Des mois s'étaient écoulés depuis le dernier appel avec Jungkook. Jimin venait de rentrer de la tournée asiatique. L'idole avait eu beaucoup de mal à accepter ce départ soudain du transporteur et ses membres faisaient de son mieux pour le lui faire oublier, le distraire. Mais ce genre de chose ne marchait qu'un temps, que quelques heures ou quelques minutes éphémères. Heureusement, il partageait sa peine avec Tae dont il s'était beaucoup rapproché, comme s'ils n'avaient plus qu'eux même sur lesquels se reposer. Deux âmes partageant une même peine avec l'espoir de la diviser.
Jimin sourit en regardant son téléphone.

TaeTae :
J'ai hâte d'être à ce soir !
C'est la première fois que je vais aller dans un restaurant aussi classe.
Haan.... *^*

♥♥♥Chim♥♥♥ :J'ai hâte de te voir aussi !Ça fait du bien d'être de retour !

Oui, ils avaient rendez-vous ce soir, et Tae' avait une promesse à tenir. Cela faisait maintenant un bout de temps qu'il lui avait promis de tout lui dire. Après tout, Jungkook n'était plus là, Jimin n'était donc plus en danger. Il avait le droit de savoir, c'est ce qu'il estimait depuis le début, d'ailleurs. Il n'avait simplement pas voulu précipiter les choses et le laisser faire sa tournée. De toute façon, il n'y avait plus rien à y faire. Ils n'avaient plus le contrôle sur la vie de Jungkook. Il avait tout simplement disparu, et même s'il hantait leurs pensées ils devaient avancer. Accepter l'inacceptable. C'était ce qu'il leur avait demandé...

Le prostitué avait d'ailleurs retrouvé la force de reprendre son travail. Ou plutôt il n'avait pas eu le choix. Il s'était trouvé un nouveau logement loin de sa mère et de sa sœur, et il devait le payer. Pourtant, ce soir-là il avait prévenu le gérant de l'Hôtel qu'il n'était pas là.

Il était dans son petit studio, un logement qui ressemblait d'ailleurs beaucoup à celui que Jungkook avait avant que celui-ci ne brûle. Il prit une douche et s'habilla avec précaution. Il voulait être beau pour son rendez-vous avec l'idole, il voulait qu'il n'arrive pas à détacher ses yeux de lui. Sans la présence de Jungkook et avec leur rapprochement, Tae était conscient qu'il était devenu possessif envers le danseur. Il désirait au plus profond de lui que Jimin parvienne un jour à le regarder avec la même candeur et le même émerveillement qu'il avait pu regardé Jungkook par le passé.

Alors il mit l'une de ses chemises dont les boutons du haut étaient volontairement défaits, choisi l'un de ses pantalons moulants et n'eut d'autre choix que de mettre la seule paire de chaussure qu'il possédait.

Il se coiffa, se maquilla, et se regarda satisfait dans la glace. Ce soir il voulait réellement séduire, autant que lui l'avait séduit par sa simple existence. Lui faire oublier Jungkook, et que Jimin l'aide à l'oublier aussi réciproquement, il n'avait plus que ça en tête, comme si c'était l'ultime solution à un problème qu'aucun d'eux ne pouvait résoudre. Oublier Jungkook. C'était une tâche impossible, n'est-ce pas?

Il prit un taxi pour se rendre dans le quartier de Gangnam où les buildings modernes effleuraient les nuages et dont les lumières colorées lui donnaient l'impression d'être dans un autre monde.
Elles ne clignotaient pas, elles. Les néons ne créaient pas de lueur lugubre comme celle de l'Hôtel.

Lorsque le véhicule s'arrêta et qu'il descendit, il vit une silhouette aussi familière que sexy descendre d'un van noir de l'autre côté de la rue. Il remercia le chauffeur et se précipita vers Jimin, commençant à courir pour traverser cette route pourtant passante.

Des phares illuminèrent bientôt son corps, puis un son de klaxon retentit, attirant l'attention de l'idole qui tourna la tête vers le bruit. Jimin écarquilla les yeux, en voyant une voiture s'approcher beaucoup trop vite et trop près de Tae.
Alors il se précipita, malgré les avis d'une personne qui l'accompagnait, dont la voix protestait et résonnait dans son dos lorsque ses jambes franchir les quelques mètres qui le séparait de son ami le plus cher.

