Pour Gabilou
Ron et moi étions ensemble depuis la quatrième année. C'était la première fois qu'une relation se passait aussi bien, nous nous entendions parfaitement, Ron était extrêmement attentionné avec moi. Je n'aurais pu rêver mieux. Ces vacances d'hiver, j'avais décidé de les passer chez les Weasley puisque mes parents allaient dans une station de ski. Malheureusement, ou heureusement, mon anniversaire tombait quand j'étais chez eux. Je tentai de ne pas y penser mais la veille, ne pus empêcher mes pensées de tempêter sous mon crâne. Je n'avais prévenu personne, pas même Ron, et je me demandais si quelqu'un allait y penser. Personne n'en avait soufflé mot, ce n'était pas étonnant puisqu'à Ron seul, j'avais communiqué la date de mon anniversaire et ce, il y a longtemps! Je ne me faisais pas d'illusions, Ron avait sans doute aucun oublié. Il n'était pas fichu de se souvenir de la date des HOWLS alors celle de mon anniversaire, ça ne risquait pas. Toutefois je ne pouvais empêcher une lueur d'espoir de subsister, je priais malgré tout pour qu'il y pense miraculeusement. La journée se passa sans accroc, nous passâmes l'après-midi à nous promener. Je savais que Ron n'aimait pas ça, mais pour me faire plaisir, il se forçait et rien ne pouvait me rendre davantage heureuse qu'il m'aime assez pour faire des concessions. Personne auparavant n'avait jamais autant essayé de me rendre heureuse encore moins en allant contre son propre plaisir. Lorsque nous rentrâmes, la mère de Ron me jeta un regard approbateur, elle était visiblement plus que ravie que je force son fils cadet à mettre le nez dehors.
"Alors vous avez fait une belle balade? s'enquit-elle gaiement."
La discussion se poursuivit naturellement. En dépit de l'air dégagé que je prenais; je ne me sentais toujours pas à l'aise avec Molly Weasley. Elle avait beau être gentille, avenante et bavarde, je choisissais chacun de mes mots avec précaution, ayant une peur bleue de lui manquer de respect ou de me montrer trop intrusive. Ron avait beau tenter de me rassurer comme il pouvait, je n'arrivais pas à me détendre en sa présence. Rapidement nous montâmes dans la chambre d'ami que Molly avait emménagé pour nous et je m'écrasai sur le matelas, à plat ventre.
"Cette promenade m'a achevée!
-Ne m'en parle pas, maugréa Ron en s'asseyant sur le lit. Une vraie torture!"
J'éclatai de rire et me relevai pour le prendre dans mes bras:
"Je suis désolée de t'avoir infligé ça mon chéri."
Je le sentis se détendre et se laisser aller à mon étreinte:
"Ce n'était pas si horrible que ça, j'étais avec toi alors j'ai passé un bon moment."
Un sourire naquit sur mes lèvres et je passai une main dans ses cheveux roux, le caressant tendrement. Pendant quelques heures nous restâmes dans ce lit, seulement à se cajoler. C'était ces moments que je chérissais sans doute aucun, le plus. Sa douce odeur s'enroulait délicatement autour de moi. Elle était étrangement apaisante. Quand son effluve venait me caresser les narines, je sentais l'accalmie s'insinuer en moi. J'oubliai momentanément tous mes tracas et me consacrai entièrement à l'instant présent. Tout en m'effleurant le visage du bout des doigts, Ron murmura avec affection:
"Tu es tellement belle... J'ai de la chance de t'avoir...
-De la chance, m'esclaffai-je. Tu parles."
Je déposai des baisers papillons sur tout son visage. Il était tellement beau. Ses traits étaient gracieux, et ses yeux émeraudes hypnotisant. Lorsque ses prunelles vertes se plantaient dans les miennes, je sentais à chaque fois tout mon être se remplir d'une ineffable affection. Ces moments de paix avaient leur fin et j'imagine que c'est ce qui les rendait également si précieux. Le repas se passa dans une agréable gaieté, les jumeaux étaient toujours prêts à plaisanter et à me mettre à l'aise. En sortant de table, nous restâmes quelques heures avec ses frères et sa sœur, jouant aux cartes. Ce ne fut pas de tout repos mais je passai un excellent moment. Nous allâmes nous coucher vers 23 heures. Naturellement nous ne nous endormîmes pas tout de suite. Nous discutâmes de tout et de rien, et je voyais les aiguilles tourner. À minuit, la pendule dans le salon sonna les douze coups mais Ron ne sembla pas en être perturbé. Je ne pus m'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur. Il ne s'en souvenait pas bien sûr. J'avais beau essayer de me convaincre que c'était normal et sans importance, au fond je lui en voulais. J'eus du mal à m'endormir, les pensées se bousculaient sous mon crâne. Je pensais notamment au passé. Ron n'était pas le premier à oublier mon anniversaire, mais me dire qu'il ne valait pas mieux que tous les imbéciles, avec qui j'étais sorti, réunis me dépitait! Je finis par sentir les bras de Morphée m'étreindre. Mais je dormis mal, ne cessant de me réveiller, j'avais trop chaud puis trop froid, puis mal au ventre... Le lendemain je ne pus me lever avant midi et Ron ne fut pas mécontent de s'octroyer avec moi une bonne grasse matinée. Nous fûmes réveillés par sa mère qui frappait frénétiquement à la porte:
"Ron? Gabriel? Vous êtes toujours vivants ? Et surtout réveillés?"
