UN : Stratégie, stratégie...
Dire qu'elle lui était passée sous le nez ! Il y a un peu plus de quarante-huit heures elle s'était trouvée là, devant lui, à sa portée...et il n'a rien fait. Pas même intervenir, ne serait-ce que timidement, pour amoindrir ses souffrances. Rebecca devait se sentir plus que trahi à présent...
C'était pour ta couverture Caïn, pour ta couverture ! lui souffla une voix dans sa tête. Ce à quoi il répondit avec sarcasme dans un marmonnement : Une couverture bien inutile maintenant !
Et le pire c'était que ce n'était pas totalement faux. Il avait fait tout ça parce qu'il avait été persuadé que, cette fois, Rebecca ne s'en sortirait pas et serait forcée de rejoindre le camp de Victor. Alors, dans ce cas-là, il aurait été à même de l'aider à trouver un plan d'évasion. Mais ses anticipations s'étaient révélées fausses. Encore une fois, il l'avait sous-estimé. Elle et son fort caractère. Elle était intenable, imprévisible. Certes, elle ne s'en serait peut-être pas sortie sans l'intervention qui a eu lieu, sûrement même, mais Caïn ne pouvait s'empêcher de voir le verre à moitié vide. De constater son échec flagrant.
Et pour cause : il sentait un manque, une douleur croissante dans sa poitrine... Une douleur quand même vachement prononcée...et si Caïn ne se savait pas incapable de sentiment amoureux, il aurait même envisagé que le lien affectif entre lui et cette fille aux yeux émeraudes, déjà bien étroit, s'était encore plus aminci pour au final laisser place à de l'amour véritable...
Il eut un brusque hoquet de sarcasme. « L'amour véritable » !
Je n'ai même pas idée de ce que cela peut vouloir dire ! pensa-t-il avec ironie. Même si Caïn était forcé d'admettre que cette fille l'obsédait bel et bien, hantant ses pensées aujourd'hui encore...et que cela allait bien au-delà d'une simple fascination envers elle... Une fascination que Victor semblait toujours partager aujourd'hui au vu de ce qu'il avait déclaré à Caïn il y a quelques minutes :
– Cette fille est vraiment une perle rare, s'était-il ouvertement délecté devant Caïn sans se douter du double jeu que son interlocuteur jouait. Elle m'a bien surprise en réussissant presque à complètement neutraliser Jake cette nuit-là...
Tu m'étonnes ! pensa Caïn avec ironie. Bien sûr qu'elle était surprenante ! Elle n'était même carrément plus la même, oui !
En effet, si Caïn n'avait aucune idée de s'était passé entre Rebecca et Victor lorsque celui-ci était – lui semble-t-il – entré dans sa tête, il était certain que cela avait profondément affecté cette dernière. Car, c'était à partir de là qu'elle s'était mise à dérailler, à tuer de sang-froid. Voire à...aimer ça, songea-t-il en se rappelant le rictus ambigu qui s'était affiché sur le visage de cette fille aux yeux émeraude lorsque Jake l'avait étranglé. Il n'oubliera pas non plus le regard plus pétillant de malice que jamais qu'elle avait arboré.
Oui... Dès lors, elle était devenue plus provocatrice, plus sûre d'elle... Si différente...
A présent, elle semblait ne rien avoir de la simple humaine qu'il connaissait depuis ses quinze ans... Depuis son attitude lors de sa dernière confrontation avec Victor, Caïn l'associait désormais plus à un félin... Une part d'elle était devenue quelque peu féroce, plus agile mais aussi plus...animale... Et cette partie restera ancrée en elle. Il n'en avait aucun doute. Elle avait changé et ne cesserait de changer encore...au fur et à mesure qu'elle s'approcherait de Marcus elle adopterait de plus en plus un caractère qui lui évoquera l'attitude d'une fidèle et future héritière des Blackwood. Surtout maintenant qu'elle était partie avec son père. Celui-ci finirait sûrement par craquer et lui rendre sa mémoire. Lui rappeler quelles sont ses véritables origines.
Celles qu'il a tant cherchées à cacher à sa fille bien-aimée...
Les seules pouvant expliquer l'existence d'une telle prophétie sur elle...
