24 jours pour un miracle de noël
Bonjour chers lecteur-ices,
Avant que vous ne commenciez, je vous informe que cette histoire se passe dans un univers alternatif et que les personnages sont certainement un peu différents de ce que vous connaissez, vous êtes prévenus 😉
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture.
Il y a un deuxième chapitre en bonus pour celles et ceux qui en ont l'âge et l'envie. (Lemon)
♥♥♥
Stiles Stilinski n'avait jamais été un enfant comme les autres. Dès son plus jeune âge il avait montré des talents insoupçonnables pour faire le clown et amuser sa famille et à peine avait-il sut marcher, qu'il empruntait déjà les escarpins de sa mère pour danser dans le salon familial. Le chant était venu bien plus tard mais il était vite devenu sa plus grande passion, pour la joie de celle qui l'avait mis au monde, sa première fan, sa chère mère. Son père lui, s'il ne l'encourageait pas ouvertement, préférait l'observer de loin et discrètement, non sans un éternel sourire collé aux lèvres. Sa petite enfance s'était passée de la meilleure des façons, aussi douce qu'un sucre d'orge, il avait eu de bons amis et à l'école, il avait été le chouchou de ses professeurs.
Stiles était un véritable rayon de soleil, toujours joyeux et souriant et faisant rire les autres, jusqu'au jour où ses parents moururent tragiquement dans un accident de voiture, peu avant ses quatorze ans. Il dut à ce moment-là quitter le New Jersey et déménager chez sa tante et son oncle, à l'autre bout du pays dans une ville dont il ne connaissait que le nom ; Beacon Hills. Il dut faire le deuil non seulement de ses parents mais aussi des son enfance qui venait de s'achever de la pire des manières. Se fut un déchirement qui marquait encore son âme aujourd'hui.
A Beacon Hills il découvrit un nouvel établissement scolaire et de nouveaux camarades de classe. Il y découvrit aussi, quelques mois plus tard et alors qu'il s'était enfin fait quelques amis, le harcèlement pur et simple mais bien réel, cruel. Il fut humilié de la pire des manières le jour où il chanta dans le couloir rempli d'élèves, une de ses chansons. Son tout nouvel ami Scott, lui fit remarquer d'un air dédaigneux ainsi que d'une haute et forte voix qu'il faisait vraiment trop gay et sans comprendre comment ni pourquoi, Stiles fut emmené dans les toilettes et tabassé par des garçons de sa classe sous l'œil moqueur de son ami. Scott ne fut plus jamais de son côté après ça, pire encore, Stiles n'eut plus aucun ami, faisant son petit bout de chemin seul dorénavant.
Depuis ce jour, il développa des troubles du comportement et une sévère phobie scolaire qui le fit arrêter ses études bien avant l'heure, incapable de mettre un pied dans le couloir de l'école sans avoir de violentes nausées. A à peine seize ans, il se retrouva à passer ses journées dans la rue pour éviter les critiques de sa tante sur son comportement et les moqueries homophobes de son oncle et de ses anciens amis.
Perdu et abandonné de tous, Stiles fit de mauvaises rencontres avec la drogue puis avec le sexe, qui le poussèrent à plusieurs reprises au bord du suicide mais un jour, sa vie changea complètement de direction lorsque dans un bar gay, il se fit repérer par un agent recruteur alors qu'il chantait sur scène une de ses créations.
En quelques mois il passa de paria de la société à idole reconnue dans le monde entier. Son premier album battit des records d'écoute en ligne dès sa sortie. Ses premiers concerts se firent dans des stades réunissant des centaines de milliers de personnes, tous voulaient le voir. Il était devenu l'icône de la scène LGBT et adoré. Bien vite on dut engager des gardes du corps pour sa sécurité et si Stiles se rappelait bien souvent les moments où il errait dans la rue sans que personne ne le calcul, aujourd'hui sortir sans eux était devenu impossible.
Il en avait plusieurs à son service mais celui qui le suivait partout, même jusqu'aux toilettes, ce qui l'énervait par moment, s'appelait Derek et était de loin celui dont il était le plus proche et celui qui comptait le plus à ses yeux depuis cinq ans maintenant.
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Sous les projecteurs multicolores, Stiles chantait les dernières phrases de sa chanson devant une salle comble de Washington, les yeux fermés, appréciant pleinement le moment. Il était dans son élément, sur scène il oubliait tout, devant son public il était quelqu'un de reconnu et d'aimé. Ici, il se sentait bien et plus vivant que jamais. Les dernières paroles de sa chanson sortirent de sa bouche qui formait déjà un sourire radieux, d'ici quelques secondes, on l'applaudirait comme le dieu de la chanson qu'il était.
« Alors je m'inflige ces blessures
Et je compte mes pêchés
Et je ferme les yeux
Et j'essaye d'encaisser
Je saigne
Je saigne pour toi
Pour toi »
A chaque fois que depuis les coulisses Derek entendait ces paroles, il ne pouvait s'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Ce n'était de loin pas la première fois qu'il les entendait puisque la tournée de Stiles, qui comptait une trentaine de date, touchait à sa fin mais chaque rappel sur scène de son protégé, le marquait par la violence de l'émotion de l'artiste au moment de quitter son public. Ces mots le touchaient d'une manière particulière, parce qu'ils étaient les siens. Stiles composait lui-même ses chansons et elles étaient bien souvent le reflet de ses démons.
Derek savait quelle importance avait le soutien de ses fans auprès de Stiles, il savait que sans eux il n'était plus que l'ombre de lui-même. Après chaque concert, Stiles se fermait comme une huitre devant la tempête. Chanter était un besoin primaire pour lui, comme respirer l'était pour les êtres humains normalement constitués.
C'est pour cette raison que la perspective de ses derniers concerts avant le grand final de Noël, marquait chaque jour un peu plus le visage du chanteur après chaque prestation. Derek voyait sa joie dépérir de jour en jour et il était certain qu'une fois son ultime concert au Madison Square Garden le 24 décembre, Stiles retrouverait sa solitude et ses mauvais travers. Sans qu'il ne se l'avoue, Derek avait bien du mal lui aussi à penser à autre chose qu'au bien-être du chanteur. Il le savait fragile derrière ce masque de fausse joie qu'il arborait en permanence. Derek n'était pas dupe.
Seulement il y avait un hic et pas des moindres, il ne serait plus là après Noël pour le soutenir, car son contrat en tant que garde du corps se terminait en même temps que la tournée de Stiles.
Derek s'était donc promis de tout faire pour le rendre heureux et espérer le voir s'en sortir d'ici le 24 décembre. Ça ne lui laissait pas beaucoup de temps et peu de moyens mais il avait grand espoir d'y arriver.
Stiles salua son public après son troisième rappel et quitta la scène sous les sifflets hystériques de ses fans en pleure. Il avait un certain don pour le drama, en jouait avec eux et ils adoraient ça. Ces échanges le rendaient euphoriques, c'était pour lui comme une drogue qui lui faisait oublier ses soucis et ses traumatismes.
En bas des escaliers de la scène, Derek l'attendait pour lui tendre sa serviette et sa bouteille d'eau. Il s'assura également qu'aucun fan ne s'était faufiler jusqu'ici et comme après chaque concert, il eut droit en remerciement, à un sourire sincère de l'artiste.
- Magnifique concert Stiles, comme à chaque fois.
- Merci, j'ai tout donné ce soir et le public était dingue, tu as vu ça ?! C'était génial ! lança-t-il tout sourire avant de se diriger en direction des loges, suivi de près par son garde du corps aux aguets.
Au loin on entendait le public chanter le refrain de la dernière chanson de Stiles mais celui-ci ne les entendait déjà plus, son sourire s'était déjà effacé pour faire place à un masque bien plus triste que Derek reconnu immédiatement. Ses sens lupins étaient en alerte, Stiles était submergé par une vague d'émotions plus négatives les unes que les autres, s'en était presque étourdissant. La magie de la scène s'était déjà envolée.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda timidement Derek en arrivant dans la loge, fermant la porte derrière lui pour laisser la chaleur à l'intérieur.
Dans la petite pièce réservée à l'artiste, l'ambiance était tout à coup bien moins joyeuse, voir tendue. Stiles serrait les dents, ce qui n'échappa pas son garde du corps. Stiles capta son regard, son visage affichant une tristesse que Derek ne pouvait pas ignorer.
- Il ne reste que quatre concerts. Après ça, je vais passer trois mois sans pouvoir monter sur scène, sans voir ni entendre de public. Trois mois avec mon chat pour seul ami. Je sais pas si je tiendrais. Je sais pas si j'y arriverais Derek, soupira Stiles, les coudes appuyés sur la table de maquillage, les lumières qui entouraient le miroir, faisant ressortir les larmes qui coulaient déjà sur ses joues.
Le cœur serré, Derek prit la chaise qui était près du mur et la posa en face de lui et s'y assit en déboutonnant la veste de son costard noir pour se mettre plus à l'aise. En silence il sembla réfléchir quelques instants puis quand Stiles se tourna vers lui en reniflant, il lui dit d'une voix plus douce qu'à son habitude :
- Je te soutiendrai jusqu'au dernier concert. J'ai choisi de faire ce job pour toi, pour ta sécurité. Mais je peux aussi le faire en tant qu'ami si tu en as besoin. Tu peux compter sur moi.
Stiles sourit et ajouta qu'à ses yeux, il était déjà son ami.
- Ça fait cinq ans que tu me suis dans mes tournées. Je ne sais pas qui te remplacera mais il ne pourra pas le faire vraiment. Parce que... à mes yeux, tu es irremplaçable Derek, avoua-t-il en se mordant la lèvre inférieure nerveusement.
Ce dernier baissa la tête, gêné par ses paroles et son odeur qui venait de changer pour se muer en quelque chose de doux et sucré, quelque chose de plus intime peut-être, quelque chose que Derek ne sut interpréter vraiment. Stiles avait un véritable don pour le mettre mal à l'aise, de toutes les façons qui soient mais il ne montra rien de son émotion et garda son masque de neutralité que lui demandait son rôle de garde du corps.
- Personne n'est irremplaçable tu sais. Je suis sûr que mon successeur fera le job correctement, affirma-t-il en pensant tout le contraire.
Au fond de lui, il avait envie de lui dire qu'il ne voulait pas qu'une autre personne soit en charge de sa sécurité mais il garda pour lui cet aveu, trop apeuré pour le lui avouer. Il voulait aussi garder cette distance qu'un garde du corps se doit d'avoir envers son employeur. Heureusement pour lui Stiles n'était pas un lycans car il l'aurait tout de suite démasqué grâce aux phéromones qu'il dégageait à cet instant. Il préféra détourner la conversation et rendre sa bonne humeur au chanteur.
- Ça te dirait un chocolat chaud avant qu'on retourne à l'hôtel ? demanda le loup en se levant précipitamment de la chaise, comme si une punaise venait de lui piquer les fesses.
Parfois quand Derek était aux côtés de Stiles, il ne pouvait s'empêcher d'avoir des idées, des fantasmes qui donnaient à son loup envie de hurler pour qu'il les assouvisse. Mais Derek n'était que son garde du corps, il était employé pour assurer sa sécurité, par pour penser à lui de cette manière, même si ses nuits étaient emplies de désires inavouables. Il se ressaisit et laissa à Stiles le temps de se changer car il ne pouvait clairement pas sortir de sa loge habillé dans un ensemble crop-top et slip à paillette doré. Il aurait immanquablement attiré toute l'attention sur lui et ce n'était clairement pas le but.
