Pour Belladone24

Les dragons. Les dragons étaient sans aucun doute les plus belles créatures que la Terre ait jamais portées. Des créatures fascinantes dont je ne me lassais sûrement pas. Et pour la première épreuve de la coupe de feu, la rumeur m'était venue qu'il y en aurait. Pour rien au monde je n'aurais manqué cela. Toutefois, je ne voulais pas juste les voir au combat au milieu d'une foule transpirante d'excitation, je voulais pouvoir être seul avec le dragon, le toucher, le voir de près. Si je voulais devenir Dragonnière, quoi de mieux que les approcher dès à présent? Le soir-même, ni une ni deux je rassemblai du matériel pour m'approcher d'eux et après le couvre-feu, me faufilai hors de ma chambre. Ce n'était pas la première fois que je m'esquivais pendant la nuit et j'avais ma petite technique, bien qu'elle soit longue et laborieuse. Après tout, au bout de sept années à Poudlard, je commençais à bien connaître les combines! Sur la pointe des pieds je descendis les escaliers puis sortis du château. À peine avais-je mis les pieds dehors qu'un frisson me parcourut l'échine. J'aurais dû mettre une veste! Bien qu'aux heures les plus chaudes de la journée la température atteignait les trente degrés, dès que la nuit tombait le froid s'installait. En trottinant pour me réchauffer, je me rendis à la forêt interdite, là où j'avais entendu que les dragons étaient gardés.il faisait noir et même avec le Lumos de ma baguette j'avais du mal à voir quoi que ce soit. Devant moi, se tenait une rangée d'arbres. Je déglutis difficilement; qui sait ce qui pouvait se cacher dans cette forêt ? Je n'y avais jamais mis les pieds, et elle ne devait pas être interdite pour rien! Ma gorge se noua alors qu'un flot de craintes toutes plus folles les unes que les autres assaillirent mon esprit. je secouai la tête et pris une profonde inspiration pour rassembler mon courage. Ce n'était pas le moment de flancher, j'étais à deux doigts de voir des dragons en vrai. Je m'apprêtai à pénétrer dans la forêt mais une main s'abattit sur mon épaule, me faisant sursauter de frayeur:

"Je peux savoir ce que tu fais là?"

Devant moi se tenait un jeune homme qui semblait dans la fleur de l'âge. Grâce à la lumière de la baguette je pus distinguer ses cheveux roux et ses prunelles émeraudes qui reflétaient la lueur de mon sort.

"Je... Je me promenais."

Il haussa un sourcil et un sourire amusé se dessina sur son visage:

"Près de la forêt interdite à minuit? Laisse-moi dire que tu es une piètre menteuse ma jolie!"

Je fus soudain ravie qu'il fasse sombre, que le bel homme ne puisse voir le rouge carmin qui teintait mes joues. Je dansai d'un pied sur l'autre puis repris finalement, embarrassée:

"Ça ne fait aucun doute que vous allez me renvoyer au dortoir mais tant pis... Je voulais voir les dragons... pourrais-je s'il-vous-plaît?"

Le jeune homme éclata de rire:

"Il en est absolument hors de question! C'est bien trop dangereux pour une élève. Va te recoucher tu les verras comme tout le monde lors de l'épreuve."

L'accablement me saisit. Je n'avais tout de même pas fait tout cela pour rien!

"Je vous en prie! Ça fait des jours que j'attends de les voir! Il faut absolument que je vois ces dragons d'aussi près! Je veux devenir dragonnière, c'est mon rêve d'être en contact direct avec des dragons!"

J'avoue que j'avais pour espoir de l'attendrir, et en effet je vis dans ses yeux une hésitation nouvelle, une brèche dans laquelle je m'engouffrai. Je plantai mes yeux vairons dans les siens et ajoutai d'une voix de pleureuse:

"Vous êtes dragonnier vous aussi pas vrai? Vous avez connu l'attraction que j'éprouve pour ces bêtes, pour ces bêtes mythiques ! Si vous êtes en ma compagnie lorsqu'on va les voir tout ira bien pas vrai?"

Ce dernier argument finit de détruire sa résistance:

"Très bien, soupira-t-il finalement. Viens avec moi mais tiens-toi bien c'est clair? Pas de geste brusque ça pourrait les effrayer."

Je me retins de sauter de joie, me contentant de lui emboîter le pas, euphorique. Je pensais que le trajet allait se faire dans un silence total mais pas du tout, l'homme amorça la discussion par un simple:

"Quel est ton nom d'ailleurs?

-Séphira et vous?

