Pour AyaneNakura
En entrant dans la salle je lançai un sourire à mon père qui me le rendit avec un petit hochement de tête. Je m'assis à côté de Layla, mon amie d'enfance qui me murmura:
"T'as bien de la chance d'avoir ton père en professeur encore une fois cette année. Tu vas avoir des super notes.
-Tu plaisantes j'espère! Il est encore plus dur avec moi qu'avec les autres!"
Layla consentit puis nous nous concentrâmes sur les élèves entrant dans la salle. Nous connaissions certains visages comme celui de Luna Lovegood, ou Seamus Finnigan.
"Je rêve ou on est presque les seuls Serpentards dans cette fichue salle? grommela Layla."
En effet nous n'étions que cinq. Ce fut à ce moment que choisirent d'entrer Blaise Zabbini, Pansy Parkinson et Draco Malfoy. Ce dernier parcourut la classe du regard. Ses yeux s'arrêtèrent brièvement sur les trois serpentards au premier rang puis s'immobilisèrent sur nous.
"Je rêve ou ils sont en train de venir vers nous? souffla Layla."
Blaise et Draco s'installèrent juste devant nous en lançant un sourire. Pansy, qui trottinait derrière-eux, s'installa à notre gauche. Le cours n'avait pas encore commencé et, alors que je faisais mine de triturer mes stylos tout en jetant des regards perplexes à Layla, les deux garçons se retournèrent.
"Salut les serpentards. Je vous ai jamais vues je crois, lança Blaise.
-Je connais Sofia, enfin j'ai entendu parler de toi. Tu es la fille du professeur Snape n'est-ce pas?"
J'acquiesçai et ajoutai moqueusement:
"J'espère que vous n'êtes pas là dans l'espoir d'avoir de meilleures notes."
Ils éclatèrent de rire et Blaise renchérit:
"C'est complètement le genre de Rogue en plus."
Malheureusement nous n'eûmes pas le temps de continuer notre discussion, le cours commença. Il passa lentement, trop à mon goût. J'espérais que Blaise et Draco restent avec nous à la fin et à ma plus grande joie, ce fut ce le cas. Ils nous attendirent à la sortie de la salle:
"Alors les garçons, comment avez-vous trouvé ce cours?
-Je suis là moi aussi."
Je me tournai vers la personne qui avait employé ce ton glacial. Pansy Parkinson me toisait, à la gauche de Draco Malfoy, les lèvres pincées.
"Excuse-moi Pansy. Je ne t'avais pas vue."
Je lui lançai un sourire qu'elle ne me rendit pas.
"Ne t'inquiète pas, me souffla Draco alors que nous nous mettions en marche vers la cours. Moi aussi des fois j'oublie sa présence."
Je ne répondis rien, gênée de cette méchanceté que j'estimais gratuite. Ma culpabilité s'évapora subitement lorsque je vis le regard noir que Pansy nous lançait.
Nous restâmes tous les cinq jusqu'à l'heure du déjeuner, heure à laquelle Pansy décida finalement qu'elle était de trop. À peine s'était-elle éloignée de nous que Blaise soupira:
"Bon sang, j'ai cru que jamais elle n'allait nous lâcher!
-Vous êtes cruels quand même, accusa Layla écœurée . Je peux savoir ce qu'elle vous a fait cette pauvre Pansy?
-Pauvre, ricana sardoniquement Draco. S'il-te-plaît Layla c'est plutôt moi le pauvre dans l'histoire!"
Je lui lançai un regard interrogateur, l'invitant à continuer. Ce qu'il ne manqua pas de faire:
"Pansy, Blaise et moi étions dans la même classe l'année dernière et Pansy est tombée amoureuse de moi. Sauf que ce n'était pas vraiment réciproque. Alors elle s'est mis en tête qu'en me collant ça finirait par marcher. Peu importe le nombre de fois où je lui signifiais qu'elle me tapait sur le système plus qu'autre chose, elle ne voulait rien écouter et n'a tout simplement pas arrêté."
Je restai bouche-bée l'espace d'un instant, ne sachant que dire. Layla était dans le même état que moi.