La voiture n'était plus qu'à quelques centimètres de lui lorsque les doigts de Jimin se refermèrent sur le bras de son invité et l'attira vers lui, le jetant sur le sol, hors d'atteinte du véhicule qui continua sa route.
Jimin redressa alors rapidement Tae et l'aida à traverser avant de se tourner vers lui.

«PUTAIN, TAE' ! Tu te rends compte que tu aurais pu te faire bouler, là ?! Tes parents t'ont jamais appris à regarder des deux côtés avant de traverser ?!
—P-Pardon, Jimin...»

Le plus jeune était encore sous le choc, et l'espace d'un instant le chanteur s'en voulu de lui avoir crié dessus.

«Fais attention, s'il te plait... Tu m'as fait peur...»

Alors que Tae fixait le sol et acquiesça doucement, Jimin le prit dans ses bras et lui caressa doucement les cheveux. Il attendit patiemment, et lorsqu'il reprit ses esprits, ils rentrèrent enfin dans le restaurant.

«Putain, fait gaffe, t'as faillit bouler un mec!
—Ouais bah excuse moi, en attendant s'il s'était passé un truc avec celui qu'on nous a ordonné de suivre et surveiller en attendant, crois-moi qu'il aurait mieux valu avoir boulé ce gars là mais avoir des info à ramener au boss. Et puis regarde, au final c'est un mal pour un bien, maintenant on sait qu'il est proche du suicidaire qui traverse sans regarder !
—D'ailleurs j'ai pas pu bien voir sa tête mais... Il te fait pas penser à quelqu'un? J'arrête pas d'avoir une sensation de déjà-vu.
—T'inquiète on attend qu'ils sortent et on les prend en photo.
—Ça sera mieux que rien à ramener, comme info. On en a chié pour s'incruster dans son téléphone et pouvoir l'espionner mais c'est carrément la mort tellement il s'y passe rien. Je suis surpris, j'étais quasiment sûr qu'ils allaient se parler...
—Tu crois qu'on s'est planté sur sa relation avec JK ?
—Je crois surtout qu'ils savent pertinemment dans quel plat ils ont foutu les pieds et qu'on va en chier. Sous-estime pas JK, il a trop travaillé pour nous pour ignorer comment on procède.
—Et si on kidnappait ce Jimin pour le faire parler ?
— Pour l'instant on s'en tient au plan, on le suit jusqu'à ce qu'il rentre en contact avec le transporteur. Le cas échéant, il sera notre appât. Mais c'est trop risqué, oublis pas qu'il est une idole, bonjour la couverture médiatique et la sécurité autour de lui. Tant qu'on ne nous donne pas le feu vert je veux pas être responsable d'une boulette.
— Ça fait trop longtemps qu'on est bredouilles, perso ça commence à me casser les couilles cette histoire.
— C'est en étant patients qu'un jour ils oublieront qu'on est là, t'inquiète. Va nous chercher à bouffer plus tôt, je crois qu'on en a pour un moment ici.»

Et effectivement, ils attendirent un bon moment, garés face à l'entrée du restaurant, mangeant du poulet fris quitte à se mettre de la graisse sur les doigts et se l'essuyer directement sur leurs vêtements. Au bout de deux bonnes heures, l'un des deux hommes donna des coups de coude dans les côtes de l'autre.

«Chope l'appareil photo, vite!»

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ils prirent les deux hommes en photo de justesse avant qu'ils ne montent dans un taxi. Ils allumèrent le moteur et les suivirent à une bonne distance.

Environ 30 minutes plus tard, ils ralentirent et coupèrent leurs feux en voyant le taxi s'arrêter les deux hommes descendre. Ils reprirent des photos et attendirent à nouveau.

«J'en ai marre de ce job, on s'emmerde.
—Ta gueule, c'est mieux que d'aller chez des pauvres vieux pour leur demander le paiement de leurs dettes, au moins.»

Jimin suivait son ami de près alors qu'il ouvrit la porte, le laissant découvrir son nouvel environnement. Un logement simple dont la décoration faisait penser à celle de chez Jungkook à l'époque où il était encore là. Cette pensée éclipsa toute envie de sourire du visage de l'idole. Il lui manquait tant. Leurs moments ensemble lui paraissaient si loin et inaccessibles maintenant. Qu'était-il en train de faire à cet instant ?

Tae l'invita à rentrer, et Jimin se dirigea automatiquement vers le canapé où il se laissa choir tandis que l'autre leur préparait des thés.
Jimin soupira en fixant l'espace devant lui, croisant les jambes, puis les décroisant lorsque Tae s'approcha avec deux tasses chaudes.

