-16-
Chapitre 16
-Leia-
juillet 2021
J'étouffais dans mon polo McDo. Pourquoi avait-on le même uniforme été comme hiver ? Résultat en été on mourrait de chaud, et en hiver, on se les caillait. Mais bon, on n'avait pas à se plaindre, il nous prêtait quand même des doudounes pour aller dehors quand il neigeait. Pensais-je ironiquement.
Je regardais Bryan et Zack, mes collègues s'aérer comme il pouvait avec un couvercle d'un bac, l'utilisant comme un éventail. Ils râlaient, surtout Zack ne supportant plus cette ambiance écrasante. Il fallait dire qu'au moins au comptoir, on avait légèrement la climatisation de la salle. Eux, à côtés des friteuses et des grills, sans oublier les chutes qui restaient chaudes pour conserver les sandwiches dedans, ne vivaient pas le même service.
Je regardais l'heure sur l'une des caisses devant moi. Seulement quinze heures vingt-trois. Je soupirais lasse, je finissais seulement dans un peu plus d'une demi-heure. Depuis que je prenais à midi au lieu d'onze heures, je finissais souvent plus tard, soit le midi à quinze, seize heures, soit le soir à vingt-un heures, vingt-deux heures. Bon, je n'allais pas me plaindre, au moins, je ne faisais pas les fermetures.
Je pris un paquet de serviettes dans les des chariots sous le comptoir et en remis dans les box prévus à cet effet. Une fois fait, je pris le balai pour nettoyer sous les boards et le comptoir. Frites, viande, légumes, pailles, papiers, et autres choses non identifiées se retrouvèrent dans la pelle à balayette. Je jetais ce qui était recyclable dans la poubelle jaune et le reste dans la noire. Je me nettoyais ensuite, bien évidemment, les mains.
J'allais nettoyer les boards avec du désinfectant et les rincer à l'eau pour ne pas faire une contamination croisée, quand Claudine, la manageuse la plus détestée arriva.
« - Euuuh, excuse-moi, tu fais quoi là ?
- Bah, je désinfecte les boards comme on doit le faire toutes les quinze, trente minutes.
- Euuuh, tu ne devrais pas plutôt remplir ça. Dit-elle en sortant les box violemment devant le regard des clients et de mes collègues qui mangeaient.
- Je vais aller le faire. Dis-je en prenant les box de sauces pour aller en sèche les remplir.
- Eh, reviens là !
- Oui ? Demandais-je en sortant ma tête du couloir.
- Après ça, tu sortiras les pâtisseries.
- Oui, Claudine. »
Dans la sèche loin des managers, des clients, du moindre être pouvant me faire chier, je respirais à nouveau. Mes muscles se relâchèrent quelques secondes. J'avais du mal à retenir mes larmes. Je commençais à ne plus supporter ce travail. Vivement que j'en trouve un nouveau dans mon domaine ou alors un autre alimentaire en attendant. Dire que tu es payé au lance-pierre, pour être traité comme un chien. Heureusement que Marie, la patronne, m'adorait. Sinon, ce serait pire, j'ai bien vu ce qu'elle a pu faire à mes collègues. Je me raccrochais à mes potes du McDo, aux seuls managers agréables comme Augustin et Damien.
Je pris le carton des sauces mayo' beaucoup trop haute pour moi en galérant. Mais, bon, il aurait pu être encore moins atteignable. Je l'attrapais en me mettant sur la pointe des pieds. Il me tomba presque dessus. Il y avait des séquelles, lié à ce travail. Des problèmes de dos, cou, des dépressions. Je me demandais parfois comment je pouvais bosser ici depuis déjà huit bons mois...
J'enfournais rapidement les paquets de sauces dans leurs bacs attitrés. J'entendais déjà Claudine râler au loin. Cette bonne femme me faisait pitié et en même temps m'énervait au plus haut point. Elle s'inventait une vie pour être intéressante, appelant des gens pour de faux pour se sentir moins seule, hurlant sur les équipiers pour avoir du pouvoir, ou se persuader qu'elle en avait.
Je marchais vite jusqu'au comptoir pour remettre tout à leurs places.
Miracle !
Il n'y avait aucune commande. Pour l'instant... Je voyais déjà des voitures passées au drive ou alors des collégiens arrivant en masse à seize heures pour commander trois-cent mille menus. J'en soupirais d'avance.