Quand Stiles sorti de sa loge une demi-heure plus tard, son visage n'avait plus de maquillage aux couleurs de l'arc-en-ciel et ses vêtements étaient des plus simples ; un jean bleu troué aux genoux et un hoodie à capuche rouge cachait son corps qui parfois encore, le dégoutait au plus haut point.
- Je suis prêt, la voiture est là ? demanda-t-il cigarette fumante aux lèvres.
Derek grogna en le voyant fumer, il détestait quand Stiles goudronnait ses poumons pour faire passer le stress.
- Ouais, viens. Tu sais qu'il existe d'autres moyens de déstresser que la cigarette ? lâcha-t-il en jetant un coup d'œil nerveux alentours, toujours ancré dans son rôle de protecteur.
Stiles recracha la fumée de cette dernière au visage du loup en souriant.
- Ouais mais j'ai pas trop le temps de me trouver un mec là tout de suite, dommage ! lui lança-t-il dans un clin d'œil de défit.
Derek leva les yeux au ciel et soupira longuement en lui emboitant le pas pour rejoindre la limousine qui devait les ramener à leur hôtel. En y entrant à la suite de Stiles, il donna au chauffeur un papier avec une adresse écrite dessus. Dans le fond de la limousine, Stiles ouvrait déjà une bouteille de champagne, déterminé à oublier au plus vite ses mauvaises pensées.
S'asseyant en face de lui, Derek lui fit remarquer que le champagne et le chocolat chaud n'allaient pas très bien ensemble mais Stiles l'ignora et lui tendit une coupe pétillante du liquide doré.
- Arrête de faire ton rabat-joie et goûte-moi ça, souffla Stiles, enfumant l'habitacle de la voiture d'un nuage nocif chargé de nicotine.
- Eteins cette cigarette Stiles, s'il te plaît, râla Derek en le dévisageant d'un regard noir.
- Ou sinon quoi ? Tu vas me mordre ? siffla-t-il en levant les sourcils.
Stiles le cherchait, glissant dans la faille de ses points faibles, surfant sur la vague de bienveillance qu'il avait envers lui pour le pousser à bout. Deux doigts vinrent attraper délicatement la cigarette coincée entre ses lèvres roses et l'écrasèrent sans scrupules dans le cendrier de la voiture. Stiles grimaça, soutenant le regard du loup à travers le nuage de fumée. Il passa sa langue sur ses lèvres pour les humidifier, faisant se crisper le loup en face de lui.
- Je ne mords personne, encore moins mon employeur, c'est pas dans mes habitudes, lâcha Derek d'un ton neutre pour lui montrer qu'il gardait une distance acceptable, chose qu'il avait de plus en plus de mal à faire ces derniers temps.
- Oh allez, laisse tomber l'employeur tu veux bien, je ne suis pas que ça. Enfin c'est ce que je croyait, pesta Stiles en appuyant sa tête contre la vitre, las de cette journée.
Dehors, les rues étaient illuminées de milliers d'ampoules lumineuses multicolores. Noël n'était plus très loin mais Stiles semblait à miles lieu d'y penser. Derek l'observa en se mordant l'intérieur de la joue pour s'obliger à garder le silence, il sentait à nouveau la tristesse de Stiles refaire surface et même si ce qu'il ressentait pour lui n'était pas les sentiments qu'un employé pouvait avoir envers son supérieur, ça ne les rendait pas moins vrais et sincères.
La limousine s'arrêta quelques pâtés de maisons plus loin et Stiles se demanda où l'emmenait son garde du corps car toutes les boutiques de la rue étaient fermées, il n'était pas loin d'une heure du matin, ça n'avait rien d'étonnant.
- Où est-ce qu'on va ? demanda Stiles en se redressant sur son siège dans lequel il s'était affalé comme un vieux sac.
- C'est une surprise ! Viens, suis-moi.
Stiles obéit sans poser de question. Ils entrèrent dans une petite boutique qui se révéla être un Tea-Room à la française, tout mignon, girly et coloré sur des tons rappelant les fêtes de Noël. Des guirlandes lumineuses et des boules rouge et vert pendaient du plafond, comme si Noël était tombé du ciel par petites touches de couleurs. Ça sentait le thé et la vanille et Stiles se dit qu'il n'avait pas mis les pieds dans un Tea-Room depuis bien longtemps.
Au milieu de la pièce, il y avait une table qui était éclairée par une petite et simple lampe, donnant une ambiance chaleureuse et presque romantique se dit Stiles. Ça aurait pu l'être s'il n'était pas habillé comme un ado de quinze ans. Derek était bien plus classe que lui pour le coup dans son costard cravate noir, sa chemise blanche toujours boutonnée jusqu'en haut.
S'installant l'un en face de l'autre, ils se dévisagèrent timidement jusqu'à ce que Stiles se relève et se penche par-dessus la table en plongeant son regard dans celui du loup qui semblait quelque peu déstabilisé.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda ce dernier en tentant de se reculer.
Mais c'était sans compter sur l'adresse de Stiles qui avait attrapé sa cravate et s'affairait déjà à la défaire. Il se mordit la lèvre quand le tissu glissa autour du cou du loup et sans lâcher son regard, il déboutonna le premier puis le deuxième bouton de sa chemise avec une lenteur aussi sexy qu'insupportable.
- Je te trouve bien mieux comme ça, avoua Stiles en se rasseyant contre le dossier de sa chaise, jouant avec la cravate du loup qui commençait à avoir chaud sous le regard de braise de son vis-à-vis.
Echauffé, Derek enleva finalement son veston et retroussa ses manches quand une jeune demoiselle débarquant mystérieusement, déposa sur la table deux chocolats chauds, qui semblaient particulièrement gourmands, ainsi qu'une assiette de cookies.
- Bonne dégustation messieurs, annonça-t-elle tout sourire avant de disparaître aussi vite qu'elle était arrivée.
Les deux hommes la remercièrent et comme des jumeaux, ils s'emparèrent de leur cuillère pour la plonger dans la pyramide de chantilly qui surplombait leur boisson, oubliant déjà la demoiselle.
- Mhhh, c'est trop bon, bredouilla Stiles en léchant sa cuillère avant de la replanter dans la crème avec envie.
Derek retint un sourire en le voyant mais il n'en pensait pas moins. Cette petite douceur tombait délicieusement dans son estomac. Tout en dégustant sa boisson, Stiles se remémora son concert et comme à son habitude, demanda l'avis de son garde du corps préféré sur sa prestation du soir.
- Tu as ravis le public, comme à chaque fois, lui assura Derek en tentant de rester professionnel et détaché.
Ce qui fut difficile quand Stiles lui demanda quelle tenue il avait préféré ce soir car pour être honnête, Derek l'avait apprécié dans toutes celles qu'il avait porté mais ça, il le garda pour lui et dévia la conversation sur des sujets plus légers, plus facile à aborder pour lui.
Après avoir passé une petite heure délicieuse dans le Tea-Room à papoter comme de bons amis, Stiles et Derek rentrèrent à l'hôtel qui leur était réservé non loin du Kennedy Center où Stiles avait chanté. Ce dernier occupait la salle de bain de la suite tandis que Derek vérifiait que toutes les portes et fenêtres étaient bien sécurisées.
Une année plus tôt un fan avait réussi à s'introduire dans la suite de Stiles, il ne voulait pas retenter l'expérience. A cette époque, Stiles y dormait seul, laissant son garde du corps dans la chambre attenante avec une webcam pour assurer sa sécurité. Heureusement, Derek avait rapidement intercepté l'intrus et depuis, ils dormaient dans la même chambre, à la demande de l'artiste.
Ça ne dérangeait pas Derek outre mesure, simplement depuis quelque temps, il avait de plus en plus de mal à cacher ce qu'il ressentait quand Stiles sortait de la douche, une simple serviette entourant son corps humide et un sourire collé aux lèvres. Si au départ son loup ne faisait que lui murmurer ses envies, depuis quelque temps, c'était un concert de hurlement dans son crâne, qui faisaient palpiter son cœur et lui donnait la chair de poule.
Son loup désirait Stiles aussi fort que Derek le cachait, ce qui compliquait parfois leur relation employé-employeur, tiraillant ce dernier entre envie et retenue. C'était d'autant plus difficile à supporter que le jeune homme jouait avec ses nerfs, sans savoir à quel point ça déstabilisait son être tout entier.
Alors que Derek déposait son portable sur la table de nuit, Stiles sortait justement de la salle de bain et pour une raison qui échappait complètement au loup, il ne portait qu'un string rose fluo. Derek eut un sursaut de surprise avant de détourner le regard en le maudissant. Bon sang, pourquoi jouait-il comme ça avec lui ?
- T'aime pas la vue Derek ? demanda Stiles en s'asseyant sur un fauteuil en cuir qui composait, avec un deuxième identique au premier ainsi qu'une petite table basse, un petit salon cosy.
Il sourit en voyant la gêne évidente de son garde du corps.
- Stiles, arrête s'il te plaît, j'ai pas envie de jouer à ton petit jeu, grogna Derek avant de partir nerveusement, brosse à dents en main en direction de la salle de bain sans se retourner.
Stiles soupira longuement, l'observant de ses yeux ambrés, sa lèvre coincée entre ses dents. Il aimait le pousser à bout, juste parce que ça l'amusait. Il ignorait complètement quel effet il faisait à son garde du corps lupin. Il avait d'ailleurs été choqué quand il l'avait découvert sa vraie nature un jour de pleine lune et étonnement, ça l'avait poussé à chercher les limites du loup ainsi que ses propres limites. Mais Stiles n'avait plus de barrières, le harcèlement qu'il avait subi à l'école, si au début l'avait détruit, le poussait maintenant à vivre chaque jour comme si c'était le dernier qu'il vivait sur cette terre.
Peut-être bien qu'à force de pousser le loup à bout, il le vivrait plus tôt que prévu mais Stiles s'en fichait, tout ce qu'il voulait c'était profiter de la vie, quand il n'avait pas envie d'en finir avec elle. Stiles était plutôt du genre lunatique et ses sautes d'humeur faisaient ressembler sa vie à un manège à sensations. Il avait parfois l'impression d'être dans la tour de l'horreur, tantôt au sommet presque euphorique et la seconde d'après, tombant dans le vide, à la limite de s'écraser au sol.
Ces montées et descentes d'adrénaline parfois l'épuisaient. Il pouvait rire à gorge déployée et la seconde d'après, pleurer comme une madeleine, ce qu'il faisait justement quand Derek réapparut dans la chambre quelques minutes plus tard. Ce dernier s'approcha de lui en serrant les dents, tout en s'asseyant en face de lui sur la table basse, il le rassura tout en retenue. Il posa une main discrète sur son genou en soupirant.
- Je suis désolé Stiles, je ne voulais pas te blesser. Seulement, je ne peux pas... Tu es mon employeur et j'ai signé un contrat qui stipule très clairement que ce genre de choses m'est interdite.
Stiles s'essuya le nez et se détourna, tel un gamin vexé.
