Chapitre 8 : Odieuse Courtoisie
Quarante minutes plus tard, Gloria avait fini de la préparer et son estomac criait famine en dépit de son étroit corset. Il était grand temps de petit déjeuner ! Prête à découvrir les délices culinaires du Duc, Léopoldine sortit dans le couloir. Où l'attendait monsieur Florentin. Adossé au mur, il la contempla avec un petit sourire. Cela creusait une insolente fossette sur sa joue. Les cheveux humides de sa rencontre avec la fontaine, il ressemblait à une estampe érotique de la Cuisse Dorée.
-Vous avez une mine radieuse, fit-il en lui offrant son bras.
-Vous vous êtes baigné, monsieur le Marquis ? demanda-t-elle innocemment.
-Effectivement. De bon matin, cela est vivifiant.
-Oh. Hé bien... Puis-je vous poser une question ?
-Intime ?
-Ma foi, non...
-Dommage, rit-il en la guidant vers la salle du petit-déjeuner.
-Que s'est-il passé lors de la séance de spiritisme ?
Cela eut le mérite de le faire s'arrêter. Et la conséquence de les faire disparaitre par une porte attenante. L'ironie ? Madame de Crisance, qui rentrait justement des jardins, les vit s'éclipser une nouvelle fois pour plus d'intimité.
-Sachez que pour les invités humains, il n'y a jamais rien eu hier soir.
Elle écarquilla les yeux.
-Pardon ? Mais pourquoi ? Que s'est-il passé ? Que leur avez-vous fait ? Qu'ai-je fait ?
-Ha. Ce dernier point est fort intéressant, mademoiselle de Briac, approuva-t-il en lui faisant traverser le salon, pour déboucher sur les jardins par une porte vitrée. Je ne sais pas vous, mais l'idée d'une promenade me semble la bienvenue.
-C'est un doux euphémisme.
Ils marchèrent d'un pas tranquille, s'éloignant lentement du château. Quand, enfin, ils furent certains ne pouvoir ni être vu ni entendu par des invités, monsieur Florentin reprit la parole.
-Vous avez invoqué l'esprit de mon grand-père.
-Oh. Va-t-il bien ?
-Non.
Cela troubla la sorcière. Comment pouvait-on aller mal dans l'au-delà ? Oh ! Peut-être résidait-il en Enfer...
-Non, il n'est pas en Enfer, grimaça le Marquis, comme s'il lisait dans ses pensées. Mais il a des soucis avec un... autre membre de ma famille.
-Je... je dois vous avouer que je ne comprends pas. Que s'est-il passé ? Je ne me souviens de rien, monsieur Florentin...
Alors, il entreprit de lui narrer les aléas de la séance. Il ne parla ni de la déclaration de guerre, ni du soudain intérêt de son oncle pour la sorcière, ni du statut de démon de ce dernier. Pourtant horrifiée, Léopoldine comprit rapidement pourquoi ils avaient fait en sorte que les invités ne se souviennent de rien.
-Quelle horreur ! Cet oncle Oscar est donc un ennemi de votre famille ? Dans les miroirs ? Mais... Je faisais le lien entre l'au-delà est notre plan. Comment avez-vous fait pour me... « déconnecter » ?
-Je vous ai embrassé.
Elle manqua trébucher. Le rouge aux joues, elle le regarda avec de grands yeux.
-Vous m'avez embrassé !? Devant tout le monde !?
Il lui offrit un petit sourire plutôt satisfait.
-Hé bien... oui. Étrangement, c'est le seul détail dont madame de Crisance semble se souvenir...
-Espèce de...
Son insulte resta bloquée dans sa gorge, lorsqu'un oiseau vint se poser sur l'épaule de monsieur Florentin en chantant. Sans s'en offusquer, la fée des Millicent caressa distraitement la tête de l'ovidé, qui roucoula de plus belle. Ah, oui. Le lien féerique entre les gens de son espèce et la nature... Elle se souvint soudain de l'attaque porcine à Paris.
-Bon. Cela a dû être efficace, concéda-t-elle en avisant quatre écureuils, qui sautillaient dans leur direction. Mais pourriez-vous vous abstenir ce genre de privauté en public ?
-Oh, ne vous en faites pas, c'était presque chaste.