"J'espère que vous comprenez mieux pourquoi on l'ignore et qu'on est si méchants."
Je déglutis difficilement et acquiesçai. D'un côté, je comprenais Pansy. Comment ne pas tomber sous le charme de Draco ? Je profitais du fait qu'il racontait quelque chose avec animation à Blaise et Layla pour l'observer. Il était indubitablement beau. Il avait des traits harmonieux , un nez droit, des lèvres pleines et une peau pale, presque diaphane, qui semblait si douce... Ses yeux bleus électriques croisèrent les miens et mon coeur rata un battement. Presqu'immédiatement je détournai le regard en rougissant.
"Ça suffit Sofia, me morigénai-je. Tu veux finir dans la même case que Pansy?"
L'après-midi passa rapidement en compagnie des garçons et ce ne fut que le soir que Layla et moi pûmes nous retrouver toutes les deux:
"Je n'arrive pas à croire que Draco et Blaise aient choisis de rester avec nous, me lança Layla.
-Ils n'avaient pas trop le choix, on était presque les seules serpentard de la salle, raillai-je."
Elle secoua la tête en pouffant puis me demanda d'un ton pensif:
"Que penses-tu de ce que Draco nous a raconté sur Pansy?
-J'en pense que cette fille est effrayante!"
Layla éclata d'un rire franc et opina du chef:
"J'espère qu'elle ne va pas nous coller toute l'année, sinon ça va rapidement être très lourd.
-C'est sûr."
J'hésitai un instant puis finit par avouer sans ambages:
"Quand même, tu ne le trouves pas charmant?"
Layla se contenta de me fixer, un sourire malicieux suspendu aux lèvres:
"J'en étais sûre! C'est totalement ton genre de garçon! Par contre pas le mien, désolée je préfère Potter."
Je haussai les épaules d'un air indifférent:
"Pas assez blond pour moi.
-Alors, tu comptes tenter quelque chose? demanda mon amie avec excitation.
-Calme-toi, m'esclaffai-je. Je ne pense pas que ce soit judicieux de 'tenter quelque chose' comme tu le dis si bien. Je n'ai pas envie de finir comme Pansy Parkinson."
Layla fronça les sourcils et pris un ton de conspiratrice en se penchant vers moi:
"Attends Sofia ne mélange pas tout. Pansy et toi vous n'avez rien en commun donc ce sera forcément différent.
-Malgré cet argument valable, je voudrais te rappeler qu'il n'y a absolument aucune chance pour que Draco Malfoy s'intéresse à une fille comme moi."
Layla arqua un sourcil et ricana:
"Et alors dis-moi, qu'est-ce qu'une fille comme toi?
-Écoute Layla, expliquai-je patiemment. Draco ne sort pas avec des filles dans mon genre. Je ne suis pas assez jolie, pas assez intelligente, je suis trop sage et calme pour lui.
-Comment tu connais son type de fille dis-moi?"
Je ne répondis pas pour la simple et bonne raison que tout ce que j'avançais depuis le début n'étaient que des suppositions. La seule chose dont j'étais convaincue était que tenter quoi que ce soit avec Draco alors que je ne le connaissais pas aurait été stupide et inconscient. Peut-être qu'à force de rester avec lui, j'allais me rendre compte que nous n'étions absolument pas compatibles! Je me raccrochai à cette idée de toutes mes forces. De plus, je savais que mon père n'avait jamais aimé l'idée de me voir avec un garçon alors avec un Malfoy, je préférais ne pas imaginer sa réaction...