-Tu peux me tutoyer. Je ne suis pas bien plus vieux que toi. Tu es en quelle année? huitième? Moi c'est Charlie. Charlie Weasley.

-Septième, corrigeai-je flattée qu'il me vieillisse."

Nous continuâmes à discuter à bâtons rompus et j'appris ainsi qu'il avait toute sa scolarité durant voué une admiration sans borne aux dragons. Dès qu'il eut achevé ses années à Poudlard, il quitta la maison familiale pour aller étudier les dragons en Roumanie. Ensuite nous échangeâmes nos avis sur les différentes espèces de dragons et à mon plus grand plaisir, Charlie s'étonna:

"Tu en connais un rayon dis-moi!

-Dire que j'aime les dragons était un euphémisme, répondis-je avec fierté."

Charlie ne répondit rien, m'intimant d'un regard de me taire: nous étions arrivés.

"Maintenant approche-toi doucement, me souffla Charlie."

J'obtempérai et des lampions préparés probablement au préalable s'allumèrent progressivement devant moi. Je retins une exclamation de surprise en voyant les énormes bêtes à quelques pas de moi. Je savais que les dragons étaient gigantesques mais ils l'étaient encore davantage que je ne le pensais. Il y en avait quatre, comme le nombre de concurrent pour la coupe des trois sorciers naturellement. Le premier devant moi, un vert gallois, un des seuls dragons à ne pas se nourrir d'humains était de la couleur de son nom.Le deuxième, je le reconnus sur-le-champ avec ses écailles bleues argentés, un suédois à museau court. Cependant les deux derniers m'étaient totalement étrangers. Lorsque je demandai à Charlie, il éclaira ma lanterne:

"Celui-ci est un boutefeu chinois, reconnaissable à son museau écrasé. Il vient de Chone. L'autre est un magyar à pointes, c'est un dragon très dangereux à l'état sauvage, comme tu auras remarqué il ressemble à un gros lézard."

Charlie me fit un véritable exposé sur ces quatre dragons et je pris de nombreuses notes, ravie. Les heures défilèrent à toute allure. Charlie avait tant à m'apprendre! Seulement toutes les bonnes choses ont une fin et après avoir jeté un coup d'oeil à sa montre, il s'exclama:

"Il faut que tu retournes au dortoir Séphira, il est déjà trois heures du matin et demain tu as cours."

La déception se lisait apparemment sans mal sur mon visage car Charlie s'esclaffa:

"Ne t'inquiète pas, il reste une semaine avant le début de l'épreuve et vu que tu t'es bien comportée j'accepte de te ramener ici plusieurs fois."

À cette annonce inespérée mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je lui adressai mon plus beau sourire de remerciement et m'empressai de lui souhaiter une bonne nuit. Enfin j'avais trouvé quelqu'un qui comprenait mon amour pour les dragons, enfin j'avais rencontré quelqu'un comme moi...


Le lendemain, je retrouvai Charlie à minuit à l'orée de la forêt.

"J'espère que tu es discrète quand tu sors, si les professeurs découvrent notre manège, je serai sévèrement sanctionné.

-Naturellement, répondis-je vexée qu'il me pense aussi négligente."

Comme la veille nous allâmes voir les dragons. Charlie avait une connaissance très étendue de ces bêtes mystiques et cela ne cessait de m'impressionner. Sur le chemin nous discutions à bâtons rompus mais ce fut ainsi que j'appris à la connaître un peu plus. Au début il fut un peu réticent à évoquer sa vie mais petit à petit, à force de le pousser, il commença à partager avec moi des anecdotes, sur sa jeunesse à Poudlard. Il avait beau avoir plus de vingt ans et moi dix-huit, j'avais l'étrange impression que nous étions sur la même longueur d'onde. Au bout du cinquième ''rendez-vous'' je me mis à le trouver charmant et attirant. À dire vrai, il était loin d'être répugnant et il devait sans aucun doute faire tourner les têtes! Il était bien plus que beau que ses frères... Ses yeux verts étaient perçants et vifs d'intelligence, ses traits harmonieux... Je n'arrivais pas à lui trouver de défauts... Peut-être était-ce parce que j'étais déjà amoureuse de lui... J'aurais voulu lui déclarer mes sentiments, faire un pas vers lui pour conclure mais... S'il voulait de moi, ne tenterait-il pas quelque chose? Si. Bien sûr que si. De plus il avait vingt ans... Il avait sûrement une copine ou des meilleures filles que moi dans son entourage. Je ne pipai mot de cette histoire à personne. C'était comme un petit secret que je conservais jalousement. Je ne pensais pas avoir une quelconque chance avec lui mais ce désespoir ne m'empêchait pas de lui faire les yeux doux. Au départ mes tentatives furent vaines; il ne manifestait aucune chaleur à mon égard et gardait une distance polie avec moi. Cependant je ne lâchai pas le morceau. Ce n'était pas en abandonnant que j'aurais un quelconque résultat: telle était ma devise. J'eus bien raison puisque mes efforts se révélèrent peu à peu fructueux... Bientôt nous devînmes très proches. Nous discutions de la vie, de nos goûts et avions de nombreux points communs! À présent nous ne faisions plus attention aux dragons et n'en parlions plus. Nos rendez-vous vespéraux existaient pour que nous passions du temps ensemble, plus pour notre passion. Lorsque Charlie me proposa d'aller s'installer au bord du lac noir plutôt qu'aller avec les dragons, mon hypothèse se confirma. J'avais l'impression de connaître Charlie depuis longtemps quand notre relation évolua. En vérité nous nous étions rencontrés pour la première trois semaines plus tôt!

