Pour Noodle

Je descendis avec flegme les marches du dortoir. Me lever le week-end était une vraie épreuve. Après une semaine de cours, j'étais toujours éreintée, mais lézarder toute la journée me semblait une terrible perte de temps. Et un Malfoy ne peut perdre son temps.Sur le canapé de la salle commune, une brune avait le nez plongé dans un livre. Elle leva ses yeux noisettes vers moi et m'adressa un sourire ravissant:

"Comme d'habitude tu es bien matinal."

Une fois de plus je fus frappé par sa beauté. Elle n'avait ni artifice ni fard, elle n'en avait pas besoin. Elle n'était pas parfaite évidemment mais... son visage était plaisant. Sa peau pâle et délicate aurait sûrement rebuté quelques uns mais pas moi. Ses traits étaient harmonieux et je ne me lassais pas de voir ses lèvres en coeur s'étirer lorsqu'elle riait, ou son petit nez se froncer quand quelque chose la contrariait. D'aucuns auraient qualifié ses sourcils de trop épais mais au contraire je trouvais qu'ils conféraient du caractère à son visage.

"J'ai mes devoirs à faire et je compte bien les finir au plus vite.

-Pourquoi donc? Aurais-tu un rendez-vous galant?"

Son ton badin voire moqueur cachait une réelle question et je sentis une pointe de contentement à l'idée qu'elle se préoccupe de ma situation amoureuse. Je fus un instant partagé entre dire la vérité ou mentir pour analyser sa réaction mais choisis pour cette fois l'honnêteté:

"Pas du tout, je voudrais juste me reposer ou m'avancer sur les leçons suivantes."

Elle arqua un sourcil et railla:

"Assidu pour être toujours premier de la classe hein? Le jour où quelqu'un te dépassera ton monde s'effondrera.

-Je ferai en sorte que ça n'arrive jamais, répondis-je pompeusement avec un sourire assuré.

-Orgueil mal placé, maugréa-t-elle. Draco, mon cher Draco ne changeras-tu donc jamais?

-Jamais." répondis-je en lui lançant un clin d'oeil.

Certaines auraient ri mais j'eus le plaisir de voir ses joues se colorer d'un rouge carmin. Je pris congé de Mélina pour aller prendre mon petit-déjeuner mais malheureusement elle ne quitta pas mes pensées. Cette fille... D'aussi loin que je me souvienne, je l'ai toujours aimée cette fille. Je l'avais rencontrée deux printemps plus tôt, en cinquième année. Dès que je l'avais vu, j'avais remarqué sa beauté. J'avais ensuite appris à la connaître et, elle était parfaite. Son ton ironique me plaisait, tout autant que sa bonté - singulière pour une serpentard. Toutefois je n'arrivais pas à savoir ce qu'elle pensait de moi. Parfois elle rougissait à certains de mes actes ou semblait ravie de me voir... Malheureusement elle ne laissait transparaître ces émotions que quelques secondes et recomposai son masque froid et cynique qu'elle revêtait seulement face à moi. Parfois j'enviais les autres... Pourquoi eux avaient-ils droit à un sourire franc et sincère? Tout en avalant mon petit-déjeuner, je promis de retourner la voir plus souvent avec un but en tête: abaisser ses défenses, la mettre en confiance. Je voulais la voir rire aux éclats avec moi comme elle le faisait avec les autres. Une fois prêt, je me rendis à la salle commun et me penchai par-dessus son épaule:

"Toujours plongée dans ton bouquin?"

Mélina poussa un cri de surprise et souffla:

"Tu es fou? J'ai frôlé la crise cardiaque!"

Je ris et pris place à côté d'elle sans même qu'on me le propose:

"Alors, ce livre est si intéressant pour que tu ne le lâches pas un seul instant?

-Oui plutôt, les histoires aussi captivantes sont rares, l'écrivain est un génie!"

Bingo. Parler d'un sujet qui le passionnait, voilà tout ce qu'il fallait pour allumer cette flamme dans ses charmantes orbes noisettes. J'appuyai mes coudes contre mes jambes et lui demandai:

"Raconte-moi donc, qu'est-ce qui rend l'ouvrage si intéressant?"

