Pour la ptiteotaku72:
Je pense que nous connaissons tous ce moment. Ce moment où l'on sent que quelque chose cloche. Pour moi, ce qu'on nomme l'intuition n'est autre que notre capacité à remarquer des détails que notre conscient n'a pas encore repéré. C'est le travail de notre inconscient. Tout le monde n'a pas la même efficacité, certains sont moins doués et n'observent pas assez, tandis que d'autres sont rompus à ce travail. Quant à moi, si j'étais aussi brillante, c'est tout simplement parce que j'avais passé ma vie à chercher des signes et à les trouver. Avant de sortir avec Draco, en début de cinquième année, j'avais enchaîné mille et une relations. Des relations que j'avais vu se détériorer, j'avais passé le plus clair de mon temps à voir de l'attachement disparaître ou à réaliser que mon partenaire n'était pas la bonne personne pour moi.
Nous sortions ensemble depuis six mois; et pour moi qui était habituée à trois, c'était inédit! Au début, je n'avais pas voulu y croire. Je m'étais persuadée que tout s'arrêterait vite, que ce n'était qu'une nouvelle courte histoire. Petit à petit, Draco m'avait cependant exhortée à y croire. Pour la première fois, j'avais accepté de m'y abandonner totalement. Quelle sensation étrange! J'avais l'impression de jouer à un jeu dangereux mais hypnotisant. Ce qui me dérangeait le plus, c'était de sentir que ma vie se mettait à tourner autour de Draco, même davantage, car si Draco décidait de m'abandonner, je serais brisée. C'est pour cela qu'en avril, lorsque son comportement changea de manière presque imperceptible, je le remarquai immédiatement. Il s'agissait de signes tellement légers que je n'étais même pas sûre qu'ils étaient réelles. Mais, après avoir retourné la situation toute l'après-midi dans ma tête; je me rendis à l'évidence: je n'imaginais rien. Quand nous étions en groupe, il prêtait moins d'attention à mes remarques qu'auparavant, il semblait avoir moins envie de me voir, et m'écoutait moins. S'en rendait-il compte? Je n'en avais pas la certitude. Je craignais d'empirer la situation en abordant le sujet. Par conséquent, je gardai silence malgré mon l'angoisse tapie au fond de moi. Les jours passèrent, et je me sentais malheureuse. J'avais l'impression de traîner un fardeau, je ne pouvais en parler à personne. Mes journées étaient toutes alourdies par le terrible pressentiment que j'allais bientôt être abandonnée; je n'arrivais pas à me sortir cette peur de la tête.
"Pourquoi tu te tortures comme ça, soupira Léa quand je lui en touchai un mot.
-Écoute, ce n'est pas la première fois que ça arrive. Je suis persuadée que c'est le début de la fin."
Mon amie eut un mouvement d'humeur:
"Ilana, les gens ne réagissent pas tous de la même manière. Draco a peut-être des problèmes ou des sujets de préoccupation en ce moment...
-Non, objectai-je d'un ton catégorique. Il m'en aurait parlé."
Léa pinça les lèvres et répliqua:
"Peut-être qu'il est comme toi et a quelques problèmes de communication.
-Je n'ai pas de problème."
Mon ton bourru la fit sourire. Je savais que je faisais preuve d'une impressionnante mauvaise foi, mais je renâclais à accepter mes défauts. La discussion ne se poursuivit pas car Draco entra dans la salle commune de Serpentard, le sourire aux lèvres. il déposa un baiser sur ma joue, joviale:
"Tu me sembles d'excellente humeur dis-moi."
Draco acquiesça:
"J'ai reçu une flopée de bonnes notes!"
Sans même me demander comment moi je me portais, il se mit à nous décrire ses contrôles. Je retins un profond soupir. Draco semblait avoir complètement oublié mon existence. Je me levai et lançai:
"Je vais prendre un peu l'air."