Malheureusement les choses se passent rarement comme on le souhaite. Ce que je découvris de Draco fut loin de me déplaire. Certes il avait des défauts, il pouvait se montrer arrogant, parfois même cruel avec les moldus, mais il avait aussi de nombreuses qualités. Il était intelligent, très cultivé et d'une modestie que je n'avais pas soupçonnée. Je pensais qu'il était le genre de garçon à prendre de la place au point de faire de l'ombre aux autres; je me trompais lourdement. Draco était simple et attentionné avec les gens auxquels il tenait. Ce fut probablement cette part de lui qui me charma le plus. Avec Layla, Blaise et moi, il se montrait toujours prévenant, disposé à rendre service, à nous donner un coup de main pour les révisions... Rapidement Layla remarqua qu'il se montrait encore plus attentif à moi qu'aux autres. En un coup d'oeil, il arrivait à deviner mon état d'esprit et cette capacité me laissait comme deux ronds de flanc. Notre quatuor évolua rapidement en duo; Draco et moi étions toujours fourrés ensemble. En cours nous étions à côté, et tout notre temps libre nous le passions ensemble. Ce soir-là, à la différence de d'habitude; Layla et Blaise étaient occupés chacun de leur côté. Draco et moi étions seuls dans la salle commune de serpentard. J'étais installée dans un fauteuil et Draco était étendu dans le canapé juste en face de moi. Nous discutions à bâtons rompus lorsque Pansy entra dans la pièce. Elle la parcourut du regard et ses yeux s'arrêtèrent sur nous et son visage s'assombrit instantanément. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais y renonça, laissant un silence embarrassant régner. Pour finir, elle tourna les talons et sortis de la salle sans un mot.
"C'était extrêmement gênant, lâchai-je avant d'éclater d'un rire nerveux auquel Draco se joignit.
-C'est fou, je crois que c'est seulement maintenant qu'elle réalise que je ne veux pas d'elle.
-Que veux-tu, elle voulait y croire. Je la comprends d'un côté."
Ses yeux électriques s'immobilisèrent sur moi, interrogateurs:
"Que veux-tu dire?
-C'est toujours difficile l'idée d'accepter que nos sentiments peuvent ne pas être réciproques...
-Tu parles en connaissance de cause?"
Je me mordillai l'intérieur de la joue, hésitante puis finis par acquiescer:
"Oui un peu."
Pendant quelques secondes je ne dis rien, me replongeant dans des souvenirs douloureux. Même après un an, c'était toujours aussi désagréable. Je revoyais son visage, son sourire. Je me remémorai avec une clarté déconcertante l'intérieur de sa maison d'enfance, l'odeur dans le salon, la voix de sa mère. Tout semblait tellement réel, je sentais ma gorge se nouer.
"Sofia? Tout va bien?"
Je clignai des yeux, Draco était agenouillé devant moi et me fixait d'un air terriblement inquiet.
"Oui oui, j'étais simplement perdue dans mes pensées."
Draco se laissa tomber dans le canapé et tapota la place à côté de lui. Je répondis par un haussement de sourcil étonné qui le fit rire:
"Très bien, reste-là si tu veux.
-Non j'arrive! m'exclamai-je en allant m'installer."
Draco se tourna immédiatement vers moi et demanda sans ambages:
"Tu veux bien me raconter l'histoire à laquelle tu faisais allusion tout à l'heure?"
J'hésitai quelques secondes et Draco interpréta mon silence comme un refus car il s'excusa:
"Désolé je n'aurais pas dû demander. Tu n'aimes peut-être pas en parler.
- Non détrompe-toi, au contraire. C'est même probablement une bonne chose que je te partage ça."
Je réfléchis par où commencer et remis en ordre mes idées:
"J'ai rencontré Liam en première année..."
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À cette époque, personne du moins, aucun garçon ne m'avait jamais montré d'attention. Le premier jour, je ne connaissais personne et, j'étais comme tous les autres élèves, terriblement angoissée. C'était le premier cours et je ne m'étais pas fait d'amis. Je voyais tout le monde commencer à sympathiser, et moi, à cause de ma timidité, restais seule dans mon coin. C'est alors que Layla s'est assise à côté de moi. Elle n'était pas seule et avait rencontré le matin même deux garçons. Liam et Théo qui n'étaient pas des serpentard mais des serdaigle. Théo me parut instinctivement peu agréable; il parlait peu, se contentait de regarder les gens d'un air méprisant. Quant à Liam, il était parfait le opposé. Avenant, bavard, il semblait être gentil. nous sommes restés tous les trois jusqu'à la quatrième année. C'est à ce moment que ma relation avec Liam a changé de nature... Un jour nous nous sommes embrassés. Je suis tombée amoureuse de lui en quelques mois seulement et je pensais que c'était réciproque. Pendant un an, nous avons vécu du pur bonheur, j'ai rencontré ses parents, il a rencontré les miens. Parfois j'allais même passer les vacances chez lui. Mon père n'avait jamais pu le supporter; il affirmait qu'il cachait quelque chose. Je ne le croyais pas, je pensais qu'il me surprotégeait, l'accusais de mauvaise foi. Malheureusement pour moi, il avait raison. Je l'ai découvert au beau milieu des vacances d'été. Cet été là était très chaud.