-Presque chaste ? Ça veut dire quoi, ça ? s'exclama-t-elle, scandalisée.
-Attendez, je vous montre.
Il la fit pivoter vers elle, glissa sa main derrière sa nuque et l'attira à lui sans effort. Léopoldine vit arriver ses lèvres avec envie et colère. Elle se laissa embrasser bien volontiers... Mais lorsqu'elle eut un bon aperçu de ce que cela avait donné face à toute sa famille, elle écrasa son pied botté de son talon.
-Goujat !
-Aïe ! s'exclama-t-il en sautillant en arrière.
-Allez au Diable, monsieur Florentin ! Je suis peut-être une femme du peuple, mais je mérite le respect moi aussi !
-Quoi ? s'insurgea-t-il. Mais évidemment que je vous respecte !
-Cela ne se voit pas !
-Et comment cela devrait-il se voir ? Je devrais vous tenir galamment la main en ignorant mon envie de vous embrasser ? En vous parlant courtoisement de la pluie et du beau temps durant le diner, pour vous ignorer le reste du temps ?
Léopoldine fronça les sourcils, en réfléchissant à toute vitesse ;
-Cela se passe ainsi dans la noblesse ?
-La plupart du temps, oui, mademoiselle de Briac.
-Oh. C'est... heu... bon. S'il faut cela pour que vous me respectiez, qu'il en soit ainsi.
Il l'observa un instant, avant d'afficher un sourire aux tournures démoniaques. Léopoldine manqua en avoir un mouvement de recul.
-Soit. Je respecterai scrupuleusement l'étiquette, à partir de maintenant. Voulez-vous que je vous raccompagne, mademoiselle de Briac ?
Elle fixa avec défiance son bras, qu'il lui présentait de façon galante. Si elle ne se trompait pas, elle sentait venir le coup fourré. Néanmoins, il la raccompagna à la salle du petit déjeuner.
Et fut horriblement courtois.
*
Les préparatifs pour le mariage allaient bon train. Déjà, les bouquets fleurissaient de partout, des chaises s'alignaient dans les jardins, des torches étaient posées le long du chemin menant à la chapelle des Millicent. Le prêtre, un vieil homme au sourire trop pointu pour être humain, répétait pour le mariage prochain, le premier sur ces terres depuis celui du Duc et de la Duchesse. L'évènement était de taille ! Le village, aux portes du domaine, était lui aussi en liesse. Des couronnes de fleurs étaient piquées sur les chapeaux, les chants et les danses voyaient le jour un peu de partout.
Dans le château, la joie était palpable. Les derniers invités étaient arrivés le jour même, pressés de féliciter le futur couple. Léopoldine observa la manœuvre avec intérêt. Le Duc de Lucassi, homme massif et imposant par sa seule prestance, semblait les écraser d'un simple regard. Aliénor, qui semblait décidée à être son interprète pour aristocratie, lui expliqua la raison de son comportement : ayant temporairement perdu son titre, monsieur Erik avait subi les quolibets de ses nouveaux pairs. Désormais redevenu puissant, il appréciait peu leur comportement obséquieux. Quant à mademoiselle Aurore, elle faisait bonne figure. Coiffée, habillée et parée de bijoux telle une véritable dame, elle était resplendissante de joie. Main dans la main avec son futur époux, elle semblait épanouie.
Léopdoline l'enviait un peu. Son bonheur était tellement évident... Elle ne devait pas souvent s'entregouspiller avec le Duc...
-Voulez-vous aller vous promener dans le village ? s'enquit soudain la jeune Aliénor, en lui prenant le bras d'autorité. Il y a là-bas une boutique de vêtements tout à fait remarquable. Nous aurions besoin de vous prendre des affaires de nuit.
-Heu... Je n'ai pas les moyens, mademoiselle de Millicent.
-Vous êtes notre invitée d'office. La moindre des choses est que nous subvenions à vos besoins, ne trouvez-vous pas ?
Que répondre à cela ? La belle Aliénor la conduisit donc au village. D'agréable compagnie, elle ne semblait pas faire de différence entre une fille de bordel et une noble dame. Elle discutait de tout et de rien avec Léopoldine, tout en saluant les villageois. Ils en faisaient de même, avec de grands sourires.
-Mademoiselle, comment vous êtes-vous retrouvée à travailler à La Cuisse Dorée ?
