5° « Familles de merde »

9 : 05
Ma mère m'a réveillé tôt ce matin pour que je l'aide à nettoyer l'appart. Mon père dort encore et Mikasa est partie à la laverie. Ah, parce que oui, évidemment, comme je l'avais prédit, la machine à laver le linge est également tombée en panne ! Cette chienne.

Notre vie est nulle.

Je nettoie le sol de la cuisine quand mon père y entre pour se faire un café.

Grisha : Bonjour, fils. Ça fait un bail que je ne t'avais pas vu faire le ménage.
Dit-il alors qu'il se prend une tasse dans le placard au dessus du micro-onde.

Oui, le micro-onde a par je-ne-sais quel miracle résisté. Mais vu la chance que notre famille a en ce moment, d'ici deux semaines il aura explosé.

Eren : Maman m'oblige à l'aider alors que je devrais être en train de me reposer les méninges bien tranquillement sous ma couette avant de commencer la rédaction de mon devoir pour jeudi prochain.
Grisha : Pas besoin de beaucoup de méninges pour faire le ménage, fiston. Crois-moi t'es pas en train de te les user, là.
Eren : Ouais, mais j'use mes forces, à la place. Qui fait le ménage à neuf heures du matin aussi !
Grisha : Il faut bien le faire tôt ou tard.

Il sort de la cuisine et me laisse avec pour seule compagnie la serpillère avec laquelle je lave le sol depuis cinq minutes.

Carla : Oh mon Dieu, Eren, laisse tomber le carrelage de la cuisine et va plutôt ranger ta chambre ! C'est désastreux !

J'entends mon père rire dans le couloir alors que ma mère court dans tous les sens avec soit du linge dans les bras, soit un sac poubelle dans une main et des déchets dans l'autre.

Je laisse tomber la serpillère sur le sol et part dans ma chambre constater le désastre. Franchement, elle exagère. Oui, c'est pas rangé, oui il reste des vieux sachets de chips par terre, oui, mon cendrier est renversé et oui j'ai pas changé mes draps depuis trois mois mais c'est pas "désastreux" non plus !

Carla : Ça pue la transpi' ! Eren, je t'en supplie fais quelque chose !
Eren : Rho ça va !

Grâce à ma souplesse révolutionnaire, et surtout mes quatre ans de gym quand j'étais petit, j'arrive à enjamber toutes les fringues qui sont par terre et accéder à la fenêtre pour aérer.

Grisha : C'est un bon début.
Dit mon père qui se tient face à l'entrée de ma chambre, sa tasse de café dans la main droite.

Ma mère passe à côté de lui comme une furie puis revient sur ses pas et le dévisage.

Carla : J'espère que t'apprécies ton café, Grisha. Va faire les courses, maintenant.
Puis elle repartit.

Mon père tire les traits de son visage pour me faire comprendre qu'il ne faut pas flancher et je ricane. Il quitte le couloir pour entrer dans le salon et se préparer à sortir. Mes parents dorment sur le canapé lit du salon depuis qu'ils ont légué leur chambre à Mikasa.
Quand nous étions plus petits, ça ne nous dérangeait pas de partager une chambre mais en grandissant, c'était juste pas possible. On avait besoin d'un minimum d'intimité. Mais on n'a jamais pu déménager et du coup, on se retrouve tous les quatre un peu entassés les uns sur les autres. J'aurais tellement voulu déménager, quand j'étais plus jeune. Aujourd'hui ça me ferait chier, je devrais laisser Armin... Quoique, finalement ce ne serait pas la fin du monde... Ce serait d'ailleurs très sain !

Je me laisse tomber sur mon lit, décidément résolu à ne rien ranger du tout ce matin. J'aimerais bien sortir, d'ailleurs...

J'attrape donc mon téléphone et décide d'envoyer un message à Livai.

Moi
Y'a Doctor Strange qu'est sorti au ciné ça te dit de venir le voir avec moi cette aprem ?

