Chapitre 14 : La Chasteté Divine

Exténuée, Hell regarda la longue file des membres du Clan. Tous attendaient d'être soignés. Pas un n'avait été épargné par la violente attaque de Bathin et de sa Némésis, l'odeur du sang imbibait l'air. Tous ceux déjà d'aplomb retournaient à leur poste de garde, les nerfs à vifs. Cela faisait des années qu'il n'y avait pas eu d'attaque sur leur tanière. Avec la guerre civile, les démons avaient encore moins de temps pour venir les importuner. Mais désormais, ils étaient la cible de Lucifer et de ses sbires.

Le jour déclinait, pourtant la métamorphe prit une profonde inspiration. Elle n'avait pas le droit de s'évanouir maintenant. Elle devait soigner tout le monde. S'ils enregistraient la moindre perte, les conséquences seraient désastreuses.

Une jeune femme vint s'agenouiller devant elle, le bras en sang.

-Dame Hell, fit elle en baissant la tête.

Elle posa sa main sur son front blanc. La douleur la submergea, elle l'absorba, les yeux clos, sourcils froncés. Elle allait être malade, à ce rythme. Pourtant, elle parvint à refermer les plaies allant jusqu'à l'os, jusqu'à ce que la peau soit de nouveau intacte. Essoufflée, elle fit signe à la jeune femme de retourner à son poste. A ses côtés, Milane veillait. Il avait été le premier soigné, en raison de sa proximité sur le champ de bataille. Lui aussi attendait que ça se finisse. Si jamais cela se finissait.

-Tu comptes te tuer à la tâche, mon petit poulet du chaos ?

Tout le monde sursauta, elle comprise, en entendant le timbre rauque. Puis tous se transformèrent, prêt à attaquer l'importun.

-STOP ! Cria-t-elle, en s'interposant devant Milane, déjà mut en minotaure. Il est notre allié !

-Le tiens, peut-être. Le leur... Ça reste à discuter.

Un bras auréolé d'une lueur dorée passa autour de sa taille, pour la plaquer contre Barbatos. Furieuse, elle voulut se dégager, mais la tête lui tournait trop. L'ange l'observa en silence de ses yeux d'un bleu irréel, avant de reporter son attention sur les autres.

-Recule, déchu ! Tonna Milane en reprenant sa forme humaine. Tu n'as aucun droit sur Hell !

-Des droits ? Répéta l'ange. Mmmh... Je vois. Vous avez le droit de l'épuiser à la tâche, puis de vous plaindre comme des gosses parce qu'elle n'en fait jamais assez pour vous ? Parce qu'au moindre ongle retourné, vous estimez qu'elle doit être là pour vous guérir ? Tu parles de Chasseurs de Démons. En vous regardant de plus près, vous êtes pitoyables, Ferguson.

-Barbatos ! S'exclama Hell en se dégageant pour de bon de son étreinte. Ne...

-Vous ne savez rien de nous ! S'exclama Milane. Rien de ce que notre condition nous impose, rien de tout ce que nous avons traversé ! La nature nous impose des choses anormales !

Le Séraphin eut un rictus tout sauf angélique. Il s'était coupé les cheveux, réalisa-t-elle. Adieux, les longues mèches blondes. Il avait repris son apparence de guerrier impitoyable à tête d'ange.

-Et Fergus Ferguson, la nature lui impose quoi ? De tout ce que j'ai vu jusqu'à présent, il est bien le seul à n'avoir jamais abusé des dons de soin de sa sœur. Pourtant, il est toujours le premier au front, le premier à vous défendre, le premier à verser son sang pour préserver le vôtre.

Bon sang, mais comment savait-il tout cela !? Son frère ne lui aurait jamais raconté ce genre de choses ! A moins que... Elle lâcha un grognement exaspéré. Les souvenirs. Il lui avait dit avoir eu accès à une séquence des siens. Avec l'intelligence logée dans sa tête d'abruti, il avait dû faire pas mal de liens avec la présente situation.

-Étant donné les circonstances, ajouta Barbatos en l'attrapant, elle, par le menton, je m'arroge un droit bien agréable.