Aucun des deux ne réagit. J'aurais pu être invisible, c'était pareil. Que se passait-il? Je sortis, la poitrine écrasée par un poids invisible. Qu'avais-je fait pour qu'il m'oublie à ce point? Dehors; le soleil ne brillait pas, il était masqué par des nuages grisâtres. Je me laissai tomber sur un banc, le cœur lourd. Était-ce vraiment la fin? Je nous avais imaginés ensemble pendant des années, faisant tout ensemble, partageant des expériences incroyables. Quelle ironie. Tout allait donc se finir aussi vite et aussi facilement... Comme d'habitude... Je sentis les larmes me monter aux yeux et, à défaut de les retenir, je les laissai couler. Je me sentais mal, je me haïs soudain. Personne ne pouvait m'aimer, du moins, jamais longtemps. Bon sang qu'avais-je donc de si détestable en moi? Ma respiration se fit plus difficile, je sentis mon corps se crisper entièrement. Pourquoi? Étais-je donc si insupportable que ça? La douleur me saisit. Puis subitement, je réalisai ce qui était en train de se passer: j'étais à deux doigts de la crise de panique. Cette révélation ne m'apaisa pas le moins du monde, au contraire! Je dus me faire violence pour calmer mes tremblements et, petit à petit, ma respiration. Mon cœur battait si vite et fort, que je ne craignais qu'il ne s'échappe de ma poitrine. Je m'exhortai au calme en me concentrant sur les bruits environnants. Le vent soufflait doucement dans le feuillage des arbres, je l'entendais également rugir dans les couloirs. Pas un oiseau ne chantait, des discussions lointaines me parvenaient. Je mis quelques minutes à oublier complètement ma panique. Lorsque j'ouvris les yeux, je pensais tout d'abord douloureusement que Draco n'était pas venu me chercher. Apparemment mon absence ne l'avait pas troublé outre-mesure. Il fallait vraiment que je lui parle. Je n'avais aucune envie de continuer comme ça. Cette situation était pour moi un supplice, je me devais de le lui dire. Avec une extrême lassitude, je pris la direction du réfectoire. J'étais affamée mais n'avais pas envie de me mêler à mes pairs. Je me sentais malheureuse comme les pierres, et rien que l'idée de devoir faire la discussion avec qui que ce soit me remplissait d'horreur. N'apercevant pas Draco, je m'assis en bout de table et mangeai aussi rapidement que possible. Une fois l'estomac plein, je retournai rapidement à la salle commune de Serpentard, espérant y croiser Draco à un moment ou à un autre. Je patientai un temps qui me parut infini; qu'avait fait Draco? Où avait-il disparu? Lorsqu'il passa la porte, seule, il m'aperçut immédiatement et m'adressa un léger petit sourire:
"Ilana! Comment vas-tu?"
Le voir sembla faire remonter en moi tous ces sentiments que j'avais pour lui et je devais me concentrer pour ne pas laisser une vague d'amour me submerger. Draco se laissa tomber lourdement sur le canapé à côté de moi et s'enquit d'un ton badin:
"Je ne t'ai pas vue beaucoup aujourd'hui, comment s'est passé ta journée?"
Je pris une profonde inspiration et déclarai de but en blanc:
"Draco, il faut qu'on ait une petite discussion."
Il haussa un sourcil, interrogateur et répondit d'un ton circonspect:
"Mmmmh très bien mais de quoi?"
Je déglutis difficilement et expliquai:
"Je vais être honnête, depuis quelques temps je te trouve bizarre et distant avec moi. Je voudrais tout simplement savoir si quelque chose ne va pas ou si j'ai fait quelque chose de mal?"
Draco mis un soin méticuleux à ne pas croiser mon regard:
"C'est vrai que j'ai été un peu... distant. Je suis désolé. Je me posais juste beaucoup de questions."
Cette dernière phrase me glaça. Je ne pouvais pas y croire. Avait-il voulu me quitter? Je carrai la mâchoire et demandai d'un ton sec:
"Des questions? Tu pourrais développer?"
Il s'agira sur son canapé, mal à l'aise et répondit en fronçant les sourcils:
"Je n'ai pas envie d'en parler."
Ma gorge se noua; j'étais blessée. Blessée qu'il ait, ne serait-ce que pensé, à me quitter, qu'il se soit imaginé sans moi... Je croisai les bras sur ma poitrine et ordonnai:
"Tu ne peux pas faire ça! J'ai le droit de savoir."
J'avais mal. Où était passé notre amour, nos regards langoureux, nos douces déclarations? Je ne voulais pas le perdre, mais je sentais que je m'étais engagée sur la voie qui y amènerait. Draco passa une main dans ses cheveux blonds et se leva. Les mains dans les poches, il se mit à faire les cent pas:
"Si je te dis ce qui m'est passé par la tête, tu vas vraiment m'en vouloir."