Alors oui, ça fait très rencard mais c'est juste que ces fils de pute de Mikasa et Armin sont allés le voir sans moi hier soir pendant que j'étais coincée dans mon heure de colle.

J'attends quelques minutes sans voir la réponse arriver.

Carla : Eren, tu fais quoi encore à ne rien faire !
Eren : Bah techniquement je ne fais rien.

Ma mère s'empêcha de grogner en se mordant la lèvre.

Carla : Range.

D'un coup, je me lève de mon lit et commence à retirer mes draps. Le ton qu'elle vient d'employer est le ton qu'elle utilise tout le temps avant de péter un câble et de tout casser. Et quand je dis tout casser je parle de me prendre un plumeau sur la gueule ou de ne plus avoir de wifi du tout. Elle l'a déjà débranchée complètement et foutue au micro-onde, une fois.
C'est sûrement pour cette raison que ce dernier ne va pas tarder à exploser, d'ailleurs... Chez nous, ce n'est pas le micro-onde qui fait exploser des objets. Ce sont les objets qui font exploser le micro-onde.

Mon père passe dans ma chambre avant de partir faire les courses.

Grisha : C'était quel livre que tu dois lire pour l'école ?

Je jette ma housse de couette à même le sol avant de lui répondre.

Eren : Dernier jour d'un Condamné de Victor le s.
Grisha : Ça marche.

Juste avant de fermer la porte derrière lui, il revient sur ses pas.

Grisha : Il n'y en a pas un autre que tu voulais avoir ?

Je retire la taie d'oreiller entièrement avant de la jeter avec ma housse de couette.

Grisha : Pour ton propre kiff, je dirais.

Je réfléchis quelques secondes puis réponds finalement assez vite.

Eren : Non, rien, t'en fais pas. J'ai pas d'idées qui me viennent en tête, là. Je t'en reparlerai.
Grisha : D'accord.

Il semble déçu puis ferme la porte. Je m'assois lentement sur mon lit et m'y rallonge.
Ne gaspillons pas l'argent pour rien. Surtout pas pour moi.
Je ne suis rien.

14 : 34
Alors que j'aide à plier le linge avec ma mère qui le repasse, mon portable sonne sur la table du salon. Mikasa, qui est en train de faire les vitres, regarde qui donc est-ce.

Mikasa : C'est Livai.

Ma mère lève les yeux vers moi comme si elle allait trouver quelconque renseignement sur lui dans mon regard.

Eren : C'est un pote de notre classe avec Mika'. Il est nouveau dans le lycée.
Carla : Je vois.

Mikasa me passe mon téléphone et je le dévérouille.

Livai
Est-ce un rencard ?

Moi
T'es con, alors tu viens ?

Livai
J'sais pas j'ai la flemme de bouger

Moi
...
Moi
Tu viens de te lever c'est ça ?

Livai
T'es un marabou mec.

Moi
Des années d'entraînement. Je passe te chercher dans 1h la séance commence à 15h15

Livai
J'ai pas accepté tu sais...

Moi
Je te demande pas ton avis, tu viens.

Livai
T'es qui pour me donner des ordres ?

Moi
Un pote qui veut aller au ciné mais qui veut pas faire le mec forever-alone parce qu'il a pas d'ami

Livai
Tu m'as moi.
Livai
En ami je veux dire

Moi
😘

Livai
Ce smiley n'est pas rassurant.

Moi
Ah bon...

Livai
Oui. Crois moi il n'est pas rassurant.

Je crois surtout qu'il est un peu trop parano...

Je récupère la pile de vêtements que je viens de plier et les amène dans la chambre de ma soeur. Qui d'ailleurs m'a suivi...

Mikasa : Pourquoi il t'a demandé si c'est un rencard ? Qu'est-ce que ce rencard ? Tu lui as vraiment proposé un rencard ? Tu penses pas que ça va pas un petit peu trop vite entre vous, Eren ?
Eren : Ferme ta gueule !

Elle s'arrête de parler sur le champs et se mord les lèvres.

