Début de soirée
Baskets noirs compensées sans lacets, chaussettes blanches légèrement visible sous son pantalon noir taillé, chemise blanche repassé sous un gilet aux manches noir et au tronc à carreau rouge, noir et jaune. Seuls les piercings aux oreilles, au nombre de six, révélaient l'étendu de sa transformation. Le menton haut, le sourire en coin était aussi annonciateur d'une personnalité moins lisse et propre que la tenue ne laissait présager.
Pour Felix qui connaissait l'énergumène qui lui servait de petit-ami il savait que la transformation était radicale. Bien loin de ses jeans troués, ses baskets jamais lassées et ayant connu des jours meilleurs ou de ses hauts à l'effigie de rock, scène trash ou autres imageries qui agressaient la vue. Felix ne trouvait rien à redire pour l'une des tenues comme pour l'autre, c'était seulement deux styles diamétralement opposés.
Mon dieu même ses cheveux étaient coiffés en une frange et non plus ébouriffé et rebiquant comme s'ils n'avaient jamais vu un peigne de leur vie ! A croire qu'il lui avait volé son style. C'était déroutant, il avait devant lui son petit-ami de tous les jours et en même temps il découvrait une nouvelle facette de lui, et d'un autre côté c'était touchant. Il comprenait l'importance que cette rencontre avait pour lui et souhaitait faire bonne impression pour lui faire plaisir.
Il n'eut que quelques secondes pour penser tout cela avant que n'accourent les enfants. Mais ce n'était pas le père noël alors ils se désintéressèrent aussitôt et retournèrent à leur décoration de sablés. Les adultes suivirent et eux restèrent plus longtemps. Si son petit-ami voulait faire bonne impression, l'inverse était tout aussi vrai si bien que le large hall fut bientôt comblé de parents, grands-parents, sœurs, oncles, tantes, cousins et cousines. Une impressionnante ribambelle aussi bruyante que chaleureuse.
-Minho ! Enfin nous avons l'honneur de te rencontrer ! Tonitrua son père en sortant du lot avec sa mère.
Madame Lee le prit dans ses bras pour une étreinte maternelle. Il y avait toujours la musique en fond, les enfants qui jouaient et les chuchotis du reste de la famille. C'était le plus silencieux que la maisonnée serait de la soirée. Tous attendaient le verdict des parents par respect pour eux. Sa mère tenait maintenant Minho par les épaules, à bout de bras pour l'examiner comme une mère le ferait à son propre enfant après une longue séparation, s'assurant visuellement qu'il était bien nourri et n'était blessé nulle part.
-Maman..., intervint Felix en souriant.
Il voulait éviter toute gêne à Minho et en même temps était heureux que ses parents agissent de la même manière qu'avec les petits-amis qu'avaient ramené ses sœurs. Déjà qu'il n'avait pas pu empêcher le câlin et ne pourrait en empêcher aucun des autres, tout comme les embrassades... Mais Minho n'avait pas l'air plus dérangé que cela. Son sourire en coin s'était transformé en un poli sourire alors qu'il s'inclinait à 90° pour montrer son respect aux personnes plus âgées que lui.
-Enchanté de vous rencontrer madame. De même monsieur.
Notable effort de son petit-ami qui n'était pas un fana du respect à outrance que l'on offrait naturellement aux seniors en Corée du Sud. Un petit compliment sur la décoration ou la beauté de ses enfants aurait été tiptop mais il ne fallait pas trop demander non plus.
-Tu n'as pas froid ? Tu aurais pu garder ton manteau un peu plus longtemps ! Entre te réchauffer. La route était bonne ?
A partir de cet instant tout s'accéléra. Tout le monde se poussa avec camaraderie pour dire bonjour à celui qui avait reçu l'aval des parents. Felix fut repoussé dans le fond de la mêlé, secoué par l'énergie débordante de sa famille. Il ne put plus voir son petit-ami, assaillit par sa famille. Il entendait les compliments et les questions qui s'enchainaient sans attendre de réponse encore, démontrant juste de l'intérêt pour le nouveau membre de la famille.
