Chapitre 51.

Camille soupira d'aise en se réveillant dans les bras d'Enzo. Elle n'aimait rien de plus que le sentir tout contre elle, la chaleur de son corps nu était toujours un pur plaisir. Dommage qu'il soit déjà l'heure de partir.

— Déjà réveillé, mon petit rayon de soleil ? soupira Enzo tout contre elle.

C'était une position récurrente de se retrouver enlacer en cuillère. Camille aimait bien, ça ne la gênait pas d'avoir Enzo dans son dos, c'était même agréable de se réveiller pour faire l'amour lascivement dans cette position.

Depuis que les blessures du mâle étaient définitivement guéries, il avait presque emménagé chez elle. Durant ce temps, Enzo avait eu une longue discussion avec Cassie, qui avait débouché sur une garde partager de l'enfant dès qu'il en aurait l'âge. En attendant, il allait voir régulièrement Raphaël A'Canda Solace chez l'humaine, ou alors c'était elle qui l'emmenait à la meute. Ces visites mettaient toujours Camille un peu en rogne, mais elle se forçait à rester aimable et à ne pas jouer les petites amies pots de colle pour le laisser avec son fils.

— Faut que je me prépare, j'ai une patrouille, soupira-t-elle en s'étirant paresseusement dans les bras de son homme.

— Au fait, faut que je te dise quelque chose, marmonna-t-il en la laissant s'échapper.

— Ouaip, ben ça attendra, je ne veux pas perdre de temps, j'ai déjà trop traîné, déplora-t-elle en se précipitant dans sa salle de bain.

Elle prit une heure à ce préparé, parce qu'Enzo avait trouvé judicieux de jouer avec ses cheveux et qu'ils étaient complètement emmêlés. Après une demi-heure à essayer de les coiffer sans succès, elle avait fini par les attacher en queue de cheveux brouillonne. Elle demanderait à Laura de la coiffer plus tard.

Quand elle revint dans la chambre, Enzo s'était rendormi. Qu'importe ce qu'il voulait lui dire, ça pourrait attendre qu'ils se retrouvent ce soir. Elle se pencha sur lui pour l'embrasser sur la joue et partie.

La jeune femme sourit à Matthias, qui serait son partenaire de patrouille. Le futur lieutenant s'était révélé un excellent tireur, c'était donc lui qui aurait le plaisir de courir sous forme humaine pour la couvrir contre les chasseurs encore assez stupides pour essayer de venir sur leur territoire.

Camille appréciait Matthias d'autant plus que c'était un mâle dominant qui ne se sentait pas virilement réduit dès qu'il était confronté à une femme forte. Elle savait aussi que le futur lieutenant fricotait avec Kyara, le bras droit de Leo, chef de la Horde des Sables et qui avait été rappeler dans son clan après que des attaques similaires que celle lancée contre la meute lui fut parvenue. C'étaient d'ailleurs les lions qui leur avaient fourni les armes avec lesquelles les soldats s'entraînaient et patrouillaient. La lieutenante avait émis des réserves à propos du jeune mâle à cause de sa relation à la lionne, mais Ethan et Leo avait discuté et ils avaient trouvé un terrain d'entente qui faisait jubiler sa louve d'avance.

Bien sûr, Matthias le découvrirait en même temps que sa nomination au poste de lieutenant. Ou pas.

En attendant, il était un simple soldat vétéran, doué et avec qui elle patrouillait. Un membre de sa meute qu'elle appréciait et estimait. Elle apprécia donc la balade dans cette fin d'hiver apaisante.

À la fin de sa patrouille, elle décida de rester un peu plus longtemps dehors. Mauvaise idée, alors qu'elle levait la tête, attirée par le cri d'un oiseau, elle l'aperçut. Entre les branches dépourvues de leurs feuilles, il se démarquait comme une tache rouge sur le ciel bleu.

Le premier bourgeon, signe de printemps, signe de renouveau.

Signe du départ des Solitaires.

Camille eut l'impression de se prendre un coup de couteau. Comment avait-elle pu oublier ? Était-ce de ça qu'Enzo voulait lui parler ?

