14 juin
14 juin
05 heures
Jesse
Mon logement bénéficie d'une place de choix. Dans la Lake Point Tower.
Majestueux gratte-ciel – en forme de Y vue du ciel – haut de cent quatre vingt dix-spet mètres en bordure du gigantesque Lac Michigan. Des personnes lambda fortunées, des célébrités, il y a de tout. Biens propres sur eux, ma présence fait presque tâche au milieu des autres propriétaires. Plus d'un me reluquent de travers. Je leur rends bien évidemment la pareille cependant aucun ne s'est jamais plaint de moi.
Que de préjugés dans leur regard.
À les voir raser les murs ou baisser la tête lors de mon passage, ils ont l'air d'avoir peur de moi. Je ne m'embête avec personne, je suis solitaire et ne sors jamais sauf pour travailler ou accomplir certains gestes de la vie quotidienne. Faire les courses ou du sport. Rester prostrée du haut de mon refuge face au Lac est ma principale distraction.
— Bonsoir, mademoiselle Miller, m'agresse le concierge de nuit.
Il m'a fait peur, ce con.
— Bonsoir, Jude. Vous ne pouvez pas m'appeler par mon prénom comme tout le monde ?
— Non désolé, ce n'est pas dans mes fonctions. Dure journée ?
— La routine, journée chargée. Du courrier pour moi ?
— Non, pas de courrier. Bonne nuit, mademoiselle Miller
— Bon courage, Jude.
Quel âge il peut avoir ? Si je m'en réfère aux cheveux grisonnants et aux épaules voûtées, il doit avoir la soixante bien tassée. Je l'aime bien.
Je m'éloigne, pressée de retrouver mon lit. Jude est l'un des concierges de la résidence. Je le tolère et il m'arrive de converser quelques instants avec lui à l'occasion comme à l'instant. C'est un bon bougre et même si de par son métier il ne critique pas, je n'ai jamais ressenti de jugement dans son comportement.
J'habite au soixante-seizième étage de cette gigantesque tour, dans un spacieux et lumineux appartement de deux chambres avec vue à couper le souffle sur le Lac Michigan.
Je m'engouffre dans l'ascenseur et appuie sur le bouton de mon étage. Des rapides foulées se rapprochent. Je lève les yeux au ciel. On ne peut jamais être tranquille. Les portes se referment. La chance est peut-être de mon côté ? Une main les retient au dernier moment. Je grogne.
— Bonsoir, Miller, me salue une voix grave conforme au mâle sexy se tenant devant moi.
Un sosie alléchant d'une gravure de mode avec des cheveux ébouriffés genre sortie de placard ou de lit se tient devant moi.
Connard !
— Hank, je lui réponds sèchement du bout des lèvres.
Il ne faudrait pas qu'il se mette des trucs en tête. Je ne suis pas gentille. Il le sait !
— Tu finis tard ce soir., se croit-il obligé de faire la causette Ou tôt ce matin. Comment vas-tu ?
Je lui demande ce qu'il fabrique dehors à cette heure ? Toujours à me parler gentiment.
— Ça va, je marmonne entre mes dents.
Qu'est-ce que ça peut bien lui faire ? Il ne voudrait pas qu'on se tape la discute en plein couloir comme deux commères ?
— Tu as prévu quelque chose ce week-end ?
— C'est un interrogatoire ? je lui lance sèchement.
Il perd son sourire et lève les mains comme pour se défendre.
— Nullement.
— Alors la ferme.
Je fais mine de m'intéresser au mur, j'ai assez parlé aujourd'hui. Il est long ce putain d'ascenseur.
Le silence s'installe entre nous, tout à nos pensées, jusqu'à la sonnerie d'arrivée. La cabine se stabilise.
Enfin !
Nous sortons, chacun dans une direction opposée. Parce que bien entendu, en plus d'être mon connard de banquier, il est également mon voisin le plus proche. Discrètement, il se racle la gorge.
— Quoi ?
— Chez toi ou chez moi ?
Je me retourne. La main sur la poignée de sa porte ouverte, il n'attend que moi. En fait, je serais sociable, je m'intéresserais à lui. Un truc cloche. Il a l'air sur ses gardes à chaque pas et sursaute au moindre bruit.
Comme nous ne sommes pas amis, je m'en fous. Sa proposition tombe à pique et dévie mes pensées vers un autre terrain.