Ron poussa un grognement digne de celui d'un ours et s'extirpa de mes bras avant de bailler à s'en décrocher la mâchoire:
"On est réveillés, marmotta-t-il à l'adresse de sa mère. Laisse-nous juste le temps d'émerger."
Je me sentais vaseuse:
Je viens de passer la moitié de ma journée d'anniversaire au fond de mon lit, songeai-je avec tristesse.
Presque sur-le-champ, je me morigénai intérieurement:
Non Gabriel. C'est un jour comme les autres. Personne n'est au courant, alors tant pis.
Ron enfila un tee-shirt et partis prendre une douche, me laissant le soin d'ouvrir les volets, ce que je ne tardai pas à faire. Les Weasley n'étaient pas riches et leurs volets étaient de simples battants en bois devenus bien rares à présent. Je les ouvris avec flegme, et mes yeux mirent un instant à s'accoutumer à la lumière. Lorsque je pus enfin les rouvrir, je ne refermai pas de suite la fenêtre. Je m'abîmai tout d'abord dans la contemplation du paysage qui s'offrait à moi. Il n'était pas exceptionnel, il n'avait pas neigé, le soleil ne brillait pas, le ciel n'était pas dégagé, au contraire il était chargé de nuages grisâtres qui semblaient gorgés de pluie. Un vent glacial soufflait et des bourrasques ne manquaient pas de s'engouffrer par la fenêtre, me fouettant le visage et me faisant frissonner. Malgré ce temps peu clément, j'étais heureuse, j'avais toujours aimé me sentir en phase avec la nature. Je restai accoudée là, un long moment, observant, écoutant, savourant. Les branches des arbres dénudés craquaient, il n'y avait que des nuages gris et au loin on pouvait distinguer des stries, indiquant qu'une averse se rapprochait. La maison des Weasley était vraiment perdue au milieu de nulle part, était-ce par soucis de tranquillité ou pour se protéger?
"T'es folle d'ouvrir, il fait super froid, ferme ça!"
Je m'exécutai et me tournai vers Ron, un sourire aux lèvres. À peine m'étais-je détournée qu'un léger tapotement au carreau me parvint. Étonnée, je me tournai vers la fenêtre et aperçus la chouette de mes parents qui s'était posée sur le rebord. Avant même d'ouvrir, je savais ce que contenait la lettre que Robert tenait dans son bec.
"C'est Robert? Il apporte des nouvelles de tes parents?"
Je hochai la tête distraitement et ouvris la fenêtre à nouveau. Je pris délicatement la lettre et l'ouvris. C'était une lettre pleine d'amour et je ne pus m'empêcher de sourire en la parcourant. Je la glissai dans mon sac pendant que Ron s'habillait.
"C'était à quel sujet? s'enquit-il d'un ton badin. Il leur est arrivé quelque chose?
-Non, tout va bien. Ils prenaient juste de mes nouvelles."
J'allai à mon tour prendre ma douche et nous rejoignîmes ensuite sa famille. Le repas se déroula -mais je ne pouvais m'empêcher d'être un peu triste. J'aurais dû les prévenir que mon anniversaire était aujourd'hui, je n'aurais sans aucun doute pas été déçue. À la fin du repas, Molly s'éclipsa pour aller chercher le dessert. Elle mit plus de temps que d'habitude mais personne ne parut s'en étonner alors je les imitai. Soudain la porte de la cuisine s'ouvrit derrière-moi et la voix de la mère de Ron s'éleva:
"Bon anniversaire Gabrielle!"
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Toute la famille me regardait d'un œil bienveillant, Ron passa un bras sur le dossier de ma chaise et déposa un baiser sur ma joue:
"Joyeux anniversaire ma chérie."
Je sentis les larmes me monter aux yeux alors que Molly amena un énorme gâteau au chocolat sur la table. Chaque membre de la famille sortit de sa poche un paquet de différente taille. Des remerciements se bousculaient dans ma tête, mais je ne parvenais pas à ordonner mes pensées pour formuler une phrase correcte.
