Chapitre 3 : Rencontre en Plein Air


Entravée sur son siège très confortable, Élisa foudroyait le vampire devant elle du regard. Indifférent, il lisait son journal d'un air absent. Quatre autres suceurs de sang se trouvaient dans la cabine de l'avion privé, affrété juste pour la transférer à Paris. Très luxueux, il avait des banquettes en cuir, des sièges pivotants pour faire face aux hublots, un bar, de quoi se sustenter en sang et une télévision branchée sur la rediffusion de l'élection de Miss Vampire de l'année. Évidemment. Avec la prise d'otage, la chaine Paranormale n'avait pas encore repris du service, aussi assuraient-ils leur programme avec du prémâché.

Bâillonnée, les mains bloquées devant elle par des bracelets en argent reliés par une chaine, les jambes enchainées et les pieds bloqués de même, Elisa Klervi avait de franches envies de meurtres.

Néanmoins, vu qu'elle n'avait rien d'autre à faire, son cerveau fonctionnait à plein régime.

Reprenons à la base : Nathaniel avait juré de la protéger.

D'accord.

Mais alors, qu'est-ce qu'il foutait !?

Ce n'était qu'un gros boulet ! Il était où, ce crétin !? Avec ses grands airs de « je suis le plus fort », il ne fichait rien ! Ni avec les guerriers de la pureté ni avec les vampires ! Bon, pour la prise d'otage il ne pouvait rien faire, puisque c'était son elle du futur qui l'avait monopolisé, donc il ne pouvait pas aider son elle du présent de la prise d'otage.

Ça lui retournait le cerveau.

Avec un gémissement exaspéré, elle se dit qu'elle n'en avait rien à fiche que dans son voyage dans le passé, Nathaniel ai tenté de la tuer. Elle voulait juste qu'il bouge son gros cul actuel et qu'il vienne l'aider, mince ! Il...

-Tu vas arrêter de pousser des jurons sous ton bâillon ? grogna le vampire en train de lire devant elle. Tu me fatigues, à la fin.

-Ce n'est pas parce que tu es la protégée de Monsieur de Puresang qu'on ne va pas avoir la main lourde, lança un autre, occupé à aiguiser un poignard.

Elle plissa les paupières. Avant de se mettre à pousser une litanie d'insultes de sous son bâillon, encore plus fort qu'avant. La réponse ne tarda pas : celui devant elle lui assena une gifle retentissante, lui écorchant la joue au passage.

Une chance que son sang mi-fée mi-vampire ne les attire plus, sinon il ne resterait déjà plus rien dans ses veines. Néanmoins, une lueur de défi dans les yeux, elle regarda l'homme devant elle... Et émit un ricanement moqueur. Du genre « tu tapes comme une gonzesse ».

Mais où était donc passé son instinct de survie !? Probablement disparu dans la forêt derrière chez les guerriers de la pureté, en même temps que sa patience et son reste de normalité. Le vampire leva à nouveau la main pour la frapper...

Un claquement de langue désapprobateur le fit s'arrêter net. C'était ça, ou l'apparition soudaine sur le siège à côté de lui ? Les pieds sur la table entre eux, les mains croisées derrière sa tête, un homme aux cheveux châtains et à la veste hawaïenne fit un grand sourire au vampire stupéfait.

-Voyons, ce n'est pas ainsi que l'on traite une demoiselle, monsieur.

-Qu'est-ce que...

L'instant suivant, sous les yeux particulièrement écarquillés d'Élisa, l'apparition donna avec souplesse un coup de pied dans la face du vampire, qui s'effondra dans un nuage de sable. Mais que...

-Alerte !

Toujours ligotée sur son siège, Élisa vit les quatre autres vampires se redresser d'un bond. L'inconnu, lui, était sorti de sa place avec grâce, tout en saisissant le livre de feu le cuistre.

-Tu vas crever, sale chien !

Pour toute réponse, le suceur de sang reçut l'ouvrage en pleine trachée, tranche en avant. Cela le mit hors d'état de nuire, juste assez de temps pour que l'homme frappe un deuxième vampire en pleine rotule, tandis que de ses mains il frappait la gorge d'un troisième. Tout en évitant le poignard du quatrième, avec une grâce, une souplesse qui faisait penser à une danse.

Le troisième tomba en poussière. Le quatrième poussa un juron en assenant un coup de poing à l'inconnu, qui l'évita prestement, pour lui frapper la glotte du tranchant de la main. Il s'effondra avec un gargouillement indistinct. Le premier avait repris son souffle, aussi fonça-t-il sur l'inconnu... Pour se voir le crâne fracassé sur la table devant Élisa, qui poussa un cri sous son bâillon. Le vampire disparut en un nuage de sable. Le dernier fit une manœuvre désespérée, en cherchant à tirer sur l'homme, qui fit sauter son arme de sa poigne d'un coup de paume vers le haut, pour ensuite lui faire sauter la cervelle d'une seule balle.

Estomaquée, cernée par le sable des vampires morts, Élisa vit l'inconnu se tourner vers elle avec un grand sourire, les cheveux légèrement en bataille.