Soudain inquiète, elle tourna les talons et se précipita vers le manoir. Et s'il était déjà parti ? Elle ne s'en remettrait pas, elle ne pouvait pas vivre sans lui.

Et s'il décidait de partir ? Est-ce qu'elle aurait assez de courage pour le retenir ? Fallait-il qu'elle le retienne ?

Ces questions sans réponse raisonnaient dans sa tête alors qu'elle se transformait vivement devant l'entrée du manoir et enfilait rapidement des vêtements disparates pris au hasard dans la grande armoire dissimuler devant.

Elle courut ensuite dans les couloirs, même si les femelles maternelles l'avaient grondée plus d'une fois dans son enfance pour ça. Elle croisa Alan sur le chemin.

— Alan ! Tu sais où est Enzo ? s'inquiéta-t-elle immédiatement.

Celui-ci lui lança un regard surpris en fronçant les sourcils.

— Probablement en train de faire son sac, pourquoi ? s'étonna-t-il.

Camille eut l'impression qu'un mur de verre se fracassait dans son esprit, le choc la privant de toute émotion.

— Rien... pour rien du tout, marmonna-t-elle avant de tourner les talons et de repartir aussi vite qu'elle était venue.

Elle n'en aurait pas le courage, bon sang, elle n'y arriverait pas. C'était de ça qu'il voulait lui parler, il partait ! Il partait comme son père était parti, le premier jour du printemps.

Pourquoi ne l'avait-il pas prévenu plus tôt ? Pensait-il pouvoir s'éclipser avant qu'elle ne le remarque ? Lui laisse un mot doux et des fleurs pour disparaître une année entière ?

Non... ce n'était pas le genre d'Enzo... elle le connaissait, ce n'était pas son genre.

Mais le connaissait-elle vraiment ? Après tout, il aimait voyager, il le lui avait dit. Il lui avait raconté ses voyages, mais jamais son passé plus personnel. Elle s'était confiée, et lui, il avait fait semblant. Ce n'était pas surprenant, en soit, les Solitaires étaient des êtres très secrets.

Camille se laissa tomber à genoux dans les dernières neiges qui fondaient rapidement sous les rayons brûlant du soleil de printemps.

Camille avait beau essayer de ce persuadé que jamais Enzo ne partirait, les paroles d'Alan tournaient en boucle dans sa tête.

« Probablement en train de faire son sac, pourquoi ? »

Il avait dit ça comme si c'était une évidence, comme si elle aussi aurait dû s'attendre à ce qu'il parte. Et elle s'y attendait, n'est-ce pas ? Seulement, elle avait oublié, elle avait fait semblant de croire qu'Enzo était un homme comme les autres.

Quelle erreur stupide, on parlait d'un Solitaire !

Camille sentit le désespoir s'abattre sur ses épaules et elle l'entendit très clairement, le bruit mental que fit le lien d'opposer alors qu'il se rompait.

***

Enzo tomba à genoux en retenant un cri de douleur en sentant la brûlure atroce du lien d'opposer qui se brisait. Son sac de voyage se déversa sur le sol de sa chambre, mais il ne s'en soucia guère. Camille était en danger, blessé, peut-être déjà morte.

Il bondit et se précipita hors de sa chambre, percutant Alan qui était venu le voir.

— Qu'est-ce que vous avez tous à courir partout, protesta le mâle noir. Je viens de croiser ta Camille, elle n'avait pas l'air bien.

— Où ? demanda-t-il.

Alan lui indiqua un couloir et il s'y précipita, suivant Camille à l'odeur. Il fut bien vite dehors et n'eut en réalité aucun mal à la retrouver. Blanche comme un linge elle revenait vers le manoir d'une démarche raide.

— Camilla, tu vas bien, le lien... balbutia-t-il.

— Tu as promis que tu ne partirais pas, dit-elle avec un air blessé.

Surpris, Enzo la dévisagea.

— Mais...

— Pas besoin de te justifier, je sais bien que tu ne pensais pas dire ça dans ce sens-là. Je ne veux pas de lien d'opposé avec un homme qui s'en va chaque printemps pour revenir chaque hiver, comme mon père.

— Camille ! Je ne suis pas ton père ! gronda-t-il en s'approchant d'elle.

