Chapitre 9 : La Trahison d'une Spirit
Debout sur le toit de l'immeuble, je fixais les airs, peu rassurée. Nous pouvions voir jusqu'aux bords de la ville de Toulon-Sur-Air, avec les rares véhicules aériens naviguant entres les immeubles. Des points verdoyant se trouvaient partout, pour compenser le fait que nous vivions dans les airs, à de centaines de mètres au-dessus de la véritable végétation. Une attaque pouvait survenir à tout moment. J'étais prête à me battre, mais avec Viktor dans les bras, je me voyais plutôt mal engager la moindre hostilité. Et puis, il y avait Trivari.
-Pourquoi tu es habillé comme ça ? Lui demandait Vik.
-Mmh ? Oh, j'ai une réputation à tenir.
Darius. Habillé d'un costume rayé marron, sobre, avec une montre à gousset surgissant de la poche de son veston. C'était là que les choses devenaient compliquées. Une canne à la main, dorée, surmontée d'un pommeau en forme d'horloge, il avait la tête haute, coiffée d'un haut de forme garnis d'engrenages, de montres à goussets miniatures et d'autres choses surprenantes. Il avait décidé de se faire un look steampunk, aujourd'hui. Le pire, c'était que ça lui allait.
-Une réputation ? Je croyais que tu étais un agent secret.
-Et alors ? Les agents secrets n'ont pas le droit de se vêtir de façon originale ?
-Non. Ils ont des tenues collantes.
-De toute façon, Darius n'est pas un agent secret, Viktor.
Le petit garçon hocha la tête, ses grands yeux orangés braqués sur moi. Orange... Je le savais albinos, avec une forme atténuée. Mais je n'avais pas pensé à la manifestation d'un patrimoine génétique détraqué. Beaucoup de questions tournoyaient dans mon esprit, toutes plus contrariantes les unes que les autres.
-Hé ! Pourquoi je ne serais pas un agent secret ?
-Tu as vu les tabloïds ? Tu es toujours à la une, comment pourrais-tu te targuer d’être secret ?
-Je suis bien parvenu à te cacher des médias, à l'époque où nous étions ensemble.
Vik écarquilla les yeux, avec un glapissement surexcité. Oh non… pensai-je, le vent agitant mes cheveux. Il sauta à terre, pour nous fixer, un grand sourire aux lèvres.
-Vous avez été ensemble !? Vous êtes amoureux !? Hein, hein !?
-C'est compliqué, Vik...
Le petit fronça les sourcils, tandis que Darius ricanait déjà de mon explication vaseuse. Car oui, comment résumé mes rapports avec Trivari ? Qu'il était mon ex milliardaire, mon actuel amant et pot-de-colle qui n'hésitait pas à m’enchaîner à son lit ? Ça ne passerait pas auprès d'un enfant aussi jeune...
-Compliqué ? Mais vous vous aimez tous les deux. En quoi c'est compliqué ?
Je m'accroupis devant lui, presque désolée.
-Non, nous ne sommes pas amoureux, Vik, je…
-Mais si, me coupa-t-il. Oh... Tu ne le sais pas encore ?
-Savoir quoi ?
-Ben... Que tu l'aimes. Et lui il t'aime.
Darius et moi nous regardâmes, avant de revenir sur lui. Il semblait réellement croire en ses paroles. S'en était presque effrayant.
-C'est plus compliqué que ça.
-Parce que tu es parti sans rien lui dire ? Juste avant la demande en mariage ? Demanda-t-il, plein d’innocence. Et parce qu'il te ment depuis le début ?
-Co... Comment sais-tu pour la demande ? Bafouillai-je.
-Alix...
-Alix !
Nous sursautâmes à la voix basse et sexy. Debout à l'autre bout du toit, ses couettes bouclée agitée par la brise du matin, Nerys me fixait d'un air effaré. Dans sa tenue moulante rose bonbon, elle ne faisait vraiment pas sérieuse, comme agent de terrain.
