2017 en chagrin
AUTEUR : ppaschotype
CHANSON D'ACCOMPAGNEMENT : Johnny Hallyday — Oh Marie
Le 31/12/2017
Je me promène dans les ruelles vides d'une petite ville de Normandie. Il fait frais et le brouillard épais m'empêche de distinguer clairement ce qui m'entoure.
Cette brume est comparable à la façon dont à commencée cette année 2017. Mais c'est aussi de la même manière que commence toutes les nouvelles journées: dans le flou et l'espoir de moments meilleurs, sans savoir que sera notre devenir face au futur...
Seule, mais étrangement sereine, j'avance sur le trottoir et l'opacité toujours présente, tamisant les lumières de la ville, m'enveloppe.
Où vais-je? Que va-t-il m'arriver au bout de ma route? Qui vais-je rencontrer ou perdre?
Un panneau, collé contre une vitrine de magasin m'interpelle. Dessus, il y a de placardé des affiches bien sombres. Celles d'attentats terroriste orchestrés dans presque tous les cas par un groupe qui fait trembler la terre. Le nom de ces extrémistes tient en quelques lettres: DAESH. Alors que 2017 pleure les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, de Nice, en Belgique et même ailleurs dans le monde, nous étions persuadés -hélas- que cela continuerais pour ce nouveau départ.
Nous avions raison...
Il y a eu bien des peines à découvrir ce que nous réservais cette année encore ce groupe de fous.
Même si les infos nous rassurent en nous annonçant que le territoire actuel de ce groupe a diminué de plus de soixante pour-cent, que leur capitale (Rakka) a cédé face aux assauts des troupes alliées, les horreurs continuent et s'intensifient dans le monde entier.
Mes yeux se ferment un instant. Je me souviens. Les images tournent dans ma tête et je vois les attentats déjoués, ceux de Londres, ceux de Las Vegas et tout les autres que je n'ai pas cité. Il y en a tant...
Mon cœur se serre et le brouillard semble un peu moins épais lorsque mes yeux s'ouvrent. La ville est toujours présente, mais le panneau qui se tenait devant moi a disparu. Reste simplement une vitrine qui est remplie de mannequins évoquants mes pensées et ces tragiques souvenirs. Des militaires, des djihadistes, des inconnus et des morts. Au dessus d'eux, des caméras et les médias pour filmer et commenter ces tragédies.
Je recule. Cette scène est horrible! Je fuis ces atrocités en m'élançant à vive allure dans cette ville vide et dont le brouillard m'empêche de me diriger plus facilement.
Lorsqu'enfin je m'arrête, un nouveau panneau apparaît sur une vitrine située un peu plus bas dans la ville.
J'hésite à regarder, ma crainte de découvrir encore des horreurs de cette sorte me glace, mon cœur se fige et mon sang tambourine à mes tempes.
Mais la curiosité me pousse une fois de plus à regarder le contenu.
Des noms de personnalités apparaissent.
Jean Rochefort, Mireille d'Arc, Jean d'Ormesson... une longue liste s'étire et JOHNNY HALLYDAY apparaît en dernier. Le six décembre, nous perdions notre star, un emblème de la France. Il n'a peut-être pas eu la vie la plus droite, certains ne l'aimaient pas, mais je pense toutefois que chacun a été touché à sa manière. Tout comme ces autres personnalités qui sont parties.
Mon visage est mouillé, je me souvient de Jean d'Ormesson, de sa sagesse et de son espièglerie. Son intelligence m'a toujours fasciné.
Jean Rochefort et ces films, son humour, sa prestance, sa sympathie.
Mireille d'Arc, pour son image, sa voix...
Je déglutit et retient ainsi un sanglot. Mon visage se lève vers le ciel. Je reste là, un moment, mes yeux fermés et me remémore ces personnes de jadis.
Lorsque mes paupières s'ouvrent à nouveau, mon étonnement face aux bribes de bleutés qui apparaissent sur le ciel est grand.
Le brouillard se dissipe encore un peu!
Ma tête se dirige vers la vitrine qui c'est transformée une fois de plus.
Je vois les célébrités, les personnalités mortes cette année à l'âge d'or de leur carrière.
Bien que leur perte soit un immense chagrin, cela me redonne le sourire.
Je suis fière de ce qu'elle auront été dans ma vie et leur souvenir m'accompagnera toujours.
J'inspire profondément, bien décidée à découvrir encore l'une de ces vitrines pleines de nostalgie. Bien que mon voyage soit des plus étrange, qu'il soit lourd d'horreurs et de peines, j'ai l'impression d'avancer, de grandir.
Aussi, m'élançant à vive allure dans les rues, fouillant du regard le moindre élément qui pourrait attiser la curiosité, je fini par tomber non loin du château en ruine de mon village normand sur une autre de ces trouvailles.
Il s'agit de ma vie.
Mon année.
...
Perdre mon grand-père
Perdre un cousin,
Découverte de cancers chez plusieurs de mes proches,
Mon Hôpital qui va si mal... mon travail d'infirmière que j'aime tant qui est si douloureux à faire... tant de conditions pour les patients et les soignants déplorables... et je sais bien que cela ne touche pas que mon métier...
Mon souffle est court. Une pointe douloureuse traverse ma poitrine.
Stop! Hurle mon esprit.
Mais ces images continuent de tourner dans ma tête et intensifie ma souffrance.
- STOP! Je supplie à genoux dans la rue en versant des torrents de larmes.
Je reste finalement un moment recroquevillé dans la rue.
Quelle année horrible...
Je prie Dieu et tous les divinités d'arrêter cette torture, ce supplice qui brise mon âme en mille morceaux.
Dans un dernier effort, je me relève et fuis pour arriver sur la place de la porte-horloge de Vire.
Elle trône devant moi, imposante et réconfortante. Une lumière bleu-blanc-rouge la différencie du reste des immeubles en pierre.
Et juste au dessus, une petite lueur apparaît et irradie de plus en plus dans le ciel gris.
Je sais, je sais que ce sont mes souvenirs qui restent et que je laisse ainsi les vivants derrière cette année bien sombre.
Mais je dis aussi bonjour à un renouveau, à l'avenir et aux belles choses à venir.
En attendant, ma peine et mon chagrin s'expriment.
Vivement 2018 et j'espère, son lot de réussite.
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