Pour 1900crave

Comme chaque premier septembre depuis six ans, j'installai mes affaires dans la même chambre, à côté de celle des mêmes colocataires. Le temps passait si vite! J'avais l'impression d'être arrivée hier à Poudlard. Tant de choses s'étaient passées depuis... Je me hâtai de finir, j'étais en retard. Les autres étaient probablement déjà tous dans le réfectoire. Je devais écrire une lettre à Mathias, sinon il risquait de s'inquiéter... Je ne pouvais pas rester trop longtemps au repas... Je laissai mes affaires en plan et descendis rejoindre les autres élèves à la grande salle sans traîner. Bienheureusement malgré le monde je parvins à repérer mes amis. Je m'assis et ils m'accueillirent avec force d'exclamations ravies:

"Alors Rosalie comment se sont passées ces vacances? s'enquit Elisa.

-Parfaitement bien, pas assez longues malheureusement et les tiennes?

-C'est bien la première fois que tu n'es pas pressée de revenir ici, s'étonna-t-elle. Que s'est-il passé qui te reliait tant au monde des moldus?"

Elisa était perspicace, elle avait deviné avant même que je ne le lui dise:

"J'ai rencontré quelqu'un, annonçai-je simplement."

Immédiatement Elisa lança la nouvelle à l'adresse de tout le monde. En une fraction de secondes, tous les yeux étaient fixés sur moi, attendant que je développe:

"C'est un ami de ma cousine, on s'est tout de suite entendus et nous nous sommes mis ensemble."

Les questions fusèrent:

"C'est un moldu?

-Ça fait combien de temps?

-Il est comment?

-Vous restez ensemble même si vous ne vous verrez qu'en vacances?"

Patiemment je répondis à chacune de leurs interrogations avec délice. Le dîner passa ainsi très vite et, trop tôt à mon goût, je dus prendre congé de mes amis pour aller écrire une lettre à Mathias. Je m'assis à mon bureau et m'y mis avec joie. Mathias était extraordinaire, jamais je n'avais rencontré quelqu'un d'aussi attentionné. Savoir que quoi qu'il se passe, il y aurait toujours quelqu'un pour me soutenir me rassurait... Je mis un temps fou finir ma lettre et il était tard lorsque je me rendis à la volière pour la confier à un hibou. Mais lorsque je me couchai, j'étais soulagée et heureuse. J'avais hâte d'avoir une réponse! Malheureusement, une fois allongée, la tête sur l'oreille, je ne parvins pas à trouver le sommeil. Il semblait me fuir. J'étais parfaitement éveillée bien que mes colocataires dormaient depuis un bon bout de temps déjà. Mille et une pensées tempêtaient sous mon crâne. Je pensais à Mathias; au fait que mes parents ne l'aimaient pas et ne supportent pas de nous voir ensemble, au fait qu'il risquait de dégoter une fille mieux que moi au lycée. Je songeais avec crainte à mes notes, aux examens de cette année, à la nouvelle classe que j'allais avoir... Tant d'inquiétudes qui me rongeaient... Le seul sommeil que je pus m'octroyer ne fut pas agréable ni apaisé. Je fus hantée par des rêves nébuleux où tous mes pires cauchemars se réalisaient... Le lendemain matin, lorsque je dus me lever, je le fis à contrecœur. J'étais épuisée, mes yeux étaient douloureux, je n'avais qu'une envie, me rendormir. Je fonçai sous la douche mais malheureusement Marie y était déjà. En attendant qu'elle en sorte, je m'accoudai à la fenêtre, l'esprit encore encombré de tous mes problèmes. Désireuse de me vider l'esprit, je m'abîmai dans la contemplation du paysage automnale. Le feuillage des arbres avait tourné au orange et dans quelques semaines je me doutais qu'il serait tombé. Je m'imaginais qu'en septembre il ferait assez chaud, que le soleil rayonnerait... Malheureusement pour la rentrée, il pleuvait, un vent du nord soufflait.

"Rosalie, tu peux y aller!"

