1 : Plans déviés

     J'enfile mon bonnet noir et quitte l'habitacle après avoir vérifié que mon arme est bien calée entre mon jean et mon T-shirt. Je ferme la portière de ma voiture et jette un coup d'œil de chaque côté de la rue. Il n'y a personne.

     L'air frais de décembre me frappe de plein fouet. Je m'approche de la maison que je surveille depuis des semaines. Seule la lumière des guirlandes du sapin éclaire faiblement la grande bâtisse, passant à travers les fenêtres du salon.

     J'ai tout prévu. Je surveille la famille depuis des semaines, peut-être même des mois. Ils sont partis hier soir pour un voyage vers les îles paradisiaques, rien de surprenant pour des gens comme eux.

     Je m'accroupis devant la porte de la grande maison pour éviter la caméra de surveillance de l'entrée. J'étudie rapidement la serrure et attrape le fil de fer dans la poche de mon blouson. Avant d'ouvrir la porte, je m'empare de mon portable et désactive l'alarme. Il est exactement 00:00. J'ai hacké le système de sécurité de la maison, en un clic, tout s'éteint. J'enfonce alors le fil de fer dans la serrure et après quelques secondes de manœuvre, la porte s'ouvre.

     L'entrée est légèrement éclairée par les guirlandes. Ces foutus éléments de décoration que je hais de tout mon cœur.

     Je m'avance dans le salon, où l'énorme sapin de Noël se dresse fièrement. Je soupire.

     Qu'est-ce que c'est idiot.

     Je reprends mon portable en main pour activer la lampe torche et commence à fouiller. Même s'il n'y a personne dans la maison, il ne vaut mieux pas allumer les lumières, cela pourrait alerter les éventuels passants.

     Je m'accroupis face à la cheminée pour chercher une quelconque cachette, une brique qui bouge, un indice, quoi que ce soit.

     Mais alors que je passe ma tête à l'intérieur de la cheminée, la lumière du salon s'allume soudainement, agressant mes yeux habitués à l'obscurité.

     Je me retourne précipitamment, braquant mon arme devant moi.

     Mais je suis décontenancé par ce que je vois. Sur le pas de la porte, une petite fille me fixe incrédule, un vieux doudou à la main, se demandant sûrement qui est cet inconnu dans son salon.

     Je range lentement mon arme dans un long soupir et à ma plus grande surprise, la petite se rue vers moi.

— C'est le papa Noël ! J'ai été très sage cette année tu sais ?

     Je fronce les sourcils en ayant un mouvement de recul. Cette petite n'est pas censée être là. Est-ce que le voyage a finalement été annulé ? Non, ce n'est pas possible. Je les ai vus prendre la route, ils ne sont pas revenus depuis, je l'aurai remarqué.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

     L'enfant prend place sur le canapé, balançant allègrement ses pieds dans le vide.

— Je devais partir en voyage avec papa et maman, sauf que je suis tombée malade une semaine avant. Je vais beaucoup mieux ! Mais papa et maman on dit que c'était trop risqué alors ils ont appelé ma nounou pour me garder pendant qu'ils partaient.

— Ta nounou est là ?

— Oui, elle dort. Mais je vais la réveiller ! C'est tellement incroyable ! Le père Noël est dans mon salon, tout le monde doit voir ça !

     Elle saute à nouveau sur ses pieds, se précipitant déjà vers l'escalier.

     Ce n'est vraiment pas bon pour moi ça.

— Attends !

     Elle revient sur ses pas.

— Quoi ? Il ne faut pas que je la réveille ? Allons faire un tour alors ! S'il te plaît père Noël, je m'ennuie à mourir, fait-elle avec un air faussement innocent.

     Je me crispe. Me voilà dans un sale pétrin. Si je l'emmène faire un tour, je prend un sacré risque. Sa nounou peut s'apercevoir de son absence, appeler la police et je serai cuit. Mais si je refuse, elle la réveillera et ce sera pire.

     Je soupire.

— D'accord mais arrête de m'appeler comme ça. Je ne suis pas le père Noël et il n'existe pas.

     La gamine se contente de me sourire, me surprenant à nouveau. Moi qui m'attendais à ce qu'elle me contredise, elle n'a pas tiqué.