Trop fatiguée pour esquiver -ou peu désireuse de le faire ?-, Hell laissa les lèvres de l'ange se presser contre les siennes. Une chaleur délicieuse se propagea dans son corps, paressant l'illuminer le l'intérieur. Mue par un soudain besoin, elle passa les bras autour de son cou, à la recherche de plus. Elle voulait plus. Sans même faire mine de protester, il glissa sa langue contre la sienne, l'invitant dans un ballet haletant. Ils durent y mettre fin, essoufflés tous les deux, dans un silence de mort.

Oh oh... Elle ne c'était jamais laissée aller à ce genre de chose devant les gens de son Clan.

-Herm... Heu... Bon sang, Barbatos, que m'as-tu fait !?

D'épuisée, elle était passée à charger à bloc, toute son énergie retrouvée. Pour un peu, elle se serait sentie d'aller attaquer le Duc de Bathin, en dépit du récent combat !

-J'ai transféré un peu de mon énergie en toi. Maintenant, tu peux me dire pourquoi Bathin était ici ?

Attendez, ça ne marchait pas ainsi, d'habitude. Elle donnait l'énergie aux autres. On ne lui en donnait jamais ! Elle était tellement stupéfaite, qu'elle faillit manquer la fin de sa phrase. Bathin. Comment était-il au courant ? Et pourquoi ne la lâchait-il pas ?

-Son pouvoir et celui d'une Némésis imprègnent l'atmosphère. Que s'est-il passé ?

-Les explications seront pour plus tard ! S'exclama Milane. Nous avons encore des gens blessé, Hell !

-Je sais ! Explosa-t-elle en se tournant de nouveau vers les membres de son Clan. Ne me prends pas pour une gourde, Milane !

-Ce n'était pas...

-Vos gueules, tous les deux ! lança Barbatos en déployant ses ailes.

La vision d'un Séraphin, un vrai, descendu sur terre, laissa le Clan sans voix. Face à l'apparence d'origine de l'ange, nul n'osa contester ses paroles, pas même Hell. Pourtant, son expression n'avait rien d'agréable. Il semblait de mauvaise humeur, lorsqu'il avisa la file d'attente pour les soins.

-Les trois quarts d'entre vous n'ont pas besoin de son pouvoir pour guérir, grommela-t-il. Bande de parasites.

Il serra son poing, le leva à hauteur d'yeux... et déploya ses doigts. Dans sa paume, une dizaine de petits cristaux d'un bleu discret se mirent à léviter, avant de fuser dans l'air. Ils se plantèrent violemment dans le sol, tout autour des membres du Clan à soigner.

-Barbatos, que fais-tu !? S'exclama Hell. Tu comptes...

Sans l'écouter, il parut déclencher le pouvoir de ces cristaux. Une lueur nimba tous les Ferguson, le temps de dix longues secondes. Puis plus rien. Alors vinrent les exclamations stupéfaites.

-Maintenant que ces crétins sont en bonne santé, je vais pouvoir disposer de ta personne, déclara l'ange en lui prenant la main.

Sans rien ajouter, il ne laissa pas le temps aux Ferguson de le remercier. Soigner ? Ils les avaient tous guéris, aussi facilement !? Impossible... Il ne pouvait pas avoir accompli une telle chose, avec un telle... Si facilement ? Hell fronça les sourcils. C'était donc ça, le pouvoir d'un Séraphin ? Que pouvait-il faire d'autre ? Éradiquer une légion de démon, comme dans le souvenir dont elle avait été témoin ? Non de... il ne pouvait pas s'arrêter de marcher, à la fin !? Elle ne voyait que son dos au t-shirt éventré par le passage de ses ailes, maintenant disparues.

-Dit donc, je te signale que nous nous sommes fait attaquer par ta faute, tête de pioche ! Lâche-moi !

-Je m'en doutais. Et non, je ne te lâcherais pas.

-Bon sang, tu es une vraie plaie ! Tu n'as rien à faire ici !

-Ha ouais ? Pourtant, j'ai une petite discussion à avoir avec toi.

Ils atteignirent la porte de son appartement. Barbatos manqua l'arracher de ses gonds.

-Nous n'avons rien à discuter ! Notre partenariat est fini ! Tu ne m'apportes que des ennuis !