-Soit plus vigilante ! Cingla-t-elle pourtant en les rejoignant à grandes enjambées. Quand on a Diaz aux fesses, on ne peut pas se permettre la moindre faille !
Elle avait raison. La main de Vik dans la mienne, je me redressai avec un petit soupire. Nerys était une de mes meilleures amies, mais on ne pouvait pas dire qu'elle avait la langue dans sa poche.
-Qu'est-ce qu'il fiche ici, Constance Trivari ? Continua-t-elle. Non seulement tu viens aux bureaux, mais en plus tu talonnes Alix ? Tu as décidé de la harceler ? Tu veux que je lui botte le cul Alix ?
-Rares sont les femmes autorisées à botter mes fesses, Nicolina, contra Darius avec un grand sourire. Or, vous n'en faites pas partie.
-Moi, si, les arrêtai-je. Et je me débrouille très bien, alors pas besoin de t'en faire pour moi, Nerys.
La jeune femme fixa mon amant comme s‘il lui était poussé une deuxième tête. Elle ne l’appréciait pas, c'était évident. Après avoir dut disparaître de la vie de Darius, elle avait été l'unique personne à laquelle je pouvais me confier. Aussi son comportement me surprenait-il. Je n'avais jamais formulé le moindre opinion désagréable sur lui... Enfin, jusqu'à ce qu'il devienne la coqueluche des tabloïds avec ses frasques.
-Tu vas me conduire à mon papa ? Demanda Vik, avec un grand sourire.
-Hum... Non, pas encore, microbe, fit Nerys. Alix va devoir régler son compte au méchant qui t'a enlevé avant.
-Pourquoi ?
-Parce que sinon, lui expliquai-je en caressant doucement ses cheveux, il risque de te retrouver et de t'enlever une nouvelle fois. Ne t'en fais pas. Je me charge de tout. Pendant ce temps, la dame va s'occuper de toi.
Viktor hocha la tête, les sourcils froncés.
-Mais elle n'aime pas les enfants.
-Je veux bien faire un effort pour toi, microbe. Viens par là.
Il fit un pas dans sa direction, avant de se raviser et de se jeter dans mes bras. Il m'embrassa sur la joue, avant de se précipiter vers Nerys. Je souris, le cœur lourd. Il était absolument adorable. Qu'il ait ou non un problème génétique, cela ne changeait rien à l'amour que je lui portais.
-J'ai laissé sur le bar de Trivari ce que tu m'as demandé, fit son amie. C'est bon, tu as dit au revoir tout le monde, toi ?
-Oui. Au revoir monsieur Darius ! Au revoir maman !
-Au revoir mon cœur.
*
Il est difficile pour lui d'expliquer tout ce qui lui passa par l'esprit. Mais à peine furent-ils de retour dans son appartement, qu'Alix se précipitait sur le bar, sur la note laissée par Nerys. Les mâchoires serrées, il l'observa, le pommeau de sa canne serré à en entamer sa paume.
-« Maman » ?
-Hein ?
Elle se retourna vers lui, les yeux écarquillés. Elle n'avait pas réalisé la particularité de son échange avec le fils de Velvet, tant il avait été spontané.
-Tu es la mère de Viktor.
Pas une dénégation ne franchit ses lèvres. Pas une explication non plus. Elle se contenta de la fixer, sans mot dire.
-Tu as l'intention de me répondre ?
-Tu veux que je te dise quoi ? Que j'ai accouché par surprise ?
-Je connais le père ?
-Je ne vois pas en quoi ça te concerne.
Il réagit avant de vraiment le vouloir. Sa canne faucha les jambes d'Alix, qui tomba à la renverse avec un juron surpris. Sans même chercher à amortir sa chute, il bloqua ses mains fines au-dessus de sa tête, son corps à un cheveu du sien. Sans la toucher.
