Chapitre 20.

Enzo se frotta la poitrine, perturbé. Il l'avait été toute la journée. À vrai dire, depuis qu'il s'était réveillé, en nage, en plein milieu de la nuit, avec une érection persistante, il avait été perturbé.

— Recommencez, ordonna-t-il aux jeunes soldats sous son commandement.

Il s'était passé quelque chose la nuit dernière. Il avait cru sentir l'odeur de Camille, juste derrière sa porte. Mais quand il l'avait ouvert, il n'y avait rien eu. Personne. Il s'était cru fou, mais pourtant, il en était sur maintenant, la douleur à sa poitrine n'était pas inventée. Et elle ne venait pas de lui. Ça n'avait pas de sens parce que Camille n'avait pas accepté le lien d'opposer, il n'aurait pas dû ressentir sa détresse. Mais il la ressentait.

Camille n'allait pas bien, pas bien du tout, et il ignorait où elle était. Il avait essayé de demander, mais personne ne savait où elle était. Il était parti voir dans son bureau, plus tôt dans la journée, mais il était vide. Et quand il avait demandé à Ethan, celui-ci lui avait simplement lancé un regard perplexe, sans pouvoir le renseigner.

Ses obligations étaient la seule chose qui l'empêchait de courir à sa recherche. Camille n'aurait pas voulu qu'il abandonne ses louveteaux pour la retrouver. Non, ça l'aurait même beaucoup déplut.

Alors il était là, à donner des cours, en espérant qu'elle rentre bientôt.

Il avait l'impression de s'enfoncer dans une douce torpeur à chaque heure de la journée qui passait. Il accomplissait chacune de ses tâches avec les mécanismes d'un robot jusqu'à leur du dîner où il fut tout simplement incapable d'avaler quoi que ce soit. Camille n'était pas rentrée.

Lorsque tout le monde fut couché et que seuls restaient éveiller ceux qui avaient des patrouilles et ceux qui allaient s'amuser en ville, Enzo craqua et sortit. Pourtant, il ne chercha pas à se lancer sur la piste de Camille. Si la louve était passée par là, sa trace devait être effacée depuis longtemps.

Non, elle reviendrait. Il fallait qu'elle revienne. Il n'avait pas fait le tour de Wue pour qu'elle lui échappe. Il referait le tour de ce foutu continent s'il le fallait, pour la retrouver.

S'asseyant sur les marches à l'entrée, il releva la tête pour contempler les étoiles. Il ne sut pas combien de temps il resta là, les yeux levés au ciel, priant Elstrya de lui rendre sa compagne, mais il sut, en revanche, l'instant exact où elle arriva.

Avant même qu'il la voie, avant même qu'il la sente, il posa son regard sur la forêt noire face à lui, et une sublime louve au pelage roux en sortie. Elle le vit elle aussi, et sembla hésiter, mais finalement elle s'approcha et arriver en bas des marches elle le dévisagea avec insistance.

— J'étais inquiet, avoua-t-il, soulager de voir qu'elle allait bien.

Il y avait toujours cette lueur blessée dans son regard, mais il ne ressentait plus la détresse cuisante qui l'avait affaiblie toute la journée.

Un battement de cils et se tenait devant lui une femme, magnifique, couverte de terre et de brindille, aux boucles rousses emmêlées et avec un piercing aux seins droits.

Enzo avait toujours l'impression qu'elle ne pouvait pas le surprendre davantage, et elle semblait tout faire pour le surprendre un peu plus à chaque fois. Cette facette-là de Camille, la femme sauvage et belle, sans les accoutrements humains, lui plaisait beaucoup.

Elle n'avait aucune honte de son corps, ne semblait pas vouloir se cacher, pourtant, Enzo se sentit tout de même forcer à retirer son t-shirt pour le lui donner. Elle s'accepta de bonne grâce et son loup gronda de satisfaction de la savoir enveloppée dans son odeur.

Le vêtement était trop grand pour elle, il flottait sur sa fine silhouette, pourtant, il masquait à peine le haut de ses cuisses. Elle avait vraiment de longues jambes.

Sans rien dire, elle vint s'asseoir à côté de lui sur les marches. Enzo garda le silence, conscient qu'elle avait quelque chose d'important à lui dire.

— J'ai beaucoup réfléchi aujourd'hui, déclara-t-elle au bout d'un long moment. Je me suis demandé ce qui m'empêchait de devenir ta compagne. Tu as dû toi aussi te poser la question. Mais sache simplement que j'ai mes raisons, et que je les trouve toujours valables.