Sans attendre une seconde de plus, je m'y hâtai. Je détestais être en retard. En un tour de main je fus prête. Pour la première fois, je ne m'étais pas maquillée. Premièrement, je n'en avais pas le temps, de plus je n'en sentais pas le besoin. Je descendis en trombe au réfectoire. Presque tous mes amis avaient finis et étaient retournés prendre leurs affaires de cours dans leur chambre. Je gobai mon petit-déjeuner et remontai finir ma toilette, de mauvaise humeur. Non seulement je détestais manger seule mais être contrainte à me dépêcher le matin avait le don de me rendre irritable toute la journée! Je me rendis à la salle de classe, bienheureusement à l'heure. Je n'avais aucune idée de qui étaient mes camarades et ce fut un soulagement lorsque j'aperçus Lilou, déjà avec moi l'année précédente. Elle me lança un sourire et je m'installai à côté d'elle. Nous entamâmes une discussion banale sur nos vacances d'été. Petit à petit, les élèves entrèrent. Soudain, Lilou s'exclama:

"Incroyable, ils sont avec nous!

-De qui tu parles? m'étonnai-je en suivant son regard. "

Ce dernier tomba sur James Potter, Sirius Black et Remus Lupin.

"Sirius est vraiment magnifique, me souffla Lilou."

Je haussai les épaules d'un air désabusé. Il était mignon bien sûr mais quand on connaissait un peu l'oiseau, un sacré cancre. Et ce genre de personne ne m'intéressait pas vraiment. Malheureusement je n'eus pas le temps de lui partager mon point de vue car notre professeur principal entra dans la salle, réclamant le silence. Pendant le cours, Lilou ne cessait de jeter des coups d'œil à Sirius Black et ce fut sans aucun doute grâce à elle que j'aperçus de son ami, Remus Lupin. Pour Lilou il était banal, voire même laid. Pour moi il en était très loin. Il avait un regard perçant, ses traits étaient harmonieux, des cheveux bruns qui me donnaient une irrépressible envie d'y passer la main. Je secouai la tête pour chasser mes mauvaises pensées. Non, je devais me focaliser sur Mathias, ne pas l'oublier. Loin des yeux, loin du cœur, ça ne marcherait pas avec moi! C'était lui que j'aimais et je ne me laisserais pas avoir par les tentations environnantes, j'étais plus forte que ça! La matinée s'écoula trop lentement à mon goût. Le professeur ne fit pas son cours, il s'occupa majoritairement des formalités administratives et nous décrit l'année. Selon lui,  l'absence de  ne nous exemptait pas de réviser, au contraire! Étant une élève studieuse je n'écoutais tout cela que d'une oreille distraite. À midi, Lilou et moi retrouvâmes quelques unes de nos connaissances, qui, miraculeusement mangeaient à la même heure que nous. Les conversations sur les garçons allaient de bon train.; Presque chacune avait déjà trouvé- ce qu'elles appelaient- une proie, dans leur classe.

"Et toi Rosalie, s'enquit l'une. Tu as repéré un mec mignon?

-J'ai un copain, répondis-je d'une voix neutre.

-L'un n'empêche pas l'autre, objecta-t-elle avec espièglerie."

Je haussai les sourcils et ouvris la bouche mais la refermai sur-le-champ. On ne pouvait pas discuter avec ce genre de fille c'était peine perdue. Je finis mon repas rapidement et sortis prendre l'air dans la cours. Il faisait beau, et je ne rêvais que d'une chose, en profiter et seule. je m'assis sur un banc et pris une profonde inspiration. La pluie s'était enfin arrêtée. Bien sûr il faisait froid, et humide mais les nuages laissaient des trouées bleues, permettant au soleil de passer et d'illuminer la cours. Je fermai les yeux et profitaient quelques instants de ses rayons. La journée se termina sans encombre et ce fut un véritable soulagement de retrouver mes amis au dîner.

"Alors les gars, comment s'est passé cette première journée?" s'enquit Marie.

À les écouter, ils avaient tous une classe incroyable qui promettait une année spectaculaire! Habituellement leur bonne humeur était communicative mais pas cette fois. J'avais envie d'être un peu seule. Je me rendis à la volière, priant pour que Mathias m'ait répondue. Quelle ne pas ma joie en découvrant une lettre attachée à la patte de ma chouette! Fébrile je la détachai et retournai à la hâte dans ma chambre. Le cœur battant, je m'assis sur mon lit et détachai la lettre:

"Ma Rosalie,

Nous ne nous sommes pas vus depuis seulement deux jours mais déjà tu me manques. Je t'écris cette lettre depuis mon bureau, celui de ma salle de cours. Je suis en histoire donc tu comprends mieux... Je m'ennuie profondément. J'ai passé une bonne matinée et ai eu le plaisir de découvrir que je ne suis pas seul, je connais quelques personnes! Ta lettre m'a fait très plaisir.

