De sa place, sur l'estrade, Nathaniel pouvait nettement voir l'air franchement interloqué d'Élisa. Elle devait se demander de qui il pouvait bien parler. Mais il rigolerait plus tard.

Pour le moment, il devait passer à la phase deux de cette conférence de presse. Déjà, des micros se levaient vers lui, des questions se précipitaient sur les lèvres. Depuis l'affaire de la Marquise Sanglante, il s'était tenu à l'écart de tout cela. Ce qui avait bien arrangé les vampires, au demeurant.

-La deuxième annonce risque de bien plus vous surprendre que la première, déclara-t-il avec un demi-sourire amusé. Vous savez, sans nul doute possible, que ceux que nous considérons comme les premiers ancêtres des Millicent sont décédés depuis longtemps déjà.

Cela attira l'attention de tout un chacun. Où voulait-il en venir ?

-Néanmoins, je suis ravi de vous annoncer que vous vous êtes tous trompés. Je vous présente mes grands-parents, Angèle et Rodolphe de Millicent.

Tous les regards se tournèrent vers la porte qui libéra le passage au couple ducal. Bien. Il n'avait plus rien à faire ici. Disparaissant de son poste sur la scène, il choisit de reprendre pied derrière Élisa. Sa main s'abattit sur une épaule musclée... Et ils se retrouvèrent soudain dans son bureau, au sommet de la tour de l'Entreprise.

-Putain de merde ! rugit Jamie en titubant en avant, lourdement chargé par son attirail de travail.

-Tu peux me dire ce que tu fais ? gronda Nathaniel en le fusillant du regard.

Le vampire grommela en se redressant, tout en s'assurant que ses appareils étaient toujours fonctionnels. Il avait perdu sa perche dans le transfert.

-Je fais ce que je dois faire : surveiller Élisa. Elle a tous les vampires au cul.

-La faute à qui !?

-Putain, tu aurais voulu que je fasse quoi !? Que je la laisse crever !? On savait tous les deux qu'elle allait être transformée, de toute façon !

-Pas par toi ! rugit Nathaniel, ses yeux violet brillant de rage. Tu étais censé prévenir ce genre de risque ! Je ne me suis pas cassé la tête à te faire rentrer chez les Gardiens de la Pureté pour rien ! Tu as mis sa vie en danger !

Jamie émit un ricanement qui lui donna une furieuse envie de lui refaire le portrait. D'ailleurs, il lui colla une droite qui le projeta sur le bureau. L'attrapant par la nuque, Nathaniel lui plaqua la joue sur le bois froid, les yeux brillants d'un éclat inhumain.

-N'oublie pas que ta misérable vie ne tient qu'à un fil, Jamie.

-Ce n'est pas toi qui m'a envoyé, maudit Millicent !

Avec un grondement, il le relâcha. Il risquait de lui briser la nuque sous l'effet de la rage.

-Je commence à me demander si Sapphiros savait ce qu'elle faisait en te demandant de protéger sa fille, James.

*

-Tu savais déjà qu'Angèle et Rodolphe étaient toujours de ce monde !? explosa Daphnée en la secouant par les épaules. Je suis une Millicent et je n'étais même pas au courant, bordel !

-C'est... C'est un concours de circonstances, bafouilla Élisa en sentant sa tête balloter d'avant en arrière à cause de la force de la journaliste.

-Un concours de circonstances !? Tu te fous de ma gueule !?

-Hum, je pense que cette petite Millicent a hérité de tes fameux traits de caractère, Angèle.

Daphnée lâcha Élisa d'un seul coup, manqua la faire tomber. Les yeux ronds, la descendante du couple terrible se retrouva muette, pour une fois. Ils la considéraient avec bienveillance.

-Heu... Je...

-Daphnée, c'est ça ? Tu es une fée, non ? Tu dois être de la branche de Florentin.

-Probablement, fit Rodolphe en considérant la belle rousse. Tu as la chevelure de Léopoldine, sa femme.

-Je...

-Élisa fit Angèle en considérant la fée-vampire, qui haussa un sourcil. Vous savez où se trouve mon petit-fils ?

Son petit fils ? Les neurones de la jeune femme se mirent tout de suite en branle, avant qu'elle ne se souvienne que le petit fils en question, c'était Nathaniel. Elle n'en avait aucune idée. Ce crétin pouvait bien se trouver où il voulait, elle s'en moquait comme d'une guigne !

-Je suis ici, déclara Nathaniel en apparaissant à côté d'elle, manquant lui causer un arrêt cardiaque. Daphnée, tu me tueras plus tard, pour le moment j'ai à faire.