-Les vampires ont un langage désastreux, de nos jours. Monsieur de Puresang ferait mieux de leur apprendre les bonnes manières, avant de leur donner une arme. Qu'en pensez-vous, mademoiselle Klervi ?

Rien. Elle n'en pensait strictement rien !

Il sortit un dispositif de la poche de son pantalon, qu'il fixa sur l'un des hublots de l'avion. Aussitôt, dans un crépitement étrange, une partir de la carlingue parut geler, faisant froncer les sourcils à Élisa. Mais que...

-C'est quoi ce bordel !? rugit un vampire en ouvrant la porte de la cabine du pilote.

En une seconde, il vit les tas de sable. Avec un rugissement furieux, il appela son collègue, resté aux commandes. Oh non... Non ! Qui pilotait l'avion, si ces deux crétins venaient se battre !?

L'inconnu dut en arriver à la même conclusion, car il souleva une Élisa saucissonnée, pour la jeter contre le hublot glacé. Tout en retirant la goupille d'une grenade avec ses dents.

Attendez.

Comment ça, la goupille d'une grenade !?

Les vampires poussèrent des glapissements en voyant la petite bombe leur arriver dessus. L'inconnu, lui, se jeta sur Élisa avec un sourire malicieux. Il la percuta si fort qu'elle se fracassa contre la paroi du hublot, qui se brisa comme du verre. L'effet glacé ! Ça avait fragilisé la coque !

Elle bascula dans le vide, l'homme à califourchon sur elle, ses cuisses la saisissant fermement. La seconde suivante, hurlant dans son bâillon, Élisa vit l'avion foncer vers sa destination... Avant d'exploser en plein vol. La force de l'explosion les entraina en peu plus vite encore vers le sol. Élisa continua à hurler, tandis que le fou furieux riait comme un joyeux gamin.

Ils étaient en plein ciel, sans parachute, en train de tomber vers la terre. Le vent giflait tout le corps d'Élisa, qui criait à s'en écorcher les poumons. Ce malade devait avoir un plan ! Ce malade devait avoir un plan ! Ce n'était pas possible sinon ! Il...

-Bonne journée, mademoiselle Klervi !

Pardon ?

Les cuisses de l'homme desserrèrent sa taille, des ailes irisées de libellules apparurent dans son dos.

Des ailes de fée.

Il stoppa net sa chute pour se mettre à planer, tandis qu'elle continua à tomber comme une pierre. Pour le coup, elle ne hurla plus dans le bâillon. Elle lâcha toutes les insultes possibles dans sa langue et dans les autres, jurant revenir pour le hanter, lui et toute sa descendance ! Elle allait le...

Un courant d'air fit se retourner son corps saucissonné dans ses chaines. Bordel de merde ! Ses ailes abimées ne lui permettraient jamais de survivre à la chute ! Après tout ce qui s'était passé, elle allait mourir éclatée sur la terre comme un moustique sur un pare-brise !

Elle...

-Tu es vraiment un boulet.

Cette phrase, murmurée à son oreille, elle crut l'hallucinée en raison de sa mort imminente. Et pourtant, des bras se refermèrent autour de sa taille. Juste avant que la terre ne disparaisse sous elle, que le vent de la chute ne siffle plus à ses tympans...

Pour se retrouver soudain face à la mer.

Son cri reprit de plus belle, jusqu'à ce qu'elle percute la surface aqueuse avec toute la vitesse de sa chute.

Oh le plat.

Elle crut mourir quand son corps heurta l'eau, s'y éclatant plus que n'y coulant.

Elle dut d'ailleurs perdre connaissance un instant. Car quand elle rouvrit les yeux, elle se trouvait sous la surface, ses poumons manquant d'air. Affolée, elle s'agita, ne sachant même pas dans quelle direction se trouvait l'air...

Une main se saisit de la sienne. Elle fut tirée à l'air libre avec force, pour s'échouer sur une bouée en forme de licorne géante. On la mit au sec, sur le dos. Un visage apparut au-dessus du sien.

Trempé, les cheveux rejetés en arrière et ses yeux violet plus vifs que jamais, Nathaniel la scruta un instant, avant de hocher la tête, visiblement satisfait. Elle respirait, c'était déjà ça. Pas une goutte d'eau dans ses poumons, ce qui était un miracle.

Par contre, sous corps tout entier lui faisait un mal de chien !

Quel plat ! Même petite, à la piscine avec sa mère, elle n'avait jamais fait un tel plat ! Son foie était remonté dans son estomac, elle en était certaine.

Un grincement de métal lui fit relever la tête. Nathaniel était en train de lui arracher ses chaines en argent, à mains nues. Il commença par ses chevilles, qu'elle remua tout de suite après. Puis ses jambes, son torse, ses bras, ses mains... Dieux, que ça faisait du bien de pouvoir bouger, même en ayant mal de partout !

-Tu n'es vraiment qu'un gros boulet, grommela Nathaniel en lui ôtant son bâillon...

Pour l'embrasser la seconde suivante.

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