Je t'embrasse fort, Mathias."

Sa lettre était bien plus courte que la mienne et je ne pus m'empêcher d'avoir une moue de déception. J'essayai de me réconforter tant bien que mal en me disant qu'il n'avait peut-être pas eu le temps mais rien n'y faisait. Le doute avait planté sa graine. Ce soir-là mon sommeil fut encore plus troublé. Les déceptions que j'avais essuyées toute la journée me hantaient, m'empêchant de dormir. Le lendemain matin j'étais encore plus fatiguée et naturellement à bout de nerfs. Bienheureusement Lilou m'attendait devant la salle et quelle ne fut pas ma surprise en la voyant discuter avec Sirius, James et Remus. Elle semblait aux anges et je retins un sourire, elle n'avait pas perdu de temps! Un peu gênée, je m'approchai du groupe et la saluai:

"Tiens salut! Marie c'est ça? s'enquit Sirius armé d'un de ses sourires charmeurs.

Avant que j'ai le temps de dire quoi que ce soit, Remus corrigea:

"Je crois que c'est plutôt Rosalie."

Je ne pus empêcher la satisfaction de m'envahir, il se souvenait de mon prénom! Nous discutâmes tous ensemble jusqu'à ce que le professer arrive, nous forçant ainsi à rentrer en classe. Je découvris pendant ces quelques minutes que les trois cancres n'étaient pas aussi stupides et ennuyeux que je l'imaginais. Au contraire, ils étaient non seulement amusants mais avaient des choses à raconter. Lorsque je me tournai vers Lilou pour lui faire part de mon impression, elle avait un sourire euphorique sur le visage et me murmura:

"Je crois que Sirius m'apprécie, je n'arrive pas à y croire.

-Attends, ris-je, d'abord tu vas m'expliquer comment tu leur as parlé parce que je n'y croyais pas quand je l'ai vu!

-C'était un parfait hasard, j'étais seule devant la salle et ils sont venus me parler."

Lilou me raconta alors avec excitation que Sirius n'avait pas arrêté de s'intéresser à elle, qu'il lui lançait sans cesse des sourires. Son enthousiasme me fit étrangement chaud au cœur et pendant quelques instants j'oubliai que je passais une mauvaise période. Vers le milieu du cours Mathias revint dans mon esprit. Je n'avais pas répondu à sa lettre et peut-être qu'il n'avait rien d'autre à raconter dans la sienne. Ça ne montrait pas forcément un manque d'intérêt... Soucieuse de faire des efforts, de garder notre relation, je sortis une feuille et lui rédigeai une lettre. Plus brève cette fois, mais toujours aussi pleine de phrases dégoulinantes de niaiserie. Lilou jeta un regard dessus et s'enquit:

"C'est pour ton copain j'imagine. Je ne sais pas comment tu fais pour te lancer dans ce genre de relation..

-Tu veux dire à distance?"

Elle hocha la tête et m'expliqua en long, en large et en travers pourquoi elle ne pourrait sortir avec quelqu'un qu'elle ne verrait qu'une fois tous les deux mois. J'avais toujours tenu le même discours qu'elle mais une fois que Mathias m'avait proposée de continuer à distance, je n'avais pas pu refuser. L'idée de commencer cette année en ayant un soutien moral me rassurait et après tout ce que nous avions vécu ensemble je n'avais pas le courage ni le cœur à refuser. À présent je réalisai qu'en effet, c'était agréable mais aussi contraignant. J'avais passé mes deux jours de rentrée à penser à lui, à songer amèrement cet été. Je poussai un profond soupir et marmonnai à l'adresse de Lilou:

"Je me suis mise dans une sacrée panade pas vrai?

-Clairement."

Devant mon air dépité, elle nuança avec embarras :

"Enfin peut-être que tu pourras être heureuse dans cette situation si vous vous y prenez correctement, ne fermons pas de portes!"

Je hochai la tête sans conviction. Je n'arrivais décidément pas à être positive en ce début d'année. À la fin du cours, le groupe de Sirius nous attendait à la sortie de la salle. Sirius ne perdit pas de temps et entama sur-le-champ la conversation avec elle, me laissant seule entre James et Remus. Gênée du silence, je m'exclamai sur le ton de la plaisanterie:

"Il ne perd pas de temps votre copain!

-C'est Sirius, répondit James désinvolte."

