Camille (6)

A lui, Camille, tout avait toujours été donné sans arrière pensée, sans broncher, Camille était beau, il était populaire, il était comme les autres. Il sortait avec une fille, et c'était bien. Mais il y avait une différence entre désir personnel et désir public. Pas qu'il veuille faire de la philo, Camille, bien sûr. Enfin, il en faisait déjà. Mais pour les garçons de cet âge, dans un lycée de gens de cet âge, il était naturel qu'ils aient envie de filles, envie, désir, obsession. Finalement sortir avec une fille, c'était la chose à faire. En échange d'une absence de désir, Camille était devenu populaire. Et soudain, si tard dans sa vie, Camille avait découvert le désir. L'amour, surtout. Pas que Camille n'aimait pas les filles, non, enfin peut être, mais son oeil s'était ouvert sur les autres.
Son oeil, à la suite, avait beaucoup pleuré. Parce que maintenant, en échange du désir, il était devenu populaire dans la pire des façons. Voilà qu'on le détestait. Voilà qu'en quelques jours on faisait de lui un pédé, une tapette. Il n'était plus humain. Mais Ferdinand recevait de plus en plus les insultes. Camille avait mal le matin en venant en cours, et le soir déversait tout sur le torse de Ferdinand. Mais il le savait, il savait qu'il fallait se battre aux côtés de Rimbaud et de Ferdinand.

Ferdinand, je ne suis pas sûr d'être prêt, tu sais que j'ai fait seulement... avec une fille...

Regarde moi dans les yeux. Tes beaux yeux. Je n'ai jamais dit que tu devais le faire. C'est toi qui m'as dit que tu pourrais... Moi, je ne l'ai jamais fait du tout, Camille. Je ne sais pas non plus si je suis prêt. Mais si tu en as envie...

Embrasse moi, Ferdinand.

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