Pour Crystal-falck:
Mon père m'adressa un de ses hochements de tête froid que je lui rendis. D'aucuns auraient été stupéfaits de la distance qu'il gardait entre nous mais moi, j'y étais habituée. Depuis ma plus tendre enfance, il en était ainsi et je n'avais jamais vécu autre chose. À partir d'un certain âge, sa sècheresse m'arrangea car je me mis à le détester. C'était un mangemort, un sale raciste au service de Voldemort. Lucius Malfoy était un être abject. Comme tous les ans, Draco et moi allâmes retrouver nos amis respectifs. Il s'installa avec Blaise, Pansy, Crabbe et Goyle tandis que je retrouvai Daphnée et Astoria Greengrass. Malheureusement nous étions arrivés trop tard et je n'avais pu croiser Harry Potter. À peine cette pensée traversa-t-elle mon esprit qu'Astoria demanda d'un ton de conspirateur:
"Tu as lu la Gazette du Sorcier cet été?"
Je hochai la tête sombrement et Daphné renchérit, le visage illuminé d'un sourire hilare:
"Potter s'est fait descendre comme jamais, ton frère a dû être ravie.
-Ne m'en parle pas, grommelai-je. "
Il avait jubilé.
"Il m'a fait de la peine quand même, glissa Astoria. Le pauvre. Il ne ment même pas. Ça doit être dur d'être publiquement dénigré.
-Il a déjà eu assez d'épreuves à traverser l'année dernière."
Lorsque je relevai la tête, les deux soeurs Greengrass me fixaient avec un petit sourire éloquent:
"Je vois que les vacances ne t'ont pas soignée du béguin pour Potter."
Mes joues virèrent à l'écarlate et je regrettai subitement de leur en avoir parlé. Elles ne savaient pas tenir leur langue... Le trajet jusqu'à Poudlard me parut terriblement long. J'avais plus que hâte de retrouver les couloirs, les dortoirs, le grand réfectoire... Et je ne fus pas déçue en retournant dans le château. Au dîner, j'aperçus Harry de loin et croisai son regard. Nous maintînmes le contact quelques secondes puis je détournai les yeux avec gêne. En entrant dans la salle commune de Serpentard, je me sentis étrangement soulagée. Serpentard, c'était comme ma deuxième maison. Astoria et Daphnée étaient déjà couchées et nous étions peu dans la salle commune. J'étais lovée dans un fauteuil, le nez plongé dans un ouvrage lorsque la voix de Pansy Parkinson vint douloureusement chatouiller mes oreilles:
"Potter fera moins le malin maintenant que le ministère a rétabli la vérité sur lui."
Mon frère approuva d'un grand éclat de rire et je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Il savait que Harry ne mentait pas mais par pure esprit de vengeance, il enfonçait le clou. Exaspérée, je partis me coucher. J'en avais plus qu'assez d'entendre les autres baver sur le dos d'un garçon qui ne méritait pas tant de haine.
Le lendemain matin, j'eus du mal à me lever. J'avais la terrible impression de manquer cruellement de sommeil alors que la veille, j'y avais sombré facilement. Le premier cours, pour ne rien changer, était celui de sortilège. Devant la salle, les groupes d'élèves semblaient anormalement agités. Ils chuchotaient avec empressement, provoquant un étrange bruit de fond. Je m'appuyai contre un mur, seule, et à quelques pas de Harry avant de tendre l'oreille. Tout ce grabuge; était-ce pour ce qui s'était dit dans la Gazette du Sorcier? Au moment où cette pensée me traversa l'esprit, je croisai le regard de Harry qui m'adressa un sourire. Encouragée par cette marque d'intérêt, je m'approchai de leur trio et; ignorant le regard hostile d'Hermione, les saluait:
"Alors, quelle est la raison de cette soudaine agitation?
-Ombrage, maugréa Ron avant de pousser un cri de douleur au coup de coude ''discret'' qu'Hermione lui avait asséné.
-Ne te fais pas de bile Hermione, je n'irai pas répéter."