Eren : T'es ouf de crier ça comme ça, dans la maison !
Lui reproché-je en chuchotant.
Eren : Elle va s'imaginer quoi maman, là, si elle a entendu ? Tu peux me le dire ?

Elle baisse la tête et remue les bouts de ses orteils nerveusement sur le sol.

Mikasa : Elle penserait que tu as vraiment un rencard avec un garçon...
Répondit-elle en murmurant si bas que sa voix parut presque inaudible.

Eren : Bien, et maintenant tu peux me dire ce que papa penserait si jamais maman lui raconterait ça ?
Mikasa : Il penserait que tu es gay et il n'accepterait pas que tu aies deux maladies. Parce qu'il pense que l'homosexualité est une maladie...
Eren : Oui. Exactement.

Je fais une pause de quelques secondes durant laquelle elle ne me regarde pas.

Eren : C'est exactement ce qu'il penserait et ce n'est pas envisageable. Tu m'entends ?

Elle hoche la tête silencieusement.

Eren : Ils pensent déjà tous les deux que je suis nymphomane, c'est déjà assez dur pour eux comme ça...
Mikasa : Oui mais tu n'es pas nymphomane !
Me coupa-t-elle. Je soupirai.

Eren : Non. Évidemment que non. Mais je t'ai déjà expliqué que c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour leur faire avaler la pilule.
Mikasa : Oui mais pourquoi pas leur dire la vérité ?
Eren : Pour leur dire quoi exactement ? Que je me prostitue dans mon propre lycée parce qu'ils sont tellement minables comme parents qu'ils ne sont pas capables de récolter assez d'argent à la fin du mois pour garder un frigo rempli tous les jours ?
Mikasa : Tu pourrais travailler au Mcdo comme tout le monde !

Je respire un bon coup d'exaspération.

Eren : Et mes études ? J'en fais quoi ?

Elle détourne une nouvelle fois le regard.

Eren : Dis-moi, quand je pourrais aller travailler au Mcdo avec notre emploi du temps ?

Elle ne répond rien. Elle se contente juste de se retenir de pleurer.

Eren : Que maman travaille au Mcdo ou à n'importe quelle autre caisse au lieu de plier nos fringues. Pas moi.
Conclus-je en quittant sa chambre.

Je vais dans la mienne à la place, et me prépare à sortir.

15 : 02
Il a oublié qu'on allait voir Dr. Strange, ce con, c'est sûr.
Pourquoi tout le monde m'oublie tout le temps...

Je cherche son nom sur l'interphone et une fois trouvé, l'appelle.

Il décroche avec un ton quelque peu soucieux. Bordel, il est vraiment parano. J'ai le don de me trouver des amis spéciaux, moi...

Livai : Allô ?
Eren : T'as pas oublié que tu venais avec moi voir Benedict Cumberbatch, j'espère ?
Livai : Comment t'as eu mon adresse ?
Eren : Je t'ai suivi.
Livai : Hein !
Eren : Calme. J'ai juste demandé à Hanji où t'habitais et voilà.
Livai : Et comment elle a fait Hanji pour savoir mon adresse ?
Eren : Elle a du regarder sur ton carnet de correspondance. Et oui, elle fait ça souvent.
Livai : ...
Eren : Bon, tu comptes descendre à la sortie de la saison 4 de Sherlock ou tu te décides avant ?
Livai : Oui, pardon j'arrive.

Puis il raccroche.

Je l'attends quelques instants contre les boites aux lettres quand je le vois sortir de l'ascenseur juste en train d'enfiler son sweat de se coiffer.

Eren : On va être en retard, espèce de con !
Livai : T'avais qu'à venir me chercher plus tôt aussi !
Eren : Ah donc c'est ma faute ?
Livai : Évidemment !

Une légère impression de déjà-vu me parvient alors.

On court notre vie jusqu'au ciné où nous payons nos places essoufflés.

Eren : J'espère qu'il reste des places au milieu sinon ça sert à rien.
Dis-je alors que je faisais la queue pour mes popcorns.

Livai : Rho ça va !