Elle fit plusieurs pas en arrière et il eut le cœur brisé. Elle n'avait jamais reculé face à lui.

— Peut-être, mais tu es un solitaire ! J'ai été stupide à penser que tu resterais. Je ne vais pas t'empêcher de voyager, je ne veux pas être ce genre de compagne là, alors va t'en Enzo ! Mais ne reviens pas.

— Non.

En trois pas, il l'attrapa et la serra contre lui.

— Je suis désolé, Camilla, je ne pensais pas que tu le prendrais comme ça, je ne pars plus d'accord.

Elle commença à se débattre.

— Tu ne pars peut-être plus aujourd'hui, mais, et dans un mois ? Dans un an ? Quand tu en auras marre d'être enchaîné à moi et que tes instincts te pousseront à partir ? Tu resteras aussi ?

Elle ne le laissa pas répondre et d'un mouvement vicieux se libéra.

— Tu ne comprends pas Enzo, je ne veux pas finir comme ma mère, à t'attendre chaque année, à espérer que tu reviennes m'offrir un peu de ton attention et à dépérir saison après saison jusqu'à la mort.

— Tu n'es pas ta mère Camille ! Sa mort n'était ni de ta faute ni de celle de ton père.

— Tu ne comprends vraiment pas, hein... chuchota-t-elle en laissant des larmes rouler sur ses joues. La mort de ma mère n'était pas un accident, Enzo... ma mère s'est suicidée, pour faire cesser la douleur que lui infligeait mon père. Elle s'est pendue et c'est moi qui l'ai retrouvé. Je refuse de finir comme ma mère.

La mâchoire serrée Enzo fit un mouvement si brusque vers elle qu'elle ne put échapper à sa prise et il l'entraîna vers le manoir.

— C'est toi qui ne comprends pas, stupide femelle, gronda-t-il.

Il avait l'air en colère, ça calma immédiatement celle de Camille qui se mit à pleurer, incapable de ce libéré à cause de ce bras si faible.

— Pourquoi tu ne peux pas juste me laisser ! sanglota-t-elle.

— Tu mériterais une fessée pour ce genre de question, rétorqua-t-il en l'entraînant vers sa chambre.

Elle poussa un cri outré et tenta d'endiguer sa tristesse, se concentrant sur l'agacement qu'il lui procurait. Parce que c'était Enzo, être en colère contre lui était vraiment dure.

— Personne ne m'a jamais fessée de ma vie !

— Il faut une première fois à tout, rétorqua-t-il.

Ils arrivèrent à la porte de la chambre et Camille commença à freiner, inquiète qu'il mette réellement sa menace à exécution.

— Tout doux, ma belle, je pense juste qu'il est temps pour toi de voir le trésor que j'ai cherché toute ma vie et que j'ai trouvé.

— Ce n'est vraiment pas le moment, on était en train de se disputer !

D'une main ferme, il l'attira contre elle et l'embrassa en plein milieu du couloir où plein de soldats semblaient soudain avoir des choses à faire. Incapable de se défendre face à ce coup bas, Camille ferma doucement les yeux et le laissa l'embrasser. Elle aimait tellement les lèvres d'Enzo, qu'importe où ils les posaient sur sa peau.

— Voilà, chuchota-t-il contre son oreille. On est réconcilié, laisse-moi te montrer mes trésors, maintenant.

Comment était-elle censée lui résister quand il lui parlait comme ça ?

— Je te déteste encore, marmonna-t-elle par esprit de contradiction.

Mais elle se laissa docilement entraîner dans la chambre d'Enzo. Il ferma la porte derrière lui puis s'approcha du sac de voyage qu'il avait commencé à préparer. Camille sentit son cœur saigner de nouveau lorsqu'il le reposa sur son lit avant de se diriger vers la commode qui longeait le mur droit. Il ouvrit un tiroir et fouilla quelques secondes avant de sortir un vieux miroir de bronze qu'il lui tendit.

Légèrement agacée, Camille le prit et le regarda. Il était abîmé, le reflet était piqué de tâche noire.

— Un vieux miroir ? J'espère qu'il a au moins le pouvoir de me faire voir ce que je désire, railla-t-elle.

— Qu'est-ce que tu vois.