Ce soir-là, il faisait plus froid que d'habitude. J'avais beau avoir revêtu mon manteau, le vent glacial passait à travers les mailles. Mon souffle se transformait en petit nuage et je claquais des dents. C'était une nuit terrible. En me voyant aussi frigorifiée, Charlie grimaça:

"Peut-être ferions-nous mieux de reporter à demain? Je ne voudrais pas que tu tombes malades...

-Ne t'inquiète pas, reniflai-je. Ça ira pour moi. Je ne veux pas annuler. J'ai attendu ça toute la journée."

Malgré la pénombre je vis qu'il avait esquissé un sourire attendri. Il ôta la moitié de son écharpe et l'enroula autour de mon cou.

"Rapproche-toi, conseilla-t-il. Sinon je ne pourrais pas la mettre."

Les joues couleur carmin, j'obtempérai. Seulement nous étions maladroitement collés l'un à l'autre alors sans crier gare, Charlie m'attira entre ses jambes et enroula ses bras autour de moi. me sentant toute crispée, Charlie s'esclaffa:

"Détends-toi Séphira je ne vais pas te manger."

Le fait qu'il s'en rende compte me gêna encore plus mais je ne dis rien. J'étais d'une certaine manière choquée de notre promiscuité nouvelle. En se montrant soudain aussi proche de moi il me signifiait que notre relation allait plus loin que de la simple amitié. Déjà je sentais sa chaleur être communiquée à mon corps et j'avais moins froid. Comme d'habitude nous discutions de tout et de rien mais je sentais son cœur battre contre mon dos, son souffle sur ma nuque. Que diraient les jumeaux Weasley ou Ron s'ils me savaient avec leur frère? Des milliers de pensées traversèrent mon esprit. J'aurais voulu l'embrasser, lui dire que je ressentais pour lui mais j'étais comme figée, je ne pouvais pas faire un geste.

"Le tournoi est demain, déclara-t-il soudain."

J'acquiesçai et il ajouta:

"Je ne veux pas que ce soit notre dernier rencard.

-Moi non plus."

À cet aveu je levai la tête vers lui. Nos visages ne furent soudain qu'à quelques centimètres. Ses yeux émeraudes croisèrent les miens vairons et sa respiration s'accéléra, je le sentis contre mes joues. Si je bougeais ne serait-ce qu'un peu, nos bouches se touchaient. Il régnait entre nous une tension palpable. Son parfum masculin vint chatouiller mes narines, et sa main monta de ma taille jusqu'à mes cheveux bruns. Soudain il brisa le peu d'écart qui subsistait entre nous et ses lèvres rencontrèrent les miennes dans un baiser ardent. Mon cœur partit au galop et j'enroulai mes bras autour de la nuque de Charlie avant de lui faire face. Sans briser le baiser nous roulâmes dans l'herbe froide et humide. Malgré l'eau qui s'infiltrait dans nos vêtements nous ne pouvions nous résoudre à nous séparer. Ce ne fut que lorsque mes poumons brulèrent pour avoir de l'air que je me résolus à m'écarter. À bout de souffle il s'exclama:

"Depuis le temps que j'en avais envie... Même si je dois bientôt partir, je viendrais te voir dès que l'occasion de présentera, à toutes les vacances au moins!"

Je hochai lentement la tête et ses yeux jades parcoururent les traits de mon visage puis mon corps, brillants d'une vive lueur. Avec fièvre, il captura de nouveau mes lèvres. Charlie Weasley... Il possédait bien plus de fougue qu'il n'en laissait paraître...

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