"Oh mais ne pleure pas Gabrielle, s'exclama Ginny en riant.
-Si c'est l'effet que ça te fait, c'est la dernière fois qu'on te fait une surprise, lança Fred d'un ton ironique."
Le cri de douleur qui suivit m'indiqua que Ron avait dû lui écraser le pied assez violemment. J'ouvris tous mes cadeaux, la lèvre tremblotante et le cœur débordant de reconnaissance. Je ne connaissais pas tant que ça la famille Weasley et pourtant, ils avaient tous pris le temps de chercher un cadeau pour moi et c'était probablement le plus délectable. Ron ne me tendit pas de paquet, il me murmura à l'oreille:
"Je te donnerai ton cadeau plus tard, lorsqu'on sera tous les deux."
J'acquiesçai, le sourire aux lèvres. Des dizaines de blagues graveleuses me traversèrent l'esprit mais je choisis avec sagesse de les garder pour moi. La fin du repas se passa dans une ambiance joviale et bon enfant. Une fois celui-ci terminé je poussai Ron à aller nous promener et lorsqu'il refusa, je fis valoir sournoisement que puisque c'était mon anniversaire il ne pouvait décliner. J'aimerais vous dire que depuis la matinée, le ciel s'était dégagé, que le soleil brillait! Malheureusement les nuages ne semblaient pas prêts à partir de si tôt. Au contraire, ils étaient à présent d'un noir menaçant. Ron les fixa en fronçant les sourcils:
"Attends Gabrielle, tu as vraiment envie de sortir là? On dirait que le ciel va nous tomber sur la tête."
Je haussai les épaules, désinvolte:
"Enfin Ron, tu ne vas pas me dire que tu as peur de l'orage.
-Primo avoir peur de l'orage n'est pas une honte et segundo ça ne m'effraie pas. C'est juste que je n'ai pas spécialement envie de me prendre des trombes d'eau sur la tronche.
-C'est pas grave, on s'abritera."
Ron haussa un sourcil et remarqua:
"Et on se mettra sous quoi dans un champs? Sous des tournesols?"
Je ne répondis rien, me contentant de lui adresser un regard suppliant auquel il répondit par un profond soupir:
"Très bien, on y va."
Je déposai un baiser sur sa joue, heureuse. J'avais vraiment de la chance d'être avec Ron et, jour après jour, je me le rappelais. Je me le remettais en tête pour ne pas abuser de sa gentillesse, pour m'empêcher de me montrer capricieuse. Je savais que c'était aussi cette part moins étincelante de mon caractère qui faisait fuir de nombreuses personnes. Nous marchions depuis une bonne vingtaine de minutes lorsque le premier grondement retentit. Un sourire d'excitation vint danser sur mes lèvres tandis que Ron grommela:
"Voilà, je t'avais prévenue."
Les nuages menaçants s'étaient tous amassés au-dessus de nos têtes et je sentais que la pluie n'allait pas tarder à tomber.
"On devrait rentrer, faisons demi-tour."
Je hochai la tête, mais nous savions tous les deux que jamais nous ne serions rentrés avant que l'orage ne commencer. En effet à mi-chemin, de grosses gouttes de pluie vinrent s'écraser sur le sol:
"C'est froid, glapit Ron."
Je m'esclaffai alors que la pluie se mit à tomber plus fort:
"On va finir trempés! m'écriai-je pour qu'il m'entende au-dessus du brouhaha.
-À qui la faute?"
Nous tentâmes de courir sur quelques mètres mais abandonnâmes en riant. Nos vêtements étaient plein d'eau, nous étions trempés jusqu'aux os.
"T'es vraiment têtue, si tu m'avais écouté, on en serait pas là!"
Ron avait pris un ton sec mais il avait un sourire amusé suspendu aux lèvres.
"Au moins, on peut dire que cette année, mon anniversaire sera mémorable!"
Ron acquiesça et subitement m'attira dans ses bras, là, sous la pluie battante. Mon corps mouillé s'écrasa contre le sien, en même état. Je m'écartai de lui et croisai son regard. Avec une lenteur délectable, il s'inclina vers moi et m'embrassa. Comme à chaque fois je sentis ce doux sentiment d'apaisement m'emplir. Il pleuvait de plus en plus fort mais nous nous en moquions. Je répondis à son baiser avec passion mais un grondement particulièrement proche nous fit sursauter tous deux. Alors que nous tournâmes la tête vers le boucan, un éclair blanc déchira le ciel noir.
"Cette fois on va vraiment courir, m'exclamai-je mi-figue mi-raison."