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Ces origines... Caïn, lui, n'en avait aucune idée. À vrai dire, même s'il était un des rares à connaître l'existence de cette fille de Marcus, il ne l'avait croisé que deux fois en tant que telle avant la prétendue mort de Marcus. C'est-à-dire très très peu. Les autres fois qu'il l'avait croisé, c'était en tant que « Kati », « Tayla », ou tous les pseudos imaginables qu'elle avait pu s'amuser à se donner face aux autres...en somme, en tant que la simple humaine adolescente un peu trop provocatrice et tête brûlée sur les bords...pas la version « adulte » de la jeune Rebecca Blackwood qu'il avait croisée il y a fort longtemps de cela... Et encore, Marcus Blackwood était plutôt secret quand il s'agissait de sa fille. Autant dire que les deux seules fois où son fidèle et plus proche serviteur, Caïn, l'avait rencontré, c'était par hasard et non parce que son supérieur l'avait voulu...
La première fois, ça avait été juste avant que ce Victor réussisse à attaquer le QG de Marcus et à le « tuer ». A ce moment-là, 'Becca – c'est ainsi que son père l'appelait – devait tout juste avoir 4 ans et était ornée d'une chevelure naturellement roux rouge intense...un physique totalement différent de celui qu'elle pouvait arborer maintenant, donc. Seule la couleur des yeux était semblable. Ils s'étaient juste croisés dans le couloir, alors qu'elle se dirigeait vers le bureau de son père, escortée par quatre hommes que Caïn avait su deviner être des gardes du corps. Rien de plus simple que cela : un simple croisement dans un couloir...sauf que, pour je ne sais quelle raison, au moment où leurs regards se sont croisés, la jeune fille ne l'avait alors plus jamais quitté du regard. Et lui non plus, d'ailleurs, tant son regard était spontanément accrocheur. A cet instant précis, il avait eu l'impression qu'elle avait quelque chose à lui dire, quelque chose d'important, mais qu'elle se retenait... C'est à tel point que Caïn avait vraiment cru que la jeune fille allait finir par faire demi-tour pour l'interpeller...sauf qu'à ce moment-là, ils ne se connaissaient pas. Pourtant, il n'avait été capable de faire autre chose que de la regarder. Plongé dans ses prunelles, d'un vert si doux et froid à la fois, il n'avait cessé de la dévisager...jusqu'à ce qu'ils aient été trop pour que ce soit possible. Cet évènement l'avait troublé, lui qui ne comprenait pas un tel comportement ni même la présence d'une humaine de cet âge dans l'immense propriété privée dans laquelle ils se tenaient. Celle du Grand et impérieux Hybride à la tête des Vampires de ce monde – Marcus. Ça n'avait été que quelques temps plus tard que celui-ci avait fini par lui avouer que c'était sa fille.
La deuxième fois qu'il l'avait croisé en tant que Blackwood avérée...avait en fait été la dernière fois. C'était le soir de l'attaque du QG de Marcus Blackwood par Victor Le Hunter, une attaque si vicieuse et violente qu'il ne pouvait que la garder en mémoire. A vrai dire, ça avait été la première fois depuis le règne des Blackwood qu'une attaque contre le 'Grand Dirigeant' de la société de Vampires avait porté ses fruits. Il se souvenait avoir croisé une « 'Becca » affaiblie, allongée au sol contre une neige qui avait viré au rouge sang, ce soir-là, après l'avoir cherché pendant plusieurs minutes dans toute la propriété alors envahie. Une vue déstabilisante qu'il n'avait pas oubliée. Mais ce qu'il n'oublierait surtout pas, c'était la manière dont il avait été forcé de lui tourner le dos, sans même tenter de la transformer en Vampire... Car les paroles de son supérieur avaient été clair : elle devait rester humaine, coûte que coûte. C'était un ordre, une décision sans appel. « Pour rien au monde je ne voudrais que ma fille devienne un Vampire » lui avait-il intimé un soir de pleine lune, quelques heures avant que l'invasion de son manoir ait lieu. Comme s'il avait pressenti les évènements avenir...à savoir sa mort. « Et je tiens à ce que tu le saches, Caïn. Je compte sur toi. » Une volonté qui s'opposait presque totalement avec la dernière qu'il lui avait faite avant qu'il s'abandonne à la mort : « Prends soin d'elle ».
Caïn serra des poings. Même s'il n'avait compris que plusieurs années plus tard à qui Marcus faisait référence en ces termes, il ne l'avait jamais oublié. Cette promesse solennelle qu'il avait faite. ...Et à quel point il venait échouer à la ternir.