Il y avait un parc près de chez Liam, à une dizaine de minutes à pied. C'était notre lieu préféré. Il y avait un petit lac, dans lequel des dizaines de canards nageaient. Nous nous asseyions sur notre petit coin d'herbe, à l'ombre et regardions les passants pendant des heures. Il faisait un peu moins chaud en ce 26 Juillet, le parc était donc davantage fréquenté que d'habitude. J'étais étendue sur les genoux de Liam, pendant qu'il me caressait doucement les cheveux. Les oiseaux chantaient, et j'étais si apaisée que tous mes problèmes semblaient s'être évaporés. L'herbe était douce sous mes jambes nues, je sentais le doux parfum de Liam, légèrement épicé. Une brise agréablement fraîche venait soulever quelques mèches de mes cheveux. Soudain, la voix pressante de Liam me tira de mon semi-sommeil:
"Sofia, écoute, il faut qu'on y aille, vite. J'avais oublié mais ma mère m'avait dit de rentrer il y a une demie-heure déjà!"
Je me relevai avec flegme, encore engourdie par le sommeil. Je m'étirai et baillai à m'en décrocher la mâchoire mais Liam siffla:
"Dépêche-toi!
-Calme-toi, il n'y a pas le feu au lac, m'étonnai-je.
-Si on pouvait éviter de se prendre une soufflante, ça m'arrangeait, maugréa Liam tout en rassemblant nos affaires et se levant."
Toujours perplexe quant à sa subite mauvaise humeur, je l'imitai. Une voix derrière-nous s'éleva:
"Liam!"
Je fis volte-face et repérai une fille qui s'approchait de nous à grands pas:
"Je crois qu'elle t'appelle, tu la connais?
-Non pas du tout, marmonna-t-il en me poussant dans le dos."
L'inconnue hurla son nom de nouveau et je ne pus m'empêcher de lancer sur le ton de la plaisanterie:
"C'est marrant parce qu'elle a l'air de te connaître, elle en revanche."
Je compris que quelque chose clochait quand je vis la panique dans ses yeux.
"Liam, dis-moi ce qu'il se passe.
-Rien, je veux juste qu'on parte, crissa-t-il entre ses dents serrées."
Il m'attrapa par le poignet et tira si fort que je piaillai de douleur:
"Mais ça va pas? m'écriai-je plus énervée qu'effrayée."
Pale, il bafouilla une excuse mais ce fut à ce moment que la fille surgit à côté de nous et s'exclama:
"Liam! Comme blague, il y a plus mature que m'ignorer!"
La fille et moi nous fixâmes, immédiatement elle me parut antipathique à cause de la lueur de méfiance dans ses yeux. Liam, entre nous deux, était passé de livide à écarlate. L'inconnue était plutôt jolie, même très jolie. Elle avait de longs cheveux blonds qui tombaient en cascade dans son dos, un visage si gracieux qu'elle m'évoquait une princesse de conte de fée. Elle tourna ses grands yeux émeraudes vers Liam:
"Tu m'avais dit que tu ne rentrais pas cet été... Qu'est-ce que tu fais ici?"
L'espace d'un instant, j'eus l'espoir que ce mensonge avait été pour avoir du temps seul avec moi. Liam ne répondit rien, complètement paniqué, il se balançait d'un pied sur l'autre et fixait résolument le sol.
"Liam je te parle, appela la jeune fille d'un ton cassant, ses prunelles vertes soudain devenues glaciales."
