Il aurait pu compter les coups de couteau, vraiment. Il tressaillait à chacun d'eux. Ses larmes, pour la première fois, ne le terrifiaient plus. Non, il était horrifié par le monstre qui transformait devant lui un homme en hachis parmentier. Tremblant, il roula un joint et fuma en observant Io qui entrait dans la voiture et s'éloignait au loin.

La voilà encore qui faisait une erreur.

Claude ne pouvait rien contre cette irrésistible envie. C'était la fille d'Elodie. Celle qu'il aurait voulu avoir.
Io allait sûrement aller à la frontière, sortir du pays. Claude prit le corps lourd d'Éric, troué de partout, dans ses bras, et descendit la rue à pas lourds. Il avait entendu, assez près de là, les cris de deux adolescents qui devaient faire un horrible acte contre nature, qui avait heureusement couvert les cris étouffés d'Éric.

C'est dans ce même jardin qu'il s'arrêta. Posa le corps par terre. Il avait pensé la veille à ce qu'il ferait. Il vit le jeune adolescent sortir de la maison, sortir dans le jardin, humant l'air pluvieux, comptant ses pas. Profita de sa tête baissée pour s'approcher de lui et lui mettre un masque sur la bouche.

Il plaça le couteau dans la main d'Aaron. Le jeune homme, sonné par la drogue, ne le vit pas s'enfuir.

Claude nettoya le sang sur le trottoir. Il se mit à pleurer. C'était fini.

Soudain il tiqua. Aaron, Orio, Claude devait les surveiller. L'été ne faisait que commencer.