Une fois achetés, on donne nos tickets à une dame qui nous indique notre salle. Qui est, bien évidemment, celle tout en haut du bâtiment.

Nous voilà donc à courir dans les escalators et les couloirs, comme deux abrutis : Livai derrière moi presque essoufflé et bibi qui tente par dessus tout de ne faire tomber aucun de mes précieux popcorns par terre. Ce qui est immanquablement très périlleux et qui nous retarde beaucoup.

Livai ouvre la porte de la salle 7 et j'entre après lui.

Eren : Ouf, il reste des places au milieu.

Je me dirige donc vers les deux places au milieu de la salle alors que les bandes annonces sont diffusées sur l'écran géant.

Livai : Bordel, tu vois on n'était pas en retard ! Y a toujours quinze minutes de pubs, tu devrais pourtant le savoir !
Eren : Je vais pas tant que ça au cinéma.
Dis-je entre deux bouffées de popcorns.

Livai : Ow, c'est tristounet, ça. Personne ne t'a jamais invité au ciné pour un premier rendez-vous ?
Eren : Non...
Je fais mine de sécher une larme avant de renifler.
Eren : Personne... Pas même toi.

Il pouffe.

Eren : Six euros trente, t'aurais pu m'offrir la place, quand même !
Livai : Bitch, c'est toi qui m'as trainé ici de force !
Eren : Peut-être mais c'est un privilège de pouvoir se vanter de ma compagnie.

Il fronce les sourcils quand un quinquagénaire derrière nous s'exclame à sa femme :

Quinquagénaire : Argh, on était obligé d'avoir des homos devant nous.
Il soupira.
Quinquagénaire : J'vous jure, le monde va mal... Merci Madame Hidalgo !

Mais... Quel rapport ? Et puis cet enculé vient de nous couper direct dans notre délire, là !

Livai se retourne et finit par localiser l'homme en question. Il est assis avec sa femme et ses deux enfants deux rangs au dessus du notre.
Encore de pauvres imbéciles. Conseil : ne jamais faire confiance à quelqu'un qui s'installe au fond de la salle au cinéma.

Sans crier gare, Livai s'écrie alors que la bande annonce de Your Name se diffusait devant nous :

Livai : Eh, Monsieur connard à tête de bâtard, ouais. Toi, là, d'où t'oses dire ça ? Tu nous connaîs même ? Alors tu fermes ta gueule, pauv' con va.
Puis il se rassit, comme si de rien n'était.

Son exclamation me fit redescendre sur terre.
Je fais si gay, que ça ? Entre ce que m'a dit ma sœur ce matin et un total inconnu putain ça fait beaucoup...

Livai me regarde dans les yeux avant de se retourner une nouvelle fois.

Livai : Ah et pour l'information, on n'est pas ensemble. Donc arrête de te créer des ennemis tout seul, enculé.

Les gens devant nous se retournent et on se retrouve avec toute l'attention rivée droit sur nous. Ce que j'ai tendance à détester.

L'homophobe derrière nous se plaint de notre langage on ne peut plus vulgaire et alors que Livai s'apprête à faire demi-tour une nouvelle fois, je lui attrape fermement le bras soudainement.

Il me regarde et mes yeux lui transmettre toute la froideur du monde.
Eren : Laisse tomber.

Mon ton est ferme et ne passe pas par quatre chemins. Je dis peu mais mes yeux parlent bien plus.
Il semble avoir compris et me respecte en se réinstallant dans son siège, face à l'écran.

C'est la première fois de ma vie que je trouve les bandes annonces au ciné aussi longues.

Alors que je me concentre également sur la bande annonce de Star Wars, je remarque que Livai a retourné son visage vers le mien.

Eren : Quoi ?
Lui demandé-je.

Il ne me répond rien et se contente cependant de me chiper mes popcorns quand les lumières s'éteignent lentement et que le film commence.