Soudain Liam s'anima et répondit avec un sourire qui me parut terriblement nerveux:
"Mes parents ont finalement décidé de revenir plus tôt. Je comptais te faire la surprise mais d'abord je voulais passer un peu de temps avec Sofia.
-Qui est?"
Il s'humecta rapidement les lèvres:
"Ma cousine, que je n'ai pas vu depuis pas mal de temps!"
Mes yeux s'écarquillèrent de stupeur, il mentait comme un arracheur de dents!
"J'espère que ce n'est pas moi que tu appelles ta cousine! aboyai-je."
L'inconnue se tourna vers moi de nouveau et demanda d'une voix sèche:
"Je peux savoir qui tu es?"
Je pris une profonde inspiration et répondis le ventre noué:
"Sa copine Sofia; et toi alors?"
Avant même qu'elle ne réponde, je vis sur son visage qui elle était. Ses yeux se remplirent de larmes et elle asséna une puissante gifle à Liam. Elle tenta de dire quelque chose mais étouffa un sanglot avant de tourner les talons. Liam ne tenta même pas de le retenir. Moi, j'étais encore sous le choc. J'avais l'impression d'être figée par un quelconque sort. Je ne pouvais ni bouger, ni lever la tête vers Liam. Les questions se bousculaient dans ma tête mais je n'arrivais pas à les poser. Pour finir, nous rentrâmes chez lui dans le silence le plus total.
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Tout le long de mon récit, je n'avais pas osé une seule fois regarder Draco. J'étais tellement plongée dans mes souvenirs que j'avais presque oublié sa présence.
"Vous aviez quel âge? Quinze ans? Et à quinze ans, il s'est permis d'avoir deux copines, soupira Draco en se passant une main sur le visage."
Je ne répondis rien, subitement gênée de m'être tant dévoilée. Il y eut un silence, puis Draco finit par lâcher:
"Ça a pas l'air d'avoir été facile tous les jours.
-Il y a bien pire que ma situation, regarde-toi: tu es un Malfoy, c'est difficile à porter, glissai-je moqueusement."
Il renifla moqueusement et me donna un léger coup de coude:
"Arrête-donc, je suis très content d'être un Malfoy."
Je fis semblant de ne pas remarquer le peu de conviction qu'il y avait mis et changeai de sujet. À mesure que les minutes s'écoulaient, Draco et moi nous rapprochions. Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres quand nous discutions, j'avais mes jambes étendues sur les siennes et nous savions tout deux que ce contact n'était pas innocent. J'étais terriblement bien, assise là, presque blottie contre lui. Je sentais son parfum m'envelopper, la chaleur de son corps m'atteignait malgré les vêtements, ses yeux bleus électriques étaient plongés dans les miens et je ne m'en lassais pas. Sa voix grave me berçait, son sourire charmeur m'envoûtait. Dans le courant de la discussion, Draco passa son bras sur le dossier du canapé avant de le glisser autour de mes épaules. Je souris tandis que mon coeur accéléra dans ma poitrine. Presqu'immédiatement Draco se tut et je levai la tête vers lui. Il me fixait d'un air étrangement doux, arborant le même sourire que moi. Il jeta un coup d'oeil rapide à ma bouche et avec une lenteur délectable s'inclina vers moi. Lorsque nos lèvres se rencontrèrent, une nuée de papillons s'envola dans mon ventre. J'y répondis avec douceur et Draco passa une main dans mes cheveux, atteignant ma nuque. C'était un baiser de rêve, tendre mais avec un grain de passion. Ça n'avait rien à voir avec ceux que j'avais échangé à quinze ans avec Liam non! Les baisers de Draco avaient cet étrange mais délicieux pouvoir d'addiction. Chaque fois que nos lèvres se quittaient, j'en voulais de nouveau et quand elles se rencontraient, j'en voulais toujours davantage. Ce fut lui qui mit fin à notre étreinte en s'écartant de moi et en se raclant la gorge:
"Il se fait tard, nous devrions probablement aller nous coucher."
Je hochai la tête, le souffle court, les joues écarlates. Le visage de Draco se fendit d'un sourire et il déposa un baiser sur ma joue en riant:
"Tu es vraiment adorable."