Ce qu'elle était belle.Elle me parlait des des personnages, de la trame, des messages subliminaux. Elle me décrivait tout avec une animation incroyable. Elle avait réussi à capter mon attention. Quelquefois mon esprit dérivait et je ne pouvais plus que penser à son incroyable charme. Son monologue se changea bientôt en discussion puis en débat. J'avais enfin en face de moi la Mélina que les autres avaient le privilège de fréquenter.Celle énergique, bavarde et fougueuse. Je préférais grandement cette face-ci, elle était plus humaine:

"Tu devrais plus souvent être comme ça, déclarai-je pendant un silence.

-Comment? s'enquit-elle en fronçant les sourcils d'incompréhension.

-Naturelle et spontanée. D'habitude tu gardes une distance entre nous..."

Elle haussa les épaules, visiblement peu encline à en parler. Aussi je changeai de sujet. Elle me laissa malheureusement au profit de ses amies, m'obligeant à aller retrouver Crabbe et Goyle. Malgré ce tracas, je ne perdis pas mon sourire de toute la soirée, j'avais réussi à percer la coquille de Mélina, il ne me restait qu'à la charmer. Je craignais cependant que cette entreprise se révèle plus dure que prévue... Et si je n'étais pas à son goût?

Dès l'après-midi je me mis au travail. À la fin du déjeuner, Mélina se rendit dans la cours et s'installa seule sur l'herbe pour réviser. C'était une opportunité que je ne pouvais me permettre de manquer! Aussi je m'immobilisai à une distance raisonnable et fis le premier pas:

"Besoin d'aide pour les leçons ou devoirs?"

Le tout était de d'abord savoir si elle était réceptive. Mélina me jaugea de ses yeux noisettes, se demandant probablement ce qui me prenait à chercher autant sa compagnie subitement. À mon plus grand soulagement elle finit par désigner d'un geste leste une place à côté d'elle:

"En effet ce ne serait pas de refus."

Je m'installai et elle me tendit son cahier. Cet après-midi, je mobilisai tous mes charmes pour la séduire: remettant mes cheveux en place, lui souriant sans cesse, la fixant dans les yeux. Elle était si adorable que parfois j'avais du mal à me concentrer sur ce que nous faisions. La manière dont elle riait, le fait qu'elle s'humidifie les lèvres en réfléchissant, son froncement de nez à chaque réponse fausse... Jamais une fille ne m'avait autant émerveillé. Alors que je la contemplais en lui faisant réviser la potion, un garçon que j'estimais de notre âge s'approcha de nous:

"Mélina c'est l'heure."

L'heure? Je coulai un regard vers Mélina qui paniqua soudain en voyant sa montre.

"Oh oui pardon j'arrive immédiatement."

En un tour de main elle rangea ses affaires et se tourna vers moi:

"Draco, je te remercie, ton aide a été précieuse. On se voit plus tard?"

Je lui rendis son sourire mais fusillai du regard le garçon à ses côtés. Il ne semblait pas être son frère vu ses cheveux noirs et ses yeux émeraudes alors bon sang qui était-il? Pas son copain j'en aurais entendu parler. Sûrement un "ami" à elle. Pff un rival plutôt! Toute la fin d'après-midi je la cherchai du regard, en vain. Elle n'était ni dans la cours, ni dans la salle commune de Serpentard. Au dîner elle réapparut miraculeusement dans le réfectoire, me faisant froncer les sourcils. Où diable avait-elle disparu?

"Ça va Draco ? Tu as l'air quelque peu contrarié." remarqua Blaise.

Sans hésiter un instant, je lui expliquai toute la situation. Une fois que je lui eus fait un compte-rendu, il ébaucha un sourire désolé et se racla la gorge:

"Si tu ne les a pas trouvés nulle part, ils sont dans la salle sur demande et on ne va pas là-bas pour jouer aux cartes.

-Tu es tombé sur la tête, répliquai-je. C'est pas du tout le genre de Mélina!"

Blaise haussa les épaules:

"Réfléchis-bien. C'est la seule solution."