J'arquai un sourcil, me demandant si tous les trois se comportaient de la même manière. Au moins il savait ce qu'il voulait. Le cours suivant était celui d'histoire de la magie, probablement le plus soporifique de tous. Juste avant que nous n'entrions dans la salle, Lilou me saisit par le poignet et me glissa d'un air penaud:

"Sirius et moi on va se mettre à côté pour ce cours, tu ne m'en veux trop?"

Comment aurais-je pu lui en vouloir? Je savais que c'était son rêve qui devenait réalité et je ne pouvais pas l'en priver. Aussi, je me contentai de hausser les épaules avec indulgence:

"Ne te prive pas."

Elle me lança un sourire reconnaissant avant de s'esquiver. Remus lança d'un ton moqueur:

"On dirait bien que tu te retrouves seule.

-Retourne le couteau dans la plaie surtout, ironisai-je."

Il renifla avec amusement:

"On ne te laissera pas, James et moi on s'installera devant pour que tu ne t'ennuies pas.

-Si tu crois que je vais me laisser distraire par vos pitreries tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu'à l'omoplate, ricanai-je."

Malheureusement, ma résolution ne tint pas bien longtemps. Au bout d'une dizaine de minutes déjà j'écoutais avec attention les rumeurs ou plaisanteries de Remus. Il ne me parut que plus charmant! À midi, Lilou et moi mangeâmes avec eux plutôt qu'avec notre groupe habituel. Cela me fit étonnamment du bien. Rencontrer de nouvelles personnes et trouver des camarades de classe était plaisant. Au bout de quelques semaines, Sirius et Lilou se mirent ensemble; entre temps Remus et moi nous étions extrêmement rapprochés. Mathias et moi nous envoyions toujours quotidiennement des lettres mais elles étaient répétitives. Notre relation s'essoufflait, ne pas se voir changeait tout et je le sentais. Ce que je ne comprenais en revanche pas était pourquoi il s'obstinait à rester avec moi. Il devait se rendre compte aussi bien que moi que tout s'effondrait...

"Et toi pourquoi tu ne fais rien? s'enquit Lilou d'un ton acerbe.

-Parce que je n'ai pas le courage, répliquai-je du tac au tac."

Elle leva les yeux au ciel:

"Mauvaise excuse, quitter quelqu'un par lettre c'est la situation la plus confortable, que je connaisse!

-Écoute, soupirai-je. Je n'ai pas envie de me retrouver seule. Tu peux comprendre non?

-Là voilà la vraie raison! s'écria-t-elle. Tu plaisantes là j'espère? On sait toutes les deux que tu pourrais avoir Remus en un claquement de doigts."

J'arquai un sourcil et répliquai:

"Nan ça c'est ce que tu supposes. Tu sais qu'un garçon et une fille peuvent être amis sans pour autant vouloir sortir ensemble.

-Écoute je ne suis pas née de la dernière pluie ni aveugle ça se voit que vous vous plaisez même Sirius le voit."

Soudain la porte de la salle commune de Gryffondor s'ouvrit et des rires que j'aurais à présent reconnu entre mille s'élevèrent. Je lançai un regard sévère à Lilou, lui intimant de se taire Sirius et Remus se laissèrent tomber sur le canapé en face de nous:

"Vous avez perdu James en cours de route ? plaisantai-je.

-Il est avec Lily, soupira Remus .

-Oh, tu es jaloux? le taquinai-je."

Il haussa les épaules avec une moue boudeuse qui me fit éclater de rire:

"Tu es méchante Rosalie, me morigéna gentiment Sirius. Tu sais, il est vraiment triste que Jame nous abandonne tu ne devrais pas te moquer.

-Tu as raison pardon Remus d'avoir brisé ton petit cœur, m'excusai-je d'une voix excessivement mielleuse qui lui fit lever les yeux au ciel.

-Ne rigole pas trop de mon malheur, tu feras beaucoup moins la maligne quand il t'arrivera la même chose.

-Non parce que moi je ne suis pas aussi égoïste que toi, je comprendrais.

-Bien sûr Miss Parfaite, répliqua-t-il avec mordant. Je serais curieux de voir ça.

-Et c'est reparti, soupira Lilou.

-Échangeons de place Rosalie, tu pourras te disputer avec Remus à ton aise.

-Ce n'est pas de refus, m'exclamai-je en obtempérant.

-Assez plaisanté, passons aux choses sérieux. As-tu fait tes exercices de Défense contre les forces du mal?

