{Tu appelles ça un baiser}

Le calme est revenu sur la place. Des corps et du sang jonchent les pavés et une ambiance morose règne dans l'air. Les combats ont fini il y a quelques minutes tout le monde est sous le choc. Ces débuts de jeux ont été très violents pour tout le monde et j'ai toujours la nausée. Harry me frotte le dos gentiment pour me rassurer mais j'ai encore du mal à avaler le fait que je viens de tuer 2 garçons de mon âge. Il me répète que c'était soit eux soit moi mais la culpabilité me reste en travers de la gorge.

- Où est Zayn ?

C'est Gigi qui vient de crier. C'est là que je me rends compte qu'effectivement, tout le monde est présent appart le pakistanais. La peur m'envahit et je me relève d'un bond pour vérifier les cadavres qui nous entourent.

Heureusement il n'est pas parmi eux, alors où peut-il bien être ! Les autres font signe à la jeune fille qu'ils ne l'ont pas vu non plus et elle blêmit. Je pose ma main sur son épaule pour la rassurer et lui dis qu'on va le trouver puisqu'il n'est pas mort ici.

Chacun s'équipe d'un sac à dos et de différentes armes. Mon sac a l'air assez bien rempli, ce qui est intéressant et je prends le glaive et que j'ai utilisé tout à l'heure ainsi qu'une série de petits couteaux que j'attache à ma taille.

Je vois Harry qui a trouvé un katana, à son plus grand bonheur et qui l'essaye en donnant des coups dans le vide. Il a une hachette accrochée en plus à la taille et ce côté aventurier le rend encore plus séduisant. 

J'espère que notre relation restera la pareille même si on est dans l'arène parce que j'ai vraiment besoin de quelqu'un pour ne pas sombrer dans la folie d'ici.

- On peut essayer d'aller voir par-là , dit Niall en désignant une rue entre deux buildings. 

D'après ce que j'ai vu depuis le début, on se trouve dans une ville abandonnée. Je ne sais pas ce que les Hauts Juges ont imaginé comme pièges dans cet endroit sordide mais je me doute que ce sera quand on s'y attendra le moins.

On se met en marche en essayant de regarder partout pour trouver notre ami. On arrive à l'entrée de la rue quand j'entends Harry nous dire de nous arrêter. On se stop tous d'un coup, craignant un piège mais mon copain désigne un des buildings de lancement du doigt. 

Je plisse les yeux et essaye de comprendre pourquoi il nous montre ça. C'est alors que je distingue une silhouette tout en haut. On dirait qu'elle ne bouge pas comme si elle était pétrifiée.

- Oh bordel c'est Zayn ! 

Je vois Gigi commencer à courir vers le bâtiment en question et nous faisons de même. Plus on se rapproche et plus je peux distinguer sa silhouette et effectivement c'est mon ami. Il regarde le vide sans bouger.

- Il a le vertige. Merde comment j'ai pas pensé à ça, il me le répètait sans arrêt quand on allait à la falaise !

Je la vois qui veut entrer dans le bâtiment mais je la retiens. Monter ne servirait à rien, il n'y a pas de trappe dans le toit pour passer, je l'ai remarqué quand on était toujours tous en haut.

- Essaye de descendre mec ! crie Liam en lui faisant des grands signes.

Pourtant il ne bouge pas, il doit avoir vraiment le vertige puisque le building n'est haut que d'une dizaine de mètres. On a beau lui crier d'essayer de descendre, il secoue la tête en guise de réponse. On ne peut pas rester ici trop longtemps sinon les juges pourraient nous balancer des mutations génétiques pour nous tuer.

- Ok j'vais escalader l'immeuble.

Tous les regards se tournent vers moi comme si j'avais dit une connerie. 

- Je sais que ça peut paraître fou mais il n'a pas l'air de bouger et on ne va pas le laisser là ! 

Je suis moi-même étonné de ma détermination mais je crois que toutes les fois où on jouait avec ma soeur dans la forêt, à monter dans les arbres me serviront enfin. 

- Ok, répond Harry d'une voix calme. Je te fais confiance. Tu fais attention Lou...