Je ne m'arrêtais pas plus longtemps sachant pertinemment que la situation pouvait changer d'une seconde à l'autre. J'entrepris de compter les pâtisseries restantes au coin Mc Café et le reste.
Deux pancakes, dix choconuts, sept apple pies, trois cookies lait noisette, quinze à la framboise, deux cheesecakes M&M's et peanuts butter, douze à la fraise, trois cinnamon roll, quatre muffins caramel et choco noisette, huit à la myrtille, neuf donuts, six brownies, et enfin seize cannelés.
Ok, je devais remettre treize pancakes, cinq choconuts, huit apple pies, douze cookies lait noisette, treize cheesecakes M&M's et peanuts butter, trois à la fraise, douze cinnamon roll, onze muffins caramel et choco noisette, sept à la myrtille, six donuts et neuf brownies.
Les gens n'avaient pas lessivé sur les sucreries. Je pris deux énormes bacs propres en plonge pour tout contenir, mis des gants pour éviter la contamination croisée dû aux allergènes, ainsi que les emballages pour les nombreuses pâtisseries. Au moins, je n'allais pas me plaindre d'aller en négative. Ça me rafraîchira par rapport à la température dans le restaurant en ce moment même. Dans la chambre froide, j'entrepris de prendre en vitesse les gâteaux. Il faisait quand même moins dix-huit degrés à l'intérieur.
Une fois fait, je m'occupais des étiquettes DLC, la date limite de consommation. Je cherchais le nom des produits, tapais le nombre de biscuits pour chacun. La machine me sortit automatiquement le nom de la pâtisserie en question, l'heure et la date de sortie, ainsi que l'heure et la date de décongélation, et enfin la date de « péremption ». Oui, car le gaspillage ici m'épuisait. Franchement, il ne faut pas bosser dans un fast-food quand tu as des valeurs contraires. C'était une lutte permanente tous les jours. Mais je m'accrochais, j'avais besoin de cet argent.
Je mettais chaque gâteau dans son emballage attitré et finissais par coller l'étiquette de DLC dessus. J'essayais d'accélérer la cadence comme je le pouvais, tout en profitant de cette activité moins désagréable.
Ce fut de très courte durée, puisque Claudine me sauta dessus, sûrement, car elle n'avait pas pu se respecter au comptoir par un ou une équipière.
« - Tu as désinfecté le comptoir, j'espère ? Me demanda-t-elle d'un ton hautain.
- Non, car je suis allée remplir les sauces comme tu me l'avais demandé et qu'ensuite, j'ai sorti les pâtisseries.
- Je ne vais pas faire ton travail à ta place. » Répondit-elle avec sa voix nasillarde.
J'avais envie de la frapper si fort. Mais je faisais profil bas, comme je le disais plus tôt, j'avais besoin de cet argent. Je rangeais les pâtisseries en vitesse sans broncher. Mes mains tremblaient. Ma tête était chaude. Je rageais intérieurement, avant de prendre le désinfectant et de m'occuper des boards.
*
-Ken-
On était dans la piscine de Leia. Je n'en revenais pas qu'elle avait réussi à ramener tout le $-Crew chez elle dans son petit village. J'aimais être ici, loin de la frénésie des grandes villes. Doums et Flingue a.k.a. Alpha étaient restés à Paname. Pour faire chier Mekra et renforcer le cliché qu'il avait d'elle, Leia avait décidé de mettre Cyborg, un des albums qu'elle avait le plus saigné. Cela faisait une bonne demi-heure qu'on la voyait se dandiner dans l'eau sur mes sons. Elle ne savait pas vraiment danser, mais se laissait aller au rythme du beat. Ses pas étaient hilarants ce qui eut le don de provoquer un fou rire collectif. Sur la fin de Vinyle, elle se lâcha complètement. Elle n'était plus que musique, rythme, danse, émotions. Je la trouvais gracieuse à sa manière. Cette femme m'intriguait. Qui était-elle ?
Sur Nekketsu, elle connaissait les passages de Crystal Kay par cœur. La voir chanter comme ça du japonais avec autant de facilité me rendit fou. Je savais son amour pour le pays du soleil levant, et je le répétais, mais un jour, je l'emmènerais là-bas. C'était obligé.