J'avais l'impression d'être en plein cauchemar. Quand les choses s'étaient-elles dégradées à ce point? Je ne savais soudain plus quoi répondre, je ne pouvais pas réparer la situation, je ne pouvais rien faire. Face à mon silence, Draco ajouta d'un ton hésitant:
"Et puis Ilana c'est passé tout ça. Je n'y pense plus. Je t'aime et c'est tout ce qui compte.
-Non, ris-je tristement. Ce n'est pas tout ce qui compte."
Cette discussion me mettait au supplice. Je sentais que tout était en train de s'effondrer et j'étais totalement impuissante. Draco ne me connaissait que trop bien, il vit en un instant que j'étais au bord des larmes et s'approcha de moi pour me prendre dans ses bras. Immédiatement je le repoussai. J'étais comme révulsée par lui, il était hors de question qu'il me touche. Ma réaction à la douleur était le rejet.
"S'il-te-plaît Ilana, souffla Draco peiné. Ne réagis pas comme ça, je ne voulais pas te blesser?
-C'est réussi, ironisai-je alors qu'une larme perla à mes cils."
Soudain, j'entendis la porte de la salle commune. Je sursautai, deux filles entrèrent en discutant de tout et de rien. Nous ne pouvions plus parler, et j'y vis l'occasion de prendre mes jambes à mon cou.Draco ne tenta même pas de me retenir; il savait que la meilleure solution était tout d'abord de me laisser me calmer dans mon coin. J'allai me réfugier dans un couloir peu fréquenté même si je me doutais que Rusard finirait par me repérer, je pourrais avoir la paix un certain temps. Je n'arrivais pas à réaliser que tout ça m'arrivait. Qu'avais-je fait de mal bon sang, j'avais tout fait pour que ça marche cette fois-ci, c'était incompréhensible. Je ne retournai dans ma chambre qu'une longue heure plus tard, complètement effondrée. Ambre, ma colocataire, se jeta sur moi :
"Ilana, tout va bien? Où étais-tu? J'étais morte d'inquiétude. Tu tires une de ces têtes, qu'est-ce qui s'est passé?"
Je sentis ma gorge se nouer et me fis violence pour ne pas éclater en sanglots de nouveau:
"Je crois... Je crois qu'on traverse une période difficile avec Draco, balbutiai-je en me laissant tomber sur le lit."
Ambre s'installa à côté de moi:
"C'est à dire?"
Je n'eus pas besoin de plus, et lui déballai tout mon sac. Une fois que j'eus fini, elle se gratta la joue d'un air songeur:
"Il est vrai que dire qu'on se pose des questions ce n'est jamais bon signe, concéda-t-elle. Cependant il t'a dit que c'était passé non?"
J'acquiesçai avec ferveur:
"Dans ce cas, laisse-tomber. Ça veut dire que c'est oublié.
-Tu veux dire qu'il faudrait que je fasse comme si de rien n'était?
-Peut-être bien. Si tu l'asticotes trop, ça va l'agacer.
-D'accord, ça voudrait dire que je ne pourrais pas savoir pourquoi il s'est posé des questions?
-Non, du moins pas tout de suite."
Je grimaçai cette perspective n'était pas du tout attirante. J'avais besoin de savoir et je ne me voyais pas agir avec lui comme si rien ne s'était passé alors qu'il songeait probablement à me quitter... Je dormis mal cette nuit-là, encore une fois. Je fis sans cesse des cauchemars et me réveillai plusieurs fois en sueur, perturbée. Ces cauchemars n'avaient pas de rapport avec Draco mais ils étaient sombres et angoissants. Au petit matin, il me semblait ne pas avoir fermé l'œil de la nuit tant j'étais épuisée. Mais j'étais habitée par une nouvelle résolution: Ambre avait raison j'allais agir comme si rien ne s'était passé. Je m'habillai à la va-vite, espérant arriver avant Draco pour pouvoir l'attendre devant la salle commune. Malheureusement, lorsque j'y arrivai, il patientait déjà tranquillement dans un fauteuil. Il était dos à moi, ne m'ayant visiblement pas encore remarqué. Je pris une profonde inspiration et m'armai d'un grand sourire:
"Salut Draco!"
Il sursauta à ma voix, et se leva maladroitement. Il arborait un air inquiet et, sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, il lança:
"Ilana je suis vraiment désolé pour hier. Je ne voulais pas te blesser. Je n'aurais pas dû te dire ce qui s'était passé dans ma tête, pardonne-moi."