Mon ton était un peu sec, mais elle le méritait. Elle devait comprendre que tous les Serpentards n'étaient pas des êtres perfides qui ne pensaient qu'à répandre le mal. À dire vrai, j'avais totalement oublié cette histoire d'Ombrage. Mon père m'avait mise au courant pendant les vacances alors ça ne me choquait pas le moins du monde. Ce n'était visiblement pas leur cas, Hermione siffla:
"Avec cette vieille folle dans l'école, on peut s'attendre à tout. C'est une envoyée du ministère, et avec ce qu'il a dit cet été sur Dumbledore, je suis inquiète.
-Il va falloir que tu sois vigilant Harry, renchéris-je."
Malheureusement, je n'eus pas le temps de développer car McGonagall ouvrit la porte de sa salle pour y faire entrer les élèves. Nous prîmes place et le cours commença. La première heure fut, sans surprise dédiée aux B.U.S.E... McGonagall nous tint un long discours, nous prévenant que cet examen allait être déterminant pour notre futur. Je crus que j'allais m'endormir. Devant moi, je voyais Hermione jouer nerveusement avec son stylo, elle était morte de trouille à l'idée de passer l'examen. Je jetai un œil à mon emploi du temps et grimaçai: l'après-midi j'avais deux heures de potion suivies de deux heures de Défense contre les Forces du Mal avec la fameuse Ombrage. À la pause-déjeuner, tous les élèves étaient sur les nerfs à cause des professeurs qui nous harcelaient avec les B.U.S.E. Je m'assis avec Daphné et Astoria qui, elles aussi semblaient fébriles. Lorsque je m'assis entre elles, Astoria me lança:
"Alors tu as eu cours avec Ombrage?"
Je secouai la tête et elle maugréa:
"Tu as de la chance, crois-moi. Lupin me manque déjà.
-Elle est si terrible que ça? grimaçai-je."
Avec ses habits affriolants et son air pincé, elle ne m'inspirait pas confiance et le commentaire d'Astoria venait de confirmer mon appréhension.
"Elle est terriblement stricte. On ne fait aucune pratique, elle se base uniquement sur le manuel."
Ma gorge se noua et l'appréhension fit place à l'effroi. Pour les B.U.S.E nous avions une épreuve pratique. Comment allions-nous faire? Daphné lut mes pensées sur mon visage et opina d'un air grave. Nous avions choisi la pire année pour passer nos B.U.S.E. Ma seule joie était de savoir que j'avais potion. Rogue avait beau être froid, sadique et étrange, il semblait m'adorer et c'était réciproque. Un sourire aux lèvres, je pris place à une paillasse, et alors que je sortais mes affaires, quelqu'un s'installa à côté de moi. Je levai les yeux, curieuse, et rougis violemment en réalisant que la personne n'était autre que Harry Potter! Il m'adressa un sourire étrangement crispé que je lui rendis et dans un silence agréable nous sortîmes notre plume et parchemin. Le silence devint tendu lorsque Rogue entra et jaugea la classe d'un regard révulsé. Il nous exposa les consignes des cours et nous laissa en autonomie. J'avais toujours pensé qu'Harry n'avait aucun prédisposition pour la potion. Ses notes étaient visiblement trompeuses. Au bout d'un moment, je remarquai que Rogue venait souvent traîner autour de la table, gratifiant mon coéquipier d'une remarque moqueuse ou d'un sourire cynique. À chaque fois, ce dernier perdait ses moyens et si je ne le corrigeais pas, se trompait. Alors que je découpai une griffe de dragon, je glissai à mi-voix à Harry:
"C'est la première fois que je remarque; on dirait que Rogue cherche à t'intimider et te déconcentrer, tu es le seul qu'il vient autant voir."
Le regard de Harry se durcit et il siffla:
"Rogue me déteste depuis la première année et c'est réciproque. Enfin toi tu ne dois pas avoir beaucoup de problèmes Bailey. Après tout, tu es une Malfoy et tout le monde sait que Rogue adore les Malfoy."
Son ton acerbe me mit mal à l'aise. Je fronçai les sourcils et maugréai en remplissant un tube de notre potion:
"Pardon mais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on ne choisit pas sa famille."
Harry réalisa soudain son impolitesse et paniqua:
"Je sais bien Bailey. Désolé, c'est juste que..."
Je secouai la tête pour l'interrompre, un petit sourire amusé aux lèvres:
"Ne t'excuse pas, je comprends. À ta place, je serais tout aussi agacé."