Il avait été tellement persuadé que Rebecca, La Fille tant prisée, était morte ce soir-là, comme presque toutes les autres personnes en qui Marcus tenait et qui y étaient présentes...que jamais il n'aurait cru qu'il s'agissait en fait d'elle, cette simple mais étrange 'Tayla'. Au contraire, il pensait que Victor Le Hunter s'était occupé de tous les alliés du Blackwood, sans exceptions.
Alors quand il s'était rendu compte, peu après cet accident de voiture qu'il avait provoqué dans le but de se nourrir du chauffeur (alors Matt), que la fille à qui il avait affaire, celle avec qui il avait fini par se lier d'amitié malgré lui était...non seulement recherchée par Le Hunter mais aussi la seule et unique fille de Marcus... ! Il avait refusé d'y croire, tant cela lui paraissait hallucinant, incroyable, impensable, in...il n'y avait pas de mots assez forts pour décrire son aberration et consternation ce jour-là. Surtout en ayant en tête que cette mort à laquelle il a cru assister remontait à plus de quarante ans de cela...soit beaucoup trop longtemps pour qu'il imagine qu'une fille de l'âge de celle qu'il avait connu sous le nom de Tayla puisse être...elle. Il était tombé de haut – très haut même. A vrai dire, sans ses capacités aiguisées déduction et sa connaissance de cette légende, Caïn n'aurait sans doute jamais réussi à deviner que la Tayla qu'il fréquentait n'était autre que la fille de l'homme qu'il avait épaulé pendant des siècles. Ce Dirigeant de la société de Vampires tant redouté.
Quand il y pensait, cette fille de Marcus, celle qui, plus jeune, l'avait intrigué par son regard, celle que Marcus cachait de tous...était en fait à côté d'elle depuis tout ce temps...
Cela lui faisait penser à une de ses conversations qu'il avait eue avec elle, une semaine avant qu'il ne tue son meilleur ami, Evan :
– Tu crois au destin, Caïn ? lui avait-elle demandé.
– Pourquoi cette question ?
– Réponds !
– Le « destin » ? Hum...non ça ne me dit rien, ça ! avait-il prétendu d'un ton railleur.
Elle l'avait alors légèrement poussé tout en répliquant, hilare :
– Pff, t'es qu'un idiot !
Ils avaient tous les deux ri, puis un calme s'était imposé entre eux.
– Non. Je n'y crois pas, avait-il fini par avouer dans un souffle.
Puis, curieux, Caïn avait demandé à son tour :
– Et toi ?
– Je ne sais pas... J'aimerais bien ne pas y croire mais j'ai l'impression qu'il ne cesse de me remémorer son existence et sa puissance...en me rappelant que, quoi que je fasse, ce qui devra arriver arrivera.
Caïn sourit niaisement à cette pensée. Eux aussi, quoi qu'il ait fait, malgré tous les événements passés – les disputes, le meurtre d'Evan, et autres – il la recroisait toujours pour enfin se réconcilier. Toujours.
– Toujours, n'est-ce pas ? ajouta-t-il pour lui-même, soudain épris d'un doute de plus en plus croissant.
Mais aussitôt qu'il eût parlé à haute voix, il se rappela de la pièce dans laquelle il était, ainsi que le manoir dans le lequel il se situait, puis enfin sa préoccupation principale :
Victor.
Très vite tout ce qui était lié à cet individu lui revint en tête. En particulier le fait qu'il avait choisi de rejoindre son camp. Un choix qu'il avait de plus en plus de mal à assumer en vue de ses frustrations intérieures... Et voilà qu'il y a quelques minutes même pas, Victor Le Hunter lui parlait de sa volonté d'engager de nouvelles recrues, c'est-à-dire de transformer de jeunes humains désespérés pour les mettre à son service. Quelle ironie ! Lui qui avait longtemps été aux côtés du Grand Marcus Blackwood depuis que celui-ci l'avait recueilli, il y a à présent plus de trois siècles...il se retrouvait à servir son camp radicalement adverse, Victor Le Hunter.
Marcus...
Caïn ne s'était absolument pas attendu à le croiser à nouveau ce soir-là...en vie. Sur le propre territoire de Victor en plus ! Alors qu'il était censé avoir été destitué puis détruit par Victor, il y a une quarantaine d'années de cela... C'était clairement déroutant !