Cet assaut chaleureux était bien représentatif de sa famille et devait être formidable. Tous ces baisers, ces étreintes, ces mains dans les cheveux, ces marques d'affections spontanées qui réchauffaient les cœurs. Felix aurait aimé être à la place de Minho tant il aimait le contact physique mais il était heureux que son petit-ami bénéficie d'un tel accueil.
-Tu le sors pas de là ? S'enquit sa sœur ainée qui venait de sortir de la masse, la robe de travers et son serre-tête renne de noël autour du cou écrasant le flot qui s'y trouvait déjà.
-Tu penses que je serais écouté ?
Ils échangèrent un sourire complice. Aucune chance, cela ne valait même pas la peine de perdre son temps à essayer.
Rejoint par le partenaire de longue date de son ainée au flot bleue indentique, ils regardèrent leur famille aimante et aimée avec le sourire aux lèvres. L'une se rappelait les fois où cela avait été son petit.e ami.e à la place du nouveau venu et plus précisément la dernière fois, il y a quelques années déjà, où elle avait présenté son partenaire actuel. Le jeune homme à ses côtés se souvenait de ces fous bienheureux qui l'avaient étouffé d'amour sans prévenir. Felix était content que cela lui arrive enfin.
-Tu l'as pas épargné, dit son beau-frère. Tu le présentes directement à la famille au grand complet.
-C'est vrai, renchérit sa sœur, tu nous as même pas laissé le bénéfice de le connaitre en premier.
-Il à la peau dure, il va survivre.
Il était aux anges. Il se faisait charrier gentiment par sa famille sur son petit-ami lors de son jours préféré de l'année. Lui qui avait toujours était plutôt casanier tant il aimait sa famille et qu'elle était très soudée, était heureux de pouvoir la faire découvrir au premier garçon avec lequel une histoire sérieuse se construisait. C'était le mélange de ses deux univers favoris pour la plus réelle des utopies.
-Ne restons pas planté là, où sont nos bonnes manières ? On sera mieux autour d'un verre dans la salle à manger !
Comme d'un seul homme, la proposition fut acceptée et la masse familiale migra dans la salle à manger. Seul restait les enfants revenus, tout excités par le remue-ménage, qui continuaient de s'accrocher aux bras et aux jambes de l'inconnu.
Sa sœur s'éclipsa en riant, emportant avec elle son partenaire. N'ayant pas bougé du pas de la porte depuis son arrivée dix minutes plus tôt, Minho était pourtant transformé. Manteau et écharpe disparut de sa personne, chemise ressortant maintenant de son pantalon, gilet de travers, le rouge aux joues et quelques piercings emmêlés. Son petit-ami le regardait avec de gros yeux tout en fronçant les sourcils, à bout de souffle comme en témoignaient les mouvements de sa cage thoracique et la bouche ouverte les lèvres retroussées. Il avait tout de l'accoutrement et de l'allure d'un survivant de catastrophe naturelle.
Les enfants riant de sa grimace, et lui aussi d'ailleurs, il vit Minho reprendre un visage plus présentable. Sachant que sa famille aller rappliquer si le couple fard de ce début de soirée n'arrivait pas rapidement, il fit débarrasser le plancher aux plus jeunes ce qui laissa le temps à Minho de retrouver une allure présentable puis le prit par la main pour le faire entrer dans la salle à manger.
Les deux places libres qu'il restait étaient en face à face. Les verres étaient rechargés en alcool et la mère de Felix avec sa tante et ses sœurs déposaient les premiers plats d'hors-d'œuvre. Felix n'avait d'yeux que pour Minho et ses réactions. N'étaient-ce pas joliment décoré ? Que remarquerait-il en premier ? Mais celui-ci n'eut pas le temps d'admirer la décoration que déjà on lui demandait ce qu'il voulait boire.
La table était conviviale et il y avait une guirlande entourée autour du lustre. Felix avait envie de lui désigner le comptoir de la cuisine où une lanterne enneigée était allumée et qu'il avait peinte lui-même. Ou les bouquets de boule de noël suspendu au plafond à égal distance du lustre. Ou encore le rangement luge conduit par le père noël. Ou bien les couronnes de noël dispersaient sur tous les murs parce que c'était la décoration préférée de sa mère...
