25. Mon sauveur
Pdv Denki
Eiji est vraiment l'homme de la situation, en plus d'être certainement l'homme de ma vie.
Avant-hier, il s'est occupé de moi, m'a emmené chez ma grand-mère, m'a consolé comme il a pu et hier, il a passé des dizaines d'appels, qui ont porté leurs fruits d'ailleurs.
Elle avait effectivement souscrit plusieurs assurances-vie pour être certaine que je ne me retrouve pas sans rien, de quoi payer la totalité de mes études et de mes frais sur une. La seconde est suffisante pour m'acheter une voiture.
Quant à la dernière, elle se débloquera le jour de mes 30 ans et elle y a réuni assez d'argent pour me prendre un appartement en ville ou une petite maison en périphérie.
L'assureur a expliqué à Eiji qu'il y avait plusieurs lettres que je récupérerai lorsque je viendrai faire les papiers.
Du coup, j'ai l'esprit tranquille au moins financièrement, c'est déjà ça comme dit Eiji. Je sais d'avance que ma mère va voir rouge quand elle saura que je suis le seul pour qui elle a prévu quelque chose.
Avec ma tante, elles se partageront ce qu'il y a sur son compte courant et le montant auquel sera vendue la maison. Il est probable que même à elles deux, ça ne fasse pas autant que ce qu'elle a mis de côté pour moi.
Aujourd'hui, à l'enterrement, je vais en prendre plein la gueule, mais au moins, je sais qu'elles n'ont pas encore contacté qui que ce soit et que donc quand elles l'apprendront, je serai reparti.
Nous sommes arrivés tôt, une heure en avance et pour mon plus grand bonheur, ce sont les quelques amis qui restaient à ma grand-mère qui sont arrivés les premiers.
Mes parents se pointent en dernier et disent bonjour à tout le monde, avant de se diriger vers moi.
Je suis tellement tendu que j'en ai mal dans les cervicales, mais Eiji me chuchote un "je suis là" qui a le mérite de me calmer un peu.
Mère Denki : Faut que ta grand-mère meurt pour qu'on te voie ? Cinq ans sans nouvelles, tu te rends compte ?
Je ne suis capable que de regarder mes pompes sans rien répondre, alors mon père prend le relais.
Père Denki : On t'a dit de partir, certes, mais tu aurais pu revenir
Denki : *marmonne* À condition de faire des études de droit
Mère Denki : Évidemment. On pense à ton avenir, figure-toi ! Ce ne sont pas tes gribouillages qui vont mettre à manger dans ton assiette
Là par contre, on me l'a assez rabâché et ces dernières années m'ont prouvé tout le contraire, surtout depuis que je suis à la FAC et que j'ai rencontré Izu.
Il a passé tellement de temps à m'aider à avoir confiance en moi et en mon talent que je ne peux pas la laisser dire ça.
Je lève des yeux rageurs sur elle et adopte un ton sec et froid dont je n'ai pas l'habitude.
Denki : T'en sais rien du tout, il y a des artistes qui gagnent bien plus que papa et de toute façon, ce n'est pas comme si ça te regardait, ce que je fais de ma vie
Elle s'apprête à m'envoyer une claque en pleine tronche, qu'Eiji stoppe en plein élan, sous les yeux médusés de toutes les personnes présentes.
Eijiro : Je vous conseille fortement de ne pas le toucher
Mère Denki : Qui est cet inconnu qui me menace Denki ?
Eijiro : Je ne vous menace pas. Je vous préviens avant que vous ne vous donniez en spectacle, tout le monde nous regarde
Père Denki : Et vous êtes ?
Eijiro : Un a...
Denki : Mon petit ami
C'est sorti tout seul, en même temps, on le sait tous les deux qu'à un premier baiser près, nous sommes ensemble, alors j'avais envie que mes parents le sachent.
En plus, j'avais parlé de lui à ma grand-mère plusieurs fois et elle était très heureuse pour moi, elle avait même hâte de le rencontrer.
Mère Denki : Ton... Ok, c'est trop pour moi
Elle tourne les talons et va faire ses faux sourires à ceux qui sont assez cons pour y répondre, bon débarras. Mon père par contre, je ne sais pas pourquoi il reste planté devant nous sans rien dire.
Denki : Tu ne vas pas rejoindre maman ?
Père Denki : Tu as l'air bien plus sûr de tes choix qu'il y a cinq ans. Tu penses vraiment que tu pourras vivre de ton art ?
Ah ! Il n'appelle pas ça des gribouillages, c'est un bon point.
Denki : Oui papa, j'ai même déjà ma place dans une maison d'édition pour travailler aux côtés d'un autre artiste qui va devenir un grand mangaka
Père Denki : *pose la main sur l'épaule de Denki* Mon garçon, je te souhaite de réussir dans cette voie. Donne-moi des nouvelles de temps en temps, d'accord ?