17 : 34
Eren : T'as vu les effets spéciaux comment ils étaient oufs ! Et Benedict aaaaah il est tellement bien dans ce rôle ; et le chinois olalalah ! Il est génial ! Il me fait un peu penser à La Boule dans Fort-Boyard, j'sais pas si tu vois qui c'est, bref ! C'était trop bien !
Livai : Tu ne serais pas en train de fangirler, là ?
Se moqua-t-il de moi.

Eren : Non. Pas du tout, ma réaction est la réaction que tout le monde devrait avoir après avoir vu ce film.
Lui répondis-je simplement.

Je termine les miettes au fond du carton de popcorns avant de reprendre :
Eren : Bon, il est six heures moins vingts, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Demandé-je après avoir regardé l'heure.

Livai : Je sais pas... T'as pas d'idée ?
Eren : Bof... Y a rien à faire dans ce quartier...

On traverse et je jette le carton dans une poubelle avant de me tourner vers lui.

Eren : Sinon tu viens chez moi mais tu vas te faire chier...

Surtout que c'est le grand nettoyage en ce moment. Donc, à part s'il aime dépoussiérer les meubles et les moquettes – ce qui m'étonnerait fortement – il va vraiment pas s'amuser.

Livai : Je me fais déjà chier chez moi tout seul alors ça va pas changer grand chose...
Eren : Okay.

Je lui souris et le guide jusqu'à mon appart'.

A tes risques et périls, mon cher Livai !

Arrivés, je nous conduis dans ma chambre qui est sans dessus-dessous. Le matelas sur lequel a dormi Armin est toujours debout contre le mur et risque à tout moment de tomber sur mon bureau et de tout casser, mes affaires de cours sont déversées par terre et... OH BORDEL JE VIENS DE RETROUVER MES NIKE !

Livai tire une tête horripilante tandis que Mikasa débarque dans ma chambre comme une furie.

Mikasa : MAMAN ! EREN EST RENTRÉ !!!
Eren : Crie pas comme ça, Mika...

Elle me prend dans ses bras et me murmure à l'oreille :
Mikasa : T'as de la chance d'avoir ramené de la compagnie sinon maman te serait tombée dessus.

Elle se détache de moi sans pour autant arrêter de chuchoter.
Mikasa : T'es parti sans même avoir rangé un minimum ta chambre.
Eren : J'ai enlevé les draps de mon lit quand même !
Mikasa : Oui, bah justement. Ça a foutu encore plus le bordel !

Ma mère débarque devant l'embrasure de la porte.

Eren : Maman, un ami à moi, Livai. Il reste cette aprem ici parce qu'il se faisait chier et moi aussi. Livai, voici Mikasa que tu as déjà dû voir, elle est dans notre classe. C'est ma soeur adoptive. Voilà.
Présenté-je tout le monde alors que je ramassais ma Nike.

Putain, je trouve pas l'autre...

Ma mère salue Livai avant de repartir dans la cuisine. Je décide de la rejoindre.

Eren : Maman...
Carla : Que ce soit bien clair, mon petit Eren.
Commença-t-elle en me pointant une cuillère en bois sous le pif.

Carla : Quand je te demande de m'aider à nettoyer, tu nettoies. Et tu ne sors pas à l'improviste.
Eren : J'ai seize ans, j'ai bien le droit de vivre ma vie...
Carla : Là n'est pas le problème, mon garçon. (Elle fit une pause.) Tu as été très égoïste, aujourd'hui.

Elle retourne à la vaisselle et je me retiens de ne pas soupirer.

Je rentre dans ma chambre. Je fais toujours tellement tout pour les autres que quand je pense à moi rien qu'une seule petite fois, ils me le reprochent.
Quelle hypocrite mauvaise foi.

Mikasa : Eren, t'as préféré aller au ciné avec lui plutôt qu'avec moi ?!
Eren : T'avais déjà vu le film, connasse !

Elle tape des pieds avant de quitter la pièce.

Eren : Désolé, c'est un peu le bordel...
Dis-je légèrement gêné en m'asseyant sur son lit.