- Je déteste les interdits. C'est ça ta meilleure excuse ? Tu te caches derrière ce putain de contrat pour éviter d'assumer ?! râla-t-il en se levant précipitamment du fauteuil. Je vais me coucher, laisse tomber.
Derek soupira en baissant la tête, aussi frustré que déçu de lui-même. Il alla se coucher lui aussi, dans le lit jumeau de celui de Stiles sans rien ajouter mis à part un simple « Bonne nuit » auquel Stiles ne répondit pas.
Le lendemain, le réveil fut difficile pour Stiles qui n'avait pas vraiment fermé l'œil de sa courte nuit. Il était à peine huit heures mais le bus de la tournée partait deux heures plus tard pour Philadelphie où Stiles resterait la semaine entière et y donnerait un concert le samedi soir. Il secoua doucement Derek par l'épaule en lui disant qu'il avait faim et qu'il voulait appeler le room service pour commander le petit déjeuner.
- Tu sais ce que j'aime, je te laisse commander, râla Derek en se retournant dans son lit, pas vraiment réveillé.
Cette phrase fit grincer Stiles des dents et lui rappela la brève discussion de la veille au soir.
- Pas vraiment mais un jour je le saurais, grommela-t-il avant de lui tourner le dos afin d'appeler la réception.
Au niveau du petit déjeuner, Stiles savait pertinemment ce que Derek aimait et ce dernier fut ravis de constater qu'il n'avait pas oublié la quantité colossale de pancakes qu'il pouvait s'envoyer chaque matin. Du point de vue de tout le reste, Derek restait un mystère qui parfois, agaçait le chanteur, lui retournant l'estomac comme s'il était en vol en pleine tempête sur le traineau du Père Noël.
Stiles grignotait nonchalamment sa tartine au chocolat, l'air grognon sur le visage.
- Je croyais que tu crevais de faim, ça va pas ? demanda timidement Derek en observant le teint pâle de Stiles, soudain inquiet.
- J'ai faim mais j'ai peur d'avoir la nausée si je mange trop vite.
Ayant vécu ses épisodes de boulimie, Derek connaissait ses difficultés avec la nourriture et s'il pensait en avoir fini avec ça, il constata amèrement que Stiles avait parfois encore du mal.
- Bois un peu de café, ça aide contre la nausée.
- Comment tu sais ça ? T'en bois jamais.
- Ma sœur me l'a répété pendant toute sa grossesse ! Donc je peux te dire que ça fonctionne, affirma Derek en souriant.
- T'as de la chance d'avoir des sœurs, moi j'ai plus personne, soupira soudain Stiles en reposant sa tartine dans son assiette.
Eh merde ! Se dit Derek. L'humeur de Stiles faisait à nouveau le yoyo, tout comme son appétit apparemment. En voyant son regard dégouté sur la tartine maintenant abandonnée, Derek eut une idée. C'était une idée folle, peut-être complètement stupide, très risquée, surtout pour lui mais il en avait aussi très envie.
- Ça te dirait de rencontrer ma famille ? Ils habitent à une heure de Philadelphie, on pourrait y passer deux ou trois jours avant de rejoindre la troupe à notre prochain hôtel ? demanda Derek en gardant son regard sur son pancake.
Stiles se mordait l'intérieur de la joue, en face de lui, Derek senti une joie mêlée à de la tristesse émaner de tout son être.
- Je crois que j'aimerais bien, chuchota Stiles au bord des larmes.
Derek se leva et tout en le serrant dans ses bras lui assura que cette petite pause était une bonne idée. La fatigue due à la tournée du chanteur ajoutée à ses troubles multiples l'épuisaient. Stiles avait besoin de souffler un peu avant son prochain concert.
Le car de la tournée fit un petit détour et s'arrêta à Allentown en ce vendredi froid et brumeux de décembre. Le prochain concert de Stiles étant le dix, ils avaient quelques jours devant eux pour profiter pour se changer les idées. A l'entrée de la ville, Derek et Stiles prirent une des limousines mises à leur disposition et le car continua sa route en direction de Philadelphie alors que la voiture les emmenait au manoir de la famille Hale.
En arrivant devant la demeure familiale, Stiles se crispa quelque peu. Il se serait cru dans un film de Noël cliché qu'on voit à la télévision. La maison était illuminée du parterre au toit de milliers de petites ampoules colorées clignotantes et dans le jardin, le père Noël avait visiblement déjà atterri avec rennes, traineau et cadeaux, tous aussi lumineux que le reste de la maison.
- Est-ce que ta famille sait qu'on est que le 2 décembre ?! Ça fait presque peur ! rit Stiles en sortant de la limousine.
Une fois les deux pieds sur le sol givré, Stiles sembla hésiter à avancer, comme paralysé par la peur et une note acide de tristesse. Derek se rappela alors que la période des fêtes n'était pas un moment facile pour Stiles dont la seule famille qui lui restait, faisait tout pour être oubliée en fin d'année. Stiles n'avait pas passé un seul Noël avec son oncle et sa tante depuis au moins quatre ans. A cet instant, Derek appréhendait sa réaction car sa famille à lui était plutôt extravagante quand il s'agissait des fêtes de Noël, il en avait la preuve sous les yeux.
Il se rapprocha de Stiles et se retint de toutes ses forces de lui prendre la main, restant distant. Il l'observa en se grattant la nuque, quelque peu gêné.
- Oui ils le savent certainement mais tu sais, dès qu'Halloween et Thanksgiving sont terminés, ils sautent déjà sur les décos de Noël et personne ne peut rien y faire, crois-moi j'ai essayé !
Alors qu'ils remontaient l'allée de gravier recouvert d'une fine couche de neige, entre Rudolph et son nez rouge et une montagne de cadeaux lumineux en plastique, la porte du manoir s'ouvrit et deux enfants aux cheveux aussi noirs que ceux de Derek en sortir en courant.
- Tonton Derek ! hurlèrent-ils en cœur en lui sautant dans les bras.
- Salut mes louveteaux, comme vous avez grandi ! Vous êtes bientôt plus grand que moi ! leur dit-il en les posant par terre tout en les admirant.
- Je suis plus grande qu'Evan ! Fit remarquer la petite fille qui souriait de toutes ses dents en montrant son frère du doigt.
- C'est parce qu'elle se goinfre tout le temps, râla ce dernier en croisant ses bras sur son torse, ce qui fit rire Stiles.
- Il a la même expression que toi quand je te dis que tu t'empiffres de pancakes !
Derek leva les yeux au ciel en secouant la tête.
- Dis tonton c'est qui lui ? demanda la petite louve en s'accrochant à sa jambe.
Derek chassa difficilement toutes pensées qui n'avaient rien à faire là et sourit à sa nièce.
- Sasha, Evan, je vous présente Stiles. Je... travail pour lui, marmonna Derek un peu hésitant tout à coup.
La petite Sasha prit la main de Stiles sans vraiment le lui demander, ce qui ne dérangea pas ce dernier et l'entraina à l'intérieur en souriant en retour à son oncle. Evan tira le loup jusqu'au pas de la porte, où leur mère vint à leur rencontre.
- Désolé pour l'accueil quelque peu agité, ils vous ont vu arriver par la fenêtre et j'ai pas pu les retenir, rit-elle en fermant son cardigan bleu contre sa poitrine pour se protéger du froid.
- C'est pas grave Laura, le rassura Derek en la serrant dans ses bras, heureux de voir sa sœur.
Après les présentations d'usage, Derek et Stiles furent invités à faire quelques fournées de petits gâteaux à la cannelle. Les enfants ne leur laissèrent pas le choix mais Stiles avait l'air de s'amuser autant qu'eux. Le nez plein de farine, Stiles riait avec les enfants sous le regard bienveillant de Derek qui les observait depuis le coin de la cuisine, lorsque sa sœur vint discrètement derrière lui.
- Si on m'avait dit un jour que j'aurais mon chanteur préféré dans ma cuisine, occupé à faire de la pâtisserie avec mes enfants, je ne l'aurais jamais cru.
Derek sourit sans même s'en rendre compte.
- Ouais c'est dingue, mais tu ne le dis à personne s'il te plaît, je dois assurer sa sécurité et il a besoin de quelques jours de repos. Personne ne doit savoir qu'il est ici, c'est clair ?
- Oui monsieur... Je rêve ou tu t'inquiètes beaucoup pour lui ? Tu pues l'anxiété mon frère, dit-elle en posant une main compatissante sur son épaule.
- C'est mon job de m'inquiéter pour lui et de veiller à son bienêtre. Et oui je suis assez anxieux quand il ne se sent pas bien, comme ces derniers jours.
Derrière lui, Laura sourit de plus belle mais n'ajouta rien. En fin d'après-midi et après plusieurs fournées de petits roulés à la cannelle, le reste de la famille débarqua, les bras chargés de courses en tout genre. La sœur cadette de Derek avait un énorme carton dans les bras qui lui bouchait la vue, elle le déposa dans l'entrée en laissant passer ses parents et lorsqu'elle se tourna vers le salon, elle vit son frère appuyé contre le canapé. Ses yeux s'arrondirent, elle jeta ses moufles et son bonnet par terre avant de lui sauter dans les bras.
- Derek ! Qu'est-ce que tu fais là ? On ne t'attendait pas avant le 25 !
Elle hurla encore plus fort quand elle reconnut Stiles assit dans le canapé, lisant une histoire aux deux petits louveteaux.
- Oh bordel mais c'est... ?! Non ! C'est pas possible... Derek pourquoi tu m'as rien dit ? cria-t-elle en lui mettant un coup de poing dans l'épaule.
- Pour éviter tes hurlements dans mes oreilles ! Oui c'est bien Stiles mais tu te calmes tout de suite Cora, personne ne doit savoir qu'il est ici.
Cora le lui promis en échange d'une chanson de son artiste préféré, ce que Stiles ne put lui refuser en fin de soirée après que les petits louveteaux se soient couchés.
La soirée passée en compagnie de Derek et sa famille avait remis un peu de baume au cœur de Stiles et étonnement, cette nuit fut bien plus bénéfique que ses dernières nuits à l'hôtel. Visiblement il se sentait déjà mieux et ce matin, c'est d'humeur joyeuse qu'il se réveilla dans le lit de la chambre d'ami du manoir, Derek dormant dans le deuxième lit, contre le mur d'en face.
En se relevant sur un coude, Stiles remarqua que le fameux lit était vide. Son humeur joyeuse s'envola soudain comme une nuée d'oiseaux migrateurs à l'approche de l'hiver. Apparemment Derek était déjà réveillé et ne l'avait pas attendu. Il eut un petit pincement au cœur en y pensant mais préféra ne pas en tenir compte. En vérifiant sur son téléphone, Stiles réalisa qu'il était déjà dix heures passées, il comprenait mieux maintenant pourquoi Derek ne l'avait pas attendu. Il s'étira de tout son long, faisant craquer son dos comme une biscotte puis sorti du lit en fredonnant, sans même s'en rendre compte, une de ses chansons.