«Bon, tu m'as déjà fait languir pendant 2h. J'ai rempli ma part du marché et j'ai rempli ton ventre... Maintenant c'est à toi de tenir ta promesse.
—Oui, je sais. Je vais tout te dire.
—Je t'écoute. Pourquoi Jungkook n'est plus avec nous ?»

Tae soupira et se risqua à glisser ses lèvres contre la tasse et rentrer en contact avec le liquide qui s'avéra beaucoup trop chaud à son goût. Il se recula dans une grimace et posa sa tasse sur la table basse.

«Tu te souviens, au début, Jungkook avait peur de devenir trop proche de toi? Ou plutôt que tu deviennes trop proche de lui.
—Je m'en souviens très bien.
— Ce n'était pas pour rien, et ce n'était pas seulement parce que l'univers qu'il t'a montré ne convenait pas à quelqu'un comme toi. Il avait peur de te mettre en danger. Mais la vrai raison de ce danger, il n'a visiblement jamais voulu t'en parler.
— Les "Pingouins" ?»

Tae acquiesça doucement avant de se rapprocher davantage de Jimin et poser sa tête sur son épaule.

«Les Pingouins, c'est comme ça que j'appelle les hommes en costard. Et c'est également le terme que j'utilise pour désigner la Kkangpae, la Mafia Coréenne.
— Attends... Tu es en train de me dire que Jungkook faisait partie de la Mafia ..?
—Pas exactement... Il était missionné par eux en tant que transporteur pour des choses délicates, mais il n'a jamais souhaité être dans leurs rangs, c'était juste un genre de contrat, un mandat. Il ne voulait pas te mettre en danger, car même avec ce lien là, les relations sont... sensibles... »

Jimin resta silencieux. Il s'était plus ou moins douté de quelque chose de ce genre après avoir passé des mois à y réfléchir, à trouver des options, des explications à tout ce qui avait pu se passer.

«Et que s'est-il passé pour qu'il soit obligé de fuir..?
—Je....Je ne sais pas trop... Le jour où il est parti j'étais avec lui, mais il ne m'a rien dit. Il a reçu un appel pour lui dire de fuir sur le champ, mais les hommes de main étaient déjà en bas. Il m'a fait passer pour le petit-fils de la voisine du dessous et est parti sans dire un mot ou presque. Il a fui en France de ce qu'il m'a dit. Il était très précautionneux sur la traçabilité des téléphones, c'est pour ça qu'il ne t'a jamais recontacté.
—Il faut qu'on trouve ce qu'il s'est passé, Tae. C'est le seul moyen qu'on a de l'aider.
— Non...Chim, te voir te lancer dans un truc aussi absurde est sûrement la dernière chose qu'il aurait souhaité. Il a refusé de t'impliquer dans cette histoire depuis le début, ce n'est certainement pas pour que tu le fasse maintenant... Il est à l'étranger, il est hors de danger. Et même si je donnerai tout pour qu'il soit à nouveau là, ce n'est plus possible. Soit réaliste et oublions-le..
—Comment tu peux dire ça...
—Jimin, je...
—Si toi tu ne veux pas l'aider, alors je le ferai seul.»

Une grimace étira le doux visage de Taehyung. Pourquoi l'idole ne voulait-il pas comprendre que ce n'était pas possible ? Pourquoi refusait-il d'oublier Jungkook et continuer ? De lui faire confiance pour qu'il prenne soin de lui sans avoir besoin d'eux ?

Excédé, Tae grimpa sur les cuisses de Jimin et lui fit face. Il fronça les sourcils devant la vision de son ami qui tourna la tête, refusant de le regarder, comme si lui-même lui en voulait de ne pas vouloir s'impliquer.

«Et tu vas faire comment ? Tu vas aller les voir et leur demander gentiment ce qu'il s'est passé avec Jungkook ? Tu vas les infiltrer ? Soit réaliste, bordel, Jimin !
—Je trouverai bien !»

Le prostitué saisit le visage de Jimin dans ses mains et le força à le regarder. Le regard glacial de l'idole lui fit hésiter, et son expression déterminée se transforma en quelque chose de triste.

«Il n'y a rien à faire. C'est trop dangereux. Oublis-le... Oublis-le avec moi...
—...Je n'y arriverai pas... Tae... C'est... Impossible... Jungkook est-...
—Essai. Rien qu'un peu...»