Livai : C'est pas un bordel là, c'est une déchetterie, j'sais pas !
Eren : T'as qu'à nettoyer si t'es pas content.
Livai : Vraiment ? Je peux ?
Eren : Euuh...
Livai : Okay, alors, let's go. Toi tu t'occupes des trucs qu'il y a par terre moi je m'occupe de la poussière et du lit allez go Eren, bouge ton jolie cul du ton matelas et range tes fringues.
Eren : Tu me mates ?
Renchéris-je du tac-au-tac, très provocateur.

Livai : Tu n'imagines pas à quel point.
Répondit-il sur le même ton.

Je me relève donc mollement de mon lit et commence à ramasser les fringues qui sont par terre.

Eren : Le ménage c'est chiant et de toute façon, il y aura de nouveau des vêtements par terre ce soir alors pourquoi on se prend la tête ?

Je devrais me racheter une corbeille à linge sale. La mienne est pétée...
J'entends Livai ricaner derrière moi alors que je suis parti déposer le linge sale dans la salle de bain.

Eren : Pourquoi tu ris ?
Demandé-je en revenant.

Livai : Rien, laisse tomber.
Il pouffa.

Eren : Nan mais dis.
Livai : Non.
Eren : Pourquoi ?
Je croise les bras contre mon torse.

Livai : Tu vas me prendre pour un pervers.
Eren : Je te prends déjà pour un pervers.
Livai : Raison de plus. Allez, range.

Je déteste les gens comme ça.
Je le déteste, qu'est-ce qu'il fout chez moi bordel de merde ?!

Je râle et... OH MERDE OUI MA DEUXIEME NIKE !
ÇA A DU BON DE RANGER AH UI UI LE MÉNAGE C'EST FANTASTIQUE !

Une fois ma paire de baskets rangée dans mon armoire, je soupire et me tourne vers Livai. J'ai aucune envie de ranger maintenant...

Eren : Nan mais on va pas ranger pour de vrai, si ?
Livai : C'est ça ou je m'en vais.
Eren : Bah va t'en alors. J'aime bien quand c'est le bordel dans ma chambre.

Sur ces mots, il tourne les talons et sort de la pièce.

Merde. Il se casse vraiment. Et s'il se casse vraiment ma mâchoire aussi va être cassée tellement la gifle de ma mère sera violente. J'ai pas fait mes devoirs non plus. En bref j'ai rien fait du tout et ça l'énerve plus qu'autre chose.

Eren : Non Livai attends, je le pensais pas, reste !

Je lui retiens le bras et lui souris avec une voix mignonne et lui supplie presque de rester.
Eren : S'il te plaît ? Ma mère va encore me faire la morale sur le fait que je suis allé au ciné au lieu de faire mes devoirs et j'ai pas envie...
Livai : Mets-toi à genoux et supplie moi.
Eren : Là, par contre t'as trop cru.
Livai : Je m'en vais alors !
Eren : Et si je te fais un bisou ?

Il hausse les sourcils et me regarde l'air de dire "what the fuck brooo" puis finit par rire.

Livai : Bon, ok, je reste. Mais parce que j'ai rien d'autre à faire.
Eren : Merci infiniment !

Sans le savoir, tu viens de raccourcir l'engueulade que je vais avoir ce soir avec mes parents, Livai. Je t'en remercie sincèrement. C'est toujours quelques heures de gagnées.

On revient dans ma chambre et je me jette sur mon lit.

Eren : Tu veux faire un jeu ? J'ai Assassin's Creed...
Livai : Humm nan.
Répondit-il alors qu'il plie un de mes t-shirts qu'était par terre. Je te jure, ce gosse.

Soudain, un éclair de génie me frappa en pleine tête, Zeus en voulait ainsi :
Eren : OH ! Viens on joue à Five Nights At Freddy's !
Livai : C'est quoi ?

18 : 21
Livai : AAAAAAAH MAIS C'EST HORRIBLE TON JEU, VAS-Y DÉGAGE !!!

Il me pousse et se relève en faisant presque tomber l'ordi du lit.