Certes, ce ne serait pas la première fois qu'il laisserait croire à tout le monde qu'il n'était plus de ce monde...mais ce c'était bien la première fois qu'il avait berné le monde pendant un laps de temps aussi important. Plus de quarante ans quand même ! Près de la moitié d'un siècle ! Caïn avait fini par le croire définitivement mort cette fois. Comment était-ce même possible qu'il ait survécu ?
Il se souvenait encore des paroles que le Blackwood lui avait fait part lorsque celui-ci l'avait remarqué dans ce manoir.
– Caïn...
Totalement surpris, Marcus avait lâché prise sur la poignée de sa fille et s'était rapproché vers lui.
– ...C'est une blague ?
Ouh... Marcus avait dû comprendre en voyant que son ancien serviteur à qui il avait accordé une très grande confiance, regardait celle qu'il savait être sa fille se faire malmener par ce Victor.
Désemparé, Caïn n'avait rien dit, préférant se concentrer pour garder une expression neutre, sans émotion. Il lui avait été primordial de ne pas prendre le risque de briser sa couverture devant Victor.
– Oh ne fait pas cette tête, ce n'est pas la première fois que je « reviens à la vie »...et en tant qu'ancien fidèle et excellent « serviteur » que tu as été tu n'es pas sans savoir qu'il est impossible de me tuer si facilement, hein Le Ténébreux.
Outch. Caïn avait grincé des dents, touché. Marcus lui en voulait, il pouvait en être sûr.
– Alors cette fois il a réussi à te rallier à son camp... Il a suffi que je disparaisse pendant une quarantaine d'années à peine et voilà ce je vois ! avait-il ironisé. ...Que t'a-t-il dit cette fois pour que tu cèdes et le rejoignes ? Hein ? Quel mensonge ce manipulateur t'a-t-il encore servi sur un plateau ?
Caïn n'avait vraiment pas aimé la tournure qu'avait pris les choses à ce moment-là. Marcus avait beau garder sa légendaire expression de marbre au visage, son ancien bras droit le connaissait beaucoup trop pour savoir que celui qui simulait un calme parfait devant lui n'était autre qu'un homme extrêmement furieux. Mais ce n'était clairement pas le bon moment pour lui faire des remontrances. Aussi, fidèle à son rôle, il avait simplement répliqué d'un ton sec :
– Vous feriez mieux de partir avant qu...
– ...que tu sois obligé de me tuer ?
– Ecoutez, Maître Blac...
Oh... Ces mots l'avaient échappé et il s'était trahi tout seul. Mince... Caïn l'avait appelé comme il le faisait autrefois, lorsque Marcus était son Chef, le Dirigeant de cette société de Vampire. Lorsque Caïn lui était dévoué.
Satisfait, Marcus s'était calmé, alors qu'il voyait mieux à quoi jouait son ancien atout.
– Tu simules...
– Bien sûr que non... !
– Tu n'as pas oublié ma dernière requête, j'espère ? l'avait aussitôt coupé le Grand Blackwood en éludant la réplique vaine de son interlocuteur.
– Je ne vois pas de quoi...
Caïn s'était arrêté dans sa lancé.
Ah, ça...
Il s'en était alors souvenu. Souvenu de ce jour-là, cette dernière nuit, celle où Marcus l'avait ordonnée de le laisser dans cet incendie meurtrier parce que toutes de les façons ces blessures avaient été trop profondes, cette fois...et de ce qu'il avait exigé juste avant qu'il simule sa mort : « Prends soin d'elle ».
Caïn ne s'était jamais douté qu'il parlait d'elle. Non, puisqu'il avait vu son corps étendu sur cette neige l'instant d'avant. A ses yeux elle aussi était morte.
– Oh, je vois..., avait repris Marcus. On en reparlera.
Quand ? Où ? Comment ?
– J'espère que t'as pris un minimum soin d'elle au moins, avait-il susurré avant de se diriger vers Rebecca puis ajouter dans un chuchotement en lui tournant le dos : Tu es intelligent, je sais que tu sauras trouver le bon moyen de te rattraper.
Il se souviendrait toujours du dernier regard qu'il lui avait lancé. Celui qui voulait dire : « Tu as intérêt à avoir de bonnes raisons pour avoir laissé les choses prendre une telle tournure »...tout en sous-entendant un « je compte sur toi » bien oppressant.
Et, à présent, il se sentait coincé.