Denki : Heu, oui, bien sûr papa
Il s'éloigne et rejoint ma mère, qui doit être persuadée qu'il vient de me passer un savon. C'est tout l'inverse et j'en suis tout retourné d'ailleurs.
Je sens les bras d'Eiji qui encerclent ma taille et une sensation d'apaisement me parcourt.
Eijiro : Petit ami donc
Denki : Bah t'es vachement plus près du petit ami que de l'ami tout court
Eijiro : C'est pas faux
La cérémonie va commencer, pour le moment le cercueil est ouvert et d'un coup, j'ai envie de faire demi-tour. Je vois seulement ses mains posées sur sa poitrine et rien que ça me met mal à l'aise.
Mère Denki : Viens embrasser ta grand-mère
Denki : Je ne peux pas
Mère Denki : Ne fais pas l'enfant
Denki : Je ne veux pas la voir sans vie dans une boite, j'irai lui dire au revoir lorsque le cercueil sera fermé
Elle me saisit le bras et tente de me traîner, sauf qu'heureusement, mon sauveur est là pour lui bloquer le passage.
Il la fixe sans rien dire, mais le message est très clair. Elle me lâche tandis qu'Eiji me tend la main.
Je me blottis contre lui, oubliant qu'encore une fois, grâce à ma mère, tout le monde nous regarde.
Eijiro : Vous devriez avoir honte de vous. Traiter votre fils comme vous le faites, ne même pas être foutue de respecter sa sensibilité en allant jusqu'à vouloir le forcer, c'est indigne d'une mère
Il l'a dit assez fort pour que la totalité de l'assemblée l'entende, du coup ma mère tente de se défendre...
Mère Denki : Je n'ai pas de leçon à recevoir d'un déviant tel que vous
Eijiro : Oh, donc vous êtes de ceux qui pensent que l'homosexualité est une déviance
Mère Denki : J'ai le droit de penser ce que je veux
Eijiro : Les propos homophobes sont punis par la loi, ma chère, votre mari pourra vous le confirmer. Donc mon second conseil de la journée et j'espère le dernier, laissez votre fils tranquille
Il m'entraîne avec lui vers le fond de la salle, plusieurs personnes me lancent des regards compatissants, surtout mon père.
Eijiro : On va attendre ici qu'ils ferment le cercueil, d'accord ?
Denki : Merci Eiji, je ne sais pas comment je pourrais survivre à cette journée sans toi
Je commence à pleurer, le visage caché dans son cou. J'ai l'impression de ne faire que ça depuis vendredi soir, chialer et le remercier, quand je ne tombe pas de sommeil dans ses bras.
Heureusement, la suite de cette journée s'est déroulée sans accroc ni intervention de ma mère.
J'avais préparé un petit texte, mais je ne me sentais pas le courage de le dire à haute voix.
Eiji a eu une bonne idée, de garder ce petit bout de papier dans mon portefeuille et de lui dire tout ça lorsque je lui rendrai visite au cimetière, il a d'ailleurs promis de m'accompagner si je le voulais.
Nous sommes partis les premiers, une fois que ma grand-mère était dans sa dernière demeure.
J'ai tellement lutté pour ne pas m'effondrer que je n'ai pas tenu cinq minutes dans la voiture avant de m'endormir.
Je reprends mes esprits tandis qu'Eiji me dépose dans mon lit. Le temps que j'émerge totalement, il est déjà à la porte, prêt à partir, sûrement pour rentrer chez lui.
Je m'empresse de me lever pour le retenir.
Denki : Reste avec moi, s'il te plait
Eijiro : *se retourne* Si je ne pars pas maintenant, je ne vais pas résister longtemps à l'envie de t'embrasser
Je passe les bras autour de son cou, murmurant timidement que j'ai encore plus envie qu'il reste.
Il pose les mains sur mes hanches, ce qui me fait frissonner. Il se penche, mes doigts glissent dans ses cheveux.
Ses lèvres frôlent les miennes, avant d'y déposer un premier baiser aussi doux qu'une caresse.
Denki : Maintenant, tu peux rester *sourire gêné*
Eijiro : Seulement si j'ai la permission de recommencer *petit sourire amusé*
Pour seule réponse, je l'attire à moi. Nos échanges se font de plus en plus fougueux, jusqu'à ce qu'il m'incite à ouvrir la bouche avant d'insinuer sa langue à l'intérieur. Ce qui était une nuée de papillons dans mon bas ventre se transforme en brasier.
Je ne suis pas prêt à aller plus loin, il le sait et je suis certain qu'il ne va pas passer outre. Par contre, ce qui est sûr, c'est que je ressens énormément de désir pour lui. Je comprends tellement Izu en cet instant, quand il parle du conflit entre son corps et sa tête lorsqu'il est dans les bras de Katsuki.
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