17ème Chapitre (2/2)
— Salut, toi, dit-elle doucement en posant sa main sur le tronc clair. J'imagine que les voix ne sont pas loin ?
Quelle pertinence !
Nous sommes juste là, petite futée.
— Je déteste les surnoms, si vous pouviez éviter ce serait sympathique. Bon, que se passe-t-il ? Vous êtes prêtes à me faire évader, mesdames les voix ?
Qu'elle est polie !
Tu n'as pas entendu l'ironie dans son ton ?
Oh là là, tu es si rabat-joie !
— Pourquoi m'avez-vous invitée ? les rappela à l'ordre la jeune femme.
Une magnifique opportunité se présente, il faut la saisir.
Oh que oui, tu vas pouvoir sortir du building d'incarcération.
— Attendez, comment ça ? Et vous avez vu mon état, je ne suis pas en capacité d'agir, là ! J'ai besoin de me reposer, d'autant plus que je ne sais pas ce qu'ils m'ont fait.
Pas grand-chose.
Ils n'ont pas eu le temps.
Heureusement que le mail est parvenu à destination.
Tu ne serais sans doute pas en train de converser avec nous, autrement.
— De quoi parlez-vous ? Quel mail, et qu'est-ce qui me serait arrivé ?
À toi l'honneur.
Tout ça juste parce que je suis plus douée pour les explications...
Vois-le comme un compliment.
Mais oui, bien sûr.
— Alors ? les pressa Vay.
Les responsables du pénitencier ont fait venir des scientifiques, ils voulaient te disséquer, je crois.
Non, ils se préparaient à prélever différents échantillons afin de...
On s'en fiche. Ton cher Rinual — soit dit en passant, tu as ma bénédiction pour te rapprocher de lui...
Arrête de tergiverser !
C'est bon, je continue. Sauf si tu comptes encore m'interrompre ?
— Ça suffit, toutes les deux. Dites-moi simplement ce qu'il s'est passé.
J'en étais... Ah oui, Rinual s'est arrangé pour usurper l'identité de son père et envoyer un mail au directeur du centre d'incarcération. Il s'est servi de la renommée de Nor et de sa réputation pour les forcer à te relâcher en prétextant que tu es une citoyenne de Farshlisn, comme le prouve ton badge, et donc que tu as le droit à un jugement en bonne et due forme. Si tant est que tu aies commis le moindre crime légalement punissable. C'est bon, je l'ai bien expliqué, ou madame la numéro un n'est pas contente ?
Il faut vraiment que tu arrêtes avec ce chiffre. Ce n'est pas parce que j'étais là en premier que ça fait une quelconque différence.
— En premier ? Où ça ?
Oh, rien d'important. Attends, c'est ta seule réaction ?
Elle est bizarre. On vient de lui dire qu'elle va être libérée, pourtant.
Tu n'as pas été assez claire, c'est pour ça.
— Non, ce n'est pas...
Dans quelques minutes, TU SERAS LIBRE ! s'écrièrent ensemble les deux voix aux intonations féminines. Vay grimaça.
— J'ai compris, merci. Une fois dehors, que suis-je censée faire ?
Nous rejoindre.
— Je veux bien, mais je n'ai pas accès à la réserve.
Il existe une porte dérobée.
Prends une navette et donne une destination au hasard dans le quartier sud.
Nous la configurerons pour qu'elle t'amène au bon endroit.
— À quoi ça sert que je fournisse une destination, alors ?
Les capsules ne décollent pas sans but.
Nous devons tromper la vigilance des programmeurs.
Les stations sont surveillées.
Tu ne peux pas partir n'importe comment.
Il faut suivre les règles.
Le protocole.
La norme.
— Merci, j'ai compris. Une fois dans la réserve, je rejoindrai le centre, soit le grand arbre. Là-bas, vous me donnerez un appareil de communication et le moyen de convaincre les autres gouvernements d'agir. Une fois que je les aurai, je repasserai par la porte dérobée, monterai dans une navette, me rendrai dans la ville-basse et... et après ? Je doute que franchir le mur d'enceinte soit aussi facile. Enfin, faut-il encore que je l'atteigne sans me faire prendre.
