Chapitre 11 : Guerre de Succession


-Donc, l'Ittlis sur le dragon blanc t'a proposé son aide, juste avant que tu ne passes le portail d'El ?

Rainier hocha la tête. Puni, cloué au lit, il avait été contraint de demander à ses amis Protecteurs de le rejoindre dans sa chambre pour leur réunion. De fait, Cara se trouvait vautrée de tout son long sur le canapé, Lev juché en tailleur sur le dossier, tandis que Véra, les pieds sur la table de chevet, avait choisi le fauteuil. Éléazar, sans cérémonie, c'était allongé sur la courtepointe à ses pieds.

On avait fait plus formel.

-C'est tellement improbable... souffla Lev. Pourquoi un démon chercherait-il à nous aider ?

-C'est pourtant bien ce qu'il s'est passé, déclara Véra.

-Vraiment ? Que s'est-il passé après ma perte de connaissance ?

Éléazar avait été sur le point de lancer un sortilège extrêmement puissant lorsque Rainier l'avait retenu. Lorsqu'il lui avait demandé de regarder.

Le démon en armure noire avait attaqué le bataillon contre lequel ils luttaient depuis des heures. Sautant de son dragon, il avait atterri parmi eux... Et il avait fait un massacre. Les adversaires avaient tenté de fuir. Mais le reptile blanc leur avait coupé la route, soufflant une vague de feu sur eux. L'Ittlis, lui, avait fauché ses compères, les uns après les autres.

Aucun des Protecteurs n'avait assisté à la fin. Ils avaient fait se replier tous leurs hommes, avant de trainer Rainier jusque chez lui pour le soigner en urgence.

-Un allié ?

-Impossible, fit Cara.

Le Marteau était catégorique.

-Un démon ne pourra jamais être notre allié.

-Mais alors, pourquoi nous aider ? s'étonna Lev. Il n'a rien à gagner à faire ça.

-La réponse est peut-être plus simple que cela, proposa Véra. Avec toutes les missions que j'ai conduites à l'extérieur, je peux vous dire que l'organisation des Ittlis correspond en tout point à la nôtre. Roi, Reine, castes, noblesse, tout. À un détail près : il y a actuellement une guerre de succession chez eux.

Rainier fronça les sourcils, l'esprit en ébullition.

-Il s'agirait donc d'un simple affrontement entre deux factions opposées, dans le cadre de leur guerre civile ?

-Oui, mais alors, pourquoi un seul démon s'est-il présenté ? Et pourquoi attaquer Gentem ? demanda Éléazar.

Face à ce problème insoluble, ils restèrent silencieux.

-Dans tous les cas, ça tombait plutôt bien, fit Lev. Maintenant, passons à un autre sujet. Nous avons d'autres problèmes plus directs.

-Nos opposants prennent de l'ampleur, approuva Cara d'un hochement de tête. Tout en étant terrorisés par les représailles, suite à l'affrontement pour Flavia. Nous allons devoir prendre les décisions qui s'imposent.

Les Protecteurs hochèrent du chef, la mine sombre. Nul n'avait envie de revivre les évènements d'il y avait treize ans. Surtout pas Cara.

*

La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Dana alla prendre des nouvelles du Duc. Les enfants couchés, elle voulait vérifier son état de santé avant de dormir. Les deux derniers jours avaient été longs et douloureux pour lui. Il avait refusé la majeure partie des soins d'Éléazar, car il ne voulait pas lui faire utiliser sa magie à mauvais escient. Mauvais escient... Cet homme allait la rendre folle, à force de mettre sa propre vie de côté. Heureusement, le Mage l'avait plus ou moins forcé à recevoir ces soins, tout en l'engueulant allégrement. Et s'il n'était pas sage, comme les deux premières fois, il allait chercher Lev pour le clouer au lit pendant qu'il s'occupait de son dos. Les trois terribles, comme disait Véra. Ça leur allait bien.