Ron acquiesça et je crois n'avoir jamais couru aussi vite de ma vie. À peine avions-nous passé la porte d'entrée de la maison des Weasley que Molly déboula dans l'entrée, armées de deux serviettes:
"Vous avez mis un temps fou à revenir! Je me suis faite un sang d'encre!
-Désolé M'man, on est allés se promener un peu loin, s'excusa Ron en saisissant une serviette.
-Quelle idée d'aller mettre le nez dehors alors que le temps était si menaçant, vous auriez dû rester dans le coin!"
Ron, habitué à de longs sermons se contenta de hocher la tête. Devant cette absence de résistance, Molly finit par nous laisser tranquille. Nous remontâmes dans la chambre de Ron et je me laissai glisser sous les couvertures avec délice.
"Ça m'a fatiguée tout ça! m'exclamai-je en reposant ma tête sur l'oreiller.
-Et ce n'est pas terminé, ajouta Ron. Il y a encore le dîner de ce soir.
-Non, ce soir sera agréable, j'aime l'ambiance joyeuse qui règne chez nous."
Ron ne répondit rien. Je levai les yeux vers lui et souris en m'apercevant qu'il me fixait:
"À quoi tu penses ?"
Il y eut un léger silence, Ron sembla hésiter l'espace d'un instant mais finis par répondre en rougissant légèrement:
"Ah, la chance que j'ai de sortir avec toi."
Je m'esclaffai en secouant la tête, il était adorable. Il glissa sa main dans mes cheveux et se mit à me caresser avec une tendresse infinie. Je poussai un soupir d'aise et m'y abandonnai en fermant les yeux. Un silence confortable s'installa. Pendant ce qui me parut, une éternité, Ron me porta toute son attention. Si bien que lorsqu'il retira sa main sans crier gare, j'ouvris les yeux sur-le-champ.
"Je pensais que tu dormais, déclara-t-il sur un ton d'excuse.
-Qu'est-ce que tu fais? m'enquis-je alors qu'il se levait.
-Je ne t'ai toujours pas donné ton cadeau."
Mon visage se fendit subitement d'un sourire et je sentis une étrange excitation. J'étais extrêmement curieuse de voir ce que Ron avait pu m'offrir. C'était une sorte de test: Savait-il ce que j'aimais, ce qui me plairait? Il semblait fébrile:
"J'ai fait quelque chose d'un peu original, j'espère juste que ça va te plaire."
Cette phrase ne fit qu'enflammer ma curiosité. Je saisis le paquet et déchirai le papier, le cœur battant. À l'intérieur s'y trouvait un carnet en cuir absolument magnifique. Il était rouge, des ornements en métal y étaient cousus et il était possible de le fermer avec une attache en cuir orné d'un fermoir forgé. Avant que j'ai le temps de dire quoi que ce soit, Ron ajouta précipitamment:
"Attends, ouvre-le."
Je fronçai les sourcils et obéis.
13 Janvier: C'est la première fois qu'on s'est rencontrés. Ou du moins la première fois que je t'ai vue. Dans cette bibliothèque, assise à une table, plongée dans les révisions. Je me suis immédiatement dit que tu étais jolie. Mais je me suis aussi dit que jamais une fille aussi charmante que toi ne m'adresserait la parole alors je t'ai chassée de mon esprit."
Je relevai les yeux vers Ron, perplexe. La moitié du carnet était remplie de dates et de rapports de ce genre. Ron était rouge écrevisse, et ne savait plus où se mettre? Il bafouilla:
"J'espère que ça te plaît, j'ai eu du mal à retrouver les dates exactes. Je me sens un peu bête, j'ai l'impression d'être un gamin de huit ans qui a écrit une lettre d'amour."
J'éclatai de rire et lui sautai au cou dans un élan d'amour mêlé de reconnaissance. C'était bien mieux qu'un quelconque cadeau acheté. Pour celui-ci, il s'était creusé la tête, il y avait consacré son temps, de l'attention, de la réflexion. Et c'était probablement en des plus beaux cadeaux. Dans ce carnet, il y avait son amour mais aussi ses pensées intimes. Et, qu'il choisisse de me les confier et sur papier, qui plus est, était à mes yeux une des plus belles preuves de confiance. Étrangement, je ne parvins pas à lui expliquer tout ça, seul un simple 'merci' sortit de ma bouche. Heureusement pour moi, Ron n'avait pas besoin de mots pour comprendre ce que je ressentais, la multitude de baisers dont je le couvris et mes yeux embués de larmes lui suffirent. Cet anniversaire fut probablement un des plus merveilleux de ma vie, notamment parce que j'avais été longtemps persuadé qu'on m'avait oublié. Qu'autant de personnes pensent à moi fut un des sentiments les plus délectables que je connus.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top