Haussant un sourcil, Camille dévisagea le miroir.

— Il est en bronze, ovale, avec un joli manche, peut-être qu'il a un peu de valeur, mais il est très banal, tu t'es fait arnaquer, mon vieux.

Enzo lui lança un regard amusé et lui fit remonter le miroir pour qu'elle le regarde de nouveau.

— Regarde mieux, insista-t-il.

Avec un soupir qui faisait plus penser à une adolescente boudeuse qu'à une lieutenante mortelle, Camille regarda de nouveau. Elle fit une grimace à son reflet.

— Il y a une femme stupide aux boucles rousses et aux yeux gonflée d'avoir pleuré pour un homme tout aussi stupide, rétorqua-t-elle.

Il lui prit le miroir.

— Ce miroir m'a été offert par Karott, la compagne de Fox, pour me remercier de lui avoir sauvé la vie. Il n'a aucune valeur.

Il lui prit le menton pour lui faire relever la tête et Camille compris à la manière dont il la regardait ce qu'il voulait lui dire. Il l'exprima tout de même.

— C'est toi, Camilla, mon trésor. Ça a toujours été toi.

Camille prit une brusque inspiration, en se souvenant de ce qu'il lui avait dit lorsqu'elle lui avait demandé s'il lui montrerait un jour son trésor.

« C'est un trésor très fragile, il faut en prendre soin et ménager sa sensibilité. Si je te le montrais, tu l'effrayerais. »

Et elle réalisa à quel point il avait dit vrai. C'était terrifiant de se dire qu'Enzo avait passé la majorité de sa vie à la chercher, elle. C'était encore plus effrayant de se dire qu'il s'était probablement imaginé plein de choses à son sujet, et que maintenant qu'il l'avait devant lui, il était peut-être déçu.

Elle s'apprêta à faire un pas en arrière, sous le choc, mais il l'attrapa par la taille et l'attira vers lui.

— Ne songe même pas à t'enfuir, Camilla, tu sembles avoir oublié que tu es mienne.

Elle plissa les yeux de défiance face à son ton possessif, mais en réalité elle était contente de voir qu'il voulait toujours d'elle.

— Ce n'est pas moi qui m'enfuis, gronda-t-elle en pointant le sac qu'il avait posé sur le lit.

Enzo soupira, faisant voleter la mèche de cheveux qui lui retombait sur le front.

— Je t'ai déjà dit que je ne partirais plus, je vais aller voir Ethan ce soir pour lui dire qu'il devra trouver quelqu'un d'autre pour rallier Elgardianne et prévenir l'alpha de la meute Guardia que les humains risquent de s'en prendre à eux.

Camille ouvrit, puis ferma la bouche en lui lançant un regard choqué.

— Pardon... ?

— Et bien, je pars une semaine pour aller parler à ce stupide alpha borné de Guardia qui préfère bouffer les chimères voyageuses que de lire les messages qu'elles apportent... c'est pour ça que tu me faisais la tête, non ?

Camille sentit le rouge lui monter aux jours, soudain honteuse de son comportement. Elle avait cru... qu'importe ce qu'elle avait cru, elle n'avait pas eu confiance en Enzo. Elle vint se blottir contre lui pour qu'il ne puisse plus la voir.

— Oh, femme, tu mérites décidément une punition pour ton comportement, gronda-t-il en comprenant immédiatement de quoi il retournait.

— Je pensais que tu allais partir pour de vrai...

Enzo s'éloigna pour le regarder.

— Comme ton père... mais je ne suis pas ton père, et toi, tu n'es pas ta mère. Camilla, nous ne sommes pas obligés de devenir comme nos parents (il eut un sourire amer) un jour, tu m'as demandé ce qui était arrivé à mes parents. Tu veux toujours savoir ?

Curieuse, et parce que tout ce qui concernait Enzo l'intéressait, elle hocha la tête.

— Mes parents avaient choisi de vivre dans une maison séparée plutôt que dans les villas mises à disposition. Pour protéger leur intimité... et ce qui s'y passait.

Camille sentit une boule d'appréhension lui tordre l'estomac, ça ressemblait à un début d'histoire qui se terminait mal. Elle posa une main sur la joue ombrée d'un début de barbe du mâle pour lui montrer son soutien.