Cette réponse ne fit que me chiffonner encore plus. Et si Blaise avait raison? Jamais je ne pourrais plaire à Mélina...

Cette sombre hypothèse me tarauda toute la nuit, m'empêchant de fermer l'oeil. Je devais prêcher le vrai du faux au plus vite mais comment allais-je bien pouvoir m'y prendre? Le lendemain matin, j'étais épuisé, et toujours aussi tourmenté. Tant et si bien qu'au petit-déjeuner Blaise s'exclama d'un ton alarmé:

"Qu'est-ce qui t'arrive mec t'as l'air éreinté avec tes énormes valises sous les yeux!"

Je répondis par un grognement et bus d'un trait ma tasse de café. Je n'avais pas le choix, j'allais devoir attendre qu'elle vienne vers moi. La veille j'avais passé la journée à lui courir après et je ne pouvais sûrement pas agir de la même manière encore une fois. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne me parler et étais désemparé à l'idée de ne pas la voir. Toute la matinée je restai lové dans le canapé, tentant de me plonger dans un livre, en vain. Je ne cessais de penser à elle, à ses beaux cheveux bruns, à ses yeux noisettes brillants... Le déjeuner se passa sans heurt mais je fus dans la lune, morose. L'après-midi, les nuages avaient été repoussés par le vent, laissant apparaître un magnifique ciel bleu. Le soleil brillait et réchauffait agréablement l'atmosphère.

"Aller Draco arrête de tirer cette tête de cent pieds de long et va donc dehors respirer l'air frais." me conseilla Blaise.

Il avait raison sans aucun doute. De plus je ne pouvais plus supporter de voir Blaise et Pansy se bécoter juste en face de moi. Sur-le-champ, je me levai et sortis à grands pas du château, l'esprit tourmenté. À dessein de chasser mes pensées noires, je m'étendis sur l'herbe fraîche et verte et fermai les yeux. Une brise printanière venait caresser ma peau pâle et soulever quelques mèches de mes cheveux blonds platines. Pour la première fois de la journée, je réussis à penser à autre chose qu'à Mélina, mon esprit vogua au gré du hasard et je me sentis plus léger.

"Alors Draco on essaie désespérément de bronzer pour ne plus ressembler à un navet?"

Cette voix... Je ris à sa raillerie et me relevai sur mon séant. La joie menaçait d'exploser en moi, Mélina était enfin venue à moi!

"Ne critique pas ma peau de porcelaine c'est une des choses que les filles adorent chez moi.

-Ah ouais? Ce n'est pas plutôt de ton narcissisme sans borne dont elles raffolent?"

Sa saillie me fit rire, et avec un air triomphant Mélina prit place à mes côtés:

"Où étais-tu? Je ne t'ai pas vue de la matinée.

-Tu ne m'as pas assez cherchée, répliqua-t-elle du tac au tac.

-Ou alors peut-être étais-tu avec ton copain le mec d'hier..." glissai-je avec un ton faussement désinvolte.

Soudain, une lueur étrange s'alluma dans ses yeux et elle répliqua vivement:

"Ce n'est pas mon copain!"

Comme si... elle était révulsée? C'était une réaction si singulière, j'en étais désarçonnée.

"Pardon je ne voulais pas te froisser." m'excusai-je avec circonspection.

Mélina se détendit et m'adressa un sourire qui me parut bien pâle... Que pouvait-il se passer avec ce garçon? À dessein de faire disparaître l'air fiévreux de Mélina je changeai de sujet mais l'éclair de peur qui avait traversé ses prunelles ne quittait pas mon esprit... Toute l'après-midi nous restâmes tous les deux à discuter de tout et de rien. J'avais l'impression qu'enfin Mélina me portait l'attention que j'avais tant recherché. À chaque fois que ses yeux noisettes croisaient les miens je voulais la serrer dans mes bas ou l'embrasser fougueusement. Seulement mon bonheur prit fin lorsque le garçon de la veille vint se planter devant nous. Cette fois au lieu de l'observer lui, ce fut elle que j'examinai. Ce que je vis ne fit que m'inquiéter un peu plus. Elle se tourna vers moi et sans même me regarder, déclara d'une voix tremblante:

"On se voit plus tard Draco? Je dois y aller."