Je finis de remplir les échantillons et ensemble nous allâmes les rendre à Rogue, qui toisa Harry en retroussant sa lèvre supérieure d'un air mauvais:
"Bravo Potter, si Malfoy n'était pas là, vous auriez sûrement écopé d'un beau 0."
Harry carra la mâchoire et, sans répondre, sortit de la classe à grands pas. Je m'apprêtai à le suivre, mais la voix impérieuse de mon frère m'arrêta. Il se mit à ma hauteur et jeta un regard hostile à Harry. Ce dernier le lui rendit mais à mon plus grand déplaisir, se hâta de rejoindre Hermione et Ron. Agacée par le comportement soudain protecteur de mon jumeau, j'aboyai:
"Qu'est-ce que tu veux Draco?"
Il garda le silence un instant, me jaugeant, puis fit d'un ton moqueur:
"Tu en pinces vraiment pour cet imbécile?
-Il n'y a qu'un seul imbécile entre vous deux et ce n'est pas celui que tu crois, répliquai-je avec véhémence."
Draco ne se départit pas de son sourire et ricana:
"Si ça peut te rassurer. Tu sais ce que diraient Papa et maman s'ils savaient que tu fricotes avec Potter?
-Je ne ''fricote'' pas avec lui, grondai-je. Occupe-toi de tes fesses, je n'ai pas besoin que tu me maternes.
-Apparemment si. Écoute-moi bien Bailey. Tu es ma sœur et je ne te laisserai pas te corrompre."
Je m'apprêtai à répondre mais Draco m'attrapa par la mâchoire et planta ses yeux aciers dans les miens:
"Non pour une fois tu vas te taire et m'écouter Bailey. Ce que je fais, c'est pour ton bien. Lorsque le seigneur des ténèbres sera de nouveau au pouvoir, il te punira. Je veux t'éviter ça et... un déshonneur pour notre famille."
Je me dégageai violemment de sa prise et le toisai:
"Tu me dégoûtes, j'en ai assez, c'est ridicule."
Sans attendre de réponse, je fis volte-face et m'éloignai de lui le plus rapidement possible. Le rire de Draco m'accompagna. La fureur courrait dans mes veines. Draco était si obtus, pourquoi écoutait-il autant nos parents? Il les suivait à la baguette et était incapable de se forger un opinion. "S'il veut être un chien, grand bien lui fasse mais qu'il ne m'entraîne pas dans ses stupidités." Heureusement que je n'avais pas cours ensuite, j'étais bien trop sur les nerfs pour pouvoir me concentrer sur quoi que ce soit. Je tentai d'aller me calmer dans la salle commune de Serpentard mais impossible. J'avais l'impression désagréable d'étouffer. Je me vêtis d'un manteau chaud et sortis. Aux alentours du château, il n'y avait pas un chat. Après tout, il fallait être fou ou aussi désespéré que moi pour être dehors par ce temps. Malgré le froid rigoureux je choisis d'y rester. J'enfonçai mes poings dans mes poches et me mit en marche. Le vent s'infiltra dans mes vêtements et, petit à petit, je me concentrai davantage sur mon corps congelé que sur ma colère ronflante. Je levai les yeux vers le ciel, les rafales - encore plus fortes là-haut - faisaient défiler les nuages à une vitesse incroyable. Je poussai un profond soupir et un nuage de buée s'échappa de mes lèvres entrouvertes. J'espérais croiser Harry mais malheureusement le hasard ne fait pas toujours bien les choses.
D'humeur morose, je rejoignis la salle de défense contre les forces du mal. Le fait que Ombrage soit notre professeur n'arrangeait rien. Étant un peu en avance, je m'appuyai contre le mur et laissai mon esprit vagabonder. J'eus l'impression de rester une éternité seule, bien qu'en vérité je ne dus le rester qu'une dizaine de minutes. Soudain, sa voix me tira de mes réflexions:
"Bailey, qu'est-ce que tu fais ici toute seule?
-J'attends avec impatience le cours de défense contre les forces du mal."