Nous nous levâmes, nous embrassâmes une dernière fois et montâmes chacun dans notre propre dortoir. En me couchant, un sourire niais flottait encore sur mes lèvres. Ce soir-là, j'eus du mal à m'endormir. Mon cerveau fourmillait de souvenirs de la journée. Je m'endormis très tard, mais tombai dans un sommeil profond et réparateur. Les jours qui suivirent furent un pur bonheur, Draco était tout simplement parfait. De nouveau, il ne cessait de m'impressionner et de me surprendre. Il était capable de se montrer bien plus attentionné que je ne le pensais! Il avait besoin de moi et me le faisait sentir. Il passait son temps à me tenir la main ou avec un bras autour de ma taille ou de mes épaules, montrant ainsi à tous nos camarades que nous étions ensemble. Cette attitude ne me dérangeait pas, au contraire, j'aimais que les autres filles sachent que le coeur de Draco était pris. Pendant deux semaines, je vécus dans un bonheur constant. Mais nous savons tous que le bonheur parfait ne dure jamais longtemps. C'est tout simplement dans la continuité de la vie, il y aura toujours un événement pour venir troubler la sérénité d'une situation, nous rendant heureux. La vie n'est pas faite pour qu'on soit heureux. Comme lors de cet été si chaud, l'élément perturbateur fut Liam. Moi, qui croyais que j'en aurais été débarrassé, je m'étais lourdement trompée. Tout commença le plus innocemment du monde à la bibliothèque. J'étais installée à une table, seule, j'avais le nez plongé dans mes manuels et étais en pleine révisions. Je vis du coin de l'oeil quelqu'un s'asseoir à quelques places de moi mais ne pris pas la peine de briser ma concentration pour voir de qui il s'agissait. À peine une poignée de minutes plus tard, la personne se racla la gorge, exagérément fort. Curieuse, je levai la tête et tombai nez à nez avec Liam. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine et je sentis que je devins rouge écarlate. La panique explosa en moi et je cherchai des yeux n'importe qui pour me tirer de cette situation. Mais il n'y avait prsonne, du moins personne que je ne connaissais. Liam me fixait et ne détournait pas le regard. Je pris le ton le plus glacial que j'étais capable d'adopter et demandai:
"Qu'est-ce que tu veux?
-Eh pas besoin d'être autant sur la défensive, protesta-t-il avec un petit rictus qui éveilla de la haine dont je ne connaissais même pas l'existence. À dire vrai Sofia, je suis venu en paix pour te présenter mes excuses."
Je plissai les yeux, méfiante:
"Je peux savoir pour quoi exactement?
-Allons ne jouons pas à ça, on sait très bien, toi comme moi, que je me suis comporté comme une ordure avec toi.
-Tu t'es déjà excusé à l'époque, répartis-je sèchement."
Je ne voulais qu'une chose, qu'il parte mais malheureusement il ne semblait pas disposer à s'en aller. Aussi, je rassemblai mes affaires en un tournemain et commençai à me lever:
"Attends Sofia où est-ce que tu vas? Je n'ai pas fini!
-Peut-être mais moi, si, répliquai-je en me dirigeant vers la sortie de la bibliothèque."
Je pensais en être libérée mais dans le couloir, sa voix s'éleva derrière-moi. La colère m'envahit en un instant et je m'écriai sans me préoccuper des gens autour:
"Je n'ai pas envie de te parler, Liam lâche-moi!
-Sofia, s'entêta-t-il en m'attrapant par le poignet, je comprends que tu m'en veuilles, mais je peux tout arranger."
J'eus un rire amer et me dégageai:
"Écoute-moi bien, c'était l'année dernière qu'il fallait me tenir ce genre de discours, maintenant j'ai tourné la page.
-Oui je sais, tu es avec Draco mais...
-Maintenant tu t'en vas ou tu auras affaire à lui, le coupai-je."
Les autres élèves commençaient à nous regarder d'un air méfiant, Liam comprit apparemment qu'il valait mieux laisser tomber pour l'instant car il s'arrêta net mais me murmura:
"Je n'abandonnerai pas aussi facilement. Je sais qu'il n'est pas trop tard."
