Chapitre 3 : Un Sommeil de Plomb
Il était tard lorsque Rainier parvint enfin à rentrer chez lui. La nuit était tombée depuis longtemps, et la lune haute indiquait plus de minuit. Épuisé, il s'assura que ses soldats allaient bien, aida les blessés à rejoindre l'infirmerie, avant d'aller se reposer. Il était plus de trois heures du matin lorsqu'il arriva dans la salle de jeu des enfants. La pièce faisait office de communication entre sa propre chambre, celles des enfants et celle de Dana. En tant que nourrice, elle se devait de toujours être près d'eux. Et en tant que père, il voulait être là aussi. De fait, la pièce de jeu, qui n'était autre qu'un grand salon confortable, au sol couvert de jouets et aux étagères pleines de livres pour enfants, leur permettait de se rejoindre facilement.
Éreinté, Rainier s'assit au sol, le dos contre le mur. Il avait besoin de souffler.
Quatre Ittlis, en une fois ? Plus un dragon... Sans compter l'armée de golems qu'ils avaient créés pour les submerger. Sans la force de frappe des Cinq Protecteurs, les choses auraient mal tourné. Mais une chose l'inquiétait, tout comme les autres.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi des Ittlis ? Que voulaient-ils ?
Dans la pénombre, il vit l'une des peluches d'Ena. Il la ramassa, tout en songeant à sa fille.
Il n'aimait pas que des démons aussi puissants pointent le bout de leur nez. Ce n'était pas un bon signe. Notamment avec l'arrivée récente de l'Arc, et la promesse de temps sombres que cela annonçait.
Auparavant, les Protecteurs étaient bien plus nombreux. Mais avec la diminution des attaques, certaines maisons s'étaient éteintes. C'était ce qu'ils avaient cru, jusqu'à ce que Flavia révèle ses pouvoirs.
Combien d'autres étaient apparues ? Que cela annonçait-il ?
Il serra la peluche de lapin dans ses grandes mains.
Quoi que cela présage, il se devait de protéger ses enfants.
Oui. Quoi qu'il lui en coute, il devait assurer la protection de ses petits. Et de Dana. Ah... Mais Dana allait se marier, n'est-ce pas ? Dana... Elle allait les quitter...
Épuisé, il s'endormit ainsi, assit par terre dans la salle de jeu, la peluche dans ses mains. L'image même du guerrier éreinté.
*
En découvrant le Duc par terre, en pleine nuit, Dana crut son cœur sur le point de lâcher. Elle craignit une blessure, n'importe quoi ! Mais en se précipitant vers lui, encore en chemise de nuit, elle se rendit compte qu'il dormait. Assis contre le mur, la tête dodelinant sur sa poitrine, il avait sur les genoux le lapinou d'Ena.
-Oh, monsieur, souffla Dana.
Attrapant une couverture, elle le couvrit du mieux qu'elle le pouvait. Il faisait encore nuit, et la petite chandelle qu'elle avait emportée avec elle éclairait chichement la pièce. Il dormait à poings fermés. Devait-elle le réveiller ? Il portait encore son armure, et son casque se trouvait au sol à côté de lui. Il était encore rentré si fatigué des combats qu'il était tombé comme une souche.
Étant donné leur différence de taille, elle ne pourrait jamais le porter jusqu'à sa chambre.
Décidée, elle lui effleura doucement les cheveux. Ils étaient crasseux de poussière, de sueur et de sang. Ils sentaient un peu le soufre, aussi. Pourtant, Dana ne put s'empêcher de sourire. Le visage endormi du Duc avait quelque chose de spécial. Lui qui était toujours si calme et contenu, le voir si détendu dans son sommeil faisait plaisir à voir.
-Monsieur ? fit-elle doucement. Monsieur ?
Ses yeux s'entrouvrirent. Leur couleur grise était superbe, bien que la nuit les assombrisse.
-Monsieur, vous devriez aller vous coucher, murmura-t-elle en retirant la main de ses cheveux.
-Dana...
Elle s'attendait à ce qu'il se lève avec un soupir. Après tout, il était épuisé.