Le garçon me jeta un regard mauvais et s'éloigna avec Mélina. Qui était-il? Je devais le voir, au plus vite. Je sentais que tout n'était pas clair dans cette histoire, il y avait anguille sous roche...

Au dîner je le cherchai du regard et l'aperçus finalement à notre table, au bout avec quelques uns de nos aînés. Ainsi il était en huitième année.

"Blaise demande à ta copine qui est le brun en bout de table là-bas.

-C'est le fameux copain de Mélina c'est ça?"

Je hochai la tête, peu soucieux de démentir pour l'instant.

"Il s'appelle Étienne Houli. Selon Pansy il est célibataire. Elle le sait puisqu'il fait partie du groupe de garçons devant lequel ses copines et elles bavent."

Je remerciai Blaise et me plongeai dans mes réflexions. J'aurais pu croire qu'ils sortaient ensemble en secret mais vu l'air effarouché de Mélina ça ne faisait aucun doute; quelque chose de pas très net se tramait et j'étais déterminé à découvrir quoi...

Le lendemain matin, comme si le destin me donnait un coup de pouce, je croisai Mélina dans la salle commune et lui adressai un sourire cordial en m'approchant d'elle:

"Mélina comment vas-tu?"

Elle ne laissa rien paraître, elle agissait comme si tout ce qui s'était passé hier n'avait été qu'un songe brumeux qui une fois le jour levé s'était dissipé. Pourtant je savais que sa crainte n'avait été ni feinte ni négligeable. Après quelques échanges de banalités, je vins au sujet qui me tenait le plus à coeur:

"Mélina il faut que je te parle d'hier."

Elle se referma subitement comme une huître et carra les épaules:

"Hier?"

Elle savait de quoi je voulais parler mais feignais de ne pas comprendre:

"Mélina il faut qu'on parle d'Etienne.

-Il n'y a rien à dire sur lui, répliqua-t-elle avec mordant.

-Cesse tes calembredaines! Écoute je ne vais pas tourner autour du pot, je sais que quelque chose cloche."

Je plongeai mes yeux bleus dans les siens et posai ma main sur la sienne en prenant une voix plus grave, plus rassurante:

"Mélina. Tu peux me faire confiance. Je veux t'aider."

L'espace d'un instant je crus qu'elle allait capituler mais elle changea d'avis, retira sa main avec vivacité avant de déclarer sèchement:

"Draco arrête, tout va bien vraiment. Etienne est mon ami."

Son regard était glaçant, elle avait remis le masque sans émotion que je lui connaissais. Sentant qu'insister aurait été vain, je déclarai d'une voix douce mais ferme:

"Comme tu veux mais n'oublie pas que si jamais tu as besoin de moi, je serai toujours là."

Sans lui laisser le temps de répondre je changeai de sujet d'un ton léger. Nos conversations futiles n'empêchèrent cependant pas mon cerveau de carburer. Pourquoi personne ne se rendait compte de la situation? De toute façon à qui en parler? Je ne connaissais pas le moins du monde ses amis, Blaise ou Pansy ne me croiraient pas. Je n'avais pas le choix, je devais prendre le taureau par les cornes, et voir de mes propres yeux ce qu'il se passait... Pour la première fois elle vint prendre son déjeuner avec moi et pendant ce repas, elle me sembla plus épanouie que jamais, riant aux éclats, souriante... Comme la veille nous allâmes dans la cours pour profiter du doux soleil printanier mais au bout d'une heure, j'aperçus Etienne au loin. Cette fois, j'étais résolu à me moquer de lui, à le faire tourner en bourrique. Avant que Mélina n'ait le temps de le voir, je m'exclamai:

"Et si on rentrait? Les rayons commencent à taper."

Sans se douter de mon stratagème, Mélina acquiesça et nous nous levâmes. Avant de passer le pas de la porte, je jetai mon regard le plus meurtrier possible à Etienne. Je m'attendais à ce qu'il me le renvoie mais pas du tout; au contraire: il me lança un sourire moqueur et cria:

"Mélina! »

À ma plus grande frustration, elle se figea sur-le-champ; laissant à Etienne le loisir de nous rejoindre:

"Enfin te voilà. Ton ami voulait - je crois - m'éviter."