Nous te préviendrons au moindre danger.
Fais-nous confiance.
Un silence prit place, Vay se demanda si les voix allaient lui indiquer la suite du plan. Elle finit par les interroger.
Nous en parlerons une fois que tu seras devant le mur d'enceinte.
— C'est une blague ? Il est hors de question que je...
Que tu te rendes jusque là-bas sans savoir ce qui adviendra de toi ?
Concentre-toi sur le présent.
Le passé ne peut plus être changé.
Le futur n'est pas encore arrivé.
Il est temps.
La jeune femme n'eut pas l'occasion d'ajouter quoi que ce soit, tout devint noir. Sa tête lui fit mal, son visage se crispa tandis qu'elle prenait conscience de chaque douloureuse partie de son corps. Ses muscles la faisaient souffrir.
Elle battit des paupières avant de se redresser lentement. Deux hommes en blouse blanche et un troisième en costume discutaient un peu plus loin. Une femme dans une tenue d'infirmière s'approcha d'elle dès qu'elle vit ses yeux orange s'ouvrir.
— Comment te sens-tu ?
Vay ne lui répondit pas, elle se cantonna à essayer de se lever. L'assistante l'aida, le trio se tut.
— Elle va pouvoir partir, le problème est réglé.
— Ferme-la, tu ne sais pas de quoi tu parles.
— Dixit celui qui se contente d'obéir aux ordres sans réfléchir.
— Ce n'est pas mieux que d'opérer de jeunes filles inconscientes.
— Comme si j'avais le choix.
— Tu viens de résumer ma vie.
— Je vous dérange ? les interrompit Vay, qui n'en avait rien à faire de leurs obligations ou leurs états d'âme.
L'individu en trois-pièces s'avança vers elle, il l'observa de la tête aux pieds de ses yeux brun clair. La jeune femme prit conscience à ce moment-là qu'elle était vêtue d'une simple blouse d'hôpital, comme auparavant. À chaque fois qu'elle se faisait opérer au centre de recherche, elle se réveillait dans une tenue similaire.
— Je peux me changer ? questionna-t-elle l'infirmière qui se tourna vers l'homme.
— Ça peut attendre.
— Non mais vraiment, je déteste cet habit.
— Je ne serai pas long. Tu as de la chance, tu vas sortir de cet endroit. Pour ça, tu dois signer une clause de confidentialité avant de pouvoir partir. Tu n'as le droit de parler à personne de ce que tu as vu, entendu ou vécu ici. En cas de non-respect de cette règle et de divulgation de la moindre information relative au centre d'incarcération, tu seras condamnée à plusieurs années d'enfermement. Signe en bas, termina-t-il en lui tendant une tablette et un stylet.
Vay s'en saisit, parcourut les quelques lignes truffées de références au code juridique avant de relever la tête.
— J'ai juste une question. On est d'accord que ça ne concerne que le centre d'incarcération de Farshlisn ?
L'homme fronça les sourcils, désemparé.
— Bien entendu.
— Alors pourquoi ce n'est pas précisé « de Farshlisn » ?
— Il n'existe aucun autre pénitencier, c'est aussi simple que cela.
— Vraiment ? Dans le monde entier ?
L'air abasourdi de son interlocuteur lui fit comprendre qu'il ne servait à rien de continuer, son univers se résumait à cette ville. Si elle réussissait, il se rendrait compte que la Terre était bien plus vaste que ce qu'il pensait. Elle signa avant de lui rendre son matériel et de se tourner vers l'infirmière.
— Où sont mes vêtements ? la questionna-t-elle, autant pour mettre fin à la conversation que pour détourner l'attention.
Elle se changea, suivit un garde qui la conduisit à la station, prit une navette et quitta le building d'incarcération, à nouveau libre.
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