Et Taehyung approcha son visage gracile de celui de l'idole, figé, comme si un combat se menait à l'intérieur de lui. Son regard froid sembla fondre. S'était-il résigné ? Avait-il accepté les mots de Tae ? En tout cas, son visage n'esquissa aucun mouvement pour éviter le contact entre leurs lèvres. Le prostitué recula alors son visage, surpris de la passivité de son ami, et l'observa.

Sur son visage sans expression coulaient des larmes. Tae posa délicatement sa paume contre sa joue et fit glisser son pouce pour effacer les traces liquides sur lesquelles se reflétait la faible lumière du séjour. Si chaque conversation évoquant Jungkook lui provoquait cet effet, alors sa résolution de lui faire oublier ce qui fut, et restera son meilleur-ami pour le restant de ses jours, grandit davantage en lui.

Ce n'était qu'une mauvaise passe avant de pouvoir à nouveau être heureux.

Il poussa doucement le corps de Jimin sur le canapé, l'allongeant, puis se pencha sur lui, retournant l'embrasser avec plus de conviction, avec une passion qu'il espérait contagieuse pour dissimuler leur peine.

Jimin avait l'impression de se forcer. Il avait l'impression que quelque chose n'allait pas alors qu'il laissait les mains du prostitué glisser sur sa peau. Il avait l'impression de trahir Jungkook alors qu'il commença à se faire toucher intimement, qu'il laissait les lèvres du prostitué dévorer les siennes sans résister.

Il tenta d'oublier toutes ces sensations négatives lorsque la langue de son ami glissa sur son membre. Il le laissa le prendre en bouche, énonçant silencieusement des milliers d'excuses à Jungkook.

Mais quelques instants plus tard, il posa sa main sur l'épaule de Tae, lui demander de reculer.

«Ce n'est pas la peine... C'est trop tôt pour moi...»

Effectivement, Jimin n'arrivait pas à bander. Dans des circonstances aussi lugubres il n'y avait eu qu'une personne qui avait su lui donner envie en dépassant sa tristesse. Et cette personne était aujourd'hui absente.
Le prostitué n'insista pas, retournant simplement se blottir contre son ami.

«Je suis désolé...»

Jimin lui sourit tristement et reposa ses lèvres contre les siennes pour ne pas qu'il s'en veuille. Si quelqu'un avait raison ici, c'était sûrement Tae, après tout.

Devant le logement, les deux hommes en costard s'en allèrent, conscients qu'ils devraient passer la nuit sur place s'ils voulaient les suivre. Alors ils rentrèrent au Q.G.

«Monsieur, on a des nouvelles pour vous.
—Oh? Vous voulez dire que vous êtes enfin utiles ?»

Les deux hommes se regardèrent en échangeant une grimace. Puis l'un s'approcha avec une photo à la main.

«La cible a rencontré cet homme, ce soir. Ils ont mangé ensemble puis sont allés à cette adresse pour y passer la nuit.»

Un sourire illumina le sourire du chef alors qu'il prit la photo. Il n'eut pas besoin de beaucoup de temps pour reconnaître le prostitué. Celui que Kangdae voyait de temps à autre. Il l'avait déjà amené en même temps pour lui montrer l'endroit. Ainsi lui et Jimin se connaissaient et se fréquentaient ? Intéressant. Sans compter qu'ils avaient maintenant l'adresse de cet homme, "V".

«L'étau se resserre, Jungkook...»

Les preuves de la culpabilité du Transporteur affublaient dans la mort de Kangdae. Si certaines personnes savaient où il se trouvait, nul doute que ce serait l'une de ces deux personnes. Et autant l'idole était intouchable en tant que tel de part l'ampleur médiatique que cela pourrait prendre, autant ils avaient maintenant un moyen de pression que ce soit sur l'un ou sur l'autre.

«Bon, et bien allons-y !
—Hein? Où ça ?
—Chez lui, voyons.»

Il tapota sur la photo avec un grand sourire. L'idole normalement en sécurité était cette nuit dans un endroit vulnérable, et Beom-Seok n'avait pas l'intention de louper cette occasion pour lui poser quelques questions.

Les deux mafieux qui suivaient Jimin l'emmenèrent lui et deux autres hommes de main jusqu'en bas de la bâtisse où vivait maintenant Taehyung.

«Allons-y, gentlemen ~ et en silence !»

Arrivés devant la porte deux choix s'offraient à eux: crocheter ou donner un bon gros coup d'épaule. Le bâtiment n'avait pas l'air d'être un immeuble, mais plus une petite maison. Ok, il venait de dire "en silence", et alors ? Beom-Seok siffla l'un des mecs musclés qui défonça la porte.