-C'est trop tard, ma belle. Bathin, d'une façon ou d'une autre, sait que nous couchons ensemble, fit-il en les enfermant dans la chambre.

Furieuse, Hell se planta devant l'ange, dont les sourcils blonds eurent un haussement surpris.

-Justement ! Tu peux me dire pourquoi tu as voulu coucher avec moi !? On ne se supporte pas !

Mince. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait voulu dire. Elle avait voulu lui parler de Bathin ! -Il faut vraiment une raison ?

-Oh, je t'en prie ! Barbatos !

-Ben... Tu m'excites. D'ailleurs...

Il l'attrapa par l'arrière des genoux, la renversa au sol. Par chance, il amortit sa chute. A quatre pattes aux dessus d'elle, il avait les yeux pétillants de malice. Ce n'était pas le moment, non de non !

-J'ai l'intention de te faire pleins de choses... De te marquer comme mienne aux yeux de ton très chère Milane...

-Tu... Tu...

Elle posa un pied sur son estomac, pour le repousser violemment.

-Tu t'arroges un droit que je ne t'ai jamais donné ! Je ne suis pas à toi !

Il se frotta le ventre, pas vraiment surpris.

-Ha ouais ? Et tu préfères quoi ? Que je te laisse entre les mains de Milane ? Retrouver les joies d'un sexe insipide avec un homme qui t'utilise pour tout autre chose ?

-Ce... C'est injuste, comme attaque !

Il l'attrapa par le menton, avec un air dragueur. Malheureusement pour elle, il avait raison. De toutes les relations qu'elle avait pu avoir jusqu'à présent, aucune n'avait été sans arrière-pensée. Sans une soif de son pouvoir. Barbatos compris. En vérité, il ne valait pas mieux que les autres.

-Ma douce, nous ne jouons pas à armes égales.

-Vraiment ? De toute façon, tu n'as plus le droit de me toucher.

Cette fois-ci, il fronça les sourcils pour de bon. Ha ! Il ne l'avait pas vu venir, celle-là !

-Pourquoi ? demanda-t-il, interloqué.

-Les anges doivent rester chastes.

-Quoi !?

Elle voulut fuir à quatre pattes, mais il passa un bras autour de sa taille, l'empêchant de partir. Dans son dos, elle pouvait sentir son corps chaud, tendu telle une corde d'arc. Ah non ! Elle n'allait pas se laisser avoir si facilement !

-Tu me crois impuissant, ma petite Hell ? Susurra-t-il à son oreille. Tu crois vraiment que parce qu'on m'a rendu mes ailes, je vais arrêter de te faire l'amour ?

-Pourquoi à moi !? Tu as un véritable harem, en Exil !

Elle entendit presque les rouages de son cerveau. Il avait du mal à suivre son raisonnement. Elle aussi, par ailleurs.

-Quoi, tu préfères que je couche avec une autre ?

-Tu n'es pas plus à moi que je suis à toi !

Il y eu un petit silence.

-Ok. J'irais honorer l'une de ces charmantes dames, dans ce cas.

Inexplicablement, elle sentit son cœur se serrer. Il aurait au moins pu dire non, le bougre ! Mince, pourquoi pensait-elle ça, elle ? Traître de cerveau !

-Mais un autre jour, lâcha-t-il en le retournant sur le dos. Parce que nous sommes contraints de rester ensemble ce soir. Parce que j'ai envie de toi à en devenir fou. Parce que tes petits gémissements hantent mes pensées...

Elle aurait voulu ne pas rougir. Vraiment, elle l'aurait voulu !

-Non ! J'ai dit non ! De toute façon, tu n'as plus besoin de moi, alors arrête cette mascarade !

Désappointé, il cligna des yeux, sans pour autant la lâcher. Il pesait contre elle, sans même chercher à dissimuler l'érection pesant contre son ventre. Bon sang, de si près, il paressait encore plus irréel. Néanmoins, son bassin collé au sien l'ancrait tout à fait à la réalité. Et à la probable suite des évènements.

Elle commençait à avoir terriblement chaud.

-Attends... Tu crois qu'à cause de mes ailes retrouvées, je ne suis plus assujetti à ma malédiction nocturne ?

-E... Exactement.