Voilà un nouveau sujet qu'une demoiselle de bonne famille n'aurait pas dû aborder. Néanmoins, Léopoldine commençait à comprendre une chose : des deux sœurs, Aliénor était certainement la moins... à cheval sur les règles.
-La vie est une garce, répondit-elle. Heu... enfin...
-Non, ne vous en faites pas, fit la Millicent avec un éclat de rire cristallin. Voyez-vous, je partage vos pensées.
-Oh ? Heu... en vérité, je n'ai pas eu le choix.
-Pourquoi donc ?
Léopoldine regarda le ciel, mal à l'aise.
-J'ai... perdu mes parents. Monsieur Enguerrand m'a, comment dire... recueillie.
Il y eut un petit silence, durant lequel elles s'arrêtèrent devant la vitrine d'une boutique garnie de mannequins de couture. Mademoiselle Aliénor avait le regard grave, en dépit de son jeune âge.
-Comment avez-vous perdu vos parents ?
-Pourquoi cherchez-vous à savoir cela, mademoiselle de Millicent ?
-Mon frère semble particulièrement vous apprécier. Je souhaite donc vous connaitre.
Une ombre de menace semblait planer dans ces paroles. La jeune sorcière poussa un profond soupir. Elle n'avait vraiment pas à s'en faire. Depuis qu'il était courtois, monsieur Florentin ne lui parlait presque plus. Quelle plaie ! Cela datait seulement du matin, pourtant ses nerfs étaient déjà mis à rude épreuve. Elle avait pris la fâcheuse habitude d'être pendue à son bras, telle l'une de ces courtisanes parisiennes. Vilain défaut. Et il ne l'avait plus embrassé depuis le matin. Fichtre ! Ses pensées indécentes menaçaient de la faire rougir !
Elle était sur le point de l'expliquer à la noble quand elle eut l'impression d'être fauchée en plein élan. Pour cause. Jetée sans ménagement sur l'épaule d'un homme en pleine course, la jeune femme poussa un cri de surprise. Aliénor, tout aussi stupéfaite, disparut rapidement à sa vue. Son agresseur venait de tourner à l'angle d'une ruelle, pour prévenir toute poursuite.
-Lâchez-moi ! hurla Léopoldine en se débattant. Lâchez-moi, espèce d'immonde rustre !
-Tais-toi, la donzelle ! fit le gaillard en lui frappant sur les fesses.
-Oh !
Offusquée, elle vit les maisons se refermer autour d'elle, les rues devenir de plus en plus étroites. La population se faisait rare, tout le monde travaillant sur la rue principale du village. Bientôt, il ne resta plus qu'elle et le cuistre. Bon. Léopoldine était sur le point de passer à l'action, lorsqu'elle fut brutalement jetée à terre.
Fort heureusement, l'épaisseur de ses jupons amortit le choc de l'atterrissage, mais sa fierté en prit un coup. Les chevilles à l'air, elle se découvrit encerclée par un assortiment d'aspics crasseux.
Hum.
-Voyez-vous, mam'selle, fit l'un d'eux en reniflant. M'sieur Enguerrand, il n'est pas très content de votre départ.
-Même qu'il nous a demandé d'vous punir.
Un autre frappa un bâton dans sa main de façon plutôt claire. Prenant son temps pour se relever, car ils lui en laissèrent le temps, la sorcière avisa les environs. Personne, hormis les hommes.
-Messieurs. Je crains que nous ayons une divergence d'opinions sur la situation.
-Heu... une quoi ?
-Une divergence d'opinions : vous voyez en moi une faible femme.
Elle leva les mains, leur faisant froncer les sourcils.
-Je vois en moi une sorcière.
Ils eurent tous un mouvement de recul. Un petit peu de lumière autour des paumes, et les humains tremblaient. Avec un peu de chance, ils prendraient la fuite avant qu'elle n'ait recours à des sortilèges plus compliqués. En l'occurrence, elle craignait que ses sorts d'endormissements ne soient pas suffisants pour leur échapper. Et elle n'avait aucune envie de...
-Sorcière ! beugla l'un d'eux en se jetant sur elle.
Il ne l'atteignit jamais. Pour la bonne et simple raison qu'un homme tombé du ciel le cloua au sol. Les pieds sur le dos du malheureux terrassé, l'air parfaitement naturel, le Marquis d'Aresac se redressa, comme si ce genre d'arrivée était tout à fait normal.