Néanmoins, elle n'avait clairement pas envisagé qu'il la saisisse soudain par la taille, pour l'attirer à lui. Que...
-Dana, ne pars pas, souffla-t-il contre son oreille.
Quoi ? Quoi !?
Ses grands bras refermés autour d'elle, le Duc enfouit son visage dans son épaisse chevelure rousse. Le cœur de Dana faillit exploser dans sa poitrine, tandis qu'elle rougissait de la pointe de ses orteils jusqu'au bout de ses oreilles.
-M... Monsieur ? balbutia-t-elle. Qu...
Soudain, il glissa sur le côté. Toujours bloquée dans ses bras, Dana tomba avec lui, en se retenant de justesse de pousser un cri, afin de ne pas réveiller les enfants. Que se passait-il ? Que se passait-il !?
Le Duc poussa un gémissement, tout en la serrant contre lui.
Il... Il dormait ?
En entendant sa respiration régulière, Dana fixa le plafond au-dessus d'elle. Elle se trouvait par terre, allongée avec son Duc qui la serrait contre lui. La tête sur son bras, elle osa le regarder. Il avait les yeux fermés. Très clairement, il était retourné au pays des songes. Quand il émit un petit gémissement en se blottissant contre elle, elle se rendit à l'évidence.
Elle allait devoir finir la nuit ainsi. On ne pouvait raisonnablement pas réveiller un guerrier éreinté.
Oui, mais...
Dana sentit son coeur s'affoler. Même s'il avait toujours son armure, elle était clairement dans ses bras. Par tous les dieux, ni les enfants ni le personnel de la maison ne devaient les retrouver dans cette position !
*
Il était encore fatigué lorsqu'il parvint à se réveiller. Néanmoins, il se sentait mieux. Les bras autour d'un coussin, Rainier poussa un grognement en papillonnant des paupières. Il avait du mal à émerger. Il serra un peu plus sous oreiller contre lui... Et soudain, il sentit une main sur sa tête. Des doigts lui caressaient doucement les cheveux. Que...
ouvrant complètement les yeux, il vit Autem et Eorum assis en tailleur sur le canapé. Un livre à la main, ils lisaient en silence. Ena jouait sur le tapis avec sa peluche en émettant des gazouillis bas.
Il n'était pas dans sa chambre. Il était par terre dans la salle de jeu. Mais alors, si ce n'était pas un de ses enfants, qui lui caressait les cheveux ?
La première chose qu'il comprit, ce fut que son coussin n'en était pas un. Totalement éveillé, il reconnut la fermeté d'une cuisse sous sa joue. Mais surtout, ce autour de quoi il avait passé les bras, c'était... Il redressa soudain la tête. Dana haussa un sourcil en retirant sa main de ses cheveux. Dans l'autre, elle tenait un livre.
Quand elle croisa son regard, elle devint rouge pivoine.
-Ah, monsieur, vous êtes réveillé, fit-elle, en détournant les yeux.
Que les dieux soient loués, cela ne se voyait quasiment pas chez Rainier quand il rougissait ! Il se redressa précipitamment, avant de s'ébouriffer les cheveux, gêné.
-Désolé, Dana. Comment...
-Tu t'es accroché à elle comme à un doudou, ricana Autem en refermant son livre. On aurait dit Ena avec sa peluche !
-Gah ! approuva sa sœur.
Rainier se passa une main sur les yeux. Il avait fait quoi !?
-Navré, Dana.
-Ne vous excusez pas, monsieur. Vous dormiez à poings fermés. Vous m'avez juste confondu avec un coussin, fit-elle avec un rire un peu forcé, de plus en plus écarlate. Heu... Bon.
Il remarqua qu'elle portait toujours sa chemise de nuit. Combien de temps l'avait-il serrée contre lui ? Sourcils froncés, il chercha à se souvenir. Mais à part la peluche d'Ena, c'était le néant. Il avait dormi comme une souche. Dana s'étant enfuie dans sa chambre, il poussa un profond soupir. Ça lui apprendrait à dormir n'importe où.
-Papa, tu dors comme un bébé fit Eorum avec un rire.
-Faut dire que les genoux de Dana sont confortables, fit Autem d'un air entendu.
