle nuit de jouissance.

Un éclair de lucidité me traverse.

Alexia !

Il faut que je la questionne.

Habilement.

Elle doit en savoir plus. Après tout, c'est elle qui a organisé ce truc. Si je pouvais éviter de lui donner matière à se moquer de moi, j'aime autant ne pas devoir y passer. Il faut que je trouve une excuse afin de ne pas éveiller ses soupçons. Avec son radar à la pointe de la technologie, elle est probablement déjà au courant.

L'impatience me fait défaut dans l'instant, j'appelle l'accueil.

— Musée Wolfsonian, me répond une voix d'homme.

— Brad Sharp. J'aimerais parler à Alexia.

— Madame n'est pas joignable.

— C'est très urgent. Dites-lui que c'est Bradley.

— Désolé, monsieur. Elle a été formelle.

Sur le point d'insister, la tonalité de fin d'appel fait écho.

Il va m'entendre celui-là !

Je tente le portable de Alexia. Je tombe directement sur sa messagerie.

Indisponible au moment où j'ai vraiment besoin d'elle.

Je peste.

Mon plan est bancal, de toute façon. Il me faut du concret.

Une seule alternative efficace dans l'élaboration d'un plan d'attaque solide, permettant par la même occasion de m'activer. Je récupère mes affaires de sport et file à la salle. Primordial pour évacuer toutes ces tensions accumulées.

Je suis soulagé de savoir que Carter est là, lui seul sait me coacher. Trente minutes plus tard, je dois me rendre à l'évidence, je n'y suis pas du tout.

— Tu régresses ! T'as de la gélatine dans les jambes ?

— Mes jambes vont bien, je fais en sautillant.

Je penche la tête de droite à gauche. Mes cervicales craquent.

— Montre-moi ce que tu as dans le ventre, princesse !

Je balance une droite molle, il l'esquive sans mal.

— Pathétique ! Ma petite sœur fait mieux.

J'enchaîne et le résultat est identique.

— Même ma grand-mère a plus de mordant. Tu veux te mettre au tricot ?

Mon partenaire de boxe ne se prive pas pour me titiller. L'adrénaline du combat finit par monter. Il y arrive assez facilement et après ça, je ne tiens plus en place et retrouve mon mordant et ma combativité.

Par la suite, je me défoule pendant mes deux heures de boxe avec Carter. Il ne me ménage pas et moi non plus. Rendant coup sur coup, la sueur dégouline sur mon torse et mouille copieusement mon tee-shirt. Un public essentiellement féminin n'en perd pas une miette pour mon plus grand plaisir. J'apprécie de savoir que je plais même si ça n'ira pas plus loin. C'est bon pour mon ego. Cela dit, autant de femmes dans le public n'est pas chose courante.

— C'est quoi tout ça ? je demande discrètement à Carter sans cesser de le malmener.

— Depuis quelques temps, c'est une manie. Les femmes veulent voir des muscles à l'œuvre.

Ses sourcils tressautent, l'air de sous-entendre qu'elles se verraient bien dans mon lit. Ou du moins, moi entre leurs cuisses. Même pas besoin de les regarder, je sens leur regard brûlant et envieux sur moi. J'ai ma petite réputation !

— Une raison particulière ?

— L'une d'elles m'a confié qu'elles en rêvaient après en avoir lu des bouquins dans le genre.

— Des bouquins de ?

— Érotique. De boxeurs tatoués.

— Ça existe ça ?

Il hoche la tête d'un air entendu mais son regard brille de malice.

— Tu es pile dans leurs critères.

Bien évidemment, il ne leur faut pas beaucoup.

— Tout à fait autre chose, tu ne veux toujours pas passer à l'étape supérieure ?

Ce qui veut dire me battre sur un ring mais pas pour passer le temps ni pour le plaisir. Face à un vrai boxeur qui voudra tout donner et montrer qu'il est le plus fort. Je suis loin d'être mauvais mais ce n'est pas pour moi.

— Je ne tiens pas à porter de traces de coups sur mon visage.

Ni ailleurs !

— Toi et ta belle gueule !

— J'y tiens !

— Comme tu veux. Mais tu es plus que bon, tu ferais un tabac.

— J'ai bien assez à faire comme ça pour en rajouter.

Entre le travail, mes voyages et les à-côtés, rares sont les moments de répit. Ma belle blonde qui se permet de hanter mon esprit.

— Ça se comprend. Si un jour tu changes d'avis...

— Je te fais signe, je complète pour lui.

Mais ça n'arrivera pas. Je n'ai pas envie de me faire démolir ma belle tronche.

La session prend fin.

Une blonde ose me donner son numéro. Un point en moins, mis à part son audace du moment, elle n'a pas l'air très frivole. Je ne l'appellerai pas.

Maintenant, je suis prêt. L'affrontement avec Alexia. L'une de mes deux sœurs chéries. Demi-sœur en réalité mais la famille de Julian a toujours beaucoup compté pour moi. Après mon meilleur ami, Nancy arrive en tête. Ma presque maman a fait l'impossible pour me rendre la vie meilleure.