Jimin et Taehyung dormaient l'un contre l'autre sur le canapé qui était bien assez grand pour deux corps qui se serraient. Pourtant un bruit chaotique les fit sursauter, et ils se redressèrent, ayant à peine le temps de réaliser que la porte à quelques mètres d'eux était ouverte, et que des silhouettes se précipitaient sur eux. Et qu'importe la situation dans laquelle ils se trouvaient, le seul réflexe chez des êtres humains normalement constitués, lorsque des hommes à la carrure de taureaux entrent chez vous par effraction et courent vers vous, est la fuite.

L'idole, qui était sur le bord, fut le premier à se lever et à prendre le poignet de son ami, quand bien même il ne savait lui-même plus comment le considérer. Il le tira, se dirigeant vers la fenêtre, prêt à sauter, priant pour que ce ne soit pas des verres sécurisés comme il pouvait y avoir à l'immeuble BigHit.

Alors qu'il commençait à mettre son bras devant lui pour passer à travers la vitre, un poids le retint en arrière: Taehyung venait de se faire stopper dans sa course. Le brun lâcha sa main, et Jimin passa part la fenêtre, incapable de stopper sa course, remerciant le ciel d'avoir été au rez-de-chaussée.

Alors que son pied rencontra le sol, son genoux flancha et il cria. Les morceaux de verre s'étaient figés dans son corps, dont son genoux maintenant à terre. Des cris derrière lui le firent ramener à la réalité, et il prit sur lui pour se relever et courir vers une destination inconnue.

Mais Tae' était derrière. Ils l'avaient eu. Son cœur battait à 100 à l'heure alors qu'une seule idée le hantait: appeler des secours pour Tae. De l'aide. N'importe quoi.

Il tâta ses poches pour se rendre compte que son téléphone n'y était pas. Il se maudit lui-même alors qu'une image mentale apparut: celle du téléphone confortablement installé sur la table basse.

Mais avant tout, il fallait qu'il s'en sorte. Et il était lent, très lent. Sa course boiteuse ne l'emmena pas bien loin jusqu'à ce que des bras puissants ne le jetèrent en arrière.

Il s'écrasa sur le sol dans un nouveau gémissement avant de se faire soulever et qu'on le force à marcher à nouveau en direction du logement, le tenant beaucoup trop fermement, une main plaquée sur sa bouche. Il ne pouvait plus appeler à l'aide, et même en se débattant, cette paume puante parvenait à rester en place.

On le jeta au sol aux côtés de Tae et lui attacha les mains dans son dos. Il jeta un rapide coup d'œil à son ami et soupira en constatant que, pour l'instant, il n'avait rien. Puis il sursauta en entendant un nouveau bruit, il leva son regard pour constater qu'un mec un peu mieux habillé que les autres venait de frapper des mains et était maintenant en train de se les frotter. Comme si les événements de la soirée l'excitaient.

Au moment où Jimin ouvrit la bouche pour tenter de crier, un morceau de tissu épais se pressa contre ses commissures, étouffant ses appels à l'aide alors qu'à côté, Taehyung se faisait également bâillonner.

«On va faire une petite balade tous ensemble, maintenant, histoire qu'on puisse parler calmement, vous et moi.»

Il ordonna alors aux deux enquêteurs en herbe de rester ici et fouiller la petite maison, et les deux autres les emmenèrent dans la voiture.
On leur banda les yeux, et le véhicule démarra.

L'idole était tendue, il frissonna en sentant quelque chose contre son épaule. Taehyung venait de poser sa tête contre lui. Avait-il peur, lui aussi ? Savait-il ce qui les attendait ? Ou bien était-ce des excuses silencieuses? Jimin posa sa joue contre le sommet de son crâne, le rassurant, malgré son cœur battant, paniqué.

La route lui semblait une éternité. Et à cet instant il regrettait. Il s'en voulait de ne pas avoir écouté Jungkook, s'en voulait de ne pas avoir compris pourquoi Taehyung lui avait dit de lâcher l'affaire. Ils avaient eu peur pour lui, ils ne voulaient pas le mettre plus en danger que ce que leurs simples présences à ses côtés faisaient déjà.

N'était-ce pas paradoxal ? C'était au moment où Jungkook les avait définitivement abandonnés, au moment où ils pensaient que cette histoire ne pouvait plus les atteindre, qu'ils étaient le plus en danger. Ils avaient baissé leur garde trop vite.