« Tout ce dont j'ai besoin c'est d'un peu d'amour dans ma vie
Tout ce dont j'ai besoin c'est d'un peu d'amour dans le noir
Un peu mais j'espère qu'il peut nous relancer moi et mon cœur brisé
J'ai besoin d'un peu d'amour ce soir
Tiens-moi ainsi je ne m'écroulerai pas
Tout ce dont j'ai besoin c'est d'un peu d'amour dans ma vie
Un peu mais j'espère qu'il peut nous relancer moi et mon cœur brisé »
Il fit son lit puis s'habilla en secouant la tête au rythme de la musique qui ne jouait que dans sa tête et lorsqu'il se retourna, il vit Derek appuyé contre le chambranle de la porte. Son visage semblait fatigué, crispé ou ému, peut-être.
- Hey Sourwolf, ça va ? T'as l'air fatigué.
Le loup fit un pas dans sa direction, un léger sourire sur les lèvres.
- Ouais ça va, je t'écoutais chanter et je me demandais si toi tu allais bien ? Cette chanson, tu ne la chantes que quand tu te sens triste, j'espère simplement que ce n'est pas grave.
Stiles n'avait jamais remarqué que Derek connaissait ses petites habitudes mais il avait raison, cette chanson lui venait naturellement quand il avait un petit coup de cafard, ce qui était le cas ce matin.
- Juste un petit coup de mou, t'inquiètes pas pour moi. Un bon petit déjeuner et ça ira mieux, lui assura Stiles sans grande conviction.
Derek n'était pas dupe et savait très bien, grâce à son odeur, qu'il n'allait pas si bien que ça. Il fallait qu'il trouve une idée plus enthousiasmante qu'un simple repas, bien qu'il soit préparé avec amour par sa mère, il ne faisait pas de miracle non plus.
Stiles se goinfra avec plaisir de tout ce que Thalia avait préparé, sous les yeux curieux et pétillant de Derek qui l'observait en silence depuis l'autre bout de la table, un chocolat chaud entre les mains.
La mère de Derek les observait du coin de l'œil tout en rangeant la cuisine. Ses sens lupins en éveil, elle entendit le cœur de son fils battre plus fort qu'à son habitude, son instinct maternel lui cria de faire attention à ce jeune humain comme s'il faisait partie de la meute.
Thalia vint poser ses mains sur les épaules de son fils et même si Stiles n'entendit pas ce qu'elle murmurait dans les oreilles de celui-ci, il vit les joues de Derek prendre une teinte rose des plus agréables.
Après le petit-déjeuner tardif de Stiles, la neige commença à tomber en flocons légers au dehors, excitant les petits louveteaux de la sœur de Derek comme les rennes du Père Noël avant le grand départ pour la tournée de distribution des cadeaux.
- Tonton, il faut que tu viennes dehors avec nous, regarde il neige ! cria Sasha en le tirant par le bras sans ménagement.
Le regard de la petite brillait comme des pépites de chocolat sur un cookie sortant du four.
- Je veux aller faire un bonhomme de neige ! hurla Evan en sautant de joie devant la fenêtre du salon.
Derek s'accroupit vers ses neveux et nièces et leur expliqua qu'il n'y avait pas assez de neige pour faire un bonhomme mais qu'il avait une autre idées toute aussi réjouissante pour occuper leur après-midi. Il eut droit à quelques grognements de frustration de leur part et un sourire de Stiles qui l'observait curieusement.
Stiles ne connaissait pas la version « tonton » de son garde du corps et le voir si attentionné, même s'il l'était aussi avec lui mais différemment, lui donna envie d'apprendre à mieux le connaitre encore.
C'est ainsi qu'une petite heure plus tard, Derek, Stiles, Cora et les louveteaux étaient en voiture pour aller au centre-ville dans le but de s'amuser un peu. Cora avait tenu à venir avec eux, histoires de les aider avec les petits, ils pouvaient être de vraies terreurs quand ils le voulaient. Derek avait un peu grogné mais avait finalement accepté, un peu d'aide ne pouvait pas faire de mal. Cora et les petits étaient déjà prêts pour leur activité, Derek aidait Stiles à s'équiper lorsqu'il croisa son regard quelque peu paniqué.
- Je vais pas y arriver Derek, j'ai jamais fait de patins à glace de toute ma vie, je vais me gaufrer et tes neveux vont se moquer de moi jusqu'à noël !
Ce dernier, qui attachait les patins du râleur paniqué, lui assura qu'il ne le laisserait pas tomber.
- Et s'ils se moquent, je les mords. Ne t'inquiète pas, je reste près de toi, lui avoua-t-il dans un clin d'œil avant de le tirer par les mains contre lui pour l'aider à se lever du banc sur lequel il était assis.
Stiles chancela quelque peu mais Derek s'assura qu'il reste debout sur ses deux pieds, une main dans son dos et l'autre serrant sa paire. Le loup entra le premier sur la patinoire, tout en tenant les mains de Stiles pour ne pas qu'il s'étale dès le premier pas. Celui-ci fut hésitant, tout comme le deuxième mais Derek lui expliqua comment se laisser glisser sur la glace et au bout de cinq minutes, le visage de Stiles passa de crispé-paniqué à plus détendu.
- Regarde Derek, j'y arrive presque ! sourit Stiles aussi raide qu'un sucre d'orge pour garder son équilibre, ce qui n'était pas vraiment la meilleure technique.
Le petit Evan le dépassa à toute vitesse, lui disant qu'il était aussi lent qu'un escargot congelé, ce qui choqua Stiles qui pensait avoir fait des progrès depuis ses premiers pas sur la glace. Derek vit sa mine défaite et décida de partir à la suite de son neveu insolent pour le faire taire. Il donna un premier coup de patin, puis un second et en moins de cinq secondes, il l'avait rattrapé, il le porta alors pour le poser sur ses épaules afin de lui faire faire le tour de la patinoire à grande vitesse.
Cora et Sasha riaient alors que Stiles les observait le regard perplexe.
- C'est pas un peu dangereux ? Ils vont super vite ! fit remarquer Stiles qui faillit tomber.
A force de les regarder tourner, ça lui donnait le tournis.
- T'inquiète pas, tonton c'est le meilleur, il ne m'a lâché qu'une fois et j'ai même pas eu mal, expliqua Sasha en partant à la rencontre de son oncle et de son frère le sourire aux lèvres.
- Il fait du patin depuis qu'il sait marcher, les petits ne risquent rien je t'assure, ajouta Cora. Tu ne le savais pas ?
Stiles tourna la tête pour voir un sourire de fierté barré le visage de Cora.
- J'avoue que non mais tu sais, il ne me parle quasiment jamais de sa famille. Je savais simplement qu'il avait deux sœurs, c'est à peu près tout, avoua Stiles en haussant les épaules.
Cora soupira et ajouta :
- Ouais, en même temps, Derek n'est pas très bavard. Mais je pensais qu'avec toi c'était différent. Vous vous connaissez depuis cinq ans non ?
- Oui c'est vrai mais, je crois que le fait que je sois une partie de son « travail » ça n'aide pas trop à ce qu'il se confie. Moi je le fais mais c'est parce que je parle trop. J'ai toujours un truc à dire et ton frère m'écoute, la plupart du temps, même si parfois il me grogne dessus quand je le fatigue. Pourquoi tu pensais que c'était différent avec moi ?
Cora rit puis son visage se raidit soudain. Elle réalisa que Stiles n'avait pas de sens lupins et qu'il n'imaginait certainement pas ce que son frère pouvait bien ressentir réellement pour lui, elle le savait. Heureusement, Derek lui sauva la mise en revenant au même instant en déposant Evan sur la glace entre eux deux.
- Je vous interromps ? demanda ce dernier en les observant tour à tour, quelque peu gêné.
- Non, on parlait de toi mais ce n'était que des compliments je t'assure, affirma Cora en lui tapotant le bras. Je vous laisse, je vais m'occuper des petits.
Un clin d'œil vers les garçons puis elle traversa la patinoire pour retrouver sa nièce, tirant Evan par la main. Stiles et Derek se dévisagèrent gênés puis Stiles lui avoua que sa sœur était vraiment sympa.
- Elle peut l'être maintenant. Quand on était petit c'était un vrai cauchemar.
- Et toi ? Attends, laisse-moi deviner... Je suis sûr que tu étais super sage, premier de la classe et chouchou de ta maman, affirma Stiles en faisant quelques glissades timides au milieu de la glace.
Derek le suivit, sourire aux lèvres tout en y réfléchissant.
- Non, j'étais pas super sage, j'étais un garçon rebelle, toujours en colère, avoua-t-il un peu honteux en rattrapant Stiles. Mais oui je suis le chouchou de ma maman c'est vrai.
- C'est fou comme tu peux être différent en dehors du boulot. T'es tellement concentré, fermé sur toi-même d'habitude. Je te préfère en ce moment, sourit Stiles en s'arrêtant soudainement, faisant stopper Derek dans son élan à la limite de les faire tomber tous les deux.
Stiles s'accrocha à ses biceps pour ne pas s'étaler sur la glace tout en s'excusant, les joues rouges d'être dans les bras du loup. Derek le fit reculer jusqu'à la bande qui fait le tour de la patinoire, son regard gris-vert fixant l'ambré de celui de Stiles.
- Si je suis aussi concentré et aussi fermé, c'est pour t'éviter des accidents, comme celui qui aurait pu arriver là maintenant.
- Oh ! je dois donc te remercier de m'avoir plaqué violemment contre la bande, le dos contre le bois gelé et ton torse contre le mien ? J'apprécie la vue cela dit. Merci, avoua Stiles en laissant un bisou furtif sur la joue du loup avant de repartir aussi vite qu'il le pouvait.
Stiles arborait un léger sourire, fier de son petit effet mais lorsque Derek arriva derrière lui et l'agrippa par la taille, il rigola moins. La main dans celle du loup, ils firent le tour de la patinoire en moins de temps qu'il ne faut pour dire pain d'épice. Stiles riait comme un gamin. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, Stiles avait les jambes flageolantes et le cœur qui tapait fort. Il n'était pas aussi sportif qu'il l'aurait voulu et son palpitant manquait cruellement d'exercice. Essoufflé mais souriant, il observait Derek qui semblait crispé tout à coup.
- Qu'est-ce qui se passe beau gosse ? T'es fatigué ?
- Arrête de faire ça Stiles, souffla-t-il en détournant son regard.
- Quoi ? J'ai rien fait, se mordit-t-il la lèvre.
Derek leva les yeux au ciel.
- Rhhaaa bon sang !
Il secoua la tête et parti chercher son neveu alors que Cora faisait son retour avec Sacha accrochée à sa main.
- Qu'est-ce qu'il a tonton ? demanda-t-elle en dévisageant sa tante puis Stiles.
- Il est frustré si je me fie à mes sens mais peut-être que Stiles en sait plus ? tenta Cora en le regardant tout sourire.
Ce dernier haussa les épaules en grimaçant à l'attention de Sacha qui se contenta de cette explication avant de repartir patiner.
- Ton frère est un mystère. J'ai beaucoup de mal à le suivre par moment, avoua Stiles. Encore plus depuis qu'on est ici.
- Tu finiras par comprendre, enfin je l'espère... sinon je vais devoir te faire la traduction et je ne sais pas si t'es prêt à l'entendre.
Cora mit un petit coup dans l'épaule de Stiles avant de le laisser à ses réflexions, l'air aussi perdu qu'un renne au milieu du brouillard du pôle Nord.