Un sourire flotta sur les lèvres de Harry à mon ton sarcastique. Nous parcourûmes du regard le couloir animé; nos camarades semblaient fébriles, pressés de voir la grande Dolores Ombrage du ministère de la magie en action. Elle n'eut pas une seule minute de retard. Elle nous fit entrer à l'heure. Tous les élèves s'assirent dans un brouhaha incroyable, moi, je ne pouvais détacher mes yeux du vieux crapaud tout de rose vêtu, qui nous toisait froidement:
"Silence!" ordonna-t-il d'une voix suraigüe qui m'écorcha les oreilles.
Étrangement, il se fit sur-le-champ, et le crapaud nous gratifia d'un sourire hypocrite:
"Sortez vos manuels et rangez vos baguettes."
Ainsi on ne m'avait pas menti, nous ne ferions que tu théorique. Autour de moi, quelques murmures s'élevèrent mais s'évanouirent rapidement dans le froissement des pages tournées.
"Lisez l'introduction, je ne veux pas un bruit."
Harry fronça les sourcils, tandis que mon frère, lui, rayonnait. En retenant un soupir, je baissai la tête vers mon manuel et tentai de me concentrer. Malheureusement pour moi, cette fichue introduction était imbuvable! Les phrases étaient si longues et laborieuses que mon esprit ne cessait de décrocher. Soudain alertée par la tape de Harry sur mon bras, je levai la tête. Harry me désigna du menton Hermione qui se tenait bien droite sur sa chaise, semblant attendre qu'Ombrage l'interroge. Cette dernière l'avait remarquée mais prenait un plaisir mauvais à l'ignorer. Malheureusement pour Ombrage, lorsque tous les élèves eurent levés la tête, et se mirent à chuchoter entre eux, snober devint impossible. Armée de son air le plus condescendant, elle demanda:
"Avez-vous une question Miss Granger?
-Va-t-on travailler sur le manuel toute l'année?
-Naturellement, répondit Ombrage avec un gloussement faussement joyeux. Auparavant vous avez été face à des enseignants imprudents qui vous ont mis en danger mais avec moi, vous êtes en sécurité."
Elle commença à retourner à ses occupations mais Hermione reprit, impeccable:
"N'avons-nous pas au B.U.S.E une épreuve pratique?"
Quelques ricanements s'élevèrent dans la salle et Ombrage plissa ses yeux globuleux. Elle ouvrit la bouche pour répondre mais Harry la coupa:
"Et pour nous défendre? Comment allons-nous faire? Sûrement pas à coups de manuel!"
Cette fois, la classe fut secouée d'un rire franc et si fort que l'on entendit à peine Ombrage piailler:
"Potter levez-la main! Moins 10 points pour Gryffondor!"
Ombrage prit une profonde inspiration et arbora de nouveau son sourire hypocrite.:
"Mes chers élèves, depuis l'année dernière on vous baigne dans la peur et la sottise. Il n'y a rien dont vous devez vous défendre, que pourrait-il y avoir dehors?"
La scène était presque comique. Ombrage notre chère professeur était la seule à se noyer dans la stupidité et dans le mensonge. Voldemort était toujours vivant.
"Voldemort!" s'exclama Harry comme pour faire écho à mes pensées.
Un silence de mort s'abattit sur la classe, on aurait pu entendre une mouche voler.
"Je vous demande pardon Monsieur Potter? siffla Ombrage, menaçante, qui s'était crispée à ce nom proscrit. Je n'aime pas les mensonges."
Je priai intérieurement pour qu'Harry se taise mais au contraire il renchérit violemment:
"Je l'ai vu l'année dernière après la coupe de feu. Il a tué Cédric sous mes yeux! Il lui a lancé un Avada Kedavra et...
-Potter! s'écria-t-elle d'une voix stridente. Vous viendrez me voir à la fin du cours."
Je retins un profond soupir. Et voilà, Harry venait de s'apporter des problèmes. C'était décidément une habitude chez lui. Le reste du cours se déroula sans un mot. L'ambiance festive avait été dissipée par les terribles paroles de Harry... Heureusement les deux heures de défense contre les forces du mal étaient les dernières de la journée, je pus attendre Harry à la sortie de la salle:
"Alors, que t'a-t-il dit?"
Il semblait quelque peu abattu:
"J'ai deux heures de colle tous les soirs de la semaine. Je ne sais pas quand je vais pouvoir travailler.