Je mourrais d'envie de le presser de questions, mais Ambre avait raison. Ça ne ferait que l'irriter. Aussi, je m'exclamai d'un ton faussement jovial:
"Ah mais ne t'en fais pas, c'est tout oublié. Tu l'as dit toi-même, c'est passé donc pas besoin de s'en préoccuper!"
Il parut l'espace d'un instant, désarçonné. Il bafouilla une phrase inintelligible puis se reprit:
"Comme tu veux. Je n'avais pas envie d'en parler de toute façon. "
Toute la journée durant, j'y pensai. Il s'était posé des questions. Mais quoi comme questions exactement? En avait-il assez de moi? Ou se languissait-il de son ex copine? Ces inquiétudes me torturaient et je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir. Tout ça, c'était de sa faute. Parfois, je n'avais qu'une envie, le repousser ou lui répondre d'un ton glacial. Il m'avait blessée et je trouvais ça injuste qu'il s'en sorte à si bon compte mais au lieu d'être honnête, je gardai toute ma rancune tapie au fond de mon être. Si j'avais été un peu plus adule, j'aurais compris que j'étais en train d'adopter le pire comportement possible. À l'époque, j'étais persuadée que c'était le meilleur. Je pensais qu'agir comme si tout allait bien finirait par arranger les choses. Je me trompais lourdement. Plus les jours passaient, plus l'amertume s'accumulait en moi, tel du pus dans une infection. Au début, Draco ne se rendit compte de rien. Il prenait mes moments de sècheresse pour de la fatigue et mon sarcasme à son égard pour de la mauvaise humeur. Au bout d'une semaine d'un tel traitement, il s'insurgea après une de mes énièmes railleries:
"Dis-donc Ilana, je peux savoir ce que je t'ai fait?
-De quoi tu parles?
-Ne joue pas à ça. Tu sais comme moi que depuis quelques temps, tu es particulièrement désagréable."
Je haussai les épaules d'un air désinvolte:
"Ah bon tu trouves? Je ne pense pourtant pas être différente de d'habitude.
-Prends-moi pour un imbécile en plus, renifla Draco avec mépris. Garder pour toi ne fera qu'empirer les choses, tu devrais me dire ce qui se passe.
-Sinon quoi?! aboyai-je. Tu vas encore te poser des questions?"
Je me mordis la lèvre inférieure. Au diable ma stupide impulsivité et moi, si seulement je pouvais tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de l'ouvrir! J'évitai soigneusement de croiser le regard de Draco. Je savais qu'il détestait mon agressivité au plus haut point. Si seulement je pouvais me contrôler! Cependant, au lieu d'une grande irritation, je découvris sur son visage une profonde tristesse:
"C'est donc avec ça que tu te tortures cette fois? C'est pas vrai mais quand arrêteras-tu de te faire du mal? Je te l'ai dit Ilana, ce n'était rien et c'est sans importance à présent. Je t'aime et c'est tout ce qui compte."
Dans ses yeux bleus électriques brillait une lueur désespérée. J'aurais pu faire semblant d'être convaincue, prétendre qu'il avait raison mais cela n'arrangerait pas la situation. Qu'est-ce qui pouvait arranger la situation?
Toi, me murmura une petite voix. Tu dois juste prendre un peu sur toi. Et, Ilana, tu ne vas pas mettre en l'air votre relation pour quelque chose d'aussi minable.
Malheureusement, une flamme d'orgueil me poussa alors à rétorquer:
Tout est de sa faute, comment ose-t-il se poser des questions alors que prends autant soin de lui! Il ne mérite pas que tu lui pardonnes, sûrement pas.
Mais ma fierté n'avait eu de cesse de me mener au mauvais chemin alors, peu importe ô combien était-ce dur, je me devais d'écouter ma raison. Je relevai la tête vers Draco et répondit d'une voix dont je réussis à maîtriser le tremblement:
"Tu as raison, je le sais bien. Mais tu me connais j'ai tellement peu confiance en moi!"
Draco acquiesça lentement et m'attira dans ses bras. Je me laissai faire avec délice et sentis ma gorge se nouer en retrouvant son parfum et la chaleur de ses étreintes. J'espérais du fond du cœur, que jamais on ne m'en arracherait.
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