2. Impossible
Pdv Katsuki
J'ai passé ma journée à avoir une boule au ventre et ensuite, la soirée à regarder ma montre. Ça tournait dans ma tête "À minuit, il sera trop tard" et je sentais une colère sourde monter en moi à mesure que cette fille minaudait et tentait de me chauffer.
Y'avait pas moyen, impossible de lui faire ça, pour en plus faire plaisir à une nana que je vais sûrement jeter après-demain, alors autant lui dire d'aller se faire foutre (par quelqu'un d'autre) et courir jusqu'à chez moi.
Il est 23h20, en France, il est 16h20, j'espère seulement qu'il est dans sa chambre et que son ordi est allumé, sinon je lui enverrai un mail en espérant qu'il se connecte à temps.
Je tente de l'appeler et presque dans la seconde, l'image d'un Deku en larmes apparaît. Il a dû accepter l'appel sans trop réfléchir.
Katsuki : Bah alors Deku ? Pourquoi tu pleures ?
Izuku : T'avais dit que tu manquerais notre anniversaire et je voyais l'heure arriver...
Katsuki : Je t'avais dit que je t'appellerai demain sans faute pour me rattraper
Izuku : Notre anniversaire, c'est aujourd'hui, pas demain Kacchan
Katsuki : Tu as raison, c'est bien pour ça que finalement, je suis rentré avant qu'il ne soit trop tard. Joyeux anniversaire Deku *petit sourire en coin*
Izuku : *petit sourire timide* Joyeux anniversaire Kacchan
Katsuki : Je pensais que tu te serais enfin trouvé une nénette et que tu serais en date à l'heure qu'il est
Izuku : Je ne cours pas les filles comme toi Kacchan
Katsuki : Tu es surtout beaucoup trop timide. Ce serait bien que ça change au lycée, au moins te faire quelques amis
Izuku : Je t'ai toi, je n'ai pas besoin de me faire des amis
Katsuki : Dis pas d'âneries Deku, entre toi et moi y'a certes bien plus qu'une simple amitié, mais c'est bien aussi d'avoir des gens qui sont à tes côtés "physiquement"
Izuku : C'est facile pour toi, t'arrives à te faire des amis, à sortir avec des filles, mais moi, je n'y arrive pas
Katsuki : As-tu réellement essayé au moins ?
Izuku : Pas vraiment
Katsuki : Bah alors ! Si ça se trouve...
Izuku : *coupe Katsuki* Je n'en ai pas envie Kacchan, que j'en sois capable ou non n'est pas la question. Même si je n'ai que toi jusqu'à la fin de mes jours, ça me convient très bien
Cette phrase a tourné dans ma tête durant les 364 jours qui ont suivi, toute cette conversation en fait, ça m'a carrément obsédé. J'en ai parlé avec ma grande sœur, Mio, quelques semaines après et au départ, j'ai cru qu'elle se plantait sur toute la ligne.
Ce qu'il m'a dit ce jour-là m'a chamboulé, mais d'après elle, ce qui est surtout très révélateur, c'est qu'un coureur de jupons comme moi loupe une occasion d'être dans le lit d'une fille pour appeler son "ami".
Elle m'a dit que depuis mon arrivée au Japon, elle s'était toujours demandée si je n'étais pas en réalité amoureux de Deku.
Ma façon de parler de lui ou d'organiser mes journées afin de passer le plus de temps possible avec lui, pour elle, ça allait au-delà de l'amitié.
Quand on était petits, on nous disait souvent qu'on ressemblait à des frères et franchement, j'étais resté là-dessus.
Pourtant, une fois que Mio m'avait fait part de son avis, je n'ai plus réussi à voir notre relation ainsi.
On va être honnête, ça m'a fait très peur et j'ai nié pendant longtemps, trouvant même des prétextes pour ne pas faire de visio.
À un moment, alors que notre anniversaire approchait, je me suis dit que je devais me mettre au clair avec moi-même, savoir ce que je ressentais exactement pour Deku et le lui dire.
Une fois cette introspection faite, j'ai préféré lui écrire une lettre et la lui envoyer quelques heures avant notre rendez-vous.
✉ De Katsuki à Izuku :
"Deku,
J'espère ne pas trop te faire paniquer en t'envoyant ça juste avant notre anniversaire, ni en te disant qu'elle va remettre en question toute notre amitié. Bon, je sais que là, c'est trop tard, tu paniques déjà.
L'année dernière, j'ai bien failli louper notre anniversaire et notre discussion de ce jour-là m'a fait énormément réfléchir. Tes mots m'ont chamboulé, j'ai eu cette impression que tu tenais à moi plus que de raison et ne voyais que par moi.
J'ai réalisé que c'était réciproque en faisant le tour de tous les liens que j'avais pu tisser avec d'autres, ils étaient en papier mâché comparé à toi et moi.
Au tout début, je me suis dit que c'était notre amitié qui était plus forte que tout, qu'elle transcendait les autres relations que nous pouvions avoir. C'était sans compter sur Mio qui m'avait confié quelque temps avant son avis sur la question.
De son point de vue et depuis bien plus longtemps que ce qu'il semblerait, ce que je ressentais pour toi n'était plus de l'amitié, mais de l'amour.
