Entre mes mains, voici mon livre.

La poussière l'a recouvert, ma mémoire l'a enfoui,

Loin. Mais cet océan de souvenirs,

Eau sombre, profonde, déchaînée,

Me ramène sans cesse,

Au bord de ce rivage synonyme de douleur et de chagrin.

Des mains ont attrapé mes pages,

Elles sont froissées, déchirées,

Dans les ténèbres de la peur, ces mains ont détaché

Chaque lettre.

Et chaque mot qui disparaît, 

Lame incisive qui me transperce,

Qui me fait captive.

Mes pages saignent, trop longtemps torturées,

Mes pages saignent, mon corps aussi

C'est ce corps le responsable, 

Chaque parcelle de ma peau est froide, insensible

D'avoir trop pleuré

Et d'avoir préféré le silence, le déni, le secret.

Horrible secret que je retiens en moi,

Le livre se referme.

Mes paupières sont closes,

Comme celles des gens autour

Personne ne voit, personne ne remarque, 

Qu'un livre brûle et que ce livre

C'est mon histoire.

C'est moi qui brûle en silence,

En silence et dans les ténèbres