6 : Un plan des plus foireux
Je claque la portière de la voiture, imité par Clément. Nous avançons côte à côte dans la petite ruelle sombre. Au bout de celle-ci, un bâtiment légèrement illuminé se dresse. L'endroit est en piteux état.
Lorsque nous nous approchons, nous pouvons apercevoir la présence de deux hommes devant la porte. Bras croisés, ils nous fixent sans expression.
Clément passe devant moi et s'avance vers la porte mais l'un d'eux lui barre le passage d'un geste de la main.
— Vous êtes qui ? demande-t-il grossièrement.
— On viens de la part de Georgio, Michael nous attend, répond-il sur le même ton.
Les deux hommes échangent un regard et celui qui a parlé reprend la parole :
— Je vais voir ça.
Il disparaît derrière la porte et le deuxième homme s'approche de Clément en le fixant de haut. Il tente de l'impressionner parce qu'il a de gros bras, mais Clément ne flanchit pas et garde son regard encré dans le sien en redressant le menton.
Je m'interpose entre les deux, forçant mon partenaire de crime à reculer d'un pas. Le regard de l'homme se pose cette fois sur moi, menaçant. Mais je me contente de sortir une clope de mon blouson, puis l'allume en la portant à mes lèvres.
Au bout de quelques minutes, le premier homme revient et nous fait signe d'entrer. Mon épaule frôle celle du deuxième colosse lorsque je passe devant lui et je ne manque pas de lui adresser un regard noir.
Derrière la porte, nous nous retrouvons dans une cage d'escalier seulement éclairée par la faible lueur d'une lampe grésillante. Les murs blancs, sont jaunis et délavés et les escaliers en piteux état, comme le reste du bâtiment. Nous suivons l'homme jusqu'au palier du premier étage. Là, il ouvre une porte et nous ordonne d'entrer. Nous obéissons et nous faufilons dans la pièce.
Nous passons une porte et nous retrouvons dans un petit salon. Plusieurs personnes sont installées à table et jouent à ce qui ressemble fortement au poker, tout en fumant des substances interdites. L'homme nous laisse devant une porte et nous ordonne de toquer avant d'entrée. Je me retiens de ne pas lui rire à la figure et une fois partit, je me tourne vers Clément. Il tente un sourire en me lançant :
— Comme au bon vieux temps.
Je le fixe sérieusement pendant un moment avant de me détourner pour ouvrir la porte.
Nous nous retrouvons dans une toute petite pièce. Un quarantenaire est assis derrière un bureau, un cigare pendu aux lèvres. Il relève la tête vers nous et nous fixe tout à tour.
— J'imagine que Adïel et Bran ont encore oublié de vous dire de toquer. Décidément, ces deux-là ne servent à rien, il faudrait vraiment que je pense à m'en débarrasser.
Nous restons silencieux, visage fermé pour ma part. Michael tente de nous mettre en confiance mais je ne baisse pas pour autant ma garde, alors que Clément s'avance pour lui serrer la main.
— Bien, installez-vous, continue-t-il. J'ai entendu dire que vous veniez de la part de Georgio.
— Effectivement, aprouve Clément en s'asseyant.
— Décidément, il ne changera jamais celui-là, lâche-t-il avec un ton moqueur, en se réinstallant sur son siège. Tu ne t'assois pas ?
Il se tourne vers moi en me fixant avec insistance.
— Non, ça va aller, merci.
— Comme tu voudras. Bref, venons-en aux faits. Que me veux l'italiano cette fois ?
— Son paquet, répond Clément.
Michael éclate d'un rire gras et s'avance sur sa chaise en joignant ses mains devant lui.
— Les gars, dites à votre cher patron que je ne lui dois rien du tout, et que la prochaine fois qu'il m'envoie quelqu'un ici pour me réclamer de la dur, il aura affaire à moi, pour de bon cette fois.
— C'est bien aimable à toi mais nous ne partons pas sans être certains que la transaction aura bien été effectuée, s'impatiente Clément.
— Écoutez-moi bien, c'est pas deux merdeux dans votre genre qui vont m'effrayer, encore moins cet abruti d'Georgio. Maintenant, vous avez intérêt à foutre le camp avant que je m'énerve !
Il s'est relevé et a ouvert la porte de son bureau. Deux hommes baraqués nous attendent, un petit sourire en coin.
Clément se lève dans le plus grand des calmes et s'arrête devant le dit Michael.
— Pas de soucis, « amigo ».
Il lui donne une tape sur l'épaule, visiblement amusé. Je sors à la suite de Clément et nous nous retrouvons à nouveau dans le salon. La porte claque derrière nous. Les deux hommes nous indiquent de les suivre, mais je me baisse, faisant mine de rattacher mes lacets.
— C'est partie, déclare Clément en inspirant profondément et faisant craquer sa nuque.
Les deux hommes se rapprochent de nous, voyant que nous ne les suivons pas. Mais au moment où je me relève, mon genoux cogne brutalement les parties génitales du premier gars qui se plie de douleur en étouffant un cri.
Le deuxième se précipite sur moi mais j'esquive avec habileté son coup de poing. Je parviens à attraper le col de son vêtement et le plaque contre la table un peu plus loin. Des verres se brisent et les gens se lèvent en criant, apeurés. L'homme tente de reprendre le dessus mais je continue de le frapper.
Soudain, quelqu'un me prend par les épaules et je me sens basculer. Celui qui m'a attrapé me jette violemment au sol. Mon dos rencontre les éclats de verre et je serre les dents en lâchant un grognement.
L'homme que je frappais s'avance vers moi en me fixant avec rage. Il m'attrape à son tour par le col et me coince contre le mur. Je ne quitte pas des yeux son visage amoché par mes poings. Il me regarde un moment lui aussi, avant de me frapper en plein dans le nez.
Je porte ma main à mon visage ensanglanté. Je crois bien qu'il vient de déplacer mon nez.
Cette pensée m'amuse et il le remarque très vite.
— Tu te moques de moi espèce de morveux ?
Je n'ai pas le temps de répliquer quoi que ce soit. L'homme me soulève avec une facilité déconcertante et me balance contre le table en verre qui se brise en mille morceaux sous mon poids.
— Putain...
Je me relève avec difficulté en m'appuyant sur le mur. Mon regard croise rapidement celui de Clément, qui ne semble pas en bonne position lui non plus.
Ce que je hais ce gars.
Je parcours la pièce du regard pour évaluer la distance jusqu'à la porte. Mais mes yeux se posent finalement sur le colosse qui me fixe, un sourire malsain aux lèvres. Je dérive mon regard sur ses mains et me rend compte qu'il tient un couteau à viande dans la main droite. Il secoue lentement la tête de droite à gauche, comme s'il s'avait à quoi je pensais et me déconseillait de tenter quoi que ce soit.
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