De retour de la patinoire, Derek aida son père à descendre le sapin du toit de la voiture et avec ses neveux, Cora, Laura et Stiles, ils le décorèrent dans le salon, tout en se remémorant leurs souvenirs d'enfance, sous le regard triste de Stiles. A nouveau Derek pensa qu'il n'avait pas vraiment eu de véritable Noël depuis son enfance. Il décida de laisser Stiles installer l'étoile tout en haut du sapin pour lui remonter un peu le moral.
C'est alors que Stiles le prit au dépourvu en lui demandant où est-ce qu'ils avaient l'habitude de suspendre le gui.
- Comment te dire ça ? C'est un poison pour les loups garous, tu n'en trouveras pas dans cette maison, désolé.
Stiles fit un pas vers lui, les bras croisés sur son torse, le défiant du regard.
- Et comment je saurais où me mettre si je veux être embrassé ? demanda Stiles avec un clin d'œil et l'air feintant la désillusion.
Derek se mordit la lèvre et avant qu'il ne puisse répondre, Sasha lui expliqua qu'ici il suffisait de demander un câlin si on en avait besoin, ce qu'elle lui donna volontiers. Stiles la prit dans ses bras et lança un regard entendu à Derek qui secoua la tête en rougissant.
Le séjour chez les Hales touchait à sa fin et Stiles semblait à nouveau nerveux à l'idée de repartir malgré son envie furieuse de remonter sur scène. Derek le rassura en lui faisant remarquer qu'il serait la jusqu'au dernier de ses concerts. Ils arrivèrent tard le soir même à leur hôtel, après avoir remercié chaleureusement la famille Hale et partagé de longue accolades avec les sœurs du loup.
Stiles fut réveillé et sorti de sa petite bulle de bonheur le lendemain matin par la chanson de Mariah Carey qui sortait du radio réveil posé sur la table de chevet de l'hôtel et sans qu'il ne puisse la contrôler, sa bouche se mit à hurler :
- All I want for Christmas is youuuuuu !
Evidemment ce fut exactement le moment que choisi Derek pour sortir de la salle de bain, vêtu uniquement de son boxer. Ils se dévisagèrent gênés puis Stiles parti dans un fou rire nerveux incontrôlable.
- Désolé, je peux plus l'entendre cette foutue chanson ! dit-il en se laissant tomber sur le matelas, son corps à moitié couvert par les couvertures.
Derek détourna le regard en inspirant pour calmer son palpitant quand Stiles glissa sa main derrière sa tête en observant le plafond. Il avait l'air d'un ange tombé du ciel avec les rayons du soleil qui illuminaient son corps à moitié nu.
- Tu n'as qu'à en chanter une autre, celle que tu préfères, marmonna le loup en s'habillant.
Stiles l'observa et lui demanda laquelle était sa préférée.
- Tu ne le sais pas après tout ce temps ? demanda Derek en haussant un sourcil, étonné que Stiles ne le sache pas.
C'était tellement évident pour lui qu'il était presque déçu de voir que Stiles ignorait ce genre de détail. En y réfléchissant, Derek n'était que son garde du corps, rien de plus, peut-être que son avis ne comptait pas tant que ça après tout. Peut-être aurait-il voulu être son ami mais il n'était même pas certain d'avoir ce rang, cette place d'honneur dans le cœur de Stiles. Il ferma les yeux et baissa la tête en soupirant quand Stiles se mit à chanter.
« Je sombre et cette fois j'ai peur qu'il n'y ait personne sur qui compter
Cette tout ou rien, cette manière d'aimer m'amène à dormir sans toi
Maintenant, j'ai besoin de quelqu'un pour savoir
Quelqu'un pour aller mieux
Quelqu'un pour avoir du soutien
Juste pour savoir ce que ça fait
C'est facile à dire mais ça n'est jamais pareil
Je suppose que j'ai en quelque sorte aimé la façon dont tu m'as aidé à m'échapper
Maintenant les jours saignent
Dans la nuit
Et tu n'es pas là pour m'aider à surmonter ça »
Stiles observa Derek et même s'il n'avait pas de sens lupins, il le sentit fébrile, stressé voir même anxieux.
- Ce n'est pas celle-ci ta préférée ?
- Si mais j'aime autant l'entendre que ces paroles me font mal au cœur.
Derek se rapprocha de Stiles qui était toujours étendu sur son lit occupé à l'observer. Celui-ci se releva sur un coude.
- Ce ne sont que des mots Derek, ils ne sont là que pour faire pleurer les filles du public.
Derek ricana en levant les yeux au ciel.
- Arrête Stiles de te cacher derrière tes propres paroles. C'est toi qui as écrit cette chanson, ne me dit pas que ce ne sont que de simples mots pour toi.
Le loup s'assit sur le lit et pris la main de Stiles dans la sienne puis continua même s'il pensait que ce n'était pas vraiment une bonne idée.
- Je sais et je partage ce que tu vis depuis cinq ans, je connais aussi ton enfance, enfin ce que tu as bien voulu m'en dire, et je te connais toi à travers tes textes et je te rappelle que je peux sentir la moindre émotion, le moindre sentiment qui émanent de ton corps Stiles. En ce moment même, tu es triste, angoissé, tu te sens perdu mais aussi ému, intrigué, touché...
- C'est bon stop ! cria Stiles en levant une main tremblante devant lui pour l'arrêter. N'en dit pas plus, ok ? Et si on parlait de toi, qu'est-ce que tu ressens là ? dit-il en pointant son cœur sur son torse encore nu, le visage quelque peu tendu.
Derek se crispa soudain en réalisant que Stiles lui demandait l'impossible. Il ne pouvait pas lui avouer ce genre de choses. Il était son employé pour quelques jours encore et si la moindre parole fuitait de cette chambre d'hôtel qu'ils avaient rejoins la veille, il serait non seulement viré mais il perdrait toute crédibilité face à son véritable employeur ; le manager de Stiles et ça, il ne pouvait pas le concevoir. Il avait besoin de travailler et il devait se tenir à son contrat, même si ça voulait dire qu'il devait garder ses sentiments pour lui.
Evidemment qu'il mourrait d'envie de lui révéler ce qu'il pensait de lui, de lui avouer qu'au fond de son être brûlait une flamme qui jamais ne s'éteindrait mais il ne pouvait pas, aussi difficile était-ce de se taire. Un jour pas si lointain, il aurait la possibilité de lui dire tout ça mais était-il prêt à le faire ? Saura-t-il trouver le bon moment et les bons mots ?
Derek soupira longuement, lâcha la main de Stiles sans pouvoir le regarder.
- Je peux pas te dire ce que tu veux entendre et tu sais très bien pourquoi, avoua-t-il en baissant la tête.
Mais Stiles n'accepta pas cette réponse, il insista en tapotant du bout du doigt son pectoral gauche dans un geste aussi agaçant qu'agacé en observant ce visage que Derek cachait toujours.
- Je veux savoir Derek, s'il te plait... Bordel t'étais plus bavard quand on était dans ta famille, râla-t-il en se retournant dans le lit, abandonnant l'idée de savoir ce qu'il en était vraiment, offrant finalement son dos à Derek pour toute vue.
Le loup se mordit la lèvre, tiraillé entre l'envie de lui ouvrir son cœur et le fait qu'un contrat et d'autres choses l'en empêchaient.
- Stiles, je peux pas pour l'instant...
Ce dernier resta muet et ne bougea pas d'un pouce jusqu'à ce que le loup se lève du lit en soupirant.
Malgré le silence qui accueilli sa phrase, il ne lui en voulait pas, il savait que Stiles réagissait ainsi pour se protéger mais Derek ne pouvait pas s'attarder plus pour l'instant sur ses états d'âmes car Stiles était attendu par sa coach vocale en prévision de son concert du lendemain.
Durant la répétition Stiles n'était pas à son affaire, il semblait distrait et se fit reprendre par Isabel à plusieurs reprises. Au bout de deux heures d'efforts sous les yeux et les oreilles de Derek, Stiles lâcha l'affaire et sorti de la salle en serrant les dents, visiblement excédé. Il alla s'enfermer dans les toilettes en ignorant les appels de Derek qui lui courait après dans le couloir.
- Stiles ça va ? lui demanda ce dernier en s'appuyant d'une main sur la porte de la cabine des toilettes.
- Je peux pisser tranquille oui ?!
- T'es pas en train de pisser, je t'entends tu sais.
- Merde ! Putain mais va voir ailleurs si les lutins de noël existent et fous moi la paix Derek ! cria Stiles assit sur le couvercle des toilettes.
Visiblement il était encore plus irrité que quelques minutes plus tôt et Derek se demandait d'où lui venait autant de colère, comment un corps aussi frêle pouvait ressentir autant de sentiments à la fois. Il tenta de le calmer en le distrayant, au pire ça fonctionnerait.
- Figure-toi que c'est bien possible que les lutins existent, je ne retrouve plus mon t-shirt bleu depuis hier, je suis sûr que ce sont eux qui me l'ont piqué.
- Va te faire la mère noël, tu m'emmerdes !
Raté !
- Stiles ! râla Derek en soupirant de frustration.
La porte des toilettes s'ouvrit violemment, passant à quelques millimètres à peine du nez de Derek qui eut juste le temps de reculer d'un pas avant de faire face au visage cramoisi de Stiles.
- C'est quoi que tu piges pas dans « va te faire la mère noël » ? Tu peux pas m'oublier cinq minutes ? J'en ai marre !
Son ton était froid, à la limite de l'agressivité.
Derek lui aurait bien rétorquer que Mme Noël était non seulement mariée mais en plus, ne l'intéressait pas du tout mais il garda pour lui sa réflexion.
- Stiles, je voulais juste savoir si tu allais bien. T'es hyper stressé depuis ce matin et ça ne semble pas s'arranger.
- A cause de qui à ton avis Rudolphe ? Ouais ton nez est tout rouge... dit-il en faisant un geste vague devant lui pour répondre aux sourcils interrogatifs du loup.
- Mon nez ? ... Rhaa, peu importe, qu'est-ce qui ne va pas ? insista Derek.
- C'est la bataille de boule de neige avec tes neveux ? demanda Stiles en ignorant sa question.
- Ne change pas de sujet. Dis-moi comment je peux t'aider.
- Ils t'ont bien foutu la honte ces p'tits louveteaux, bon c'est vrai que je les ai bien aidés, c'était cool...
- Arrête Stiles !
- Ou sinon quoi ? demanda-t-il en s'approchant d'un pas vers Derek les dents serrées.
- Tu vas me rendre fou ! Tu veux bien qu'on retourne à ta répétition ? Isabel t'attend.
- J'ai plus envie, affirma Stiles en avançant encore d'un pas, son nez à quelques centimètres de celui du loup, le défiant du regard.
Derek était coincé dans cet espace bien trop petit, ne pouvant pas reculer, se sentant mal à l'aise tout à coup, il porta Stiles comme un sac de patates sur une épaule pour le ramener à sa coach vocale, recevant des coups de poings rageux dans son dos.
- Pourquoi t'es aussi chiant et pourquoi ton cul parait aussi sexy vu d'en haut ? Bordel !
Derek le reposa au sol en maudissant ses pulsions primaires et les dieux des loups garous, oui il venait de les inventer.
- Va répéter ou je te... Rhaaaa ! Vas-y merde ! souffla Derek en pointant sa coach du doigt.