-Je pourrais t'aider, proposai-je, navrée pour lui."
Il y eut un silence pendant lequel je pesai mes mots puis déclarai d'un ton hésitant:
"Tu n'aurais pas dû le dire Harry. Tout ça, tu aurais dû le garder pour toi.
-Non, répliqua-t-il d'un ton sec. Je ne pouvais pas la laisser dire ces mensonges. Je ne pouvais pas la laisser continuer à baigner les autres dans des faux espoirs!"
Je me raidis et insistai avec moins de conviction encore:
"Mais à quoi ça t'a servi? Ça ne t'a apporté que des problèmes.
-Tu ne peux pas comprendre, objecta-t-il d'un ton buté."
Je levai les yeux au ciel mais ne répondis pas. Ce n'était pas le meilleur moment pour discuter avec lui. Je tournai la tête vers lui, m'apprêtant à inventer un prétexte pour lui fausser compagnie mais changeai sur-le-champ d'avis en voyant sa mine. Ses yeux étaient embués de larmes, et je vis soudain à quel point il était à bout. Mon cœur se serra douloureusement et avec une douceur calquée sur celle de ma mère dans ce genre de moment, je l'attirai dans mes bras. Je craignais qu'il ne me repousse mais au contraire, il appuya son front contre mon épaule et me laissa partager sa douleur. Étrangement cela le calma, petit à petit ses hoquets se calmèrent, ses larmes se tarir. Il finit par s'écarter de moi, les yeux rouges, les traits tirés. Avec un soupir, je passai une main à travers ses cheveux et murmurai:
"Tu devrais aller manger et te coucher ça te fera le plus grand bien."
Il hocha lentement la tête et poussa un profond soupir. Il semblait épuisé:
"Merci Bailey d'être là pour moi. Je sais qu'on ne se connaît pas tant que ça et c'est très gentil à toi de prendre du temps pour moi."
Je lui adressai un sourire qu'il me rendit. Il y eut un silence quelque peu gênant et Harry s'exclama:
"Et bien à demain Bailey, fais de beaux rêves."
Je crus l'espace d'un instant qu'il allait m'embrasser mais il sembla se raviser et tourna les talons. J'aurais souhaité pouvoir être heureuse et euphorique l'idée d'avoir étreint Harry mais une ombre planait sur mon cœur. Je sentais que cette année allait être beaucoup moins festive et agréable que les autres... En rentrant au dortoir le soir, je ne décrochai pas un mot ni à Daphné ni à Astoria et me couchai rapidement.
Le lendemain, en ouvrant les paupières, je sentis que quelque chose n'allait pas. J'étais incapable de mettre le doigt sur quoi. Je restai un instant allongée, l'esprit embrumé, vaseuse, puis bribes par bribes, me souvins. Je me souvins qu'hier était le commencement d'une mauvaise année. Un sourire fit son chemin jusqu'à mon visage en repensant à Harry. Peut-être allais-je réussir à arranger notre année... Toujours d'humeur maussade, j'allai prendre mon petit-déjeuner. Je croisai plusieurs fois le regard de Harry qui était dans ma ligne de mire, et lui non plus ne semblait pas radieux. Je tournai les yeux vers l'estrade des professeurs et retins une grimace en apercevant Ombrage qui y trônait, un sourire sardonique sur le visage. J'engloutis mon petit-déjeuner, écoutant à peine mon frère et ses stupidités. J'étais assez agacée, mieux valait mettre mes oreilles à la poste. À dire vrai tous les rires et discussions me semblaient terriblement lointaines. J'étais comme séparée des autres par un mur, ou j'avais les oreilles bouchées par du coton. Soudain ce brouhaha incessant me saisit à la gorge, m'étouffant, m'empêchant de prendre la moindre goulée d'air. J'aurais voulu appeler à l'aide, mais appeler qui? Je n'avais personne. Avec une brusquerie qui fit sursauter mes voisins, je me levai et sortis à grands pas de la salle. À peine avais-je passé la porte du self que je me sentis revivre. Ma trachée parut se déboucher et je pus de nouveau faire circuler l'oxygène dans mon corps. Le monde s'arrêta petit à petit de tanguer et je pus enfin sentir de nouveau le sol sous mes pieds. Encore quelque peu bouleversée, j'allai m'asseoir dans une alcôve plus loin, pour reprendre mes esprits. Je savais ce qui venait de m'arriver. Une crise de panique. J'en avais assez entendu parler pour en connaître les symptômes. Je me passai une main sur le visage, exaspérée de moi-même. Je me trouvai subitement ridicule. Moi, une crise de panique... Pourtant je n'avais rien à craindre... Ombrage, mes parents, le retour du seigneur des ténèbres, les mangemorts? "N'ai-je vraiment rien à craindre? pensai-je ironiquement."