Sur quoi Élisa se retrouva soudain dans le salon de cet horrible personnage, sa caméra toujours à la main. Sur laquelle elle se serait étalée si Nath ne l'avait pas récupérée par le bras.

-Reste avec moi, le boulet.

-Tu me gonfles à m'appeler le boulet, siffla-t-elle en se retournant.

-Comme tu veux, fit-il en la lâchant.

Sur quoi elle tomba effectivement sur sa caméra, sans que ce salopard n'ai la moindre once de remords ! Bordel, elle allait dire quoi, à la chaine paranormale !? Déjà qu'elle n'avait pas revu le patron depuis la prise d'otage, il allait moyennement apprécier qu'elle revienne en plus avec du matériel cassé !

-Je rembourserai la Chaine en ton nom.

-Ce n'est pas la question, bon sang ! Je peux savoir ce que je t'ai fait !? s'exclama-t-elle se tournant vers lui, ses yeux lançant des éclairs.

Occupé à défaire ses boutons de manchettes, il lui fit un sourire en coin.

-Tout un tas de choses que tu ne sais pas encore.

Quoi !? Quoi !? Furieuse, Élisa bondit sur ses pieds, mais le salopard avait déjà disparu dans son dressing, cette pièce avec le grand miroir sur un côté. Lui emboitant le pas, les poings serrés, elle le découvrit déjà avec sa chemise ouverte sur son torse sculpté. Bon. Cela ne devait pas détourner sa colère à défaut de son regard.

-Nathaniel de Millicent ! rugit-elle en agitant son doigt sous son nez. Tu commences à me pomper l'air avec tes insinuations !

Il haussa un sourcil moqueur en ôtant son vêtement.

-Je n'insinue rien. Je constate seulement.

-Qu'est-ce que tu sais !? Qu'est-ce qui nous est arrivé à tout les deux que je ne sais pas encore !?

Son sourire se fit légèrement carnassier en s'attaquant aux boutons de son pantalon de costume.

-Tu es certes curieuse, mais les choses sont plus compliquées que ça, Élisa.

-Nathaniel, gronda-t-elle. Je te le demande pour la dernière fois : qui suis-je pour toi en vérité ?

-Un boulet.

Ce fut plus fort qu'elle, elle le gifla. Tout du moins, elle essaya, car se saisissant de son poignet au vol, il la plaqua contre lui. Une main dans son dos, l'autre tenant son bras, il darda ses yeux violets sur elle.

La seconde suivante, ils s'embrassaient sauvagement. La tension sexuelle qui planait entre eux parut exploser. L'empoignant par la nuque, Élisa se jeta sur lui. Ils ne tardèrent pas à se retrouver contre le mur. Comment elle s'était retrouvée les jambes nouées autour de sa taille, elle l'ignorait. Mais en cet instant, elle s'en foutait royalement.

Ses mains empoignant ses fesses, Nathaniel plaquait son bassin contre le sien. Sa bouche dévorait la sienne, leurs corps se pressaient l'un contre l'autre. Néanmoins, les vêtements qui les séparaient semblaient de trop. Vraiment de trop.

Empoignant la chemise immaculée de Nath, elle en fit sauter les boutons comme une sauvage. Il émit un grondement approbateur. Comment elle se retrouva par terre, à chevaucher ce casse-pied si sexy, elle ne le savait pas non plus. Mais il n'en restait pas moins qu'elle fit claquer la ceinture de son pantalon de costume en la lui enlevant, tandis que lui empoignait son jean à deux mains... Pour le lui déchirer comme s'il eut s'agit d'une culotte de strip-tease.

Il avait une force dantesque.

Encore plus excitée, elle gémit lorsqu'elle mit la main sur son membre en érection. Il était brulant, et particulièrement dur. Là, tout de suite ? Elle avait juste envie de le chevaucher jusqu'à l'extase.

Il venait de prendre l'un de ses seins en bouche, après lui avoir soulevé son t-shirt, quand elle le guida en elle. La grande main chaude de Nath se crispa sur le globe charnu, l'autre se plantant dans la chair ronde de sa hanche.

Son sexe l'emplissait complètement, déclenchant une telle décharge de plaisir en Élisa qu'elle s'agrippa à lui comme une naufragée à une bouée. Passant aussitôt les bras autour de sa taille, il l'embrassa dans la nuque. Sans pour autant lui laisser le moindre répit.

La renversant sur le dos, il la posséda pleinement, entièrement. Dénouant ses jambes d'autour de ses hanches, il appuya sur ses cuisses pour les lui écarter largement, tout en l'embrassant à pleine bouche. Ivre de plaisir, Élisa planta ses ongles dans sa nuque en le sentant aller et venir, sans aucune pitié, sans aucune retenue.