Je hoche la tête et donne mon arme à Eleanor pour ne pas qu'elle me gêne. Je vais récupérer une poulie pour pouvoir redescendre en tyrolienne, que j'attache à ma ceinture et souffle un grand coup pour me donner du courage. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour toi Malik.

Je lève la tête pour voir la hauteur que je devrai escalader et je me rends compte que c'est vachement haut quand même. Allez Louis tu l'as dit, tu ne peux pas te défouler.

Je m'approche du bâtiment et cherche une bonne prise pour commencer mon escalade. Je mets un pied et une fois que j'ai commencé, j'y arrive assez facilement.

Arrivé à la moitié de l'immeuble, je suis en sueur et je m'arrête un peu pour souffler. J'évite de regarder en bas parce que sinon je suis sûr de flipper. J'entends les autres m'encourager d'en bas et ça me donne la force de recommencer.

Je suis aux 3 quarts du bâtiment quand je mets une main sur une gouttière qui apparemment ne tenait pas bien puisqu'elle lâche dès que je m'appuie dessus. Je sens mes pieds glisser de la bordure sur laquelle je me tenais et je ne suis plus agrippé qu'à une main. 

Je cherche désespérément une nouvelle prise mais il n'y a rien à porter de main et je panique en sentant ma main commencer à glisser de la bordure que je tiens. Il ne faut pas que je lâche sinon je vais m'écraser en bas.

- Lou attrape n'importe quoi je t'en supplie !

Mon bras tremble et je suis à deux doigts de lâcher mais j'aperçois un rebord plus haut, trop haut. Il faut que j'arrive à l'atteindre sinon je tomberai. Je ferme les yeux et compte jusqu'à trois dans ma tête. Si je n'y arrive pas, je tombe et Zayn sera toujours en haut alors je dois réussir.

Je prends un élan et me balance à la seule force de mon bras vers le haut. Je vois le rebord se rapprocher mais je sens aussi mes doigts me lâcher. Je sens que je ne tiens plus rien et je me sens tomber. J'entends le cri d'Eleanor et Harry crier mon nom.

J'attends que le choc de la chute arrive mais rien ne se passe. J'ouvre les yeux et sens une main tenir mon poignet. Je lève la tête et vois Zayn qui m'a attrapé le poignet. Il m'a sauvé la vie, il a réussi à vaincre sa peur et se tient au bord du vide après m'avoir empêché de tomber.

Il me tire vers le haut et je me pousse avec les pieds pour y arriver. Une fois en haut, en sécurité, je me permets de respirer. Je m'accroupis et pousse un soupir de soulagement. J'arrive pas à croire que je suis passé à deux doigts d'une chute mortelle. Décidément ces jeux ne commencent pas comme je l'espérais.

- Ça va mec ? 

Je hoche la tête, encore sous le choc pour pouvoir parler et lui fais signe d'attendre 2min que je me calme.

- Je suis désolé que t'ai dût monter. J'étais paralysé de peur, j'ai énormément le vertige et je ne m'attendais pas à ce que ça débute en hauteur.

- C'est rien, je dis essoufflé. Par contre tu devras descendre pour finir.

Il me lance un regard pas rassuré mais hausse les épaules.

- Je sais, j'ai la trouille.

Je désigne la poulie de la tête.

- Prends la, on va descendre le plus vite possible, je n'ai vraiment pas envie de rester plus longtemps ici.

Je détache la mienne et on s'approche du bord. Zayn regarde le vide avec appréhension et je lui fais signe d'y aller en premier. Il s'approche d'un pas peu rassuré et fixe sa poulie au câble.

- Tu peux fermer les yeux, on a l'impression que ça va plus vite. Et tiens bien la poulie, ce serait con de tomber.

- Merci Louis, très rassurant.

Il s'accroche et compte jusqu'à trois pour lui-même puis je le vois s'élancer dans le vide trop crispé. Un élan de fierté m'envahit parce que j'ai aidé mon ami à vaincre sa peur et je suis fier de moi. Quand j'y repense on dirait un papa fier de son fils. Je me demande si j'aurais pu faire un bon père, on aurait eu des enfants Harry et moi, et on aurait vieillis ensemble.