Alexia est la plus cash des deux mais on ne peut que l'adorer.

Le trajet pour me rendre au musée Wolfsonian est heureusement court. Je me présente au guichet. Un stagiaire se tient à l'accueil du musée et n'ose pas me regarder en face. J'insiste. Rien à faire. Aucune réaction à part le tremblement de son corps frêle. Ce n'est pourtant pas compliqué ? Je lui demande seulement et poliment où se trouve Alexia.

— Est-ce que vous parlez notre langue ? je lui demande en articulant chaque mot.

— Bien... bien sûr monsieur. Mais je... je...

Autant prendre les devants sinon, j'y suis encore à la saint glinglin. Je tourne les talons en direction de son bureau. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Comment le monde peut-il aller dans le bon sens avec autant d'incapables ?

— Ça va aller. Je connais le chemin, je balance par-dessus mon épaule.

— Monsieur, vous n'avez pas le droit de...

Tiens, il a retrouvé sa langue ?

— Je prends le gauche alors !

Il a l'intelligence de ne pas insister. Le dédale de couloirs m'amène vers ma destination. Je frappe à la porte ouverte, par acquis de conscience. La belle Alexia lance un distrait entrez sans lever le nez de sa paperasse. C'est de famille d'être tout le temps occupé !

— C'est pourquoi ? fait-elle toujours dans la même position d'une voix distraite.

— C'est pour un renseignement !

— Bradley, s'exclame-t-elle en me regardant enfin. Que me vaut l'honneur de ta visite ?

Un large sourire se dessine. Elle est contente de me voir et c'est réciproque.

— J'ai besoin de toi !

— Avec joie, s'enthousiasme-t-elle soudain.

Elle s'approche et m'étreint longuement.

Jouons-la fine !

— Un confrère... me harcèle. Il désire connaître l'identité d'une invitée. Pour m'en débarrasser, je viens te voir. Il est du genre très collant, je grimace.

Elle s'écarte et me dévisage.

— Un confrère ? Vraiment.

Elle croise les bras et plisse les yeux, essayant de discerner le vrai du faux. Je rassemble toutes mes forces et me force à rester impassible. Elle est très douée.

Ne pas prendre l'air fautif.

— Tout à fait, j'affirme avec conviction.

Je m'épate pour le coup.

— Et pourquoi n'est-il pas venu me trouver directement ?

Ah oui, bonne question. Pourquoi ? Vite une réponse crédible.

— Parce qu'il ne veut pas que l'on sache que c'est lui.

Ce n'est même pas un mensonge. Juste une omission. Ou un arrangement de la vérité.

— Pas très convaincant mais je vais faire comme si, se résigne-t-elle un peu trop facilement à mon goût.

Je n'ai pas le temps de m'attarder là-dessus.

— Dis-moi qui tu... ton confrère recherche.

— Une grande blonde aux yeux bleus, vêtue d'une robe noire.

Sans son string.

Elle éclate de rire en posant une main sur mon bras pour se retenir de tomber. Elle a fumé ses plantes ou bien ?

— Tu ne te sens pas bien ?

— C'est drôle, Bradley. Il y avait tellement de blondes avec une robe noire. Il me faut son prénom ou un signe distinctif si tu veux la retrouver.

Sans culotte. C'est assez distinctif ?

Quelle manie de porter son choix sur une robe noire ? Pour elle, c'était une très bonne option, elle était à tomber. Pourquoi les autres n'ont-elles pas fait preuve d'originalité ?

— Très drôle effectivement. Je suis hilare.

Pas tant que ça en fait.

Devant mon sérieux à tout épreuve, elle redouble son rire. Je n'en tirerais rien, il vaut mieux que je parte.

— Je ne vois pas de qui tu parles, mon petit Bradley. Alors comme ça, une petite blonde t'a tapé dans l'œil ? se calme-t-elle en essuyant le coin de ses yeux.

— Tu es bouchée ? Ce n'est pas pour moi.

— C'est écrit sur ta figure.

— La ferme, Alexia. M'oblige pas à être désagréable.

— Je ne me moque pas de toi, Bradley. J'aurais été ravie de t'aider mais je ne peux pas faire grand chose pour ton collègue, réprime-t-elle un rire. Crois-moi, je n'hésiterais pas si j'en avais la possibilité.

— Pas grave, merci.

— De rien. Pense à dire à ton confrère que leurs chemins se croiseront à nouveau si c'est leur destinée.

— Il sera ravi de l'apprendre. Bonne journée, Alexia.

— Ne sois pas fâché, Bradley.

— Je ne le suis pas.

Je lui fais un grand sourire, histoire qu'elle ne se méprenne pas. Je l'aime comme ma sœur, ce qu'elle est à mes yeux et je suis incapable de lui en vouloir. Elle est trop adorable.

— À dimanche, Bradley.

— À dimanche, Alexia.

Ma quête ne fait que commencer !

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