Il voulait qu'il voie toute la beauté que lui voyait. Cette maison qui n'était jamais si jolie à ses yeux que le dernier mois de l'année.
-Trinquons à ce nouveau réveillon tous ensemble et à l'arrivée de Minho dans la famille ! Santé !
-Santé !
Il aurait été un peu abuser de faire s'entrechoquer tous les verres vu la vingtaine de personne autour de cette immense table alors chacun leva son verre bien haut. Felix vit Minho lever avec un petit train de retard, surement car il attendait de voir pour imiter. Il lui tendit son verre alors que tout le monde les abaissait, pour qu'ils trinquent plus personnellement, ou pour lui envoyer un signe qu'il avait remarqué ce léger décalage comme preuve de son stress. Stress légitime soit dit en passant mais pour autant pas coutumier du personnage.
-Alors Minho parle-nous un peu de toi, demanda monsieur Lee d'une voix qui recouvrit celles des autres.
-Oui, lix ne nous a rien dévoilé à ton sujet mis à part ton prénom et votre statut ! Tu sais qu'il ne savait même pas si tu avais des allergies ! J'ai prévu des fruits de mer, tu n'es pas allergique au moins ?
-C'est vrai que tu as hésité à les enlever du menu ! Comment j'aurais pu survivre sans tes coquilles Saint-Jacques ! S'exclama une femme d'une cinquantaine d'année sur le côté gauche de la table.
-Maman..., geignit Felix en même temps, gêné que cette information soit révélée.
Ce n'était pas qu'il n'avait pas voulu mais...
-Je ne suis allergique à rien.
-Tant mieux tant mieux. Es-tu catholique ?
-Oui madame.
Sur le visage de madame Lee se dessinait une satisfaction profonde. Là était bien le seul fait primordial qu'elle voulait savoir sur son nouveau gendre savait Felix. Toute sa famille était très croyante et personne n'avait jamais tenté de ramener un non-croyant ou fidèle d'une autre religion. Du moins il n'en avait pas le souvenir. Tout comme il savait que Minho n'était pas pratiquant. Le temps que sa mère s'en tenait là et ne lui demandait pas de dire les félicités (ce qu'elle ne ferait pas ce rôle revenait à leur grand-père) alors Minho était sauf.
-Quel est ton nom de baptême ?
-Thomas.
La mère acquiesça et se renversa sur son siège se mettant en retrait pour laisser son tour à son mari.
-Tu es étudiant comme Felix ? Qu'est-ce que tu étudies ?
-La philosophie monsieur. Pour devenir professeur.
... Ce n'était pas tout à fait juste. A moins que Minho ait eut une illumination soudaine sur le chemin pour venir jusqu'ici il étudiait la philosophie parce que c'était un domaine qu'il aimait cependant il n'avait pas d'idée arrêté sur le métier qu'il voudrait faire par la suite. Il voulait faire un master pour être étudiant le plus longtemps possible car c'était le moment le plus libre de sa vie trouvait-il puis il envisagerait plutôt d'écrire des essaies ou de renseigner sur les courants de pensées dans les arts pour replacer une œuvre dans son époque. Des métiers plus artistiques qui allait mieux avec l'électron libre qu'il était.
Les adultes parurent impressionnés et pour faire bonne mesure posèrent quelques questions. Cependant ils épuisèrent vite ce sujet qu'ils maitrisaient mal, le sujet dévia.
-Quel est ton nom de famille ? Demanda un oncle.
-Lee. Monsieur.
Felix qui l'observait autant qu'il observait sa famille pour voir comment était perçu les premiers rapports, s'amusait de l'entendre donner du « monsieur » et « madame » à tour de bras.
Il faisait bon dans la pièce. Il avait vu sa tante baisser le chauffage derrière elle et elle avait bien raison. Toute la famille rassemblée là donnait bien générait bien assez de chaleur.
