Dimanche 3 novembre 2019.

-"Armin ! Joyeux anniversaire !"

Je détournais mon regard brièvement de la fenêtre pour observer Armin rougir à vue d'œil quand Nifa lui tendit un paquet cadeau. Déjà qu'il ne s'attendait même pas à ce qu'elle vienne, je n'imaginais même pas dans quel état il devait se trouver en ce moment.

Après lui avoir adressé un sourire encourageant et un pouce en l'air discret, je repris ma contemplation du jardin des Jeager.

Pas étonnant que son père soit un chirurgien de renommée mondiale avec la maison qu'ils ont.

Comme le grand-père d'Armin est toujours hospitalisé et que les parents du brun sont en voyage avec ceux de Mikasa, ils ont décidé d'organiser l'anniversaire du blond dans leur demeure. Cela me fait toujours bizarre de voir que Mikasa reste avec Eren dès qu'elle se retrouve seule chez elle, surtout que cela ne va jamais dans le sens contraire, mais aussi étrange que cela puisse paraître, je ne ressens pas de jalousie en pensant à ceci.

Je guette d'ailleurs l'entrée du domaine sur laquelle j'ai une vue imprenable de mon petit fauteuil moelleux. Eren est parti chercher Historia et Ymir qui viennent dans cette partie de la ville pour la première fois et qu'elles risquent de se perdre entre les villas plus fastueuses et plus impressionnantes les unes que les autres.

Alors que je m'attends à ce qu'une tête brune accompagnée de deux jeunes filles fasse son apparition, une moto noire s'arrête devant le portail suivie d'une autre blanche. Furlan descend de celle ci en enlevant son casque et se décale, laissant place à une Isabel aussi énergétique que d'habitude. Livaï leur fait signe d'entrer avant lui et reste en retrait, apparemment peu désireux de venir faire la fête avec nous. Enfin avec eux, parce que pour l'instant, ma seule contribution est d'avoir ramené de la bouffe et d'avoir réussi à tenir Sasha à distance de celle ci dix minutes.

Le temps de reposer mon regard sur elle pour m'assurer qu'elle n'a toujours pas sauté sur le buffet et de revenir à mon occupation, Livaï a disparu du jardin pour réapparaître dans l'enceinte de la maison. Il se fraie un chemain parmi la foule et se poste devant moi.

-"Je me disais bien que c'était ta tranche que j'ai vu depuis l'extérieur."

Je prends mon temps pour l'observer. À cause des gens réunis en petits groupes devant les fenêtres, le salon manque cruellement de lumière et je peine à distinguer l'expression de son visage. Pourtant, les ombres qui bougent sans arrêt, laissant les rayons de soleil pénétré de temps en temps me permettent d'avoir une image éphémère du jeune brun. Ses cheveux légèrement ébouriffés par son casque lui donnent un air endormi. Pas comme celui que j'ai au réveil et qui me permettrais de décrocher le premier rôle d'un film de zombies sans accros, mais le même que celui qu'il a le matin, dans le bus. Celui qui le fait étrangement ressembler à un personnage de fiction.

Quelque chose de mystérieux se produit en moi, et j'oublie Eren et sa venue que j'attends depuis un bon bout de temps. Livaï, son charisme, sa beauté et son aura me clouent sur place.

D'ailleurs, le moins que l'on puisse dire est que sa beauté est irréelle. J'ai du mal à décrocher mon regard de ses magnifiques iris grises pour fixer son visage au traits fins et bien définis. La chaîne attaché à son cou et ses reflets argentés me forcent tout de même à regarder autre part.

Livaï porte un pull noir au col roulé, un jean de la même couleur et son habituel veste de cuir également noire. Avec un petit sourire amusé, je le salue de la main.

-"Il ne te reste plus qu'à porter des bottes à talons au lieu de tes doc martens et on pourrait nous confondre."lançais-je joyeusement en montrant ma tenue.

-"D'après ce que je sais, je ne porte pas de jupe."

-"Elle est en jean et elle est noire. C'est juste la coupe qui diffère."

-"Si tu le dis."

