Cela valait de soi. Camille n'aimait pas Julie. Ou plus. Le 10 mai, il avait senti la peau de Ferdinand contre sa main, sa peau qui respirait doucement. Le 10 mai, il quittait Julie. Ce n'était pas rare au lycée. Julie avait pleuré un moment avec ses amies qui lançaient des regards dégoûtés et haineux à Camille, puis avait rentré son chemisier dans son jean et avait fait le tour du lycée avec ses lunettes de soleil. Camille ne regrettait pas. Ridicule. Il était 17h30, Camille avait raté son bus, il était monté dans un autre bus.

Je peux m'asseoir ici ?

Ferdinand n'avait pas entendu. Camille se racla la gorge. Le jeune garçon leva la tête et écarquilla les yeux. Il retira son sac frénétiquement et tenta un sourire contenu.
Camille ne savait pas pourquoi il avait fait ça. Il venait tout juste de quitter Julie, et montait dans le bus su garçon aux bagues. Ce bus passait par chez lui, donc au moins il saurait rentrer chez lui. Ferdinand retira ses écouteurs. Il eut à nouveau le tic de mettre sa main au ventre. Camille ferma le poing. Les deux rougissaient soudain. Camille se rendait compte de sa connerie. Ferdinand ne dormait pas sur le banc. Camille sourit à cette idée. Ferdinand aussi.
Camille griffonna quelques mots sur une feuille de papier et la passa à son voisin.
"Tu ne veux pas parler ?"
Ferdinand éclata de rire et accepta sa requête.
Ce rire fut ce qui fit tout.
Camille était amoureux.