-Bien, lança-t-il en faisant cliquer le chien d'un pistolet. Je vous donne dix secondes pour choisir : soit vous me dites qui vous a envoyé, soit je vous fais parler.
Les hommes paniquèrent : certains tentèrent de fuir, d'autres attaquèrent. Dans tous les cas, l'affaire fut rondement menée : d'une balle dans le genou, monsieur Florentin stoppa les fuyards, avant de se charger du cas des agresseurs. Avec une agilité certaine, il assomma l'un, tira dans l'épaule d'un autre, avant de fracasser la mâchoire du dernier.
Trente secondes suffirent pour qu'il se retrouve cerné de corps gémissants et sanguinolents. Sur quoi, toujours très à l'aise, il rangea son pistolet, réajusta son veston et se tourna vers Léopoldine. Les bras ballants, elle contemplait la scène la bouche ouverte.
-Hé bien ? Vous semblez surprise, mademoiselle.
-Heu... bafouilla-t-elle, avant de reprendre ses esprits. Vous me faisiez surveiller, monsieur !?
-Non, je vous surveillais. La nuance est notable, ne trouvez-vous pas ?
-Certes. Néanmoins, cela est inconvenant.
-L'inconvenance eût été de vous abandonner dans pareille situation, rétorqua-t-il en lui prenant la main, pour l'entrainer à sa suite. Vous m'avez dit être la cible d'un spectre. Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vous laisser seule face à l'adversité ?
Si, elle l'avait bel et bien cru. Surtout suite à leur décision commune d'être rudement courtois. Pourtant, il était là, les jointures à peine rougies par l'altercation.
-Je suppose que je dois vous remercier.
-Vous n'en êtes pas obligée. Vous pouvez tout simplement m'embrasser.
Léopoldine posa les poings sur ses hanches, l'air faussement indigné –et surtout pour dissimuler son embarras.
-Dis donc, et votre courtoisie, monsieur ?
-Oh, comme il est facile de vous faire rougir, mademoiselle Léopoldine ! Ha, Hubert, fit-il à l'adresse d'un colosse, qui les rejoignait au pas de course. Pourriez-vous raccompagner les individus du bout de la rue dans nos cachots ? J'aurais quelques questions à leur poser plus tard.
-Oui, monsieur. Des soins seront-ils nécessaires ?
-Je crains que oui.
Eux continuèrent leur route, jusqu'à retrouver mademoiselle Aliénor, toujours devant la boutique de vêtements. Elle cessa de se regarder négligemment les ongles à leur approche.
-Ha. Tu en as mis, du temps, Florentin.
-Oh, je t'en prie, petite sœur. Je suis intervenu avec diligence. Mademoiselle Léopoldine ? Je vous laisse aux bons soins d'Aliénor. Je crois comprendre que vos prochaines activités ne nécessitent pas la présence d'un homme.
-Hein, mais...
Il haussa un sourcil à son encontre, accompagné d'un sourire ravageur.
-Quoi ? Voulez-vous de mes conseils au sujet de vos futures chemises de nuit ?
Était-ce réellement courtois, comme remarque ? Peu importe.
-Non !
-Parce que si cela ne tient qu'à moi, vous n'avez pas besoin d'en porter. C'est d'une gêne, en pleine nuit ! Surtout avec les tendances parisiennes actuelles, à tout avoir aux chevilles. Les modistes ont une incompréhensible faculté à compliquer l'a...
-Ça suffit, mon frère ! s'exclama Aliénor, en levant les yeux au ciel. Mademoiselle Léopoldine n'a certainement pas envie de disserter de ses dessous avec toi. Retourne auprès de notre sœur, au lieu de perdre ton temps ici.
Son rire joyeux les accompagna, tandis qu'elles s'engouffraient dans la boutique de vêtements. Le cœur battant la chamade, non pas en raison de l'attaque, mais plus à cause de monsieur Florentin, la jeune sorcière mit un temps fou à choisir des modèles. La vendeuse, d'une patience d'ange, l'accompagna ensuite dans la cabine d'essayage, tandis qu'Aliénor flânait autour des corsets. Et bien malgré elle, en se mirant dans le miroir en pied, elle demanda :
-Serait-il possible de les faire remonter au-dessus du genou ?