-Les enfants, intervint Rainier. Évitez d'en parler à quiconque. Cela risquerait de nuire à la réputation de Dana et à son futur mariage. Promis ?
-Juste pour ça ? s'étonna son cadet.
-Les adultes sont vraiment bizarres. Ce n'est pas comme si tu lui avais fait un bisou.
Oui, enfin... Ils n'avaient pas tort.
-Promettez.
Ils promirent. Rassuré, Rainier tapa sur sa bague, afin de faire disparaitre son armure. Délesté de son poids, il poussa un soupir de soulagement. Cela faisait du bien. Néanmoins, il sentait mauvais. Ena fit une mine dégoutée en venant dans ses bras. Avec une grimace, le Duc se promit d'aller se laver dès que Dana serait revenue. En attendant, il se débarrassa de sa chemise, pour la jeter dans un coin. Mmh, il avait mal de partout.
-Papa, tu es blessé ? s'inquiéta Autem.
Suivant son regard, il vit un gros hématome sur sa hanche. Ah oui. Il lui expliqua qu'un démon particulièrement fort lui avait donné un gros coup d'épée à cet endroit-là. Heureusement, son armure l'avait protégé. Mais le bleu courrait de son nombril jusqu'au milieu de son dos, sur plusieurs centimètres de large. Il l'avait échappé bel. Vive les armures renforcées d'Éléazar.
-Oh, monsieur !
Ena dans les bras, occupé à faire l'état des lieux de son corps, Rainier tourna la tête vers Dana. Vêtue d'une robe verte, s'accordant à merveille avec sa chevelure rousse, la nounou était de nouveau rouge pivoine. Était-elle malade ?
-Ce n'est rien. J'ai encaissé un coup en protégeant Véra. Je vous laisse les enfants, je sens horriblement mauvais.
-Gah ! approuva Ena en lui donnant une tape sur le torse.
Il sourit, avant de poser la petite par terre. Il en profita pour récupérer sa chemise roulée en boule, avant de se diriger vers sa chambre. Étrangement, il avait conscience du regard de Dana posé sur lui. Il haussa un sourcil à son adresse, mais elle se détourna en rougissant de plus belle.
Par la magie, qu'avait-il donc fait cette nuit pour qu'elle réagisse ainsi !?
*
Voir le Duc à moitié nu était mauvais pour son cœur.
Occupée à préparer les enfants pour la journée, Dana fit tout son possible pour ne pas y penser. Néanmoins, à chaque fois, elle revoyait sa peau sombre, sa carrure en V, son ventre plat et musclé, ses...
-Gah !
Ena l'aspergea d'eau, à raison. Avec un rire un brin crispé, Dana s'occupa de la petite, tout en se fustigeant. Peu importait ce qu'elle pensait du Duc. Rien ne changerait la situation. Elle ne ferait pas un pas vers lui. Il était son maitre. Elle le respectait trop pour le déranger avec des sentiments inutiles, et elle ne souhaitait pour rien au monde quitter son poste de nourrice.
S'il la faisait partir parce que ses émotions posaient problème, elle ne reverrait plus les enfants. Ni le Duc.
Elle sourit à Ena, qui lui sourit en retour. Non. Elle ne voulait pas perdre les enfants. Qu'ils ne soient pas les siens ne changeait rien au fait qu'elle les aimait.
Une fois Autem et Eorum prêts, elle accompagna tout ce petit monde pour le petit déjeuner dans les cuisines, où ils harcelèrent Léon de questions indiscrètes. Elle eut beau leur répéter qu'ils n'allaient pas se marier, ils se montrèrent hostiles envers le pauvre majordome. Finalement, elle les accompagna à leur première leçon du matin, sur l'histoire du royaume. Tamir les rejoindrait dans peu de temps.
Il était maintenant temps de prendre une pause bien méritée, avec Ena. S'installant dans la salle de jeu intérieure, où il faisait frais en dépit de la fin d'été, Dana laissa la petite crapahuter et jouer.
-Ah ah, je t'ai trouvé !