-Oui pourquoi? Tu ne veux tout de même pas encore que je te donne les réponses?"

Il secoua vivement la tête:

"Non j'ai décidé de travailler."

La fierté avec laquelle il avait affirmé cela m'arracha un sourire:

"Qu'est-ce que tu veux?

-Juste de l'aide pour les exercices parce que je te promets que j'ai essayé de comprendre mais c'est du chinois."

Je devais écrire une lettre à Mathias, mais il était hors de question que je le fasse devant Remus. Je ne lui avais toujours pas dit que j'avais un copain et sincèrement, je ne comptais pas le lui dire. Certes c'était malhonnête de ma part mais je craignais que s'il l'apprenne il ne s'éloigne de moi:

"Je veux bien mais si ça ne t'embête pas, je préférerais plutôt demain matin je suis épuisée.

-Quelle petite nature, plaisanta-t-il. La journée n'était pourtant pas si longue!

-Que veux-tu on n'a pas tous la même répartie, m'esclaffai-je. D'ailleurs sur ces bonnes paroles je vais aller récupérer mes heures de sommeil, à demain!"

Sans un mot de plus je tournai les talons et retournai dans ma chambre. Cette dernière était vide. Après tout, j'étais probablement une des seules personnes à retourner dans ma chambre aussi tôt. Presqu'à contrecœur, je m'installai sur mon lit et rédigeai une lettre brève. C'est tout ce qu'il restait entre nous, des courts mots d'amour qui manquaient, sans doute aucun de sincérité. Je décidai d'envoyer la lettre le lendemain, et tentai alors de me plonger dans un roman mais rien n'y faisait; mon esprit dérivait sans cesse vers Remus... Je pensai à lui, à son sourire, à nos discussions et à quel point je me sentais bien avec lui. Je poussai un profond soupir et agacé et refermai mon livre bruyamment. Il fallait que je quitte Mathias, je le savais. je n'étais pas heureuse avec lui. À chaque fois que je lui avais reproché quelque chose comme, ne répondre que succinctement ou pas du tout, il s'énervait et retournait la situation à son avantage. La situation devenait invivable pour moi, elle m'étouffait. Toutefois j'étais étrangement accrochée à lui. Dans mon esprit, le souvenir du Mathias gentil et attentionné que j'avais connu cet été persistait et je ne voulais pas regretter de le quitter. Mais si je restais avec lui c'était Remus que je risquais de regretter. Il fallait que je prenne une décision. Cette situation d'incertitude m'étouffait et m'empêchait de profiter de quoi que ce soit. Le lendemain matin; j'étais de nouveau épuisée:

"Rosalie, tu as encore une tête de déterrée... Tu n'as pas dormi de la nuit ou quoi, soupira Lilou.

-Si mais tout me stresse en ce moment, maugréai-je.

-Tu dis ça depuis le début de l'année, remarqua-t-elle avec peine."

Il y eut un silence pendant lequel on n'entendit plus que le feu crépiter dans la cheminée:

"Tu sais, hésita-t-elle, tu devrais vraiment prendre une décision. Je sais qu'on se connaît seulement depuis quelques mois mais je pense que tout le monde te conseillerait la même chose."

Je hochai la tête sans trop y penser. Le courage que j'allais devoir rassembler pour quitter Mathias était énorme. L'idée même me paraissait folle. Cette histoire me trottait encore dans la tête lorsque nous descendîmes prendre notre petit-déjeuner. Mon visage s'illumina d'un sourire lorsque je m'assis aux côtés de Remus. Immédiatement nous commençâmes à discuter avec animation; et en quelques minutes j'étais déjà en train de rire aux éclats. Ce garçon avait le don de me rendre le sourire et de me faire oublier mes problèmes. Nous nous rendîmes en cours et, je me rendis compte qu'en présence de Remus l'idée de quitter mon copain ne me paraissait pas si aberrante. Je sentais qu'avec Remus je pourrais être heureuse. Malheureusement à peine cette pensée effrontée avait-elle effleuré mon esprit qu'une voix dans ma tête murmura des dizaines de points négatifs qui ébranlèrent ma belle assurance. J'avais cru pouvoir être heureuse aussi avec Mathias et pourtant je m'étais trompée lourdement; il s'était révélé bien pire que je ne l'imaginais... Et si le même schéma se répétait avec Remus? J'avais la gorge nouée et l'estomac retourné. Ne pas trouver de solution ni de motivation suffisante pour me sortir de cette situation délicate m'agaçait profondément et me donnai en même temps l'envie de m'effondrer en pleurant. Pour d'autres, la solution aurait été simple. Mais pas pour moi. Prendre une décision avait toujours été une tâche ardue; j'avais peur de choisir le mauvais chemin, de blesser, de briser des relations que je regretterais à tout jamais... Cette peur de l'échec et de l'erreur me glaçait. Je détestais perdre les gens, et les conflits; j'étais loin d'être belliqueuse.