— Mes parents étaient opposés, alors jamais ma mère n'aurait dénoncé mon père. Il buvait, beaucoup trop, et ça le rendait violent, avec moi et ma petite sœur. J'essayais de la défendre un maximum, mais je n'étais qu'un enfant, et il était bien plus fort que moi...

Camille voyait dans son regard gris à quel point ça le hantait encore.

— Lashlan savait que mon père buvait trop pour sa santé, mais il ne s'est jamais douté des violences qu'ils nous faisaient subir... jusqu'à ce qu'il fasse le geste de trop. Quand j'ai eu quatorze ans, il a frappé ma sœur beaucoup trop violemment, parce qu'elle avait ramené des fleurs et les avait posées sur la table. Il en détestait l'odeur, alors il l'a battu. Et elle est morte.

Camille sentit son cœur se briser d'horreur et de douleur pour l'enfant qu'il avait dû être.

— Elle avait dix ans, elle était trop faible pour se défendre, et pas assez mûre pour Changer. Ce jour-là, j'ai outrepassé les limites, nous n'avions pas le droit de parler de ce qui se passait à la maison, il nous tenait par la peur, mais ce jour-là, je suis allé trouver Mike et je lui ai parlé. Je lui ai tout dit.

La jeune femme l'attira contre lui, elle connaissait les conséquences pour le meurtre d'un membre de la meute, et le fait que le père d'Enzo les battait régulièrement n'avait probablement pas arrangé son cas.

— Lashlan a exécuté mon père, et je suis venu vivre au manoir. Je ne voulais plus entendre parler de ma mère, je la considérais fautive, elle aurait dû protéger ma sœur, elle aurait dû nous emmener loin de lui.

Camille l'embrassa doucement.

— Tu ne peux pas en vouloir à ta mère, ce n'est jamais facile de quitter son compagnon, même s'il est violent.

Et la rousse savait de quoi elle parlait, il lui était arrivé d'intervenir dans des couples devenus toxique, la plupart du temps les femmes refusaient de voir les choses en face, elles se sentaient coupables, avaient l'impression que c'était de leur faute, elles avaient peur, de leur compagnon ou du regard des autres ou pire, elles pensaient le mériter.

— Je sais, j'ai pardonné à ma mère depuis, elle a quitté la meute et j'ignore ce qu'elle est devenue. Nous ne sommes pas obligés de devenir comme nos parents, Camilla, où alors je serais un connard alcoolique et violent.

Il repoussa très doucement une mèche de cheveux rousse derrière son oreille.

— Je ne veux jamais te blesser comme mon père a blessé ma mère. Je veux croire que je suis meilleur que lui, je veux être plus qu'une ombre de mon père. (il soupira et lui fit un pâle sourire) je ne partirais pas, Camilla, parce que je ne suis pas un vrai solitaire. J'ai adoré voyager, je ne te mentirais pas, mais ce n'est plus ce que je veux.

Camille déglutit difficilement.

— Et tu veux quoi, alors ?

Il sourit de son vrai sourire de voyou.

— Une famille, un endroit stable, et si jamais l'envie me prenait de vouloir voyager de nouveau, pour le plaisir, tu peux être certaine que je te mettrais dans mon sac.

Camille éclata de rire.

— Ça me plairait de voyager avec toi, mais pas longtemps, jamais longtemps...

Il sourit tendrement.

— Je doute que la meute me laisse t'enlever trop longtemps de toute manière.

En effet, il y avait peu de chance qu'Ethan la laisse s'en aller, il avait trop besoin d'elle pour faire les emplois du temps des soldats. Mais peut-être que si elle formait quelqu'un, l'alpha serait plus enclin à la laisser batifoler avec Enzo.

— Bien, maintenant que les choses entre nous sont bien claires, renoue ce lien d'union, mon amour, cesse de me torturer.

Camille écarquilla les yeux en réalisant que par habitude, elle avait retenu le lien qui souhaitait farouchement s'accrocher à Enzo. Elle le relâcha immédiatement et ce fut comme se prendre un coup-de-poing dans le ventre, suivi d'une douce chaleur et d'une sensation d'être enfin complète, enfin à sa place.

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