-14-
Chapitre 14
-Leia-
juin 2021
On me secouait dans mon sommeil. Qui me dérangeait à cette heure-ci ? Des cheveux chatouillèrent mon cou et mes épaules dénudées. Un parfum que je reconnaîtrais entre mille effleura mes narines. Je gémissais agacée qu'on me réveille, mais en même temps, je crois bien que j'étais contente qu'il soit là. Il venait sûrement de rentrer à peine du stud'.
« - Leia, réveille-toi.
- Hmmm. Grognais-je.
- Allez. Tu as l'amour du risque non ?
- Qu'est-ce que tu veux ? Demandais-je d'un ton plus dur que je ne l'aurais voulu.
- Tu me fais confiance ?
- Bien évidemment.
- Alors lève-toi. »
*
Quelques minutes plus tard, nous étions devant la Tour Eiffel. Il était cinq heures trente-cinq du matin. Le soleil commençait à montrer le bout de son nez. Ken me tirait par la main pour que je vienne danser avec lui. J'avoue que malgré ma tête encore dans la brume cela me fit rire. J'étais bien avec lui. On se posa au bout d'un moment pour observer le lever de soleil. Il me rapprocha de lui pour que je me cale sous son bras contre son torse. J'entendais son cœur battre. Tout doucement Paris se réveillait. Cette ville que j'avais tant détestée aux côtés de cet homme me plaisait de plus en plus.
*
Je pensais qu'aujourd'hui serait une journée sans accro. Je m'étais levée du bon pied, j'avais pris mon café du matin. Car oui, je m'étais mise à apprécier ce liquide amer, un peu de lait et de sucre, et le mélange devenait étrangement bon. Ce fut l'un des grands changements de ma vie d'adulte. J'aurais vingt-trois ans dans trois mois déjà...
J'étais allé au boulot, et pour une fois la manageuse Claudine, ainsi que Victoire m'avaient laissé tranquille.
Miracle !
Je n'y avais pas cru. Mais je n'allais pas m'en plaindre, non, loin de là. Bien au contraire, j'avais savouré ce rush en parlant avec Augustin. C'était l'un de mes collègues préférés. Il était aux boissons, pendant que j'étais à la passe au drive, au deuxième guichet. Du coup, on avait travaillé ensemble. Quand cela se « calmait » un peu, on ne faisait que de parler de One Piece. Il avait commencé à me parler en remarquant ma coque Gaara Rhinoshield. Je lui avais ensuite montré mes tatouages de Naruto et Luffy. On s'était tout de suite bien entendu, étant ces mangas préférés, One Piece en première place, puis HunterXHunter juste après. C'est grâce à lui et Ken si je m'y étais mise. J'étais à l'arc des Chimera Ant. J'étais totalement à fond sur Killua, l'amour de ma vie.
Alors, oui, j'avais passé un très bon rush. En même temps, c'était tellement agréable de parler avec un ami. Bon, on faisait moins les fiers dès que Marie, la patronne, venait aider devant au comptoir, ou quand elle sortait du bureau pour checker que tout allait bien. Avec elle, tu étais sûr de toujours avoir du boulot. Nettoyer le parking, les vitres, les tables, le sol, les WC, réapprovisionner le comptoir, la plonge, vider les poubelles, casser les cartons, fermer ces mêmes cartons en sèches, nettoyer les terrasses, laver pour la millième fois les boards ou les tourelles, balayer la cuisine, compter les boissons, les sauces, astiquer les murs, les roulettes des frigos, congélateur, les friteuses, son bureau.1 2 Et si tout avait été fait, il fallait inventer quelque chose. De toute façon, nous étions filmés en permanence. Alors, il fallait bien s'occuper, sinon tu pouvais être sûre que même depuis chez elle, Marie appelait le McDo pour ordonner le manager de nous faire faire quelque chose.
Parfois, j'avais de la peine pour les manager, la patronne leur mettait énormément de pression sur le dos. Par contre pour Claudine, je n'en avais aucune. Elle utilisait son statut pour élever son estime d'elle-même en s'acharnant sur nous. Heureusement qu'il y avait des managers comme Célestin et Damien. C'était les meilleurs. Surtout Célestin, c'était mon petit préféré. Il savait manager, être sévère, tout en étant à l'écoute, sympa, arrangeant et proche de nous. Son statut ne l'avait jamais empêché de se rappeler de ses anciennes conditions d'équipier. C'était vraiment un amour. En plus de tout cela, il était vraiment canon.