Je suis sorti de mes pensées par mes amis qui me font des grands signes pour descendre. Zayn est déjà en bas et enlace Gigi tandis que je me lance sur la tyrolienne avec facilité. Mon atterissage est moins violent que la première fois. 

Harry vient me rejoindre et m'embrasse la joue et je rougis un peu car je sais qu'il y a tout le pays qui nous voit actuellement. Je ne sais pas ce qu'en pensent mes parents mais j'espère qu'ils l'acceptent de là où ils sont.

- Bon maintenant qu'on est au complet, annonce Liam, je propose qu'on trouve un endroit cool où il y a de l'eau pour qu'on puisse se poser pour la nuit.

Juste à l'instant où on se met en marche le canon significatif des morts retentit. Un coup pour chaque personne, j'en entends 7. 7 personnes ont déjà perdu la vie dans ces jeux barbares et deux sont de ma main. Une boule me bloque la gorge depuis que l'adrénaline est redescendue et je ne me sens pas bien.

Harry le remarque je crois, parce qu'il vient passer un bras autour de mes épaules et je pose ma tête sur son épaule. Il me fait un petit sourire qui me remonte un peu le moral. C'est dingue comme il peut m'aider sans le vouloir. 

On se met en marche à la recherche d'un point d'eau jusqu'à ce que Eleanor nous informe qu'elle a vu un fleuve d'où elle était au début. Un fleuve c'est grand, ils l'ont surement mis là pour nous attirer tous au même endroit.

- Non c'est une mauvaise idée. Les Hauts Juges l'ont mis en pleins milieu pour qu'on se retrouve tous là, pour nous entre-tuer plus facilement. Il faut trouver un autre point d'eau, même à 7 on ne peut pas risquer ça.

Tout le monde accepte et on se dirige à l'opposé du fleuve. On passe entre les rues qui se ressemblent toutes et nous arrivons à une église qui à l'air en mauvaise état. Niall la désigne de la tête et tout le monde est d'accord pour établir un campement dedans.

J'entre en premier c'est l'odeur qui me surprend, un mélange de renfermer et de moisie. Il y a des toiles d'araignées dans les coins de la pièce et des bancs sont installés au centre. Une église typique donc.

On se trouve chacun une petite place et évidemment, je rejoins Harry qui est installé près de l'hôtel. Il est en train de fouiller son sac et je me dis que je devrais faire de même. Je le dépose et l'ouvre. C'est un sac imperméable ce qui est déjà un bon point s'il pleut. Je fouille dedans et trouve des allumettes, un kit de soin, une gourde vide ainsi que de la corde. Génial, avec ça je pourrai fabriquer des pièges, le jackpot.

Je vois mes amis qui sont contents de ce qu'ils ont dans leur sac et c'est bon signe, ça veut dire qu'on est bien préparé pour survivre un moment. Malgré ce début de jeux assez catastrophique, on s'est bien débrouillé je dois dire. On a chacun une arme qu'on maitrise et un sac bien rempli.

Je m'assieds et sens Harry passer une main autour de ma taille et poser sa tête sur mon épaule.

- Sacré journée hein ?

- J'te le fais pas dire...

Il rigole et je le sens se crisper un peu, ce qui me fait relever la tête. Je le scrute et remarque du sang couler de son t-shirt. Merde sa blessure c'est vrai. Le garçon qui l'a attaqué avait réussi à lui planter une partie de son couteau dans le torse.

- Je vais te soigner, enlève ton t-shirt.

- Non pas besoin ça va...

- Fais pas ton chiant, tu l'enlèves sinon ça va s'infecter.

Il tente de répliquer mais à mon regard, il comprend que ça ne sert à rien et retire son t-shirt. Je ne peux m'empêcher de regarder son torse qui est incroyablement beau. Il est légèrement musclé et c'est seulement maintenant que je remarque le papillon tatoué sur son ventre ainsi que les deux hirondelles sur ses clavicules. Je n'avais jamais pu les voir puisqu'il ne s'était jamais mis torse nu devant moi.