La table était recouverte d'assiettes et de plats proposant des toasts de saumon, de guacamole, de terrine, mais aussi des verrines avec coulis de fruits et craquelure de spéculos, du pâté en croute fait maison (comme tout le reste d'ailleurs), des rouleaux de saucisses et pâte feuilletées, des rouleaux de jambon au fromage etc. On se servait en discutant sans craindre de ne plus avoir de place pour le plat, les conversations se mélangeaient même si beaucoup de l'attention générale était sur Minho. Felix aimait ces voix qui se portaient dans l'espace et se brouillaient rendant incapable de suivre une seule conversation à la fois.
C'était chaleureux à souhait. Les enfants qui avaient leurs propres jus de fruit dans le salon avec leurs curly et monster munch mais qui revenaient, chacun à intervalle régulier, pour parler ou câliner leurs parents. Certains adultes se levaient parfois pour voir comment cela se passait de l'autre côté et peut-être aussi profiter de l'air plus frais d'une pièce moins surchargée. Felix aurait fait cela aussi si son petit-ami n'était pas le centre de l'attention. Il ne voulait rien louper de leurs échanges même s'il adorait passer du temps avec ses petits-cousins pour les divertir et les écouter s'exciter de l'approche du père-noël, des plans qu'ils avaient mis en place pour le voir et de ce qu'ils avaient mis sur leur liste. Cela lui rappelait sa propre enfance et il adorait cette douce sensation de nostalgie.
-Lee... De quelle branche ? (En Corée il y a peu de noms de famille alors il y en a toujours un pour connaitre une personne du même nom que son interlocuteur).
-Gimpo.
Certains visages s'illuminèrent, ce fut à celui qui termina le plus rapidement sa bouchée ou mit un terme le plus rapidement à la conversation qu'iel entretenait avec un.e autre tout en écoutant celle-ci. L'oncle fut le plus vif puisqu'il était celui qui avait posé la question. Des prénoms associés aux Lee de Gimpo fusèrent. Minho les connaissaient-ils ? Etaient-ils de la même famille ? Felix se demandait s'il leur disait oui pour leur faire plaisir ou parce qu'ils étaient vraiment de la même famille.
Il ne pensait pas à cela méchamment, mais comme il avait arrangé la vérité sur son futur métier, il se disait qu'il pouvait très bien faire de même dans ce cas de figure-ci. Minho n'était pas du genre menteur mais Felix comprenait la légère pression qu'il devait ressentir à vouloir faire bonne impression à sa belle-famille. Citer un métier prestigieux n'engageait à rien sur l'avenir mais rassurait les parents du sérieux de la personne avec qui leur enfant s'engageait. Se faire bien voir lors de la première rencontre était primordial.
-Et niveau loisir, qu'est-ce que tu fais de ton temps libre ?
-J'aime écouter les vieux vinyles alors je passe mon temps à en chercher et j'aime cuisiner.
Les voix s'amenuisèrent laissant flotter cette note dissonante dans l'air. Les regards convergèrent vers l'intrus. Ce n'était pas vraiment comme si le silence était complet, certaines discussions se poursuivaient mais à voix basses, on entendait les enfants rire et les voix du noël de Winnie l'ourson se mélanger avec celle d'Alexander Stewart interprétant Don't give your heart away for christmas.
A croire que Minho venait de dire que c'était lui qui avait crucifié Jésus. Une absurdité si grosse qu'elle mettait en doute la sanité du discourant. Pour la première fois Minho se tourna pour croiser le regard du seul qu'il savait de son côté. Perplexe il cherchait ses réponses chez Felix. Celui-ci n'eut pas le temps de répondre à son angoisse qu'un bruit sourd les fit tous sursauter.
-Eh bien ! Comme vous êtes deux hommes il faut bien qu'il y en ait un qui fasse la bouillasse !
Le père tapa encore plusieurs fois sur la table du plat de sa main en riant comme à la plus hilarante blague du monde. Les autres membres de la famille suivirent plus par soulagement à cette réponse que par réel fendage de poire. Felix rit doucement lui aussi. Un étirement de la bouche et un léger filet d'air s'échappant de ses poumons, content que la situation se soit désamorcée d'elle-même.