Je ris comme je n'ai pas ri depuis longtemps – je dois sûrement ressembler à une vieille hyène hystérique, ça fait plaiz – tandis qu'il reste figé debout, les poils hérissés.

Eren : Mec, tu m'as fait plus peur que le jumpscare lui-même !
Me moqué-je de lui.

Livai : Ton jeu... Je sais pas comment le décrire mais je l'aime pas.
Eren : Arrête c'est trop bien !
Livai : Non c'est nul ! T'es enfermé dans une cabine la nuit dans une pizzeria et t'as des robots qui viennent t'engueuler si tu fermes pas les portes !

Et je repars dans mon rire diabolique de sorcière défoncée de plus belle. Un peu comme Undertaker dans Black Butler, vous voyez...

Eren : Allez, on la refait !
Livai : NON.
Eren : Mais on est qu'à la nuit 3 !
Livai : Y'a combien de nuit ?
Eren : Sept.
Livai : Mais y'a marqué cinq dans le titre !
Eren : Oui mais y'en a sept.
Livai : Pourquoi ils disent qu'il y en a cinq alors qu'il y en a sept ?!
Eren : Parce queeeee... Les américains et les chiffres... c'est pas...
Livai : Okay c'est bon j'ai compris.

Il s'assoit à côté de moi et cette fois-ci, c'est moi qui joue.

Je meurs dés le début comme une merde parce que je pensais à autre chose.

Livai se moque de moi et je lui jette mon oeiller sur la gueule pour qu'il la ferme.

Il me le renvoie et me fait perdre ma game encore une fois. Sans faire exprès, l'oreiller tombe sur l'ordi qui tombe lui-même par terre.

Eren : FREDDY ! NON !

Je le ramasse et vérifie s'il n'a rien de casser.

Eren : Reste avec moi, ne m'abandonne pas maintenant...

Livai rit nerveusement alors que l'ordi se rallume correctement.

Eren : C'est bon, il marche. Je vais pouvoir recommencer ma quatrième nuit.
Livai : Désolé...
Eren : T'inquiète. Regarde, il est même pas cassé.

C'est que c'est un petit dur à cuire, mon Freddy.

Livai mange un biscuit quand le screamer du jeu nous surprend tous les deux en même temps. Il en crache presque son BN, justement. Ce qui a le don de me faire éclater de rire.

19 : 59
Eren : T'es sûr que tu veux pas rester manger ?
Livai : Merci, mais mon oncle doit sûrement m'attendre avec une Pastaboxe dans les mains, à l'heure qu'il est.
Eren : Okay, haha... Rentre bien !
Livai : T'inquiète.

Je ferme la porte d'entrée et ma mère m'appelle pour passer à table.

Je m'assois en face de Mikasa, comme tous les soirs et elle se sert la première.

Mon père, en bout de table, se sert un verre de vin et ma mère s'assoit lourdement sur sa chaise de fatigue.

Mika me passe la salade de pâtes après s'être servie mais je décline l'offre poliment.

Un silence envahit chaque recoin de la pièce, seulement comblé par les petits crissements des couverts sur les assiettes.

Grisha : Tu n'as pas faim, Eren ?
Eren : Non, je crois que j'ai mangé trop de BN.

Ma mère récupère la bouteille de vin et se sert un verre.

Carla : C'est mauvais pour la santé de manger trop de gâteaux industriels.
Me reprocha-t-elle froidement.

Mikasa mange sa salade silencieusement et mon père entame son steak.

C'est terriblement ennuyant et silencieux. C'est affreusement tendu et je n'en sais même pas la raison. J'ai l'habitude des repas familiaux ratés et froids. Mais celui-ci fout trop le cafard.

Eren : Pourquoi si tendu, ce soir ?
Carla : Ferme-la, Eren. Veux-tu ?

Ah. D'accord.

Mikasa me regarde désolée et termine son assiette.

C'est insoutenable.
Je sais qu'on a tous des familles de merde et que la vie n'est facile pour personne. Mais la notre est si déprimée, ça fait presque pitié.

____

:)

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