- Je te hais ! pesta Stiles en obéissant, non sans marmonner des noms d'oiseaux à son attention tout en s'éloignant d'un pas rageux.
Ils ne se reparlèrent plus de la journée.
Le concert de Philadelphie fut un triomphe et il ne restait plus que deux concerts au Madison Square Garden pour Stiles avant l'arrêt de sa tournée. Plus les jours avançaient et plus il se sentait tendu. La situation ne s'était pas vraiment calmée entre le loup et lui, chacun restant sur ses positions.
Tout en faisant du shopping dans une boutique de Manhattan pour trouver quelques petits cadeaux pour la troupe, Stiles se demandait s'il devait en acheter un pour sa tante et son oncle. Après-tout ils étaient la seule famille qui lui restait mais Stiles n'avait aucune envie de les voir pour noël, il ne voulait voir personne à vrai dire. Il voulait simplement retrouver son chat Polochon et le blottir dans ses bras en buvant du chocolat chaud sur son canapé.
Son appartement en Californie lui manquait, le calme de sa petite ville et de son quartier aussi. New York était une ville magnifique mais Stiles s'y sentait tout petit, perdu, invisible au milieu de ses gratte-ciel, même quand des groupies à peine sorties de l'adolescence lui couraient après entre les rayons d'une boutique. Il fut d'ailleurs abordé par l'une d'elle alors qu'il se baladait dans une bijouterie mais la malheureuse fut bien vite rattrapée par son cher garde du corps qui lui fit bien vite comprendre qu'elle devait rebrousser chemin.
- Elle voulait juste un autographe Derek, laisse-là venir, protesta Stiles sur le ton du reproche.
- Elle est seule pour l'instant mais si tu lui offres un autographe, dans dix minutes, on sera coincé dans cette boutique avec des centaines de cinglées autour de nous.
Malgré les grognements de Derek, Stiles offrit à la jeune fille un autographe puis il reparti faire son shopping un peu plus loin sous le regard hargneux du loup.
- T'es vraiment obligé de me suivre partout en grognant ? demanda Stiles en levant les yeux au ciel.
- T'est vraiment obligé de me poser cette question stupide ?! Je te laisse encore 10 minutes après ça, on retourne à l'hôtel...
Stiles tenta d'échapper à sa surveillance en se glissant sous un présentoir empli de vêtements, ce qui lui donna dix minutes supplémentaires de shopping, juste le temps de retrouver ce qu'il avait repérer quelques minutes plus tôt dans la bijouterie.
De retour à l'hôtel Stiles monta dans la chambre qu'il partageait avec le loup et se glissa mollement sur le canapé en appelant le service d'étage afin de se restaurer. Il avait auparavant caché dans une de ses valises, un petit paquet entouré d'un emballage doré. Inconsciemment un sourire fendit son visage.
Il réalisa qu'il lui restait trois jours avant de chanter au Madison Square Garden pour le réveillon de noël et que c'était aussi le nombre de jours qu'il lui restait avant de voir Derek partir de sa vie définitivement pour d'autres horizons professionnels. Un pincement au cœur lui fit perdre son sourire, ce que le loup remarqua depuis le canapé qui lui faisait face.
- Qu'est-ce qui te rend triste tout à coup ? demanda Derek sans même lever les yeux de son roman.
- Rien, je doute que ça t'intéresse de toute manière. Continue de lire, oublie que je suis là, lança Stiles sans même le regarder.
- Je peux pas. T'es en face de moi à tirer une tronche d'enterrement, donc je peux pas oublier. Tu veux en parler ?
Derek posa son roman et fixa Stiles de ses yeux gris-verts en attendant une réponse qui ne vint pas. Stiles détourna le regard en se mordant l'intérieur de la joue.
- J'ai pas envie que tu partes, chuchota-t-il enfin en croisant les bras sur son torse comme un gosse, ramenant ses jambes contre lui comme pour se mettre dans une petite bulle protectrice.
- J'ai pas le choix, mon contrat s'arrête dans trois jours.
Se levant prudemment du canapé pour ne pas faire sursauter Stiles qui semblait perdu dans ses pensées, Derek s'approcha et vint s'asseoir à côté de lui en silence. Stiles posa sa tête sur son épaule en soupirant longuement.
- J'en peux plus Derek.
- De quoi tu parles Stiles ? demanda-t-il anxieux en sentant une odeur acide approcher ses narines sensibles.
- D'être différent et d'être aussi seul. Ça ne te pèse pas à toi cette solitude ?
Derek répondit prudemment qu'il n'était pas seul.
- Alors pourquoi j'ai l'horrible impression d'être plus seul que jamais ? Pourquoi je me sens si nul, si inutile ? Pourquoi j'ai le cœur aussi lourd, hein Derek ?
La main de Stiles tremblait sur la cuisse de Derek telle une feuille à l'approche des premières gelées de l'hiver. Le loup observa sa main sur laquelle venait de s'écraser une larme aussi lourde que la peine de Stiles. Le loup senti son cœur se serrer et prit le plus jeune dans ses bras pour le réconforter. Il garda Stiles contre lui alors qu'il laissait couler sa tristesse sur ses joues rouges. Derek passa une main dans ses cheveux, faisant relever la tête du chanteur, son regard dans celui de son garde du corps.
L'air devint électrique entre leurs deux visages.
- Derek...
On frappa à la porte à l'instant où Stiles ferma les yeux. Un juron sorti de sa bouche puis la place à côté de lui se vida de son occupant. Derek revint quelques secondes plus tard avec un plateau repas et une impression de nausée dans l'estomac. Stiles observa avec dégout la cloche se soulever au-dessus des assiettes fumantes, soudain il n'avait plus faim du tout.
Plus tard dans l'après-midi après deux heures passées à chanter, Stiles décida d'aller faire un tour à pieds dans Central Park, dans la neige qui était fraîchement tombée. Derek qui marchait quelques mètres derrière lui, le suivait avec la boule au ventre. Depuis le matin, mis à part pour chanter avec sa coach, Stiles n'avait pas rouvert la bouche. Le loup sentait une profonde tristesse l'emballer, voir l'étouffer sans qu'il ne sache comment percer cette bulle anxiogène. Stiles ruminait et ce n'était pas bon, pas bon du tout.
Le jeune chanteur s'arrêta à quelques mètres d'un étang où des canards faisaient des ronds dans l'eau, une main dans la poche de sa doudoune aux couleurs de l'arc-en-ciel, l'autre le long de son corps, son bonnet noir vissé sur la tête.
- Ils ont l'air heureux, je me demande à quoi ils pensent, souffla Stiles en laissant échapper un nuage blanc dans l'air glacé.
Il faisait froid et quelques flocons tombaient tout doucement sur le sol, en silence. Derek remarqua que Stiles tremblait, inquiet pour son protégé, il s'approcha de lui et lui prit la main pour s'assurer qu'il n'était pas complètement gelé. Stiles sursauta.
- Ne fais pas ça Derek.
- Quoi ? demanda ce dernier en penchant la tête vers lui.
- Me donner cet espoir que tu me voleras en partant, je n'en ai pas besoin et surtout pas envie. Je veux que tu me laisses tranquille, s'il te plait. Laisse-moi seul.
Son ton était aussi froid que l'air qui s'engouffrait dans les poumons du loup. Derek lâcha sa main, le cœur serré. Stiles avait raison après tout, il n'avait pas le droit de lui donner de l'espoir tout en sachant que son départ était imminent. Deux jours, c'était tout ce qu'il lui restait. Était-ce deux jours de bonheur à venir ou deux jours de torture ? Impossible à dire tant ses pensées se bousculaient dans sa tête.
Derek recula et laissa à Stiles l'espace qu'il lui réclamait. Il vécut finalement ces deux jours comme les plus durs de sa vie, comme s'il était dans le couloir de la mort à attendre la sentence de la chaise électrique. Il n'était plus que l'ombre de lui-même, se trainant à la suite du chanteur sans un seul sourire pour ce dernier. Stiles n'en avait pas non plus.
Stiles ne semblait pas se sentir mieux mais hélas il ne lui parlait plus, Derek n'avait plus que ses sens lupins pour juger du mal être de son protégé. Le soir précédent Stiles avait donné son premier concert au Madison Square Garden, un succès, ce soir était le dernier de sa tournée.
A minuit Derek serait libéré de ses fonctions de garde du corps auprès de Stiles. Après cinq ans passés à ses côtés, il avait du mal à imaginer la suite, tant pour lui que pour le chanteur. Qui prendrait soin de Stiles après lui ? Est-ce que son successeur le ferait bien ? Est-ce qu'il s'entendrait aussi bien avec lui ?
Derek avait l'impression d'avoir du coton dans les oreilles et une sensation de nausée qui ne le quittait pas depuis le matin, son loup s'était terré dans un coin de son esprit et couinait d'une petite voix à peine audible. Derek n'était pas malade, ce n'était pas possible, alors bon sang, qu'avait-il ?
Il se sentait confus, partagé, comme si son cœur allait s'ouvrir en deux et s'échapper de sa poitrine, pourtant il devait tenir bon, encore quelques heures, trois petites heures et peut-être que cette sensation s'atténuerait d'elle-même lorsqu'il partirait, lorsqu'il quitterait définitivement New York pour retrouver sa famille et fêter Noël avec eux.
Lorsqu'il récupéra ses affaires et redonna son badge après minuit, il ne se rappela pas avoir dit au revoir à Stiles, à peine à l'équipe de la tournée et encore, c'était flou comme dans un rêve dans lequel il avait l'impression de s'enfoncer sans pouvoir remonter à la surface.
Dans le taxi qui s'éloignait déjà de la grande pomme, son esprit se vidait lentement, à chaque kilomètre un peu plus. Ses souvenirs des derniers moments de la tournée s'envolèrent définitivement dans le blizzard qui soufflait dans la rue où il avait vécu toute son enfance.
Quand le taxi s'arrêta en glissant sur le sol gelé, il releva la tête, le manoir Hale était là, juste devant lui. Il était de retour dans la maison qui l'avait vu grandir et devenir l'alpha de sa meute. Il se sentait nostalgique et aussi vide qu'une coquille de noix rongée par un écureuil, malgré ses bras chargés de paquets colorés.
Il déposa les paquets sous le sapin, la pendule du salon indiquait trois heures. Il partit se coucher dans la chambre d'ami, le cœur aussi lourd que les bottes enneigées du père noël. C'était fini, il devait l'oublier.
Oublier Stiles.
Mais il ne pouvait pas s'y résoudre, pas en sachant pertinemment qu'il laisserait derrière lui ce jeune homme qui avait tout bouleversé et tout renversé dans sa vie, de part en part et à jamais. Fait voler des assiettes et frapper dans des meubles lorsque sa peine était trop lourde à porter. Il ne pouvait pas oublier les nuits où Stiles faisait tordre les draps et les gonflait de ses sanglots comme une tempête aurait gonflé les voiles d'un navire alors qu'il se sentait impuissant face à ses crises. Il ne voulait pas le perdre ou se perdre lui-même, même si parfois pour ne pas se perdre, il faille s'égarer.
Mais le loup était parti, sans rien lui avouer de tout ça, comme un lâche, comme un trouillard. Il avait fait exactement ce que Stiles lui avait dit de faire ; il avait fui. Il s'était éloigné de lui parce qu'il le lui avait demandé.