Caïn pourrait très bien partir, tourner le dos à Victor alors qu'il était encore temps. Mais dès lors qu'il ferait ça, il pourrait être sûr que Victor s'arrangerait pour appliquer les menaces de tortures (morales ou physiques) dont il lui avait fait part. Il réduirait également à néant tous les sacrifices mentaux qu'il avait dû faire pour arriver là. Et, en plus, il s'exposerait aux « réprimandes » de Marcus Blackwood. Le pire, c'est que celui-ci ne le punirait même pas pour avoir rejoint le camp adverse, non, ça Marcus pouvait éventuellement se douter que c'était dans un but stratégique au final...mais pour avoir failli à l'encadrement de sa bien-aimée fille.
Pour ne pas avoir pu empêcher Victor de s'en mêler. Oh oui il m'en voudra vraiment ! Caïn était très bien placé pour savoir que Marcus mettait sa fille sur un pied d'estrade, la faisait passer avant tout. Et que cet homme devait être le Vampire le plus rancunier qu'il pouvait exister sur terre.
Mais comment j'aurais bien pu savoir que c'était elle ?!
Frustré, Caïn craqua une bonne fois pour toutes et abattit son poing contre le meuble en marbre qui se trouvait devant lui, le fissurant par la même occasion.
Puis, ainsi défoulé, il se calma.
Sa décision était prise : l'alternative la plus stratégique qui lui restait était de rester avec Victor puisque, à l'heure même où il pensait, Rebecca était toujours en danger à cause de Victor. Ne serait-ce qu'à cause de son lien d'esprit. Ce sombre sortilège à présent si puissant... En restant de son côté, Caïn pourrait au moins tenter de le distraire quelque temps.
Peu importe le prix, il devait juste ne pas abandonner si vite. Ce n'était pas comme ça que Marcus l'avait formé, pas comme un lâche qui n'assumait pas ses choix. Mais bien comme un homme capable d'agir indépendamment et d'aller jusqu'au bout de ses causes. Marcus disait toujours « Quitte à les impressionner, mettons tout le paquet ! ». Il n'y allait jamais de main morte quand il fallait faire des choix ou des sacrifices. Il les faisait, c'est tout et allait jusqu'au bout de ses causes. Caïn n'avait qu'à se montrer aussi exemplaire que lui !
Alors, enfin, il pourrait revenir vers Marcus avec des renseignements plus qu'intéressants...et retrouver Rebecca avec un moyen de se faire accepter sans problème. Oui, c'était surtout pour elle qu'il le faisait...les Blackwood, eux, étaient loin d'avoir la même importance à ses yeux. Pour elle...
Satisfait d'avoir pu ajuster son plan initial de manière pertinente, il eut un regain de confiance en lui. Il esquissa alors un fin sourire en coin au même moment où il croisait le regard appuyé de Jake qui, allongé sur le canapé de la pièce, s'était mis à le dévisager avec insistance. Caïn ne l'avait même pas entendu arriver dans la pièce.
On m'espionne à ce que je vois ! songea-t-il en se retenant d'exprimer ses pensées à haute voix. A ce qu'il avait cru comprendre, Jake était une source de conflits permanents. Rares étaient ceux qui l'appréciaient ici.
Finalement, son observateur esquissa un fin sourire en coin, se doutant de la source de frustration de Caïn... Ce qui favorisa vite la propagation d'une atmosphère électrique dans l'air. Son regard examinateur aurait mis mal à l'aise n'importe qui...mais Caïn refusa de flancher. Mine de rien, il fut forcé de constater que ce qu'on lui avait laissé entendre était vrai : on a parfois véritablement l'impression que ce Jake pouvait lire dans nos pensées... Comme maintenant.
Tous deux n'eurent besoin d'aucun mot. Leur regard suffit.
Chacun se doutait que l'autre cachait un lourd secret auquel Victor n'en avait même pas idée...
Jake se mit à jouer avec un objet en bois qu'il s'amusait à tailler pour passer le temps depuis quelque temps – une arme potentielle. Il s'amusa à le lancer en l'air, toujours sans quitter Caïn du regard. La tension palpable entre eux. Ce fut ainsi pendant plusieurs secondes avant que Caïn ne décide qu'il avait mieux à faire. Aussi, après plusieurs secondes de défiance, il tourna lui le dos et quitta la pièce.
Bon, il ne lui restait plus qu'à ne pas se faire cramer.
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Voilà pour ce chapitre !
C'est une cohabitation intéressante...que je me ferais un plaisir d'imaginer ! :D
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