*
Elles revinrent donc avec quatre corsets pour la cadette des Millicent, plus deux chemises de nuit retaillées pour Léopdoline. Ravies de leurs emplettes, elles partirent se préparer pour le repas du soir. Le premier avec les invités au mariage. Dans quelques jours, Aurore et Erik seraient enfin unis devant Dieu.
Si tant est que l'un ou l'autre y croit.
Néanmoins, ils seraient mariés, et c'était l'unique chose qui leur importait. Guillerets, ils présidèrent à la table, sous l'œil bienveillant du Duc et de la Duchesse. Postée à la droite de monsieur Florentin, qui venait de boire une rasade de potion afin d'éviter un esclandre féérique en plein diné, Léopoldine observa les convives. Malheureusement pour elle, madame de Crisance se trouvait en face d'elle. Si cette vipère avait pu cracher son venin dans son potage, elle l'aurait certainement fait. Néanmoins, la veuve se contenta de discuter avec son voisin de table, un homme à la barbe fournie. La soirée se serait passée à merveille si elle n'avait pas reconnu cet individu.
Un des clients de la Cuisse Dorée.
Horrifiée, Léopoldine manqua s'étouffer avec sa cuisse de poulet aux épices. Par tous les saints ! Pourquoi n'y avait-elle pas pensé !? La Cuisse était l'un des repaires favoris de l'aristocratie ! Il était obligé qu'un, ou plusieurs invités au mariage, y ai fait un séjour ! Mais... il ne pouvait la reconnaitre, n'est-ce pas ? Il ne pouvait révéler son secret à tout le monde... révéler à tous ces gens de la haute qu'elle n'était qu'une souillon sans sang bleu dans les veines !
-Une mauvaise découverte, mademoiselle Léopoldine ?
Elle offrit un sourire crispé au Marquis d'Aresac.
-Nullement. Enfin... juste la trace d'un passé récent et inattendu.
Son regard d'azur quitta le sien, pour se concentrer sur le voisin de madame de Crisance. Il émit presque immédiatement un grognement dégouté.
-Le Baron Catom. Un scélérat de la pire espèce. Ma grand-mère l'a certainement invité pour lui jeter à la figure la réussite d'Erik.
-Ils ne se sont jamais bien entendus ?
-Non. Il a même traité ma sœur de dévergondée pour oser s'acoquiner avec le Duc de Lucassi.
-Oh !
-Oui. Vous imaginez bien qu'il a... fait face à ma vive désapprobation.
-Le Duc ?
-Non, le Baron.
Ils continuèrent à discuter durant tout le diner. De fil en aiguille, Léopoldine apprit toute l'histoire d'amour des futurs mariés. Hé bien ! Quelle aventure ! Et quel caractère ! Mademoiselle Aurore était encore plus surprenante que ce que croyait la sorcière. Quant au Duc... disons qu'il n'était pas bon de le contrarier. Mais, vraiment, un Nécromancien ? Il était chanceux d'avoir survécu jusqu'ici. D'autant plus avec les cadavres logés dans les murs du château des Millicent...
Elle comprenait de mieux en mieux l'aisance de monsieur Florentin avec le concept d'assassinat. Le meurtre et le sang faisaient partie de son existence depuis sa naissance. Tout comme elle les flammes et les cendres des Enfers...
Le repas finit, elle se retrouva à discuter du tirage des cartes avec Marie de l'Esprit Saint. Elle ne vit pas le temps passer face à l'expertise de la dame, et quand la Duchesse se joignit à elles, rapidement suivie d'Aurore et d'Aliénor, elle découvrit qu'il n'était pas désagréable de pouvoir parler librement. Même si c'était à mots couverts, avec tous les humains autour d'eux.
Quand vint le temps d'aller se coucher, elle fut réticente à retourner dans sa chambre hantée. Pour chercher le repos, elle décida de prendre des ouvrages dans la bibliothèque familiale. La Duchesse lui avait affirmé que l'accès en était libre. Une source de savoir à laquelle elle pouvait accéder sans dépenser un sou !
Néanmoins, en ouvrant la porte, elle considéra que cet honneur était des plus douteux.
Monsieur Florentin et madame de Crisance s'embrassaient.
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