"Rosalie, appela Remus en claquant des doigts sous mon nez. Tu m'as l'air soucieuse. Tu as des problèmes en ce moment?"

Sa gentillesse me fit encore davantage culpabiliser de lui mentir... Je secouai la tête avec un pâle sourire. Je devais quitter Mathias d'autant plus que lui semblait ne pas vouloir me quitter. Rien qu'à cette idée j'en avais la nausée. Je ne pouvais pas faire ça par écrit, je devais attendre les vacances, je me devais de lui dire de vive voix. Bienheureusement les cours s'arrêtaient à la fin de la semaine. Cette dernière passa lentement, avoir pris ma décision ne m'avait pas vraiment soulagée. À présent je savais que je ne pouvais plus fuir et c'était pire que tout. Je devais faire face à la situation, y réfléchir. J'échafaudais des théories, imaginais ses réactions, cherchais le meilleur discours mais rien n'y faisait, j'étais atrocement angoissée et appréhendais, me persuadant que la pire des scènes se réaliserait. Enfin vendredi soir arriva, je souhaitai de bonnes vacances à tous mes camarades et quittai Remus à regret. Je savais que ses amis et lui ne rentraient pas chez eux, et rester à Poudlard ne m'aurait pas dérangé le moins du monde. Mes parents m'accueillirent à la gare avec un large sourire, et les voir me soulagea. À Poudlard, je perdais tous mes points de repères. Après six ans, j'avais bien sûr appris à en trouver d'autres mais revenir chez soi était toujours un plaisir à part. Retrouver ma chambre, mon chat, mon petit frère. Je alors pus me rendre compte à quel point ils m'avaient manqués. Ce soir-là, avec ma famille je réussis presque à oublier que le lendemain je voyais Mathias. Pour la première fois je pus me coucher et presque m'endormir sur-le-champ.

Le lendemain, j'émergeai du sommeil le cœur léger, il faisait bon sous la couette et je ne voulais pas en sortir. Une douce sérénité m'enveloppait, j'étais chez moi, dans mon lit, mon chat était roulé en boule contre mon ventre... Soudain, la réalité me frappa, douloureusement. Cette après-midi, je n'allais pas rester dans mon canapé à travailler ou à regarder des séries -non- j'allais devoir prendre mon courage à deux mains et mettre un terme à la situation plus que délicate dans laquelle je m'étais embourbée. La matinée passa cette fois assez rapidement et bientôt il fut l'heure pour moi de partir. Mes parents avaient bien remarqué que je n'étais pas dans mon état normal mais ils n'insistèrent ni pour savoir ce qui n'allait pas, ni pour savoir où j'allais, ce qui me soulagea. La mort dans l'âme, l'estomac noué je me rendis au point de rencontre. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque je reconnus sa silhouette légèrement voûtée. Je pris une profonde inspiration et m'avançai avec la lenteur d'un prisonnier allant à l'échafaud. Mathias finit par me voir. Nos regards se croisèrent et son visage se fendit d'un grand sourie. Sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, il m'attira dans ses bras et me serra contre lui avec force. Je n'avais pas reçu d'affection depuis terriblement longtemps et ce fut presque à contrecœur que je m'extirpai de son étreinte. Je me raclai la gorge et la joie de Mathias s'évanouit lorsqu'il remarqua mon air grave:

« Quelque chose ne va pas? »

J'avais beau essayé de le regarder dans les yeux, je n'y parvenais pas. Au fond de moi, une voix me chuchotait qu'il n'était pas trop tard, que je pouvais encore renoncer et prétendre que tout allait bien. Mais alors l'image de Remus s'imposa à mon esprit. Non, j'avais fait beaucoup trop d'efforts et rassemblé trop de courage pour me rétracter lâchement maintenant.

« Écoute, tu as sûrement remarqué - tout comme moi- que la distance a changé beaucoup de choses entre nous. Enfin je veux dire par là que je sens qu'entre nous c'est beaucoup plus froid. Ne pas se voir change tout. »

Son visage s'assombrit et je déglutis difficilement:

« Je me doutais que tu réagirais de cette manière, soupira-t-il finalement.