Un livre ouvert sur les genoux, la nourrice sursauta. Cara de Malleus, le Marteau de Gentem, venait de passer la tête par la porte. Aussi brune que son fils, elle avait des yeux malicieux et un sourire à fossettes terriblement communicatif. Bien qu'elle soit Duchesse, Dana la considérait comme une de ses amies.
-Cara ! s'exclama-t-elle. Véra ! Que me vaut ce plaisir ?
-J'ai emmené Tamir pour ses leçons, expliqua le Marteau. Du coup, j'ai un peu de temps devant moi.
-Ça faisait longtemps que nous ne t'avions pas vu, fit Véra Gladia, l'Épée de Gentem. Comment vas-tu ?
Outre sa nuit à moitié blanche, la silhouette de son maitre à moitié nue qui se superposait sur les pages du livre qu'elle cherchait désespérément à lire, et ses cernes, tout allait bien.
-Impeccablement bien. Et vous ?
Elles devisèrent un long moment. Ena jouait paisiblement, ses boucles blondes s'agitant autour d'elle tandis qu'elle courait en trainant un jouet en bois derrière elle. Finalement, les choses sérieuses vinrent de Véra. Les yeux bridés, brune et d'une beauté délicate, la duchesse de Gladia était réputée pour avoir un sale caractère. Néanmoins, elle savait se montrer très observatrice. Elle aussi, elle la comptait parmi ses amies.
-Dana. Rainier était très perturbé hier quand il est arrivé sur le champ de bataille.
-Quoi ? s'inquiéta-t-elle. Mais pourquoi ?
Les deux Duchesses se regardèrent, avant de lui sourire. Houlà. Elle le sentait mal.
-C'est vrai que tu vas te marier ?
Son air atterré les fit éclater de rire. Bon sang. Tamir. C'était lui qui avait dû parler de ça à sa mère... Elle soupira en se massant les tempes, tout en se demandant quel rapport entre ça et le fait que le duc était perturbé hier.
-Non, c'est un malentendu. Je ne vais pas me marier.
Elles soupirent de soulagement. Visiblement, la nouvelle les ravissait. Dana n'était pas certaine de savoir comment le prendre.
-Mais c'est une bonne chose, ça !
Dana fit un bond en découvrant Éléazar, derrière elle. Les coudes posés sur le dossier du canapé, le Mage la regardait avec un sourire machiavélique.
-Heu... Vraiment ?
-Dis-moi, Dana, fit-il en venant s'asseoir à ses côtés avec souplesse. Tu as vingt-six ans. A ton âge, la majorité des femmes sont mariées et ont quatorze rejetons. Pourquoi pas toi ?
-Heu...
Elle se tourna vers les Duchesses, qui attendaient sa réponse. Aucun soutien de ce côté-là.
-Heu, je n'ai pas encore trouvé la bonne personne...
-Vraiment ? s'étonna faussement Éléazar en penchant la tête de côté. Est-ce que tu as cherché, au moins ?
-Heu... Heu...
Elle commençait à sentir la panique monter en elle. Depuis dix ans qu'elle connaissait le Mage, jamais il ne lui avait posé ce genre de questions. Pourquoi, tout d'un coup, était-il si agressif dans son approche !?
-Tu es belle. Et ce Léon veut réellement se marier avec toi, je pense. Ou à défaut, te culbuter.
-El, gronda Véra. Doucement.
-Oh ça va, je ne fais que dire la vérité. Donc, la vraie question c'est... Dana... Ma petite Dana... Que penses-tu de notre Rainier ?
Il y eut un silence, incrédule de la part Dana. Elle fixa Éléazar. Avant de rougir jusqu'à la racine des cheveux et de paniquer pour de bon.
-C'est... C'est... Je n'ai jamais... Monsieur est le Duc, jamais je ne me permettrais de penser à quoi que ce soit de licencieux à son sujet !
Un sourire presque carnassier étira les lèvres du Mage, tandis qu'il prenait son menton entre ses doigts, l'empêchant de s'échapper. Là, elle avait du mal à réfléchir tant la panique enflait en elle.
-Je n'ai jamais parlé de choses licencieuses, ma petite Dana. Alors, on fantasme sur notre bon Rainier ?