Ils se fixèrent un instant. Puis elle comprit. Il était toujours affublé de ces souffrances. Mais comment pouvait-il en être aussi certain ? Argh... C'était vrai. Il était un Séraphin, il devait savoir ce genre de choses.

-Tu penses trop, Hell, murmura-t-il.

-Arrête...

-Très bien. Reprenons les choses depuis le début.

Il s'agenouilla, l'entraînant avec lui. Mal à l'aise, elle se retrouva plaquée contre lui. Ses mains caressèrent sa nuque, prirent son visage en coupe, l'incitant à le regarder. Ses yeux bleus la couvaient avec une chaleur qu'elle n'y avait encore jamais vu. Inexplicablement, elle se sentit rougir. Encore. Elle n'avait pas l'habitude de ce type de regard. Comme si... Elle était... précieuse ? Unique ? Elle n'aurait su dire, mais de fait, elle se sentait bizarre.

-Tu as raison. J'ai retrouvé mes ailes. Mais cela ne change rien, Hell. Je suis toujours le même. Toujours un connard profiteur, déchu depuis si longtemps qu'il a oublié comment se comporter selon les règles angéliques. Et ces règles n'ont jamais inclus de vouloir une femme au point de devenir fou. De désirer allumer une flamme en elle qui ne serait que pour moi, de la voir rougir quand nous sommes ensemble, de la sentir chaude et tendre dans l'intimité. De la voir sourire de par ma simple présence, d'être heureux de la sienne.

Tout en parlant, il se penchait, ses lèvres désormais à un souffle des siennes. Elle ne savait plus si son cœur s'emballait ou si sa respiration se bloquait.

-Je ne parviendrais peut être jamais à un tel résultat avec toi, Hell. Mais pour l'heure, je me contenterais de te satisfaire.

Ce ne fut pas lui qui combla la distance.

*

Décidément, les choses changeaient vite, ces derniers temps, songeait Svenn. Il n'était pas un vampire, mais un Voirloup, pour qui le sang de l'être aimé était indispensable pour achever sa transformation. Il avait retrouvé des forces. Il avait des sens plus affûtés.

Et devant lui, la nouvelle tanière du Duc de Bathin semblait bien moins impressionnante que les précédentes. Avec tout ce qui lui était arrivé ces derniers temps, entre le coma, la souffrance et la peur, il avait presque oublié de quoi il était capable. De la confiance que les autres avaient en lui.

Barbatos, lui, n'avait rien oublié. Or, pour la première fois depuis deux mois, on lui confiait enfin une mission digne de ce nom.

« -Lucifer ne doit pas savoir que je suis de nouveau un Séraphin, lui avait expliqué l'ange. Je ne peux donc pas y aller. Alastor est un vrai boulet dans les missions d'infiltration, et Nergal ne peut pas être partout à la fois. J'ai besoin de toi pour aller directement dans l'antre de Bathin, afin de trouver des ordres de mission. Nous devons avoir connaissance de leur prochain mouvement. »

Lors de l'entraînement des Némésis, Svenn avait jeté un dernier coup d'œil à Silke, avant de partir. Occupée à se battre contre sa sœur, elle ne s'était pas aperçu de son départ. Il ne savait pas qui était au courant de sa mission, aussi avait-il quitté le village en toute discrétion.

Il franchit les portes du château, tous ses sens en action. A son doigt, un anneau d'invisibilité faisait son office, le dissimulant aux regards des démons les plus basiques. Les puissants, eux, pouvaient l'apercevoir. Mais hormis Bathin, personne, ici, ne le connaissait. Il n'avait pas participé aux dernières batailles.

Svenn alla droit dans le bâtiment principal, ses pas ne faisant pas plus de bruit que ceux d'un chat. Là, des démons de toutes sortent étaient attablés, dans la lueur mourante des Enfers. La nuit tombait ici aussi, poussant la majorité à boire ou à dormir. Il n'eut donc aucun mal à trouver les quartiers des chefs. Des gardes se trouvaient de partout, certainement par crainte d'une attaque. Bathin n'était pas stupide : il avait mesuré la dangerosité de ses ennemis.