-Comment ça? Demandai-je d'une voix étranglée.

-Tu es trop immature pour tenir une relation à distance/ J'étais persuadé que tu te lasserais vite ou me quitterais pour quelqu'un d'autre. »

La colère ronfla subitement en moi et je répliquai du tac au tac:

« Excuse-moi mais j'ai tout fait pour que ça marche. Je ne veux pas jeter la pierre à qui que ce soit mais je te signale que tu n'as pas fait de gros efforts.

-Ah bon? Pourtant c'est toi qui abandonne là, à ce que je sache! cingla-t-il. »

Quelques secondes je fus estomaquée du culot qu'il avait:

« La première fois je t'ai envoyée une lettre et tu n'y as presque pas répondu enfin, m'esclaffai-je faussement. On ne va pas faire un concours de qui a le moins fait d'efforts. »

Un silence embarrassant s'installa pendant lequel nous nous fixâmes dans le blanc des yeux. Pour finir, je me raclai la gorge et déclarai:

« Bon et bien, j'imagine qu'on ne va pas rester là toute la journée! »

Pour toute réponse Mathias haussa les épaules, désinvolte. Sans un autre mot, je tournai les talons. Ce ne fut qu'une fois que je fus dos à lui que je laissai libre-cours à son chagrin. Se faire jeter est difficile certes, mais quitter quelqu'un n'est pas sans douleur. J'étais quelque peu surprise et déçue de la réaction de Mathias. Je pensais qu'il aurait essayé de me retenir ou aurait au moins été peiné mais pas le moins du monde. Et cette fois, j'avais beau me figurer le visage de Remus, rien n'y faisait. Je ne pouvais atténuer ce pincement au cœur, ni chasser la morosité qui s'était insinuée en moi. Pendant tout ce temps je m'étais aveuglée, j'avais essayé de me persuader que même s'il ne le montrait pas, il tenait à moi. Je m'étais trompée sur toute la ligne... Une fois que je fus hors de vue de Mathias, je laissai les larmes couler sur mes joues. Je ne rentrai qu'une heure plus tard, une fois convaincue que je n'avais plus les yeux rouges. Chez moi, une belle surprise m'attendait. Sur la table de la cuisine, ma mère avait laissé une lettre bien en évidence. Un sourire se dessina sur mon visage et je sentis mon cœur s'alléger un peu. J'étais blessée, oui, j'étais à terre. Mais il y avait toujours cette lueur d'espoir au loin. Je m'installai dans le canapé, les genoux remontés contre la poitrine. Le cœur battant, je décachetai l'enveloppe. A l'intérieur se trouvait une charmante lettre de Remus qui s'enquérait de mon état et me faisait part des dernières rumeurs. Elle était pleine de plaisanteries et mots gentils qui me réchauffèrent le cœur. Une fois ma lecture achevée, un éternel sourire resta suspendu à mes lèvres. Presqu'immédiatement je courus chercher une feuille et un crayon pour lui répondre. Notre correspondance se prolongea et toutes les vacances durant, nous discutâmes. Ce fut cela qui me permit de faire face à la rupture. Les deux semaines passèrent rapidement et le moment de retourner à Poudlard fut davantage agréable que les années précédentes. Je débordais d'énergie à l'idée de revoir Remus. Il avait promis de m'attendre dans la salle commune de Gryffondo et en effet lorsqu j'y entrai, Remus était assis dans un fauteuil, le nez plongé dans un roman. Je le saluai d'une voix joviale et il leva la tête avant de me lancer un grand sourire. Il se leva et avant que j'ai le temps de réaliser ce qu'il se passait, il m'attira dans ses bras avec énergie:

« Rosalie tu m'as manqué! »

L'espace d'un instant, je restai les bras ballants, gênée, prise par surprise. Une demie seconde plus tard, je passai mes bras dans son dos et le serrai contre moi. Je retins un soupir d'aise, recevoir une étreinte masculine m'avait manquée et, je ne m'en dégageai qu'avec réticence:

«Alors comment vas-tu? Viens t'asseoir avec moi.

-Attends Remus, je ne sais pas si tu as remarqué, mais j'ai toujours mes affaires, il faut que j'aille les ranger.