Mélina me fusilla du regard tandis qu'Etienne me toisa. Quelle ordure.

"Draco Malfoy c'est ça? Le prince de Serpentard si je ne me trompe pas."

Son ton méprisant fit bouillir le sang dans mes veines. Je carrai les épaules et avançai vers lui jusqu'à ce que nous ne soyons plus qu'à quelques centimètres:

"Je te conseille de baisser d'un ton et de ne pas faire le malin avec moi Houli, j'ai plus de pouvoir que tu ne sembles le penser."

Ce que je voulais voir traversa ses prunelles brièvement et je dus retenir un sourire. Il suintait la peur. Sans autre cérémonie il fit un signe de tête à Mélina et tous deux s'esquivèrent, me laissant seul. Seulement je ne comptais pas le rester. Oh sûrement pas. En tapinois je me mis à les suivre.. Malheureusement cela s'avéra beaucoup plus délicat que prévu; Etienne était méfiant et ne cessait de surveiller ses arrières ce qui ne faisait que m'inquiéter davantage. Il avait quelque chose à se reprocher c'était certain... Je dus déployer tous mes talents pour ne pas me faire repérer. Comme je m'en doutais ils se rendirent à l'autre bout du château; dans un couloir complètement désert. Une porte se trouvait là où il n'y avait d'habitude jamais de salle. J'observai Etienne entraîner Mélina dans la salle sur demande le coeur battant. Sur la pointe des pieds je les suivis, et collai mon oreille contre la porte, le souffle court. Naturellement rien ne me parvint. Etienne avait dû sagement jeter un sort. En moi se disputait l'envie d'entrer avec celle de m'enfuir pour chercher de l'aide. Un Malfoy n'a pas besoin d'aide; aller Draco sois courageux. Lentement et précautionneusement je passai la porte et me figeai en entrant:

"Tu te croyais discret Malfoy?"

Etienne se tenait à quelques pas de moi, sa baguette dégainée et pointée vers moi. Je me mordillai la lèvre inférieure nerveusement. Les pires hypothèses traversaient mon esprit quant à ce qu'il faisait subir à ma pauvre Mélina. Elle se tenait juste derrière-lui tremblotante:

"Que dirais-tu d'un petit remodèlement de la mémoire Malfoy?" ricana-t-il.

Mon sang ne fit qu'un tour, si j'oubliais, je ne pourrais plus sauver Mélina! Ni une ni deux, je me jetai sur Etienne qui poussa un cri et dans la bousculade, lâcha sa baguette. J'eus le temps de lui décoller une droite, de saisir ma propre baguette et de jeter un :

"Stupefix!"

Le sort fit mouche et je poussai un soupir de soulagement en me laissant tomber contre le sol. J'entendis Mélina se lever puis elle vint se pencher vers moi en me tendant la main:

"Ça va Draco?"

J'acquiesçai en me relevant. Mélina s'agenouilla à côté du corps figée de Etienne et se mit à fouiller en quête de sa propre baguette tout en déclarant:

"Merci c'était sympa de ta part de me venir en aide. Maintenant procédons à un Obliviate et retournons à la salle commune."

Elle s'était exprimée d'une voix ferme, mais sa main tremblotante ne trompait pas sur son réel état. Je réprimais mon envie de la prendre dans mes bras. Pour l'instant j'avais besoin de réponses:

"Pas si vite Mélina, tu me dois je pense quelques explications."

Elle fronça les sourcils et croisa les bras, apparemment peu encline à me les donner:

"Pourquoi Etienne t'emmenait-il ici? demandai-je prudemment.

-Pour me donner les tâches que je devais effectuer pendant la journée."

Son ton était sec, elle renâclait à me répondre, je le voyais. Elle avait un secret qu'elle souhaitait ne pas me dévoiler, je le sentais mais qu'était-ce?

"Quelle genre de tâche?

-Pas ce que tu crois mais tout aussi dégradant. Faire ses devoirs, des sales coups aux autres maisons, voler des affaires à certains de ses ennemis et à ... mes amis..."