Je levai les yeux au ciel avant de m'éloigner de lui le plus rapidement possible...
"Il est devenu cinglé! s'exclama Layle consternée. À quel moment s'est-il dit que te courir après dans le couloir allait l'excuser?
-J'ai entendu qu'il s'est fait jeté par une Serdaigle il y a une semaine, lança Blaise. C'est peut-être lié.
-Il est tout seul alors il revient vers moi, je suis ravie! répondis-je d'un ton sarcastique.
-En tout cas, il m'avait l'air prêt à recommencer, maugréa Draco d'un air préoccupé."
J'acquiesçai, j'espérais que ce n'avait été que des paroles en l'air. De toute façon, Liam n'était pas le genre de garçon à insister lourdement. Il avait bien vu que je ne voulais pas de lui, j'étais convaincue qu'il me laisserait tranquille. En voyant mon air songeur, Draco passa un bras autour de mes épaules et déposa un baiser sur ma joue, qui m'arracha un sourire.
"Sofia arrête de faire cette tête, je suis sûre qu'il ne reviendra pas. S'il s'avise de revenir te parler je serai là d'accord?"
Je hochai la tête et poussai un profond soupir en me lovant dans ses bras. J'avais envie de croire que tout irait bien.
Les quelques jours qui suivirent, Draco ne me laissa jamais seule. Il m'attendait à la sortie de mes cours, venait étudier avec moi à la bibliothèque, mangeait avec moi et me raccompagnait à la salle commune de Serpentard, là où il estimait que j'étais en sécurité. Au bout d'une semaine, Liam n'était toujours pas revenu et Draco se détendit. À tort. Liam était un garçon opiniâtre, il savait ce qu'il voulait et était prêt à tout pour l'avoir. Ce jour-là, Draco était avec Blaise en pleine révision et Layla avec son copain. Moi, j'étais dehors, me promenant avec une camarade de classe. Il faisait beau, le ciel était dégagé, le soleil brillait. Il n'y avait pas un souffle de vent. De nombreux élèves étaient installés dans l'herbe, profitant du temps clément. J'avançai, sans faire attention aux autres, à leur identité. Si bien que lorsque quelqu'un cria mon prénom, je ne m'inquiétai pas spécialement. Du moins, jusqu'à ce que je baisse les yeux et vois qui m'avait appelé:
"C'est une mauvaise plaisanterie? cinglai-je. Que va-t-il te falloir pour comprendre que tu dois lâcher le bifteck?"
Je vis passer un éclair d'agacement dans les prunelles de Liam mais si furtif que je demandai si je ne l'avais pas imaginé.
"Écoute Sofia, je sais que je ne m'y suis pas exactement pris de la bonne manière avec toi mais j'essaie de réparer mes erreurs."
Tout le monde nous regardait d'un oeil surpris mais aussi attentif. Gênée, je m'écartai de la foule à pas rapides. Ce fut sans aucun doute la pire idée que j'eus. Naturellement, Liam me suivit et prit même cela pour une invitation.
"Je sais que tu es avec Malfoy maintenant mais on peut toujours être amis non?"
Un rire nerveux me secoua:
"Liam, en quelle langue je dois le dire exactement? Je n'ai pas envie que tu me parles, même te croiser m'est désagréable donc si tu pouvais me laisser tranquille..."
Liam me fixait d'un air hébété, ses yeux verts étaient plein d'incompréhension:
"Sofia pourquoi tu te montres aussi butée? Tu veux que je sois franc avec toi?"
Je commençai à m'éloigner tout en répliquant d'un ton sardonique:
"J'ai envie que tu me fiches la paix déjà."
Comme la dernière fois, Liam m'emboîta le pas, mais cette fois, je ne perdis pas de temps, je me dirigeai sur-le-champ vers la salle commune de Serpentard.
"Écoute-moi Sofia, gronda-t-il en trottinant pour se mettre à ma hauteur. Draco est juste avec toi parce que tu es la fille de Rogue! Il n'en a rien à faire de qui tu es."