Sur la pointe des pieds, elle s'avança, pour voir la forme du Duc sous les draps. Ces derniers, rejetés en arrière, dévoilaient le postérieur de monsieur, allongé sur le ventre. Dana resta un instant coite face à cette vision, avant de se rappeler à l'ordre. Il était beau, certes, mais elle ne devait pas laisser divaguer ses pensées.

Se rapprochant encore un peu, elle prit la peine d'écouter sa respiration. Régulière et profonde. Pas de trace de transpiration sur son corps, signe qu'il n'avait pas de fièvre, à priori. Éléazar lui avait demandé de surveiller ça. Bien.

Fidèle à ses principes de bonne conduite, elle s'apprêtait à tourner les talons lorsqu'une main jaillit du lit, pour l'attraper par le poignet. L'instant suivant, elle se retrouvait vautrée sur le dos, le Duc tout contre elle, un bras en travers de son ventre.

-M... Monsieur ! souffla-t-elle à mi-voix, de peur de réveiller les petits.

Tournant la tête, elle croisa un regard gris empli d'amusement.

-Oui ?

-Je... Les enfants risquent...

-Ils dorment tous à poings fermés, à cette heure.

-Mais... monsieur...

-Dana...

Son nom, murmuré tout contre son oreille, la fit rougir. Oh, heureusement qu'ils étaient en pleine nuit ! Conscient de l'effet que cela avait eu sur elle, le Duc eut un sourire mutin.

-Ou... Oui ?

-Appelle-moi Rainier.

-Mais... Je suis seulement la nourrice.

Il eut un grognement fort excitant, mais pas du tout sensuel en cet instant.

-Dana, rabaisse-toi encore une fois et tu es punie.

Cette fois-ci, elle haussa un sourcil incrédule.

-Punie ? Vous ne m'avez jamais punie même quand je faisais les pires bêtises, au début. Ce serait quoi, comme punition ?

À son sourire, elle eut soudain plus chaud.

-Mmh... Comment pourrais-je te punir ? Une fessée, peut-être ?

-Vu la taille de vos mains, je m'inquiète.

Rainier rit doucement en se blottissant contre elle.

-La fessée, je la garde pour un autre moment. Pour lors, ta punition sera de dormir avec moi, cette nuit.

-Que... Mais, les enfants sont...

-Ne t'en fais pas. Nous serons debout avant eux.

-Mais... Mais, en quoi est-ce une punition ?

-Mmh... Parce que je suis blessé, et que nous ne pouvons pas faire l'amour, ronronna-t-il contre son oreille. Parce que je bande à en avoir mal, mais que je ne peux rien te faire.

La succession d'images dans son esprit n'arrangea en rien l'état de Dana. Les joues rouges, le cœur battant la chamade, elle plongea son regard dans celui du Duc. Et abandonna ses bonnes résolutions. Elle se plaqua contre lui en l'embrassant.

Leur première nuit ensemble, si elle lui avait couté son propre dos, tournait dans son esprit depuis des jours. La sensation du Duc en elle. Son visage tandis qu'il la prenait, son corps chaud contre elle, ses mains qui parcouraient son corps. Sa bouche contre la sienne.

Quand il empoigna ses fesses, elle émit un gémissement contre ses lèvres.

-Ra... Rainier, haleta-t-elle tandis qu'il couvrait sa gorge de baisers. La... blessure...

-Merde... grogna-t-il. Pas grave.

Mais... Mais si, c'était grave ! Le repoussant sur le dos, Dana le vit hausser un sourcil. Pourtant, elle lui bloqua toute chance de se redresser en s'installant à califourchon sur ses hanches.

-Ah...

Rainier la contempla, avec une expression si pleine de promesses sexuelles que Dana aura pu le laisser la prendre, là, tout de suite. Sans retenue, sans contrainte. Mais il était blessé.

Il avait déjà les mains sur ses hanches, pour retrousser sa chemise de nuit le long de son corps lorsqu'elle s'en débarrassa. Ses seins rebondirent sous le regard avide de son amant, qui chercha à s'asseoir pour les cueillir de sa bouche.