Pourquoi pas ? Ça me ferait retomber la pression. Il est plutôt bel homme, brun ténébreux aux yeux bleus, pas très musclé mais le corps est ferme.
Alors que d'habitude, les grands m'attirent sexuellement, lui c'est autre chose. Comme si on avait envie de prendre soin de lui, de le protéger. Il dégage une sensibilité mystérieuse. Dommage pour lui, je ne fais pas dans le social.
— Chez toi, je fais en passant devant lui. T'emballe pas, je n'ai pas tout mon temps. Faut que je dorme.
— Toujours aussi charmante.
— Fais pas chier.
— Avec plaisir.
Il entre à son tour. Son appartement est toujours bien rangé, rien ne dépasse. Ça m'épate pour un homme. Éventuellement, je me demande s'il envisage de prendre son intérieur en photo pour l'envoyer à un magazine de déco ?
Il est rigoureux et maniaque. Trop. Je pourrais le gifler quand il me déshabille et plie avec soin mes vêtements. Il a de la chance d'être un bon coup ce con pour que je supporte ses conneries.
Accessoirement, il s'occupe de mes comptes bancaires depuis le départ en retraite, il y huit ans de ça, de mon ancien banquier. C'est comme ça que je l'ai croisé la première fois. Dans son bureau. J'avais déjà le feu aux fesses à cette époque et lui jeune premier, avait une retenue de ne pas froisser une cliente. Je lui ai sauté dessus. Il n'a pas protesté, une bonne façon de joindre l'utile à l'agréable.
— Qu'est-ce qui te dis ?
Aller mourir !
— Le fauteuil, je lui réponds du tac au tac en désignant l'assise du menton.
— Tu m'embrasses ce soir ?
Pourquoi ? Mais pourquoi ça les branche tous autant ? Avoir une belle paire de lèvres est-il un argument valable justifiant de s'en servir à tout bout de champ ?
— Et puis encore quoi ?
— Tu es dure.
— C'est comme ça. Tu penses la fermer et baiser ?
— Très poétique tout ça. Comment veux-tu ?
Je ne risque pas de changer ma façon de faire !
— Silencieux, rapide et fort. Assieds-toi, je lui ordonne pour abréger le superficiel.
Ce qu'il fait après avoir enlevé délicatement ses vêtements.
Pas trop vite surtout !
Faire durer c'est son truc. Je crois que c'est ce qui l'excite le plus : m'énerver.
J'admire l'homme, ses épaules carrées, son ventre plat avec ses abdos à peine dessinés, ses pectoraux développés et son sexe dressé.
Quelques tatouages sur son torse et ses bras. Je mouille rien qu'à reluquer son corps admirablement bien mis en valeur. Je fronce les sourcils en découvrant des hématomes le long de ses côtes. Il en a régulièrement et je mets cet état sur le compte de sport de combat. Je ne cherche pas à approfondir le sujet.
Il s'approche de moi pour me déshabiller à mon tour. Pressée, je le repousse vivement. Mon geste vif le surprend et le fait asseoir dans son fauteuil.
— T'as de quoi ?
— Toujours, bébé.
Original ce petit surnom niais. Je ne relève même pas, tellement je suis blasée.
— La ferme, Hank.
— Bien.
Pendant qu'il enfile un préservatif, j'enlève mes fringues en les balançant au hasard sous son œil faussement courroucé. Sauf mon flingue que je pose délicatement sur la table basse. Dans ses yeux, le respect, l'envie et l'admiration passent. Possiblement la raison pour laquelle, s'apprêtant à protester, il se ravise, aidé de mon regard noir. Il s'abstient de tout commentaire.
Bien !
Il vaut mieux, sinon je me tire et le laisse se démerder avec son érection.
Je n'ai aucune honte à me retrouver nue devant qui que ce soit. Je prends soin de mon corps grâce à la piscine, au running et au yoga. Rien que ça. Je ne sais pas pourquoi je fais tout cet exercice. Tout ce que j'attends, c'est la fin de ma vie et la provoquer est une qualité que je ne possède pas.
Je ne garde seulement mon collier, une chaîne fine en argent avec une croix nichée entre mes seins. Elle me vient de maman. Sa place est autour de mon cou. À tout moment.