Pour autant, cela n'empêcha pas le loup de trouver ce qu'il voulait. Humant l'air, il identifia une odeur très proche de celle de Barbatos. Là. Ça venait de derrière cette porte. Deux gardes aux allures fantomatiques se tenaient devant. La fragrance, forte, impliquait la présence du Duc. Chambre et bureau devaient se trouver derrière cette porte, songea-t-il en s'adossant au mur, juste devant les plantons. Invisible, il resta tout de même vigilant.

Les gardes s'en apercevraient s'il ouvrait la porte. Cela impliquerait probablement une exécution à l'aveugle. Donc, il allait devoir escalader par l'extérieur, pour pouvoir entrer. Perspective peu réjouissante. Il serait alors vulnérable, en plus d'être exposé à la vue de tous.

Néanmoins, la chance lui sourit. Un elfe arrivait en courant, sa peau d'un noir intense semblant repousser la lumière. En adressant un signe de tête aux gardes, il s'engouffra dans les appartements de Bathin. Tel une ombre, Svenn le suivit.

A peine fut il entré dans cette antre de noir et de violet, qu'il se glissa derrière un imposant fauteuil. Juste en face de la porte trônait un grand lit, où, à n'en pas douté, se trouvait actuellement l'ange déchu et un compagnon de jeu.

-Seigneur, nous avons un problème avec les Némésis, fit l'Alp, visiblement inquiet.

-C'est ce qui justifie ton intrusion ?

Le grondement de l'ange fit frémir l'elfe noir. Une indubitable menace planait dans chacun de ses mots. Svenn regarda autour de lui, à la recherche du moindre signe d'un bureau, de papiers importants, ou de... Bingo. De sa place, il apercevait des missives de Lucifer, jetées près de la tête de lit. Cela n'allait pourtant pas être simple de se les procurer.

-Elles se posent des questions, insistait-on. Elles ne comprennent pas pourquoi Rika les a attaqué ! Elles se demandent ce qu'elles ont fait de mal, pour qu'on l'envoie les éradiquer !

-Stupides gamines... Elles ne sont pas capables de reconnaître une traîtresse lorsqu'elles en voient une !? Silke est pourtant déjà passé de l'autre côté !

-Ce n'est pas pareil. Rika était beaucoup plus proche des enfants. Elle les a en partie formées. C'est... Elles ont besoin d'explications.

-Bon ! Je suppose qu'elles les veulent de ma bouche, et non pas de celle d'un vulgaire sous-fifre tel que toi !

Mmh. Plutôt hautain, le Duc. Il semblait oublier facilement son propre statut aux cotés de Lucifer. Néanmoins, la situation l'arrangeait grandement. Bathin s'habilla en quatrième vitesse, pour aller étouffer dans l'œuf tout début de révolte. Svenn prit garde de se dissimuler au fur et à mesure de sa marche. Et lorsque, enfin, la porte se referma derrière eux, il avisa de nouveau le lit. Une forme s'y trouvait toujours, avec la respiration régulière des dormeurs. Du moins il l'espérait.

Avec la discrétion d'un chat, il s'avança, plié en deux, bien décidé à s'emparer des rouleaux. La personne dans le lit ne réagit pas. Sans un souffle, il prit les parchemins, recula de nouveau. Sur le papier, il pouvait apercevoir quelques inscriptions. Le premier mot lui sautant aux yeux fut « Exil », puis « demain ». De quand était daté le document ?

Un froissement de tissu l'arrêta net dans son investigation. Puis un hurlement typiquement féminin lui vrilla les tympans, alors qu'il dissimulait les parchemins sous sa tunique de cuir, bien plus résistante qu'un t-shirt d'humain.

Les gardes fantomatiques s'engouffrèrent dans la pièce, sans le voir. Svenn jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. La femme, aux longs cheveux de jais, le fixait avec un air terrorisé. Lorsqu'elle croisa son regard, son expression se fana. Pour une inexplicable raison, l'incrédulité se mêla à la stupeur.

-Emparez-vous de lui ! Ordonna-t-elle en le désignant. Jetez-le au cachot !

Désormais au courant de sa présence, les gardes le virent. Ils dardèrent aussitôt sur lui leurs armes blanches, prêts à le découper en rondelle. Sourcils haussés, Svenn leva les mains, en signe d'apaisement.

-Je me rends, les gars. Ne vous en faites pas.


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Tags: #paranormal