Pourquoi avait-il obéi ? Pourquoi ne s'était-il pas rebellé en sachant que Stiles ne pensait pas un mot de ce qu'il lui avait dit ? Pourquoi n'avait-il pas écouté son loup hurler ? Il n'en savait rien et c'était ça le pire, il avait agi sans penser à lui, pour ne pas souffrir.
Une larme coula sur sa joue, atteignant son oreiller apparemment déjà humide lorsqu'on frappa timidement à sa porte. Il renifla et essuya ses joues en faisant entrer sa nièce, il l'avait sentie arriver malgré l'odeur salée de ses larmes qui embaumait l'air autour de lui.
Une petite tête passa la barrière de sa porte.
- Tonton ? Je peux venir vers toi ?
- Bien sûr ma puce, viens.
Il fit une place à Sasha dans son lit, prenant la petite dans ses bras en la recouvrant de sa couette pour pas qu'elle n'ait froid. Elle garda le silence quelques secondes mais tout comme sa mère, la curiosité l'emporta sur le silence et elle lui demanda d'une petite voix pourquoi il était si triste.
- Parce que j'ai dû quitter des gens auxquels j'étais attaché. Je dois commencer un nouveau travail la semaine prochaine, avec de nouvelles personnes et ça me rend un peu triste. Tu comprends ?
Sasha serra son doudou contre son torse comme si elle avait peur de le perdre lui aussi.
- Mhh, marmonna-t-elle. Tu as peur ?
Une main caressa distraitement sa chevelure noire, elle senti la peur de son oncle et autre chose de plus fort encore lui donner des frissons dans le dos.
- Oui et non.
- Tu es vraiment beaucoup triste tonton. Pourquoi ?
Avant qu'il ne puisse répondre, Laura fit son entrée dans sa chambre, les yeux noirs de colère de trouver sa fille ici.
- Sasha, laisse Derek tranquille, il est fatigué.
Cette dernière bouda en précisant qu'il n'était pas fatigué mais triste, ce qui lui valu un regard plus noir encore venant de sa mère. Laura s'excusa platement de l'irruption de sa fille et referma la porte derrière elle. Derek fut incapable de refermer ses yeux cette nuit-là. Lorsque les premiers rayons du soleil passèrent par la fenêtre de sa chambre, il était déjà habillé. Des cris d'enfants dans le salon l'avaient poussé à sortir de son lit bien que cette boule d'angoisse qui l'étouffait toujours avait tenté de le garder sous les draps. Ces quelques heures de plus ne l'avaient pas aidé à oublier son chagrin.
Derek descendit ouvrir les premiers cadeaux avec ses neveux et nièces, plus tard il aida sa mère à préparer le repas de midi, bien trop silencieusement au gout de sa génitrice.
- Je suis heureuse que tu sois là mon fils mais ta peine me brise le cœur. Tu veux me dire ce qui se passe ? demanda Thalia en lui caressant le dos.
- Non maman, pas maintenant. Je veux profiter de la famille et de la meute qui ne devrait plus tarder. Je vais bien je t'assure.
Thalia croisa les bras sur sa poitrine en faisant face à son fils les sourcils levés.
- Tu peux toujours tenter de t'en convaincre Derek mais ne me mens pas, ça ne sert à rien. Tu peux en parler à ton père si tu préfères ?
- Je préfère encore en parler avec ma nièce je crois, rit-il en secouant la tête.
- Ok, ton père est encore moins bavard que toi, c'est vrai. Je veux juste que tu sois heureux Derek, c'est tout ce que je te souhaite, lui dit-elle en l'embrassant sur la tempe.
Elle le laissa seul dans la cuisine et rejoignit tout le monde dans le salon. Tout en soupirant face aux paroles de sa mère, Derek sortit son portable de sa poche mais il n'y avait rien à y voir malheureusement. Il le laissa dans la cuisine et retrouva dans le salon, son père et sa mère ainsi que ses deux sœurs et une partie de sa meute qui venait de faire irruption et qu'il n'avait pas vue depuis plusieurs mois. Ils lui avaient beaucoup manqué.
Il serra Boyd dans ses bras puis Isaac et Liam, son louveteau préféré. Lydia lui accorda une accolade plus longue que les autres puis son oncle et sa cousine complétèrent le câlin de meute mais malgré leur présence à tous, il se sentait incomplet. Une partie de lui semblait manquer à l'appel.
Le repas se passa dans la bonne humeur et malgré les coups d'œil jeté par son père, personne ne lui demanda d'explications sur ce qu'il lui arrivait. En fin de repas, son père lui proposa un verre de Whiskey, fait rare chez James Hale qui ne buvait jamais d'alcool d'habitude. Son père l'entraina dehors malgré le froid qui régnait, ils étaient des loups garous et supportaient très bien les températures hivernales. Accoudé sur la rambarde, le regard au loin, son père soupira puis tourna la tête vers lui.
- Ta mère s'inquiète pour toi Derek. Elle a peur tu sais. Est-ce que tout va bien dans ta vie mon fils ? Tu n'es plus le même depuis la dernière fois où on t'a vu.
Son ton n'était pas méchant ni même accusateur, bien au contraire, il émanait du vieux loup du respect et de l'amour pour son fils, dont Derek s'empara à grandes inspirations.
- Vous n'avez pas à vous en faire pour moi, c'est juste cette fin de contrat qui m'a un peu remué, c'est tout.
Il bu une gorgée de sa boisson qui lui rappela amèrement une paire d'yeux ambrés, son estomac eut du mal à encaisser le choc. Il dégluti difficilement devant le regard compatissant de son père.
- Je vais te raconter une histoire...
Derek soupira longuement en observant quelques flocons qui virevoltaient devant la maison. Cette histoire il la connaissait déjà par cœur. Son père lui raconta une nouvelle fois comment il avait rencontré Thalia et pourquoi, à cause de sa stupidité et de son caractère buté, il avait failli perdre sa compagne.
- Je sais tout ça papa, mais je ne suis pas dans ta situation. Je n'ai pas rencontré ma compagne, je l'aurais remarqué il me semble si c'était le cas.
Son père lui envoya une pichenette sur le front en secouant la tête.
- Tu es un idiot Derek !
Tiens, il l'avait déjà entendue celle-là.
- Merci, si tu crois m'aider avec ça, c'est raté, râla-t-il.
Son père fini son verre d'un trait et posa une main sur l'épaule de son fils en captant son regard semblable au sien.
- Ce que je voudrais te dire c'est que ce n'est peut-être pas une compagne. Je te dis ça parce que je crois bien que tu l'as déjà rencontré mais que tu es tellement aveuglé par la peur, que tu ne l'as pas reconnu. Réfléchis-y mon fils.
James Hale laissa son fils en pleine crise d'introspection et rentra à l'intérieur du manoir en espérant avoir ouvert son esprit et son cœur en peine. Derek s'assit sur les marches du perron en se remémorant les paroles de son paternel. Ce pouvait-il que son père ait compris avant lui ? Ce pouvait-il qu'il ait su sans que lui ne le voit ?
Il resta ainsi de longues minutes, les fesses gelées sur les marches de bois blanc, les flocons se remettant à tomber doucement puis il se décida à rentrer, certain de devoir faire quelque chose, mais quoi exactement, il ne le savait pas. Heureusement, ou non, Lydia vint à son secours et le prit à part. Visiblement ça devenait une tradition aujourd'hui...
Assise dans le canapé du petit salon, un peu à part du reste de la famille qui fêtait dans l'autre pièce, Lydia lui souriait de sa bouche rouge et brillante.
- Alors ? Comme ça, tu as quelqu'un en vue ? demanda-t-elle innocemment en plissant sa robe vert sapin mine de rien.
Le loup releva la tête de son verre et lui sourit en observant sa mimique innocente, ses yeux pétillaient de malice. Oh non Lydia était tout sauf innocente et Derek commençait gentiment à paniquer, se demandant dans quel traquenard elle allait encore l'embarquer.
- Laquelle de mes sœurs t'a parlé ? demanda-t-il, sachant pertinemment qu'elle mijotait quelque chose avec l'une d'elle.
- En fait, c'est ta nièce, chuchota-t-elle en levant les épaules. Il parait qu'il est venu ici ?
Derek leva les yeux au ciel en soupirant, parfois les sens lupins de tous ces loups autour de lui, lui tapaient sur le système. Heureusement qu'il adorait sa nièce.
- Je ne sais pas ce qu'elle t'a raconté mais je pense que tu peux oublier cette idée. Je ne pense pas le revoir un jour même si j'avoue que...
Derek s'arrêta, incapable de formuler à voix haute ce que son cœur semblait enfin réaliser.
- Que quoi ? Que tu en crèves d'envie ? Tu peux me le dire tu sais.
Un long soupire s'échappa de ses lèvres puis le loup baissa la tête tristement.
- Je crois surtout que je sais pas du tout quoi faire.
Lydia se leva et vint s'asseoir à côté de lui, une main tapotant gentiment sa cuisse.
- Raconte moi ce qui te tracasse. De quoi as-tu vraiment envie Derek ? Oublie ce qui te fais peur et pense à ce que tu veux vraiment, là, pointa-t-elle du doigt sur son torse.
Derek prit son temps pour y réfléchir et au bout de quelques minutes qui parurent des heures aux yeux de Lydia, il rompit enfin le silence du petit salon.
- Je voudrais tomber amoureux, qu'on fasse équipe pour tout, partout, tout le temps, que les gens parlent de nous en disant ; Eux, eux là... les inséparables, les amoureux, les relous qui passent leur temps à se dire « je t'aime » avec les yeux. Je voudrais qu'on passe nos nuits à faire l'amour et nos journées à se raconter nos soirées. Je voudrais qu'on le fasse dehors, au cinéma, dans l'ascenseur...
Lydia s'était levée, sans que Derek ne le remarque, perdu dans son monologue empli d'émotions. Derrière le canapé, un jeune homme se tenait debout, emmitouflé dans une doudoune aux couleurs de l'arc-en-ciel, son bonnet plein de neige laissait quelques gouttes d'eau sur le parquet. Il s'avança et croisa le regard complice de Lydia puis pris sa place à côté du loup alors qu'il terminait une phrase suspendue dans le temps.
- ... connaître sa peau par cœur et... Stiles ? dégluti Derek en croisant le regard empli de larmes de son vis-à-vis. Depuis quand tu es là ?
Stiles lui sourit, ses joues rougies par le froid et d'autres choses.
- Depuis... Je veux le voir dormir et se réveiller dans mes bras, compter ses grains de beauté et connaître sa peau par cœur. Je ne te savais pas si romantique Derek...
Lydia s'éclipsa et laissa les deux hommes seuls dans le petit salon. Dans la pièce d'à côté la fête se poursuivait sans eux.
- Je... Je sais pas quoi te dire. Je suis heureux que tu sois là. Tu n'es pas chez ton oncle et ta tante ?
Stiles baissa la tête en soupirant longuement.
- Il sont parti sur une île en mer des caraïbes pour passer noël en amoureux, encore. Je suis seul et je n'en ai vraiment pas envie. J'avais besoin de soutien, j'ai pas de très belles pensées en ce moment, si tu vois ce que je veux dire.