"Bailey ça va? Je t'ai vu sortir précipitamment."
La malchance me poursuivait! Je n'avais aucune envie que Harry me voie aussi faible. Harry s'assit en face de moi et fronça les sourcils en apercevant mon expression:
"Qu'est-ce qu'il t'arrive, tu as l'air sur le point d'exploser.
-Non, je suis juste fatiguée tout va bien."
Harry s'installa en face de moi et répartit d'un ton ferme:
"Arrête de mentir, hier tu m'as aidé et je veux te rendre la faveur."
Il plongea ses yeux bleus dans les miens et soudain je ne me sentis plus capable de lui mentir. Je déglutis difficilement et commençai d'une voix vacillante:
"Je ne la sens pas cette année. Avec Ombrage dans l'école, toutes ces histoires avec le seigneur des ténèbres... Ça m'inquiète."
Harry m'adressa un sourire qui se voulait rassurant et prit ma main avec hésitation:
"Ne t'inquiète donc pas Bailey. Tout finira par s'arranger j'en suis sûr. Si je suis positif, tu peux l'être sans aucun doute."
Je hochai lentement la tête. Harry n'était, pour sûr, pas très doué pour remonter le moral mais le fait qu'il essaie sincèrement au lieu de me rire au nez me touchait. Tous deux nous sortîmes de l'alcôve, mais Harry ne m'avait pas lâchée la main. Je sentais sa paume chaude contre la mienne, ses doigts entrelacés aux miens. Harry réfléchit un instant puis ajouta, le regard étrangement doux:
"Tout se passera bien, Dumbledore est là et il ne laissera pas Ombrage prendre le pouvoir et je serai là aussi, pour t'aider, pour toi."
Ces derniers mots firent fondre mon cœur.
"C'est terriblement cliché mais c'est adorable.
-C'était le but, répondit-il en arquant un sourcil."
Je remarquai soudain notre proximité. Harry était extrêmement proche, si proche que je pouvais sentir son souffle sur ma joue. Je levai les yeux vers lui et croisai ses prunelles vertes, vertes émeraudes. Je sentis mon visage brûler, et nos lèvres se rencontrèrent. Toujours langoureusement, je joignis mes mains derrière sa nuque et répondis à son baiser. Mon cœur battait la chamade, j'avais l'impression qu'il allait exploser. Au bout d'une minute qui me parut quelques secondes, nous nous détachâmes l'un de l'autre:
"Que dirait ton cher frère s'il nous voyait? rit-il.
-Sincèrement? Il me renierait mais devine quoi? Ça me ferait plaisir, répliquai-je avec mordant.
-Ça ne m'étonne pas de toi, s'esclaffa-t-il en me caressant la joue."
Mon appréhension n'était pas totalement partie, mais avec Harry à mes côtés, je me sentais plus apte à faire face à cette année. Je me sentais plus forte. Une fois que Draco saurait, il irait sans aucun doute tout rapporter à nos parents le plus vite possible. Une fois qu'ils seraient au courant, j'imaginais sans peine leur furie. Mais je n'y ferai pas face seule, Harry serait avec moi pour faire front et il n'y avait rien de tel pour me donner du courage et de la volonté.
NDA: Concernant la vidéo que j'ai mise en lien c'est une musique qui a été fait par des petits jeunes! Enfin la vingtaine. Je trouve que c'est super ce qu'ils ont fait et je suis vraiment agréablement surprise du rendu. Si le coeur vous en dit, n'hésitez pas à écouter davantage.
Merci de me suivre, de vos likes, de vos commentaires! Pardon si je ne réponds pas je vous envoie beaucoup d'amour!
Bonne soirée, bonne journée, bisous ♥
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