Cette fois elle serrait les dents comme si elle allait se mettre à pleurer. Elle prit une profonde inspiration et ajouta d'une voix rauque qui me fendit le coeur:

"Ça dure depuis un mois. Tu n'es pas le premier à te douter de quelque chose mais bien le seul qu'il n'ait pas réussi à Obliviate."

Ce n'était pas tout, il y avait davantage. Un point restait dans l'ombre et je sentis que là se trouvait ce qu'elle voulait me dissimuler:

"Mélina... Pourquoi lui as-tu obéis? »

Un éclair de détresse traversa ses prunelles chocolats et elle souffla:

"Je préfèrerais ne pas en parler..."

Insister était impoli, et déplacé mais j'étais trop curieux pour ne pas le faire.

"Mélina je veux t'aider je ne veux pas que tu sois seule face à tes problèmes."

Sa détermination à se taire défaillait et je choisis de m'engouffrer par la brèche que je venais de créer:

"Je t'apprécie beaucoup tu sais et te voir aussi désemparée ça me fait mal."

Elle secoua ses cheveux bruns et gémit:

"Tu ne peux pas m'aider Draco."

Toutes les hypothèses me passèrent dans la tête : était-elle enceinte? Sortait-elle avec quelqu'un en secret? Un professeur?

"Si tu m'expliques je serai là pour te soutenir, tu peux me faire confiance."

Ma voix était douce j'avais l'impression d'essayer d'apprivoiser un animal sauvage. Elle rit amèrement:

"Tu me haïras à la seconde où tu verras. Comme Etienne.

-Jamais je ne pourrais te détester."

C'était sincère mais elle n'y crut pas. Mélina releva soudain la tête vers moi et aboya:

"Tu veux savoir ce que j'ai? Très bien regarde-bien, délecte-toi de mon malheur et maudis la traitresse que je suis!"

Avec rage elle releva sa manche et me laissa voir son avant-bras. Là où il y avait à présent la marque des mangemorts. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise; si je m'attendais à ça! Un sanglot la secoua mais elle trouva la force continuer:

"Mes parents, je n'ai pas eu le choix... Etienne voulait l'annoncer publiquement. À présent que tu sais peu m'importe que les autres l'apprennent."

Je n'eus pas à réfléchir une seule seconde, je savais ce que je devais faire. Sans hésiter je m'approchai d'elle et l'attirai au creux de mes bras. Là, blottie contre moi, au milieu de la salle sur demande et près d'un Etienne figé, elle versa toutes les larmes de son corps. Pendant combien de temps je caressai son dos pour la calmer je ne sais pas. Je lui promis que son secret resterait entre nous, et que je ne la blâmais pas, qu'au contraire je la comprenais. Le cauchemar était terminé.

Cet incident changea tout entre nous. Mélina ne craignait plus d'être elle-même avec moi. Une semaine était passée et jamais encore nous n'avions évoqué ce qu'il s'était passé jusqu'à cette après-midi là. Ce fut elle qui déclara soudain:

"Draco... Merci pour tout ce que tu fais pour moi. Et ce que tu m'as dit cette fois-là je ne l'ai pas oublié. Moi aussi je t'apprécie énormément."

Je sentis mon coeur partir au galop en entendant ces mots. Avant que j'ai le temps de réagir, elle prit ma main et leva ses yeux chocolats vers moi. La force de son regard m'ébranla mais ses paroles davantage encore:

"Je t'apprécie peut-être même plus que de raison."

J'ébauchai un sourire, presque moqueur, amusé de ses joues teintées vermeil. Lentement, je passai un main dans ses cheveux, m'inclinai et l'embrassai. Mélina fut plus fougueuse que moi, elle enroula ses bras derrière ma nuque et répondit avec passion à mon baiser. J'allais moi aussi bientôt écoper de la marque des mangemorts, je le sentais mais, nous surmonterions cette épreuve ensemble.

Bon voilà j'espere que vous avez aimé celui-là est ...spéciale je trouve 🤔❤️ Joyeux Noël à ceux qui le fêtent 😍

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