-Nous en sommes donc là ? Demanda-t-il calmement. Je ne te donne aucune indication sur moi, tu n'en donnes aucune sur toi ?
-Tu pensais que je me referais une virginité loin de toi ? Rétorqua-t-elle, ses yeux vairons plongés dans les siens.
Un sourire carnassier étira ses lèvres. Il n'aimait pas l'idée qu'un autre homme lui ait fait l'amour. Mais savoir de qui il s’agissait lui était encore plus insupportable.
-Velvet est le père, n'est-ce pas ?
-Darius...
Voilà. La vérité nue et crue. Après leur séparation, elle n'avait rien trouvé de mieux que de se rapprocher de l'un de ses compères les plus détestables. De se donner à lui. D'avoir un enfant. La douleur qu'il ressentait n'avait pas de nom. N'était pas qualifiable. Pourtant, il la relâcha, un poids dans la poitrine. A califourchon sur elle, il repoussa la peine en réfléchissant. Sur comment ils en étaient arrivés là. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour amortir le choc.
-Tu as paniqué en découvrant ton état. Avec ta vie et tes ennemis, tu n'aurais jamais pu assumer un enfant. Tu ne pouvais pas non plus le confier aux services sociaux, car ton visage aurait été connu.
-Oh, je t'en prie, gémit-elle en cachant son visage derrière ses mains. Ce n'est pas...
-Agréable ? Tant mieux. Je continu. Tu as donc négocié avec Velvet, cet immonde rustre, pour qu'il prenne en charge sa progéniture. Car il sera toujours mieux élevé et en meilleure santé que si tu t'en occupais toi-même.
-Je n'avais pas le choix !
-Je ne dis pas le contraire. Je trouve même ton choix courageux, Alix. Mais comment la mère Velvet a-t-elle accepté la chose ? Ha oui ! Elle est stérile. Ils ont fait croire à l'adoption. Pratique, comme situation. Elle sait qu'il est de toi et de son mari ?
La colère la gagnait. De l’électricité parcourait le bout de ses doigts, pour sa plus grande délectation.
-Tu n'imagines pas comment ça a été ! Explosa-t-elle soudain, en tenant ses mains loin de lui. J'ai dû t'abandonner ! J'ai dû abandonner mon fils ! Et qu'est-ce que je fais aujourd'hui !? Je me retrouve avec toi, Darius Trivari, l'homme que je n'ai jamais pu oublier, et je renvoie mon enfant avec une autre, pour le sauver ! Car je n'ai pas d'autres choix ! Jusqu'à la mort de Diaz, je ne pourrais jamais avoir la vie d'une femme !
Les bras croisés sur son torse, il l'observa, elle, sa fureur, sa douleur. Il comprenait. Il comprenait très bien. Il avait une folle envie de la serrer contre lui, de l'embrasser jusqu'à lui faire oublier sa peine, toute la douleur qu'elle a connue depuis leur séparation. Mais...
-Soit, fit-il en se remettant sur pieds. Comme tu ne m'as pas fait confiance, je te prive de sexe pour vingt-quatre heures. Et comme tu t'es enfuie sans rien dire avant le Negresco, tu as un gage.
-Tu te fous de ma...
-Oh non, pas du tout, lança-t-il avec un grand sourire.
Elle se redressa, tremblante de colère, mais il ne lui laissa pas le temps de le gifler.
-Tu vas rester en soubrette sexy jusqu'au braquage de la banque de Diaz. L'attaque incluse, bien entendue.
Il eut droit au regard « tu es l’homme le plus débile que la Terre ai jamais porté ». Mais il ne lui en tint pas rigueur. Elle détestait les costumes, et il le savait. Raison de plus.
-Et je suppose que l’on va devoir perdre du temps à acheter ces fringues ?
-Oh, Alix, mon chou… J’en ai surement à ta taille dans ma penderie.
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