La tomate
La belle Agnès est sortie de la salle blanche, s'est rhabillée, a lancé un regard ému à son professeur, s'est arrêtée. Le regard ému a volé jusqu'à la jolie fille à l'élastique. Cassiopée s'est dit qu'il fallait bien lui rendre la pareille et est sortie avec un sourire amusé. Dans la main d'Agnès était resté le bout de papier qu'elle avait écrit. Au dos, Cassiopée avait laissé toute son admiration pour elle et ses mouvements si doux. Mais Cassiopée, elle n'aurait pas dû partir. Vraiment.
Agnès est sortie.
Un léger vent de chaleur tenait les arbres en haleine. Agnès sentait la pression autour d'elle, comme des murs qui se referment.
Agnès a marché.
La soupe de l'air prenait un air tomate alors que le soleil se couchait. Agnès sentait néanmoins le plaisir du crépuscule.
Agnès s'est arrêtée.
Ils étaient quatre. Ils avaient un sourire qui effraierait le diable. Des yeux plissés et remplis d'un feu étrange. Ils étaient enlaidis par quelque chose de lugubre en eux. Non, pas lugubre. Glauque peut être. Malsain, pensa Agnès. Elle avait peur. Agnès tremblait, en fait.
Ses habits tombèrent au sol, arrachés avec colère. Son beau visage pleura. Son beau visage était percé, ses bras lacérés, comme une vulgaire viande qu'on torture après la mort. Sauf qu'elle était vivante, Agnès. Et le soleil qui s'endormait pleura de tout son rouge devant celui qui coulait du corps évanoui.
Ça les amusait, on aurait dit une bouillie de tomates, disaient ils.
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