Que je mette les choses au point d'entrée de jeu, nous ne sommes pas un couple, nous avons encore moins un début de relation. D'ailleurs, je ne suis pas la seule à passer le seuil de son appartement.
Ça me va très bien, c'est genre un ami – ou ce qui s'en rapproche vu mon asociabilité – de baise.
Putain ! J'en suis à le qualifier d'ami. Je suis grave.
Plus par défaut que par choix, je ne me fais baiser que par lui. Pas envie d'élargir les horizons et il ne me déçoit jamais. J'ai pas non plus de sentiments amoureux pour lui. Jamais. Pour personne ! D'où l'emploi du mot baiser.
Je fuis tout ce qui pourrait me faire ressentir un début de sentiment.
Lui aussi.
La situation nous convient à tous les deux.
— Branle-toi !
Il passe la main sur son membre déjà bien dur et se masturbe. Ses gestes sont fluides, il ne me quitte pas des yeux. Je m'approche de lui et monte à califourchon sur ses jambes. Les mains sur ses épaules, je m'empale profondément sur sa bite. Sans ménagement.
Ses grandes mains se posent dans mon dos, ses pouces sous mes aisselles pour guider mes mouvements. Sa bouche passe d'un téton à l'autre d'un air affamé.
Il est bon dans ce qu'il fait.
Il gobe, mordille, lèche et tire mes pointes entre ses dents sans douceur. J'ondule de plus en plus intensément, le plaisir monte progressivement entre mes reins. La fermeté dont il fait preuve en agrippant mes hanches me fait pencher la tête en arrière. Ça l'encourage et il entame des va-et-vient rapides et puissants.
— C'est bon, je ne vais plus tarder.
J'ai dit silencieux, bordel !
— La ferme, connard. Tu casses mon truc.
J'ai conscience de le titiller avec mes mots grossiers. Son tempérament très caché de mauvais garçon prend le dessus. Il s'agace pour me prouver qu'il a des couilles et nous lève sans se retirer. Son corps ferme me plaque contre le mur et il me pilonne sans relâche ni retenue. Exactement ce que j'attendais.
— Tu es une chienne, Miller. Tu le sais ?
— La ferme ! Fais pas ton connard !
— Tu aimes que je te baise, petite salope ?
— Ta gueule, Hank.
Il continue de déverser des mots bien trop grossiers. Ces injures contrastent avec sa façon d'être au quotidien. C'est encore meilleur de le voir et l'entendre se lâcher. Ce qu'il ne fait jamais en dehors de nos ébats. Je tolère qu'il me parle, sûrement le nombre d'années de rapports de baise en est la raison. Je ne lui dis pas, il faudrait pas qu'il prenne la grosse tête.
Mon corps pris au piège entre le mur et sa proximité, il pourrait en profiter pour m'embrasser. Trop respectueux, il garde ses distances.
Je caresse mon clitoris pendant que sa langue se balade sur ma gorge. Je tire sur ses cheveux puis serre sa tête contre moi. Le corps en sueur, nous venons au même moment. L'orgasme me libère, m'apaise et la tension quitte mon corps.
Nos souffles sont encore saccadés quand je lui fais comprendre de me lâcher. À l'instant où mes pieds touchent le sol, j'enfile mon débardeur et embarque le reste de mes affaires, sans un regard pour lui. Il a l'habitude et ne m'en tient plus rigueur.
Les premières fois, il ne comprenait pas mais l'idée a fait son chemin petit à petit jusqu'à son cerveau.
— C'était un plaisir, Miller.
— Tant mieux pour toi.
— Tu pars vraiment ?
— Non, je vais faire semblant.
Je suis vache. Ce n'est un secret pour personne. Dommage pour tout le monde, je ne m'en cache pas.
Je retire mes fringues à peine passée le pas de porte de mon appartement.Tous les murs et les meubles sont blancs chez moi, tout est épuré – vide – , me contentant du strict minimum. Comme à l'intérieur de moi, le néant ! La seule touche de couleur pouvant passer pour chaleureuse est le plancher couleur acacia.
Je me dirige vers ma chambre après un rapide tour à la salle de bain pour déposer mon linge dans le panier, me doucher vite fait et me brosser les dents. Une tresse et je suis aussitôt emportée par le sommeil dès que je me glisse dans mon lit.
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