— Et je n'ai pas le droit de les connaître ? demanda-t-il, peiné.

— Non, ces raisons sont à moi, et je n'ai pas envie que tu les connaisses. Je... je n'ai pas envie... de sortir avec toi. Je n'ai jamais vraiment ressenti le besoin de me mettre en couple, et même aujourd'hui cette idée ne me tente pas plus que ça.

Enzo encaissa le coup, stoïque.

— Ce n'est pas contre toi, ajouta-t-elle, c'est ma décision.

Le loup laissa échapper un sourire amer.

— Oui, mais cette décision a été prise parce que j'étais ton opposé.

Camille secoua la tête.

— C'est vrai, si tu avais été un simple mâle, je me serais contenté de te mettre une raclée. Tu es mon opposé, et je ne peux pas le nier, c'est un fait. Mais ça ne veut pas dire qu'on est obligé de devenir compagnon.

— Non, en effet, ce n'est pas une obligation. Ça n'a jamais été une obligation, confirma-t-il.

À vrai dire, il ne lui était jamais venu à l'esprit que lorsqu'il trouverait son opposé, celle-ci ne veuille pas de lui. C'était... blessant.

— Je t'aime bien, Enzo, tu es quelqu'un de formidable, mais... je ne suis pas amoureuse de toi, et ça fait toute la différence. Pour être honnête, je ne suis jamais tombée amoureuse et je doute que ça arrive un jour, je ne... pense pas en être capable.

Elle lui lança un coup d'œil, l'incertitude perçait dans sa voix.

— Je... j'ai quelque chose à te proposer.

Enzo releva la tête, curieux, et l'incita à poursuivre.

— Je pensais qu'on pourrait... non, maintenant que je m'apprête à le dire à voix haute, ça paraît horrible.

— Dis-moi, Camilla, dis-moi tout, tu sais que tu peux me parler sans crainte.

Le regard vert de la jeune femme parcourut les cieux et la forêt comme si elle cherchait son courage, puis elle lui lança un pauvre regard avant balbutié, incertaine :

— Je pensais... qu'on pourrait être ami... juste ami.

Le loup d'Enzo s'indigna d'une telle idée, mais le mâle le fit taire, conscient de la concession que venait de lui faire Camille. Prenant du recul, le loup réfléchit, son esprit animal, allié à son esprit humain cherchant déjà un moyen de retourner cette trêve contre la jeune femme pour l'emmener là où il voulait qu'elle soit. Mais Enzo savait que c'était injuste envers elle. Si Camille avait besoin d'un ami, et non d'un amant, alors il serait son ami.

— C'était horrible de te demander ça, je suis désolée ! Se rétracta-t-elle lorsqu'elle ne reçut pas de réponse.

Elle se leva en chancelant, mais Enzo suivit le mouvement.

— Non, tout va bien, tout va bien, assura-t-il, je veux bien être ton ami, Camilla. Si c'est ce dont tu as besoin, alors je serai ton ami.

Le loup s'agaça, songeant que les stratagèmes de l'humain étaient compliqués. L'humain le fit taire, ce n'était pas des stratagèmes.

— J'adorerais être ton ami, répéta-t-il en lui prenant une main. Et les amis, ça se fait confiance, ça se touche et ça se fait des câlins. Tu voudrais un câlin, Camilla ?

Elle sembla hésiter, battit rapidement des cils comme si elle avait du mal à analyser la situation, mais elle finit par hocher la tête et vint se blottir entre ses bras lorsqu'il les ouvrit pour l'accueillir.

L'homme et le loup soupirèrent à l'unisson, incroyablement heureux de simplement la tenir entre leurs bras. De la sentir s'apaiser contre leur corps. Enzo avait conscience d'avoir entamé une semi-transformation, et il était soulagé qu'elle ne puisse pas voir ses oreilles plaquées contre son crâne, de tristesse.

Si Camille avait besoin d'un ami, il serait son ami, juste son ami. Cette femme l'avait mis à genoux, il serait un bouclier vivant pour elle, si elle le lui demandait, il renoncerait à son humanité pour vivre à ses côtés sous forme d'un loup, si elle s'obstinait à le refuser comme un homme. Qu'importe ce qu'elle lui demanderait, il le ferait, même s'il devait en être éternellement malheureux, pourvu qu'elle soit heureuse.

*****************************************

Enzo est beaucoup trop chou ! *w*

Je sais que ce chapitre vous a briser le cœur, mais on espère tous qu'Enzo réussira à conquérir celui de Camille !

Kiss

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top