     Elle se précipite dans l'entrée et je la suis. Elle enfile un blouson noir, enroule une écharpe autour de son cou et glisse un bonnet sur sa tête, puis se tourne vers moi alors que je reste immobile, bras croisés.

— Tu peux faire mes lacets s'il te plaît ?

     Je la fixe un moment, cherchant à voir si elle est vraiment sérieuse. Cette petite n'a réellement pas peur de moi ? Quel enfant aurait réagi de la même manière en découvrant un cambrioleur dans son salon ?

     Je m'accroupis à sa hauteur dans un énième soupir. Je sens que ça va devenir ma nouvelle passion. Soupirer.

— C'est quoi ton prénom ? demande-t-elle alors que je m'affaire à ma tâche.

— Terrence, réponds-je sans même penser à mentir sur mon identité.

     Je suis déjà dans la merde, autant l'être jusqu'au bout.

— C'est joli comme prénom. Moi je m'appelle Evie et j'ai cinq ans ! T'as quel âge toi ?

     Décidément, un vrai moulin à parole. Elle ne s'arrête jamais.

— Vingt-quatre.

— T'es jeune pour le père Noël.

— Je ne suis pas le père Noël.

     Je me redresse, ayant fini de faire ses lacets. Elle ouvre la porte du salon avec enthousiasme et se précipite dehors. Elle ne semble même pas sentir le froid glacial.

— Où est ton traîneau ? demande-t-elle en s'arrêtant à quelques pas de moi.

— Pour la vingtième fois, je ne suis pas le père Noël.

— J'ai faim.

— Et qu'est-ce que j'en ai à faire ?

— On peut aller manger quelque chose ?

     Je souffle avant d'ouvrir la portière de ma voiture. Je m'assois au volant et elle n'attend évidemment pas mon autorisation pour s'installer à l'arrière.

     Je conduis jusqu'à un petit café en ville. Il n'y a souvent pas grand monde et encore moins ce soir, qui serait dehors, dans un simple café le soir du 24 décembre ? Personne. Tout le monde fête ce jour si « incroyable ». La magie de Noël et tout le tralala. C'est déjà un miracle que quelque chose soit ouvert.

     Je pousse la porte du café, Evie derrière moi. Elle se précipite à une table près de la fenêtre et s'y installe sans même me demander mon avis. Je vais la rejoindre.

     J'attrape le menu posé sur la table et commence à lire. Tant qu'à faire, autant que je mange moi aussi.

     Au bout de quelques minutes, je repose la carte et croise le regard de la petite qui me fixe de ses grands yeux espiègles.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Je ne sais pas lire.

     Évidemment.

     Je reprends le menu dans un geste las et vais directement dans la partie des desserts. Tous les enfants aiment les sucreries.

— Il y a des viennoiseries, chocolat chaud avec chantilly, tiramisu, chease cake, fondant au chocolat, macarons, de la glace.

     Elle ne dit rien, comme pour m'inviter à continuer.

— Gaufres au Nutella et fraises, Crêpe au chocolat, tarte au citron, fraise et framboise, Cookies fait maison, mille feuille de spéculos aux framboises, brochette de fruits et soupe de chocolat à la vanille, muffin aux pépites de chocolat, profiterolles au chocolat, bonshommes de pain d'épice.

     Bon sang combien ont-ils de dessert dans ce café ?

— Je veux un chocolat chaud avec chantilly.

— Tu n'aurais pas pu le dire depuis le début ? demandé-je en lui lançant un regard noir.

— Si, mais je n'aurais pas entendu le reste.

     J'inspire profondément et appelle la serveuse d'un geste de la main. Elle prend rapidement notre commande et repart.





Hello ! Alors, que pensez-vous de ce premier chapitre ? Il faut dire que j'innove en ce moment haha. Cette histoire sera tout à fait différente de tout ce que j'ai pu faire jusqu'à maintenant !
Que pensez-vous de notre cher personnage principal : Terrence ?
Et Evie ?
Selon vous, y a t'il une raison pour que les parents de la petite soient partis sans elle ?
Va-t-elle tout raconter ? Et surtout, Terrence va-t-il se faire prendre ?
Un grand merci à @AstralArc pour la cover ! Je refais toutes mes couvertures avec elle la pauvre x)

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