Il osa un rapide regard vers Minho qui se contentait d'un sourire pincé qui pouvait prétendre à de la politesse face à une blague que l'on n'avait pas comprise. Felix chercha désespérément un moyen de détourner la conversation de la cuisine mais sous le stress son cerveau resta hermétiquement vide. En désespoir de cause il chercha de l'aide auprès de ses sœurs. Trop tard, la conversation se poursuivait déjà :
-C'est très louable de ta part mais rien ne vaut une femme derrière les fourneaux !
-Je ferais de plus grosses portions à Felix pour qu'il t'en passe, proposa sa mère pleine de bonne volonté. Tu en penses quoi chéri ? Tu penseras à les lui donner ?
-Bien sûr.
-Et puis avec les restaurants qui livrent à domicile maintenant, c'est plus facile de bien manger sans avoir à cuisiner, enchérit Minho pour s'accorder à leurs violons.
Les adultes abondèrent dans son sens et sa bêtise d'aimer cuisiner sembla oubliée. Néanmoins on le laissa tranquille, comme si par ces quelques questions ils savaient déjà tout de lui. L'humeur de Felix s'était ternie. Il y avait maintenant comme une tâche sur son tableau parfait de sa soirée parfaite.
-Tu peux me passer le pâté en croûte ? Demanda-t-il à l'oncle à côté de lui. Merci.
Ayant maintenant le plat en main il en prit une tranche pour la déposer dans l'assiette de son petit-ami.
-C'est ma mère qui l'a fait, elle cuisine très bien.
Son ton était contrit sachant que cette excuse ne pardonnait pas le comportement de tous les males de la famille. Et même des femmes. Il s'en prit lui-même une tranche et fit tourner vers ses cousins.
Ils étaient tous adultes autour de la table cependant il y avait tout de même un certain ordre que Minho et Felix délimitaient. D'une part tous les adultes et de l'autre ceux qui resteraient à jamais leurs enfants qu'importe leurs âges. Le couple était placé au centre pour que tout le monde puisse entendre Minho quand une question lui serait posée.
Le voyant manger le pâté en croûte et en complimenter la saveur, Felix fut un peu rassénéré. Finalement la tâche ne devait pas être si grosse, Minho savait que les générations avant eux n'étaient pas aussi égalitaire et qu'en rien cela représentait sa vision des choses à lui, son petit-ami. Soudain il n'eut plus autant honte de l'étroitesse d'esprit de sa famille. Etroitesse qu'il n'avait jamais remis en question avant la présentation avec son petit-ami. Parce que Minho était plus intolérant de ce côté-là et qu'en entendant des propos tel que sa famille venait de tenir il n'hésitait pas à ouvrir sa bouche pour éduquer. Pour son ainé si on ne les secouait pas un peu les mentalités ne pourraient jamais changer.
Oui mais voilà c'était sa belle-famille alors il se montrait indulgent et puis ils acceptaient les homosexuels c'était bien que tout n'était pas tout noir ou tout blanc, non ? Se satisfaisant de ces pensées qu'il attribuait à son vis-à-vis le cours de la soirée reprit pour Felix comme la soirée conviviale, chaleureuse et magique qu'il aimait que le réveillon soit.
Il but un peu de sa bière tout en remarquant que son petit-ami, comme il n'était pas pris par une conversation, en profitait pour regarder la décoration. Ses doigts pliaient distraitement une malheureuse paillette en forme de renne. Son visage s'illumina.
-C'est joli, pas vrai ?
Avant qu'il n'ait pu recevoir de réponse, sa sœur cadette s'immisça entre eux.
-Tu sais que jusqu'à ce soir Livie et moi on était persuadé que tu étais imaginaire ? On pensait que Felix inventerait un empêchement ou trop de neige par chez toi pour que tu puisses venir.
-C'est vrai ! Confirma Olivia qui avait entendu deux places plus loin et ne se privait pas d'une occasion d'embarrasser sa fratrie. A part ton prénom et que t'étais dans la même université que lui il a jamais rien voulu nous dire de plus.