Bien sûr, j'ai rejeté cette idée en bloc, mon meilleur ami, mon frère et qui plus est un garçon, c'était impossible... et pourtant...
J'en ai passé des journées à réfléchir, des nuits à ne pas dormir, pour finalement me rendre à l'évidence, ma sœur a raison, je t'aime Deku...
Ta réaction de l'année dernière, ce que tu m'as dit ensuite, me laisse espérer que mes sentiments sont réciproques. Néanmoins, toi et moi, nous avons tellement l'habitude de nous parler sans filtres que si ça se trouve, c'était réellement un excès d'amitié.
Dans quelques heures à peine, on doit s'appeler pour célébrer notre amitié et on le fera, si c'est ce que tu ressens pour moi.
Si tout ce que je t'ai dit dans cette lettre te dérange d'une quelconque manière, on peut seulement s'envoyer un mail et se parler plus tard.
Tout ce que je veux éviter, c'est de te perdre. J'ai été tenté de faire semblant, au moins pour cette fois, mais je ne peux pas, j'espère que tu ne m'en veux pas.
Ton Kacchan"
J'ai une telle boule au ventre depuis que j'ai cliqué sur "envoyer" que je crois que je vais finir par vomir. Même si je sais qu'il n'est pas comme ça, que notre amitié est plus forte qu'une divergence de sentiment, j'ai peur d'avoir tout gâché...
✉ D'Izuku à Katsuki :
Coucou Kacchan,
Plutôt que de te répondre et d'écrire n'importe quoi parce que je vois flou, je t'envoie la lettre que je t'avais écrite il y a un an, juste après cette fameuse discussion dont tu parles dans ton mail :
"Kacchan,
Voilà des mois que j'ai questionné mon père à ce sujet, que l'évidence m'a frappé et depuis, impossible de te voir autrement que comme celui à qui je voue un amour inconditionnel.
Tu as bien lu et je ne me suis pas trompé avec le mot amitié, je parle bien de sentiments amoureux, et de désir aussi.
Tout est parti d'une simple interrogation de ma part, une comparaison avec ce que tu vivais de ton côté.
Être attiré par une fille, ou un garçon, ça ne m'était jamais arrivé, je me suis même fait la réflexion que je n'avais jamais ne serait-ce qu'une fois trouvé qui que ce soit "beau" ou "belle".
Pourtant, en tant qu'artiste, je vois de la beauté un peu partout, mais en ce qui concerne les personnes, je ne peux que dire si elles sont bien proportionnées ou encore si leur visage est presque symétrique.
Par contre, lorsqu'il s'agit de toi, et ce depuis plusieurs années déjà, le mot qui me vient souvent, c'est : "magnifique".
Évidemment, une fois que j'ai eu conscience de mon attirance pour toi, c'est devenu "oh putain, je n'aurai pas dû accepter la visio, il est à moitié nu, je vais finir rouge comme une tomate".
J'ai cru au tout début, quand le déni prenait encore trop de place dans mon esprit, que c'était juste normal de trouver son ami "beau", étant donné qu'objectivement, tu es largement au-dessus lot.
C'est pour ça que là, après tous ces questionnements, ces discussions avec mon père pour tenter de comprendre ce que je ressentais, toutes ces "confirmations" à chaque fois qu'on se parlait, je peux affirmer que je t'aime, Kacchan.
Alors, je le sais, tu aimes les filles, tu sors avec des filles, tu habites au Japon, nous sommes collégiens, y'a rien qui peut rendre une relation possible entre toi et moi.
Je veux te rassurer d'une chose, si bien sûr, j'ai les couilles de t'envoyer cette lettre, ce dont je doute fortement, je veux rester ton ami.
J'ai qu'une seule trouille, que les années ou la distance n'aient pas réussi à nous séparer, mais que mes sentiments pour toi y parviennent.
Je te promets Kacchan, je peux supporter de t'aimer et de n'être que ton ami, mais te perdre, ça, je n'y survivrais pas.
Ton Deku"
J'attends ton appel avec impatience, par contre, comme j'ai le visage tout bouffi, pas sûr qu'on fasse un visio...
✉ De Katsuki à Izuku :
Après avoir lu cette lettre, je peux te dire qu'on sera deux, mais j'aimerais quand même voir ton sourire
Il m'aime aussi, j'avais bien interprété ce qu'il a dit l'année dernière... Par contre, il y a une chose et non des moindres qu'il va falloir qu'il sache avant de s'engager dans une relation amoureuse avec moi.
Je ne l'ai appris qu'en arrivant au Japon, mais mon père est le chef d'un clan yakuza et jusqu'ici, je le lui cachais.
Là, si je veux réussir à nous construire un avenir ensemble, faut qu'il sache que ça ne va pas être simple.
Mon père veut que je prenne sa suite et tant que Deku n'était que mon ami, il pouvait me rejoindre et vivre au Japon comme nous l'avions prévu.
Désormais, comme il est hors de question de vivre cachés toute notre vie, ce serait mieux de trouver comment faire en sorte que ce soit moi qui revienne en France.
Sans oublier qu'il faut espérer que tout ça ne lui foute pas la trouille...
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