Ils n'en étaient plus là.

Le bassin de Nathaniel claquait contre le sien, ses coups de boutoir faisant rebondir ses seins à nu. Un plaisir intense montait en elle. Elle ne parvenait plus à penser, elle ne pouvait plus réfléchir. Elle gémissait et criait son nom alors qu'il affolait la pointe de ses seins tout en la pilonnant sans merci ?

Elle s'en moquait.

Ce n'était ni le moment de la réflexion ni celui de la honte.

Tout ce qu'elle voulait, c'était jouir.

Qu'il la fasse jouir.

Et quand elle se contracta autour de son sexe si vigoureux, elle se laissa emporter par un orgasme intense, l'entrainant à sa suite.

*

Putain, comment ils en étaient arrivés là ?

Essoufflé, allongé sur une Élisa qui s'agrippait toujours à lui, Nathaniel avait l'esprit embrumé par la jouissance. Il ne comprenait pas comment ils en étaient arrivés là, mais non de dieu, c'était bon !

Son cœur commençant à se calmer après tous ces efforts aussi subits que spontanés, il profita d'un relâchement des muscles de la jeune vampire pour rouler sur le côté. Non sans rester collé à elle, un bras en travers de son ventre.

Cette femme allait le rendre complètement fou.

Un peu plus calme, il était en train de se demander à quelle sauce il allait être mangé, après tout ça, lorsqu'un léger ronflement se fit entendre. Un sourcil haussé il releva la tête. Elle dormait !

Amusé, il se dit que finalement, les représailles postes coïtales d'Élisa ne seraient pas pour tout de suite. Bah. Ce n'était pas plus mal.

Par contre, il allait devoir repousser l'attaque chez les vampires. Il ne l'avait pas oublié, elle était incapable de faire quoi que ce soit après le sexe.

*

Les yeux grands ouverts sous la douche, Élisa faisait l'inventaire de toutes les conneries de la veille.

Petit un, elle avait sauté sur Nathaniel.

Petit deux, cette fois-ci personne n'était venu les interrompre, et ils avaient copulé comme des sauvages sur le sol du dressing de Nathaniel.

Petit trois, ni lui ni elle ne s'étaient souvenus du mot « préservatif » en cours de route.

Petit quatre, elle s'était endormie instantanément après, et à son réveil dans le lit sous la couette, le cuistre s'était barré.

Ça faisait beaucoup pour une seule soirée.

Les côtés positifs ?

La vache, quel orgasme !

Rien que d'y penser, un frisson d'excitation remonta le long de son dos. Des fois, pas besoin de trois plombes pour être pleinement satisfaite d'une partie de jambe en l'air. Et satisfaite, elle l'était carrément.

Le rouge aux joues, elle arrêta sa douche de vingt minutes, réflexion oblige, pour aller se sécher. Son seul regret était qu'ils avaient fait ça encore à moitié habillés. Mais bon. On ne pouvait pas tout avoir.

Maintenant la question était : qu'est-ce qu'elle allait faire quand elle se retrouvait face à Nathaniel ? Songeuse, elle laissa tomber sa serviette pour se saisir de sa petite culotte, lorsque la porte de la salle de bain s'ouvrit à la volée.

-Élisa ! s'exclama le casse bonbon sexy en chef. Tu...

Il s'immobilisa, une main sur la poignée de porte, lorsqu'il la comprit entièrement nue. Hors de question de rougir ! Posant les poings sur les hanches, sa culotte toujours en main, elle haussa un sourcil plein de défi. Les muscles de sa mâchoire jouant sous son ombre de barbe, il planta son regard d'améthyste dans le sien.

-Ça, c'est pour plus tard, déclara-t-il d'une voix trop rauque pour être honnête.

Son frisson d'excitation ? Elle préféra l'ignorer, même si la pointe de ses seins jouait un autre jeu.

-Qui te dit que j'en ai envie ?

Cette fois-ci, il lui fit son fameux demi-sourire dévastateur, plein d'une mâle assurance.

-On verra qui cédera le premier.

Ils se défièrent un instant du regard. Ok, il voulait jouer à ce petit jeu ? Croisant les bras sous sa poitrine, ce qui la fit légèrement remonter de manière volontaire, elle lança :

-Et tu voulais quoi, à la base ?

Les yeux rivés sur les deux globes, il fallut un certain temps à Nathaniel pour répondre.

-Tu dois jouer l'appât dans l'attaque contre Puresang.

Pardon ?