-Non !

Deux mains sur son torse, elle le contraignit à rester allongé. Il gémit de frustration, avant de s'arrêter lorsqu'elle se pencha sur lui, sa voluptueuse poitrine plaquée sur son torse.

-Ce soir, tu te laisses faire, Rainier.

-Je dois être sage, alors ? souffla-t-il d'un air coquin.

Sauf que cet homme était incapable de ne rien faire ! Possédant ses lèvres, il glissa une main entre les cuisses de Dana. À califourchon sur lui, elle était si offerte qu'il poussa un grognement de satisfaction brute en découvrant son intimité humide d'excitation. Foutu dos ! Il avait envie de lui faire attraper le cadre du lit, pour la prendre si sauvagement qu'elle crierait son nom en...

Néanmoins, Dana semblait avoir conscience des pensées qui l'habitaient. Car elle se dégagea soudain, au prix d'un gros effort de volonté tant les doigts de Lance savaient trouver le point juste. Haletante, elle glissa le long de son torse, tout en embrassant sa peau. Effleurant la ligne entre ses pectoraux du bout des lèvres, elle sentit la pointe de ses seins glisser le long de ses abdominaux contractés, avant qu'elle n'atteigne sa destination. Voir l'expression incrédule du Duc lorsqu'elle saisit sa verge d'une main l'aurait fait rire si elle n'avait pas été aussi excitée.

-Dana, tu n'es pas obligée de...

La première fois, ils avaient tellement comblé un avide besoin qu'elle n'avait pas eu le temps de bien regarder cette partie de son anatomie. Et encore moins de la gouter. Se laissant aller à ses fantaisies intimes, Dana entreprit de lécher cette verge qui l'avait tant fait jouir. Sa peau était douce, quoique tendue sur son sexe en érection. Rainier laissa retomber sa tête en arrière avec un soupir d'homme vaincu, tandis que son ventre se contractait sous l'effet du plaisir.

Cette vision enhardit Dana.

S'il était trop gros pour être prit un entier dans sa bouche, elle décida tout de même d'essayer. Les conversations qu'elle pouvait avoir dans les cuisines, à l'abri des oreilles masculines, ou trop jeunes, n'avaient rien de chaste. Aussi avait-elle appris quelques petites choses sur les plaisirs charnels.

Les doigts de Rainier se mêlèrent à ses cheveux, les repoussant de devant son visage. Elle se serait attendue à être gênée en allant et venant le long de son sexe, sous le feu de son regard. Mais au contraire, cela l'excita davantage. Il arborait une telle expression de plaisir, de satisfaction brute qu'elle donna du cœur à l'ouvrage.

-Dana...

Évidemment. Elle se retrouva soudain sur lui. Les yeux mi-clos, se mordant la lèvre, elle oublia un instant qu'il avait dû forcer sur son dos pour l'attirer ainsi à lui. Tout ce qu'elle voyait, c'étaient ses yeux dans les siens, ses mains sur ses fesses, son expression de désir pur, qui semblait attendre son accord.

À califourchon sur Rainier, elle prit alors les choses en main, au sens propre. Rejetant la tête en arrière, elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de gémir trop fort tandis qu'il l'emplissait, s'enfonçant en elle jusqu'à la garde, prenant toute la place en elle. Les doigts du Duc se crispèrent sur son fessier, il se mordit la lèvre en luttant pour n'émettre aucun son. Ils ne devaient surtout pas être trop bruyants. Mais... Quand elle se mit à bouger, Dana fut incapable de retenir sa voix. La grande main de Rainier se plaqua sur sa bouche, attira son attention. Il lui faisait signe de se pencher en avant. Appuyée sur lui, elle le laissa prendre les commandes, tremblante de plaisir. L'embrassant à en perdre haleine, le Duc étouffa chacun de ses cris en allant et venant en elle, de plus en plus vite, de plus en plus fort, avec une urgence commune qui leur fit oublier toute sagesse.

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