Il n'avait pas besoin d'en dire plus, son odeur parlait pour lui, Derek sut pertinemment que ce n'était clairement pas le moment de le laisser seul. Il n'eut même pas besoin de réfléchir à la question.
- Viens chez moi. J'ai un appartement au bout de la rue et ici... il y trop de monde.
Derek prit Stiles par la main et monta dans la chambre d'amis, embarqua quelques affaires et ils s'échappèrent de la fête par la porte de derrière. Le loup s'en fichait bien de les abandonner, il n'avait qu'une envie, remonter le moral de Stiles, il avait aussi milles choses à lui dire.
Dans la rue enneigée, Derek tenait toujours la main de Stiles dans la sienne, pas prêt du tout à le lâcher. Ils arrivèrent devant un manoir qui ressemblait un peu à celui de la famille de Derek. Ils s'arrêtèrent un instant puis le loup, convaincu par le sourire de Stiles, l'emmena au dernier étage de la maison. Le jeune homme y découvrit un loft immense avec des poutres apparentes et une grande baie vitrée qui donnait sur le parc arborisé recouvert d'une belle couche de neige.
Stiles se débarrassa de sa doudoune et de son bonnet qu'il déposa dans l'entrée en observant tout autour de lui. L'endroit était vraiment chaleureux et cosy, il s'y sentait bien.
- Tu veux boire quelque chose ? demanda Derek qui s'affairait à allumer un feu dans la cheminée imposante du salon.
- J'ai bien envie d'un chocolat chaud, tu peux me faire ça ?
Derek sourit et secoua la tête en se demandant pourquoi il lui avait bêtement demandé ce qu'il voulait boire alors qu'il le savait très bien. Stiles avait pour habitude de se nourrir de chocolat chaud, c'était encore la nourriture qui passait le mieux lors de ses crises de boulimie. Derek chassa cette image de sa tête et se concentra sur le chocolat chaud et le fait que Stiles était là chez lui.
Le loup occupé dans la cuisine, Stiles l'observait les bras croisés sur son torse, assit sur un des tabourets du bar qui séparait la pièce du salon. Il semblait nerveux, se retrouver chez Derek lui paraissait quelque peu irréel. Quelques heures plus tôt il était sur le point de rejoindre la Californie et son petit appartement au bord de l'océan mais il n'avait pu s'y résoudre. Il s'était rendu compte que s'il laissait passer cette opportunité, cette chance de prouver au loup qu'il était bien plus que son garde du corps, il le regretterait pour le restant de sa vie. Et puis il avait un cadeau pour lui.
Maintenant il était là, gigotant sur le tabouret de bar de Derek à ne pas savoir exactement par où commencer. Il se lança nerveusement.
- Tu n'es plus très bavard tout à coup, c'est à cause de moi ? s'inquiéta Stiles.
Derek se retourna, mordillant sa lèvre nerveusement. Son cœur battait fortement dans sa poitrine et ses oreilles bourdonnaient à cause du stress.
- Non pas du tout, c'est juste que, je réalise que je ne suis plus ton garde du corps et que je suis libre de te parler de ce que je veux mais... ça me fiche la trouille, si tu savais. Je sais pas par quoi commencer.
Stiles descendit de son tabouret et se rapprocha du loup qui se recula d'un pas, par habitude, mais Stiles le retint par la main, son regard dans le sien. Il savait à présent ce qu'il fallait faire et était certain que c'était le bon moment. Il prit une grande inspiration et comme par magie la boule qui lui serrait les entrailles disparut.
- Et si je commençais ?
Derek hocha la tête sans pouvoir articuler un mot tellement sa gorge était serrée par l'émotion. Stiles était là, à quelques centimètres à peine de lui, il sentait déjà son odeur sucrée lui envahir les narines. Il entendait son cœur qui s'emballait et vit sur ses joues, une agréable couleur rose se marier agréablement à ses grains de beauté.
- Tu disais que tu voulais tomber amoureux... Et bien sache que pour moi, c'est déjà le cas. Mais j'aimerais bien plus que ça. Je voudrais te connaitre vraiment, je voudrais faire partie de ta vie, du voyage. Je veux que tu sois ma carte, mon guide, ma route et l'paysage. Qu'on danse sous la pluie, dans le métro ou dans le salon, que je te marche sur les pieds et que tu ries et que les voisins râlent à grand coups de manches à balais dans l'plafond. Je veux qu'on se parle de tout, de rien et qu'on rit à ne plus pouvoir respirer et qu'à chaque fois que tu ries, je retombe amoureux. Je veux t'embrasser ici, là-bas, partout et que les gens soient jaloux. Je veux qu'on passe des heures à s'effleurer, à s'observer dormir, je veux découvrir ton corps et le sentir palpiter sous mes doigts et le regarder comme tu me regardes à cet instant. Je veux qu'on soit ce couple insupportable qui se dit je t'aime avec les yeux. Je veux qu'on se pardonne nos erreurs et qu'on se réconcilie en ne faisant qu'un. J'aimerais aussi... qu'on fasse l'amour, qu'on soit foutrement heureux et qu'on passe notre temps à se murmurer je t'aime parce que putain... Je t'aime Derek !
Stiles était à bout de souffle, les joues rouges et l'estomac qui picotait de milliers de papillons qui cherchent à s'envoler pour se libérer d'une cage bien trop longtemps restée fermée. Derek prit son visage dans ses grandes mains tremblantes et déposa un doux baiser sur ses lèvres, un baiser qui dura puis les mains de Stiles glissèrent dans son dos pour l'attirer à lui et approfondir ce baiser tant attendu de chacun d'eux.
- Tu es vraiment doué pour les mots, glissa Derek à l'oreille de Stiles lorsqu'ils reprirent enfin leur souffle.
- C'est toi qui m'inspires... Et toi avec ta bouche, d'une autre manière, t'es pas mal doué toi aussi.
- Merci... Tu sais, j'ai vraiment envie d'être ce couple insupportable dont tu parles, j'ai envie de toutes ces choses. Mais promets-moi quelque chose, dit-il en lui caressant la joue.
- Quoi ?
- Promets-moi que jamais tu ne partiras d'ici. Je ne supporterai pas d'être à nouveau séparé de toi.
Stiles l'observa et sourit.
- Tu sais qu'on ne s'est séparé que quelques heures Sourwolf ? Tu ne serais pas un peu accro par hasard ?
Derek se mordit la lèvre, les mots de son père percutant enfin ses neurones lupins.
- Carrément et c'est pas près de s'arrêter parce que... Je t'aime Stiles et je crois que je viens seulement de le réaliser.
- Vaut mieux à noël que jamais...
---
Le loft avait été décoré de dizaines de guirlandes lumineuses, bien que Derek lui ait dit qu'il n'y avait pas besoin d'en faire autant pour un simple diner de Noël avec sa famille, mais Stiles tenait à faire les choses bien. Le sapin coloré trônait fièrement à côté de la cheminée, sur laquelle une photo du couple souriant donnait à la pièce la chaleur qui lui manquait depuis bien trop longtemps. La table était mise, une petite pancarte en forme de bonhomme de neige devant chaque assiette, pour déterminer la place de chacun.
Sa place, Stiles l'avait maintenant trouvée, enfin l'espérait-il, depuis un an maintenant. Il avait tenu promesse et n'était jamais reparti en Californie. Son chat Polochon avait déménagé lui aussi et dormait la plupart du temps sur leur lit, roulé en boule. Stiles se demandait parfois s'il savait que son cher et tendre était un loup garou. A en juger par le nombre de fois où le minou s'était endormi sur les genoux du loup, Stiles pensait que non. Ce chat devait être idiot ou s'en foutre royalement. Ouais c'était plutôt ça.
Les premiers invités arrivèrent les bras chargés de cadeaux. Peter, Thalia et James avaient aussi apporté le dessert. Laura s'était occupée de l'apéritif avec ses deux petits louveteaux qui en une année, avait encore pris quelques centimètres. Cora arriva la dernière, les bras chargés d'une chose que Stiles n'avait jamais vu à un réveillon de Noël, mis à part à la télévision.
La jeune sœur de Derek avait fabriqué une maison en pain d'épice qu'elle avait déposé sur le bar de la cuisine, pour plus tard avait-elle dit. Elle expliqua fièrement qu'elle avait tout fait toute seule puis elle dévoila à Stiles qu'elle avait pris soin de mettre chaque membre de la famille autour de la maison. Il y avait des petits bonhommes de pain d'épices partout, tous différents. Cora embrassa la tempe de Stiles avant de rejoindre ses neveux au salon.
Stiles observait la création de la louve quand Derek apparu devant lui en lui demandant pourquoi il pleurait.
- Ta sœur... Elle m'a représenté, regarde, je suis juste là, renifla-t-il.
Stiles désigna un petit biscuit en pain d'épice, coloré de sucre de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel qui se tenait à côté d'un autre qui avait des oreilles pointues une petite queue touffue et un haut noir. Une larme s'échappa en roulant sur sa joue. Derek l'essuya de son pouce et sentit avec soulagement que ce n'était pas une larme de tristesse.
- Tu fais partie de la famille Stiles, tu es mon compagnon et je ne laisserai personne dire le contraire. Je t'aime.
- Je t'aime Sourwolf, murmura-t-il avant de l'embrasser.
Stiles l'attira à lui par le pendentif en forme de loup qui pendait du collier qu'il lui avait offert un an auparavant et qui ne quittait plus son cou. Ils s'embrassèrent encore jusqu'à ce que Cora toussote d'impatience.
Main dans la main et plus amoureux que jamais, le couple alla savourer ce premier Noël en famille depuis qu'ils étaient officiellement ensemble. Un Noël, ils en étaient certains, qui était bien plus qu'un miracle, plutôt la promesse d'une longue série de raisons de s'aimer partout, tout le temps, comme si la vie pouvait s'arrêter là à cet instant.
Si Stiles avait fait de leur histoire une chanson, il la terminerait certainement par ses mots :
« Je voudrais qu'on se dise... pour toujours et que pour toujours veuille dire ; jusqu'à la fin des temps...
Je voudrais que tu sois mon mari, mon ami, mon pote, mon amoureux, mon meilleur ami, mon partenaire, mon complice, mon âme-sœur, ma raison, mon relecteur aussi, ma rose et mon armure...
Qu'il n'existe plus d'horaires ni de fuseaux, que la seule horloge qui compte soit celle qui palpite sous nos os...
Et que si un jour on se remémore notre histoire, qu'on soit foutrement heureux, heureux d'avoir vécu l'éternité à deux. »
FIN
♥♥♥
J'espère que cet OS vous aura plu...
Pour celles et ceux qui n'auraient pas envie de lire le bonus, je vous souhaite d'ores et déjà un joyeux noël et de belles fêtes de fin d'année avec les personnes que vous aimez.
Ne soyez pas sage, soyez fous, généreux et gardez l'étincelle qui brille dans votre cœur et vous rends unique, parce que c'est comme ça que je vous aime.
P.S : S'il vous semble que certains mots de la fin de l'histoire vous parlent, je me suis inspirée d'un magnifique texte de Félix Radu. Si vous le voulez en entier, je vous le poste volontiers après le bonus...
Du coup à plus pour celles et ceux qui liront le bonus ;)
Pour les autres, je vous love...
(* ̄3 ̄)╭❤
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