-Oh mais ça peut attendre, plaida-t-il. Et puis je te connais, si tu pars tu n'es pas revenue avant le dîner! »

J'éclatai d'un rire franc, il n'avait pas tort. Je posai mes affaires à côté du canapé et m'y installai. Nous discutâmes à bâtons rompus, et je fus incroyablement heureuse de retrouver Remus. Ce fut à ce moment que je réalisai à quel point il m'avait manqué. Avec lui, j'étais toujours sûre de rire, de m'amuser: Remus savait comment me remonter le moral. Juste avant le dîner, je finis tout de même par remonter dans ma chambre. Au réfectoire, j'y retrouvai Lilou. Pendant quelques minutes elle se contenta de me parler de la pluie et du beau temps mais je sentais qu'elle se contentait de tourner autour du pot. Aussi je finis par demander d'un ton presque trop sec:

« Bon Lilou, ou est-ce que tu veux en venir? »

Elle s'agita sur sa chaise, subitement mal à l'aise. Elle se pencha vers moi et me glissa de manière à ce que moi seule entende:

« Est-ce que tu as quitté Mathias? »

La gorge nouée rien qu'à l'évocation de son nom, j'acquiesçai:

« Alors? Tu veux en parler? S'enquit-elle avec compassion. »

J'hésitai un instant; peut-être que lui raconter me soulagerait.

« Ou alors ça ravivera la blessure, me murmurai-je intérieurement. »

Je finis par secouer la tête en déclinant poliment. Je ne voulais ni en parler, ni y penser. En le repoussant dans un coin de ma tête, je me mêlai à la conversation de Sirius et James. Les semaines passèrent lentement mais, petit à petit, je pus oublier Mathias. Il devint progressivement, un ex parmi les exs, un mauvais souvenir parmi d'autres. Remus me permit de guérir. Nous nous rapprochâmes encore plus et je finis même par lui parler de Mathias. Ce fut un vendredi soir en avril que tout changea. Remus et moi passions à présent le plus clair de notre temps libre ensemble. Et ce soir-là n'était pas différent à l'exception du fait que James se trouvait avec Lily et Sirius avait décidé de passer une soirée en tête-à-tête avec Lilou. Tout tombait tellement à pic que je soupçonnais un peu Remus d'avoir tout organisé. Toutefois d'un autre côté, une voix me soufflait que j'étais seulement paranoïaque.
Il faisait bon ce soir-là. Nous n'étions qu'en avril et pourtant il faisait assez chaud pour aller prendre l'air après le dîner sans risquer de tomber malade. Nous étions installés dans l'herbe, à discuter de tout et de rien: des cours, des professeurs, de nos camarades...

« Tu as vu ce que James a fait à Snape la dernière fois? S'esclaffa Remus. »

Je retins un éclat de rire en y repensant, puis une vague de culpabilité me poussa à remarquer:

«Le pauvre, je ne comprends pas pourquoi James s'acharne comme ça sur lui. Il est gentil Severus et ne ferait pas de mal à une mouche. »

Remus haussa les épaules avec désinvolture :

« Peut-être oui mais c'est dans son attitude, dans sa tenue, il ne fait aucun effort.

-Ce n'est certainement pas une excuse, le réprimandai-je sèchement.

-Qu'est-ce qu'il y a? Tu vas nous punir les gars et moi si on n'arrête pas de se moquer de Severus?

-Si le cœur m'en dit pourquoi pas, ricanai-je.

-J'ai le droit de décider de ma punition? S'enquit-il armé d'un sourire narquois.

-Sûrement pas, m'offusquai-je, c'est à moi d'en décider!"

Après une demie-seconde cependant, je ne pus m'empêcher de demander par curiosité:

"Et dis-moi tu avais quoi en tête?

-Tu veux vraiment le savoir?"

Il était soudain enjôleur et je répliquai du même ton:

"Absolument. Dis-moi.

-Je vais plutôt te montrer."

Avec douceur, il passa une main dans mes cheveux et se pencha vers moi. Les sensations explosèrent de tous les côtés, son parfum m'enveloppa, la tiédeur de ses lèvres contre les miennes, son souffle... Mon cœur battait la chamade lorsque je répondis à son baiser. Je joignis mes bras derrière sa nuque et le baiser s'intensifia. Dans cette étreinte, on pouvait sentir que le désir avait été refoulé pendant des mois et qu'il était enfin libéré. Cette fois, je sentais que je ne m'étais pas trompée sur Remus, tout se passerait bien, j'en avais la conviction.

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