Il s'installe près de moi, se mettant directement à son aise. Ses deux amis semblent trop occupés à se mêler au reste de nos camarades.

-"Attends..."dis-je en me souvenant soudain d'un détail important, "Tu as une moto ?"

Il me montre du doigt le véhicule garé à l'entrée.

-"Très bonne déduction Sherlock."

-"Alors pourquoi est-ce que tu t'emmerdes à prendre le bus et à te coltiner des gosses ?"

-"Elle était chez le garagiste. Un petit accident."

J'hoche la tête, pensive.

-"On va parler de ce que tu as dit l'autre jour, à la salle d'arcade ? Ou peut-être préfères-tu que je fasse semblant de ne rien avoir entendu ?"

-"Ça m'arrangerait bien..."marmonais je en baissant les yeux.

D'un geste nerveux, je remis en place quelques mèches qui s'étaient échappées de mon chignon et me mis dans une position plus confortable en resserant ma veste en cuir. Livaï me regardait faire en semblant prendre un malin plaisir à me voir aussi gênée.

Connard.

-"Bon, écoute. J'ai entendu un truc que je n'étais pas supposée entendre, certes, mais je n'ai pas cherché à en savoir plus et crois-moi, ce n'est pas mon intention. Fin de l'histoire."

Il sort son briquet et se met à jouer avec, attirant quelques regards à chaque fois que la flamme en jaillit.

-"Je vais être honnête. Je n'ai pas spécialement envie que tu saches de quoi ils parlaient, mais je préfère toujours que ce soit toi qui le découvre, et pas quelqu'un d'autre."

-"Merci !"

Livaï me regarde en fronçant les sourcils.

-"hein ?"

-"C'est gentil. Ça me donne l'impression que tu me considère réellement comme une amie."

Merde. Merde. Merde.

Qu'est-ce qui m'arrive à lui dire des trucs pareils ?

-"Mouai."

-"Mouai ? Qu'est-ce que c'est supposé vouloir dire ?"

Il ne répond pas et s'ébouriffe les cheveux. Ils ont l'air tellement doux que je ne peux m'empêcher de les toucher. Livaï me fixe un instant, les yeux écarquillés, puis s'éloigne brusquement.

Malgré la situation très gênante, je ne peux m'empêcher de rire.

-"On dirait un chat !"

Je lui souris mais il me lance en réponse un regard noir.

-"Euh... Je suis désolée. Je ne savais pas que ça allait te déplaire à ce point."

-"C'est pas ça... C'est juste que... Bref."

Très constructive comme réponse.

Dans une tentative de détendre l'atmosphère, je sors mon téléphone et parcourt ma galerie. Après avoir trouvé la photo que je cherchais, je le lui mis sous le nez.

-"La devanture d'une librairie ?"

-"Oui ! Je vais commencer à bosser là-bas dès demain ! Tu te rends compte ? J'avais demandé à mes parents de me laisser travailler avant, mais ils m'ont dit d'attendre que j'atteigne la majorité !"

-"J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi enthousiaste à l'idée de travailler..."

-"Mais non ! Ce n'est pas une corvée ! Je vais passer des heures entre des livres ! C'est le rêve."

Livaï me regarde puis hausse les épaules. Il commence ensuite à me parler de ces anciens petits boulots. La plupart du temps, il se faisait virer à cause de son caractère. Rien de bien étonnant.

Eren entre dans la maison, mais je ne le remarque pas. Je suis trop absorbée par la voix et les yeux de Livaï.

Je pense que je l'aime beaucoup, ce gosse.

Avant de vous laisser, j'aimerais signaler un important changement. Au lieu de numéroter les jours de sorte à ce que seuls ceux où les deux protagonistes ont une interaction fassent partie des deux cents fameux jours, ceci va changer. Il y'aura donc un chapitre nommé par exemple Day 5, tandis que le suivant sera Day 14. Ceci voudra simplement dire qu'entre les deux jours, rien d'intéressant ne s'est passé. Non seulement ce serait plus logique, mais deux cents parties me semblant beaucoup trop pour une histoire aussi calme. Sur ce, merci de suivre cette fanfiction et à bientôt pour la suite 🖤.

~Caporal Neko