J'ouvris la bouche pour répondre mais quelqu'un me devança:
"Excuse-moi Leveque mais je n'ai pas besoin de faire ce genre de choses pour avoir des bonne notes. Et de nous deux je pense que c'est toi qui connait le moins notre petite Sofia."
Un sourire vint danser sur mes lèvres et je me tournai vers Draco. Il était à quelques pas de Liam et se dirigeait lui aussi vers la salle commune. Je pensais que Liam allait alors se contenter de s'éloigner sans protester mais visiblement l'entrée en scène de Draco l'avait fortement irrité car il lui fit face et cracha:
"Tiens mais c'est le chevalier sur son grand cheval blanc.
-Oh pitié, tes répliques d'adolescent tu peux te les garder. Je n'ai aucune leçon à recevoir d'un type qui ne comprend pas quand une fille lui dit non."
Avant que j'ai le temps de comprendre ce qu'il se passe, Liam saisit Draco par le col et par un réflexe que je ne lui connaissais pas, Draco lui décocha une droite en pleine figure. Quelques élèves se retournèrent, estomaqués du spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. Je m'élançai vers eux, mais n'osai pas m'interposer. J'avais bien trop peur de m'y retrouver mêlée. Finalement deux gryffondors finirent par les séparer et je me précipitai vers Draco. Malheureusement je ne pus rester longtemps près de lui car McGonagall emmena les deux là à l'infirmerie puis chez le proviseur. Rongée d'inquiétude, je rentrai dans la salle commune de Serpentard et me laissai tomber sur le canapé. La culpabilité s'insinua en moi. Tout était de ma faute, j'aurais dû alerter un professeur dès le début.
"C'est vrai, approuva Layla lorsque je lui en parlai. Si tu avais prévenu quelqu'un dés le début, on en serait pas là."
Devant mon air décontenancé, elle ajouta précipitamment:
"Mais comment aurais-tu pu être crédible? Il n'a rien fait de grave en toute sincérité je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose donc ne t'en fais pas."
Je ne répondis rien. J'espérais juste que Draco ne serait pas lourdement puni. Après tout, tout était de ma faute. J'attendis dans la salle commune de Serpentard pendant des heures. Malheureusement je me sentis piquer du nez dans mon canapé et me pincer n'eut plus d'effet, je sombrai avec douceur dans le sommeil. Je fus réveillée par une main qui me caressait doucement le visage. Sans réfléchir, effrayée par ce contact inconnu, je poussai un cri tout en faisant un bond de trois mètres:
"Eh Sofia! Ça ne va pas de crier comme ça?"
Je repris ma respiration lentement. Draco se tenait devant moi, un rire de soulagement m'échappa:
"Quelle idée de me réveiller de cette manière!
-Désolée..."
Draco se laissa tomber à côté de moi en poussant un profond soupir:
"Quelle journée."
Je repris une contenance et m'enquis avec une grimace:
"Comment ça s'est passé avec le proviseur?
-Pas grand chose, j'ai donné ma version des faits, ton grand ami Liam a donné la sienne donc pour trancher le problème tu devras aller voir Dumbledore."
Je me frottai les yeux, déprimée à l'idée de devoir aller dès le lendemain étaler un pan douloureux de ma vie à un vieux monsieur que je connaissais à peine... En voyant ma mine déconfite, Draco s'excusa:
"Désolée mon amour, j'aurais bien voulu t'éviter ça mais Dumbledore semblait tenir à ton témoignage."
Je lui adressai un sourire qui se voulait rassurant et déposai un baiser sur sa joue. Draco m'attira avec douceur dans ses bras. Je nichai mon nez dans sa nuque et inspirai son odeur, si apaisante. Tout en me serrant contre lui, Draco m'assura d'une voix calme :
"Je suis convaincu que tout ira bien, demain sera juste un mauvais moment à passer mais après ça s'arrangera. Toute cette histoire sera vite oubliée."
Quand Draco me le disait, j'avais envie de le croire. Il arrivait à m'en convaincre. Je savais qu'il allait tout faire pour que j'oublie cette mésaventure. À présent, tout ne pourrait qu'aller mieux. J'en avais l'intime conviction.
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