Je trace les contours des dessins du bout des doigts et je le sens frissonner à mon contact. Nos regards se croisent et encore une fois je reste bloqué sur ses lèvres qui sont très tentantes. Evidemment je ne résiste pas longtemps et viens poser mes lèvres sur les siennes et c'est toujours la même chose, une explosion de sensations qui m'envahit et qui me fait monter au paradis.

On s'embrasse pendant de longues secondes jusqu'à ce que je me rappelle que je devais le soigner au départ. Il me fait perdre la tête aussi, c'est de sa faute.

Je me recule et prends un coton de la trousse de secours ainsi que du désinfectant. C'est assez rare qu'ils mettent ça dans les jeux et on peut donc se sentir chanceux d'en avoir. Je regarde d'abord la blessure, elle n'est pas profonde et l'entaille et nette, il n'y a donc rien à recoudre heureusement. Je remercie ma mère qui m'a enseigné les premiers soins aisni que quelques conseils assez utiles.

Je tapote sur la plaie et sens Harry se crisper mais il ne dit rien et me regarde faire avec un regard admiratif. 

- Où as-tu appris tout ça ?

- C'est ma mère qui m'a appris. On était assez casse-cou avec mes soeurs et elle passait son temps à soigner nos blessures. Quand je suis devenu plus grand elle m'a enseignée 2/3 trucs.

Je souris en repensant à ma famille. Je me demande ce qu'elle peut penser à l'instant, peut-être qu'ils sont fiers de moi, ou alors déçus de ce que j'ai fait. En réalité j'ai peur de gagner et de devoir rentrer tout seul parce que non seulement je devrai affronter le regard des gens du district mais ça voudra dire que Harry est décédé et rien que ne penser à ça, je n'ai plus envie de gagner.

Quand j'y repense je me dis que le choix que je devrai faire est le plus dur qui puisse exister. Soit, je gagne les jeux, par je ne sais quel miracle et je retrouve mais famille mais celui que j'aime le plus au monde sera mort, soit je meurs pour que Harry puisse survivre et je rends triste ma famille.

Personne ne devrait avoir à faire un choix comme ça. Et si je gagne, non seulement j'aurais perdu Harry mais aussi tous ceux qui sont ici avec moi, tous mes amis.

- Lou ? Tu penses à quoi, ça fait 10min que tu ne fais plus rien ?

Je reviens à la réalité à l'entente de sa voix et finit de le soigner. Il remet sa chemise en me lançant quelques regards interrogatifs mais je lui fais signe que ce n'est rien et range le matériel.

J'observe l'extérieur par la fenêtre à côté de moi et voit que le soleil est déjà en train de se coucher alors que nous n'avons passé que quelques heures dans l'arène. Les Juges s'amusent à modifier la durée du jour et de la nuit pour nous déstabiliser comme ils le font chaque année.

- Je prends le premier tour de garde, je dis. Reposez-vous.

Personne ne réchigne et Harry se couche sur un matelas improvisé avec une bâche qu'il y avait dans son sac. Instinctivement je passe ma main dans ses cheveux pour lui faire des papouilles et il sourit au contact. Je sais qu'il adore ça. Je le vois fermer les yeux et bientôt sa respiration se régularise, signe qu'il s'est endormit. Je regarde mes amis qui dorment eux aussi, éparpillés un peu partout dans la pièce. On est une belle bande de pigeon, parce que contrairement aux autres candidats, nous on s'est fait avoir.

Les jeux ont été crées pour nous punir d'une rébellion. On a été assez candide que pour croire qu'on pouvait devenir amis entre tributs sans que ça n'aie de conséquences.

 Les juges étaient au courant depuis le début, ils auraient pu nous punir lorsque nous étions au Capitole mais ils ne l'ont pas fait parce qu'ils savaient.

Ils savaient qu'une fois dans l'arène, on serait condamné à nous voir mourir chacun à notre tour et ce serait finalement le vainqueur le grand perdant. Parce que dans ces jeux, nul n'en ressort gagnant.

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Chapitre terminé, j'espère que vous avez aimé. J'ai beaucoup aimé l'écrire.

Xoxo, Mary