Là, elle en oublia toute bienséance, tout Protecteur, Mange et toute royauté. Il ne restait devant elle que son ami de longue date.
-Ce... C'est pas ce que je voulais dire ! C'est juste que... je... Éléazar, qu'est-ce que tu me fais dire, espèce d'abruti !?
Contre toute attente, cela déclencha l'hilarité du Mage. De même que celle de Cara, qui s'en tenait le ventre. Seule Véra se contint, mais elle sourit d'un air malicieux. Rouge et confuse, Dana fusilla Éléazar du regard.
-Ne te méprends pas, intervint la Duchesse de Gladia. Dana, nous sommes totalement pour que tu aies une relation avec Rainier.
Quoi ?
-M... Monsieur n'est pas...
-Rainier est malheureux en amour depuis onze ans. Il a oublié ce que c'était que d'être un homme, ou même d'être aimé par une femme.
Ça, elle le savait très bien. La tristesse balaya la panique de Dana.
-J'en ai conscience. Mais monsieur n'a aucune attirance pour moi, et je me refuse à l'importuner avec des sentiments malvenus.
Les yeux rivés sur ses mains, croisées sur ses genoux, elle ne vit pas l'incrédulité sur les visages de l'assistance. De leur point de vue, les choses étaient si évidentes qu'ils n'avaient pas envisagé que la principale concernée ne le voit pas.
-Monsieur est le Duc, je suis une nounou sans passé ni famille. Je ne suis pas quelqu'un pour lui.
-Dana... Tu m'obliges à abattre ma dernière carte.
Étonnée, elle vit Éléazar se mettre à genoux devant elle. Saisissant une de ses mains dans la sienne, l'air fervent, il dit :
-Dana ! Je n'ai plus longtemps à vivre ! Je t'en supplie, maintenant que Lev est heureux, l'un de mes derniers souhaits est de voir Rainier connaitre le bonheur conjugal !
Dana pâlit à ses paroles. Aussitôt, elle leva les yeux sur Véra. La Duchesse bondissait déjà de son siège, pour quitter le salon en claquant la porte. Cara voulut la retenir, mais elle s'abstint, pour fusiller Éléazar du regard. De dos, ce dernier préféra ignorer la situation.
-Je t'en supplie, Dana !
-El.
Claquant ses mains sur les joues du Mage le plus puissant du royaume, la nourrice des Hastam le força à la regarder. Il n'y avait plus de trace de panique chez elle. Seulement une ferme résolution.
-N'utilise plus jamais ton temps de vie de cette façon, Éléazar.
-C'est un bon moyen de te faire comprendre les choses.
-Tu viens de blesser, Véra. Va t'excuser auprès d'elle.
-Mais...
-Tout de suite, Éléazar. Ne passe pas tes derniers instants à briser son cœur, s'il te plait.
Il baissa les yeux. Avant de sortir à son tour. Avec un soupir, Dana le regarda disparaitre par la porte, le cœur lourd. Dernière restée, Cara resta silencieuse un moment. Finalement, elle planta son regard acéré dans le sien.
-Dana. Tu penses toujours au bonheur des autres. Mais tu devrais penser au tiens aussi.
-Je suis heureuse ainsi, sourit la nourrice, le cœur serré.
-Tu es nulle en mensonges, ma grande. Alors je vais te dire les choses différemment : Rainier est célibataire, à présent. Que vas-tu faire s'il arrive avec une nouvelle Duchesse ?
Dana pâlit. Néanmoins, Cara n'en avait pas fini. Implacable, elle ajouta :
-Crois-tu sincèrement qu'une nouvelle femme te garderait ? Pour s'occuper d'enfants qui ne sont ni d'elle ni de Rainier ? Et si oui, accepterais-tu de voir les trois petits l'appeler maman ? De voir ton Duc donner son amour à une autre ?
-Je...
Elle serra sa robe dans ses mains, faisant de son mieux pour contrôler sa voix.
-Je ne suis que la nourrice. Tant que monsieur est heureux, tout me va, Cara.
-Dans ce cas, dis-moi : tu crois sincèrement que Rainier est heureux, en ce moment ?
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