Je n'étais pas au bout de mes peines quand elle mit Destins Liés, notamment au moment de Félins où elle dansa de façon provoquante et sexy. J'ai cru que j'allais vriller. Mekra ne voyait pas la chose de la même manière. Sa nature méfiante nous sauverait ou au contraire l'empêchera de profiter de cette rencontre ? Avait-il raison de se méfier de Leia ? Quoi qu'il en soit, mes khos passeraient toujours avant. Et cela, Leia en était parfaitement consciente.
Ce que j'aimais particulièrement avec Hoshi, c'était son attitude. Elle n'avait plus rien à perdre. Elle était arrivée à un moment de sa vie où elle ne voulait plus se forcer, joué de rôle. Leia voulait être celle qu'elle était. Elle voulait vivre sa vie, maintenant, comme si c'était le dernier jour. Tout en n'oubliant jamais ses projets, ses objectifs. Leia avait des rêves et elle fera tout pour les atteindre. Alors l'attitude de Mekra, elle s'en carrait le coquillard. Oui, elle s'en battait les reins. Car elle était Leia Paoli, et elle le revendiquait.
J'aimais aussi énormément son ouverture d'esprit. Le fait qu'elle pourrait sortir avec n'importe qui sur terre, peu importe son identité de genre, ou encore sa sexualité. Elle tombait amoureuse de la personne en soi.
C'était aussi quelqu'un de foncièrement altruiste et bienveillante. Leia est toujours présente pour les autres, même à trois heures du matin, même au travail, même dans les pires moments de sa vie. Elle se relève pour les autres, prend sur elle, et va aider ses amis, sa famille, son prochain.
Elle a aussi cette spiritualité. Je me suis beaucoup cherché comme elle. En la wicca, cette religion païenne, elle s'est trouvée.1 Depuis, elle est bien plus épanouie. Attention, je ne dis pas que la religion soigne tous les maux. Ce serait craché dessus. Mais en elle, on y trouve réconfort, conseils et chaleur, même dans les moments difficiles. Leia avait hâte d'être à Mabon, car elle aimait plus que tout l'automne.2
Et si avant le Japon, je lui faisais découvrir une partie de moi, de mes origines, de ma famille, de mon pays ? Les règles au propos du COVID s'étant assouplies sur les pays européens si nous avions le pass sanitaire. Vu la galère que cela avait été, j'avais fini par me faire vacciner. Leia, elle, depuis le début ne doutait pas. Bien sûr, elle avait des appréhensions, des peurs, mais elle avait placé sa confiance dans le gouvernement. Mais surtout elle avait comme un pressentiment qu'on obligerait tous à se faire vacciner d'une certaine manière. Quand l'idée du pass sanitaire fit son apparition, je su qu'elle avait raison. Je me suis alors empressé de me faire vacciner avant les mouvements de foule. Et j'avais bien fait, car deux semaines après, Macron faisait son discours, et bonjour la galère pour trouver des rendez-vous.
J'allais donc sur le site d'Air France pour réserver des billets Paris-Mytilène, enfin Μυτιλήνη de son vrai nom grec, se disant Mytilini. On aura une escale à Athènes. Je prenais deux billets d'avion. J'avais hâte de le dire à Leia. Leia, comme Mytilène, elle avait deux orthographes, une Française, Léa, une Corse, Leia. Comme elle me l'avait dit une fois pour se présenter à nouveau puisque j'orthographiais mal son prénom :
« Je m'appelle Leia, se disant Léa, s'écrivant tout autrement. ».
Je souriais niaisement, cette femme me faisait du bien.
Bonsoir ! ❤️
J'espère que vous avez passez une bonne semaine ☺️
Qu'avez-vous pensez du chapitre ?
L'été dans un fast-food #chaleur ? 🥵
Claudine ? 😡
Leia qui ramène tous les gars chez elle dans sa piscine ?
Mekra ?
Les sentiments de Ken ?
Ken ?
Leia ?
Vous pensez qu'il va se passer quoi dans les futurs chapitres ? 🤭
Je vous souhaite à tous une très belle semaine ! ✨
Prenez soin de vous 🤍
A vendredi soir pour le prochain chapitre ! 🙌
Saphira 💙
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