J'avais été mise en chômage partiel, j'avais pu partir un peu plus tôt en début d'après-midi, ayant comme consigne de ne pas revenir le soir. Cela m'était surtout arrivé lors du deuxième confinement. Mais bizarrement depuis une semaine, les clients étaient moins présents. Après, il fallait que je sois sur mes gardes, car si par hasard la foule revenait dans la soirée, je pouvais être sûr d'avoir un coup de fil de Claudine ou Marie me disant de revenir. Aussi surprenant que cela puisse être dans ces moments-là nos téléphones étaient sur silencieux, ou nous étions pris par une urgence...
J'étais contente de sortir plus tôt. Mais cela ne changeait rien au fait que Ken ne pourrait pas venir me chercher. En ce moment, je faisais de la conduite supervisée avec Nek. Il avait plus de cinq ans de permis contrairement à mes autres proches dans les alentours. Alors Ken s'était proposé de m'apprendre. J'avais beaucoup progressé depuis. C'était la pratique, rien de sorcier, ayant deux à trois trajets minimum par jour. Mais aujourd'hui Kaji était occupé. Il faisait beau et j'avais envie de marcher, donc je m'en fichais. J'étais même plutôt contente.
Comme je l'avais dit, je pensais qu'aujourd'hui serait une journée sans accro. Sauf que ce ne fut pas le cas. Quand je marchais rentrant tranquillement à l'appart de Ken, je le croisai.
Après plus de dix mois, il était là, devant moi.
J'aurais pensé être triste, nostalgique, anxieuse. Mais aucune de ces émotions ne me traversa. Au contraire, en moi, j'ai senti la colère montée et grondée. Il avançait comme si de rien n'était. Il rigolait. Il souriait. Il avait l'air heureux. Et pour je ne sais quelle raison, cela me mis hors de moi. J'étais folle de rage. J'avais chaud. J'avais besoin de me défouler.
Rentrer, je dois rentrer.
Mes pas se firent de plus en plus fugitifs. Je voulais partir de cette rue. Je ne voulais plus voir son sourire, ses yeux rieurs, son visage, son corps, ni même sa silhouette de loin. Je fixais au loin l'horizon, me raccrochant à celui-ci, comme motivation, espoir dans ce moment désagréable. Je fulminais, mes pas devinrent abrupts. Déjà qu'en temps normal, j'étais loin d'être douce, mais là, toute finesse m'avait déserté. Plus j'avançais, moins l'animosité en moi se calmait. Il le fallait. Pourtant, toutes mes cellules criaient. Quand je vis enfin l'appartement de Ken, je courais. J'avais besoin de me réfugier dans un endroit où je me sentais bien. Est-ce que je fuyais encore ? N'avais-je donc pas évolué en quasiment un an ? Étais-je restée au point de départ ?
Non ! Je ne laisserais pas le désespoir m'envahir ! Je suis forte ! Ce n'est pas cette rupture qui me mettra à terre ! Surtout pas après tout le travail que j'ai fait ! Surtout pas non plus, après que Ken et moi, avions décidé de tenter, d'être ensemble ! Je suis Leia Paoli ! Et cet homme ne gâchera pas ma vie ! Encore moins les sentiments qui m'animent en ce moment même ! Je vous accueille les bras ouverts ! Mais vous ne me vaincrez pas !
1 boards : des plans de travail où l'on prépare les burgers ou les desserts dans le fast-food en fonction de leurs emplacements.
2 tourelles : une tourelle est la structure accueillant le système mélangeant le sirops des sodas et l'eau, ce mécanisme permet de produire les boissons de fast-food.
Bonsoir ! ❤️
J'espère que vous avez passez une bonne semaine 😝
Qu'avez-vous pensez du chapitre ?
Ken qui réveille Leia pour aller à la Tour Eiffel alors qu'il ne fait même pas encore jour ?
Leur complicité ?
Son travail au McDo ? 🍟🍔
Ses collègues et managers ?
La "rencontre avec Tarik" ?
Sa réaction en le croisant ?
Ken ?
Leia ?
Tarik ?
Vous pensez qu'il va se passer quoi dans les futurs chapitres ? 🤭
Je vous souhaite à tous une très belle semaine ! 🥰
Prenez soin de vous 💖
A mardi pour une petite surprise ! 🤫
Saphira 💙
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