-Pourtant c'est pas un cachotier. Mais toi tu pourras peut-être nous en apprendre davantage ! Comment vous vous êtes rencontrés ?
-En début d'année alors que quelques camarades et moi on présentait l'option philosophie que les autres cursus pouvaient prendre. Il a posé pas mal de question, il paraissait intéressé alors j'ai cru qu'il s'inscrirait. Je l'ai recroisé quelques semaines plus tard et je lui ai demandé comment se passait les cours. Finalement il avait porté son choix sur une autre option.
Alors que ses sœurs profitaient de son petit-ami plus bavard pour satisfaire leur curiosité, Felix le regardait intensément sans rien entendre de ce qui se disait. Faux ! Faux ! Faux ! Criait son cerveau. Ce n'était pas ainsi que c'était joué leur rencontre.
Ils s'étaient rencontrés en boite, réservé pour la soirée d'intégration de sa promo. C'était la première fois qu'il pouvait boire sans craindre que ses parents ne sentent l'alcool sur ses vêtements alors sans vraiment penser aux conséquences il avait bu comme si ce n'était que de l'eau. Minho aussi avait bu mais il avait plus d'expérience, il était gai mais pas soul. Pensant avoir un trouver camarade de beuverie ils s'étaient amusés, Felix passant la meilleure soirée de sa vie, sans réaliser que Minho derrière ses airs désinhibés gardait un œil sur lui.
Cela restait sa meilleure soirée, peut-être parce qu'elle était symbolique de beaucoup ? Sa rencontre avec son petit-ami actuel tout d'abord, puis sa première cuite ou encore sa première « vrai » fête, bien différente de ces soirées avec ses amis catholiques où l'alcool se résumait à quelques bières piquées en cachette et le stress mal camouflé de se faire pincer par leurs parents. Deux mondes différents et un léger goût d'interdit sur ses lèvres. Minho avait raison de mentir, ses parents ne pouvaient pas savoir la véritable histoire de leur rencontre ils en feraient une syncope.
Et puis ce n'était pas tout à fait faux. Leur seconde rencontre avait bien eu lieu dans l'amphi lors de la présentation de l'option philosophie. Minho était assis en tailleur sur le bureau du professeur qui l'avait chassé avec une exaspération qui masquait mal son amusement face à cet élève qu'il appréciait. Ne faisant pas partie du groupe présentant l'option il avait pris le chemin de la sortie avant de bifurquer pour s'asseoir à côté de Felix quand il l'eut reconnu. Ils avaient beaucoup discuté même après que les amis de Minho soient partis. Être inattentif au cours avait redonné à Felix ce goût d'interdit. Il avait certainement dû lui poser beaucoup de question ce jour-là mais il se souvenait surtout à quel point il était impressionné qu'un troisième année lui accorde de l'intérêt. Il reconnaissait maintenant qu'à cette époque il était encore bien naïf et innocent. Son année loin du foyer protecteur et la présence d'autres personnes de son âge moins lisses et sages que l'environnement auquel il était habitué l'avait fait gagner en maturité.
Cependant ce n'était pas de cela dont il était question mais de la manière dont Minho arrangeait la vérité. Couplé à son style beaucoup plus soigné Felix se demandait s'il n'avait pas mis trop de pression sur la bonne impression que Minho devait faire à ce réveillon. C'était-il montré trop catégorique ?
En plus sa famille donnait raison à Minho puisque la seule fois où il n'avait pas menti, il avait fait un impair.
Il avait simplement souhaité intégrer Minho dans son univers familial, que toutes les personnes qu'il aime le plus soient rassemblées sous un même toit mais Olivia n'avait-elle pas raison ? Aurait-il dû attendre une fête moins importante ? Un cadre plus restreint pour faire les présentations ? Et Minho qu'il avait arraché à sa famille pour passer une fête familiale avec des inconnus où il devait à tout prix faire bonne impression parce que c'était ce qu'il croyait que Felix attendait de lui... Qu'il s'obligeait à réarranger leur histoire et à lisser sa personnalité...
Plus il y pensait moins la tâche lui paraissait superficielle et minuscule.
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